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Au moyen-âge et auparavant, les
élévations coniques que l'on rencontre nombreuses en Bresse étaient connues
sous le nom de poypes. Pour la plupart elles consistaient en un amas de
terre rapportée et formaient une éminence sur laquelle le chef bâtissait son
habitation. Dans nos régions, elles entraînèrent bientôt une idée de
souveraineté, et qui disait poype disait château, poypia seu castrum, ainsi
qu'on le lit dans les anciennes chartes dauphinoises. Plusieurs châteaux ne
portaient même pas d'autre nom; de ce nombre est celui d'Amareins et une
résidence célèbre au nord de Lyon qui est encore désignée sous ce nom, la
Pape, en latin Poypia. La modeste habitation du chef fit bientôt place au
donjon féodal qui répondait mieux aux nécessités de la défense, et plus
tard, lorsque la population s'accrut, les tenanciers devinrent plus
nombreux,et le castrum primitif ne pouvant plus les contenir, une seconde
enceinte se formait et le château devenait une petite ville. Telle fut la
voie suivie dans le développement du Montellier; car le château consiste en
un donjon accolé à un corps de bâtiment couronnant la poype primitive et
dominant une vaste cour entourée d'une enceinte continue de neuf tours
carrées, reliées entre elles par des courtines auxquelles sont adossées les
constructions nécessaires et accessoires. Le château proprement dit, auquel
on monte de la cour intérieure par une rampe contournant la poype, consiste
en un donjon circulaire regardant la campagne et débordant les courtines de
l'enceinte de presque son entier diamètre. Cette tour, que l'on aperçoit de
très loin, est haute d'environ seize mètres, et les murs varient d'un mètre
trente centimètres d'épaisseur à la base, à quatre-vingt-dix centimètres au
niveau de la toiture. L'étage inférieur seul est voûté en calotte.
Autrefois, cette salle ou crotte contenait les armes, l'artillerie
consistant, au XVIe siècle, en quatre canons et deux serpentines et les
chaînes pour deux ponts-levis, ainsi que nous l'apprend l'inventaire de
1582. Actuellement cette salle sert de chapelle, destination à laquelle elle
fut consacrée par la famille de L'Hospital Saint-Mesme, vers la fin du XVIIe
siècle, ce que nous prouvent leurs armoiries peintes à l'intérieur au-dessus
de la porte d'entrée.
Les étages supérieurs n'ont rien qui les fasse remarquer, sauf les latrines
qui, comme au château de Coucy, sont ménagées dans l'angle qui relie le
donjon au château. Une des salles contient un point trigonométrique élevé
sous le premier Empire. L'étage supérieur, auquel on parvient par un étroit
escalier ménagé dans l'épaisseur du mur intérieur, est percé de deux rangées
de trous carrés, régulièrement espacés et destinés à fixer les hourds ou
galeries extérieures surplombant la base de la tour. Une petite fenêtre
garnie d'un banc marque la place du gaytier ou sentinelle qui sondait
toujours le lointain afin d'annoncer les arrivants, amis ou ennemis. Le
donjon s'ouvre à l'intérieur sur un corps de bâtiment de deux étages,
composés chacun d'une salle communiquant à deux autres tournelles flanquant
la porte d'entrée. Au XVIe siècle, l'on communiquait encore par une échelle
de l'étage inférieur à la salle supérieure; actuellement une des tournelles
contient un escalier en bois. Au-dessus de la porte ogivale, entre les
tournelles est une pierre portant les armes de la famille Chevrier de
Saint-Maurice. A l'extérieur, le pied de la tour du donjon est protégé par
un mur ou chemise à plusieurs faces, présentant à la oampagne un angle aigu;
l'entre-deux est garni de terre et couronné d'un parapet dont la
construction nous paraît plus récente. Cette sorte de terrasse ou fausse
braie qui garantissait le pied de la tour contre la sape, se relie aux
courtines du château, où on ne peut pénétrer que par une porte solide et
étroite communiquant avec le chemin de ronde qui aboutit à la demeure du
seigneur. L'inventaire de 1582 mentionne cinq chaînes en fer pour faire
baisser et lever un grand et un petit pont-levis, et nous ne sommes pas
éloigné de croire que le petit reliait le chemin de ronde avec le donjon,
isolant ainsi ce dernier, qui l'était déjà par ses fossés, et le mettant à
même de résister seul au cas où l'ennemi se serait emparé de l'enceinte soit
baille inférieure.
La grande porte du château est flanquée par le donjon et par une autre tour
nommée la tour de l'Horloge (dans le partage de 1488), et nous croyons
qu'elle a dû, en outre, être défendue par un ouvrage avancé dont toute trace
a disparu depuis longtemps. Elle était battue par un grand mâchicoulis dans
l'angle, semblable a celui de la porte de Villeneuve-sur-Yonne. A la tour de
l'Horloge se relie un corps de bâtiment qui doit remonter au XIVe et
peut-être même au XIIIe siècle. La pièce la plus rapprochée de la tour avait
deux fenêtres, l'une ayant vue sur le calme paysage de la campagne et le
doux miroitement de l'eau, tandis que l'autre donnait sur la cour intérieure
en face des escaliers montant actuellement au donjon. C'était, au XVIe
siècle, la chambre de dame Jacqueline de Montbel, épouse de l'amiral de
Coligny, et si quelque lectrice est curieuse de connaître le mobilier qui la
garnissait, en voici les principaux objets: Deux buffets en bois de noyer,
garnis de ferrures et d'esparres, et fermant à clé; une table en noyer avec
ses allonges, le long de laquelle étaient placés deux bancs du même bois; il
y avait aussi une autre petite table en sapin susceptible d'être transportée
selon les caprices de la châtelaine. Le lit était mi-cerisier et noyer, à
colonnes et garni de quatre vergettes pour porter les rideaux. Dans un coin
l'on voyait une chaise ou chaire en noyer "faict à l'anticque", ayant un
pied brûlé. Près du grand lit il y en avait un autre en noyer. Le nécessaire
est inventorié ainsi: "ung petit charriot de boys noyer soubz le grand lict.
En guise de chandeliers un cinnacle de fer à deux branches et huit becs".
Dans la chambre de la tour qui servait de garde-robe se trouvait un coffre
en noyer contenant les livres de reconnaissance du Montellier, un lit de
camp, plus un autre lit à quatre colonnes, et en cas de besoin il y avait
même une arbalète.
Cette pièce communiquait au parquet de la grande salle peinte où logent les
gentilshommes. De nos jours cette salle est divisée en plusieurs chambres et
il ne reste aucune trace de ces peintures qui, au moyen-âge, décoraient
toutes les salles des châteaux. Au fond était une estrade servant à rendre
la justice et à recevoir les reconnaissances; aussi nombre d'actes des
archives ont été passés "in aula magna castri Montellieri". Cette salle
contenait plusieurs lits, des bancs pour mettre les selles des chevaliers et
un lustre ou girouette pendant du plafond. Parmi les meubles on trouve
mentionné, en 1582, "deux fertz servants a rostir le fromaige". Sous cette
salle s'étendait la cuisine dont les meubles et ustensiles étaient nombreux
et en meilleur état que le reste. Cette salle est désignée dans le partage
de 1488 comme étant magna aula antiqua, car il y avait déjà à cette époque
une magna aula nova; cette dernière est un peu plus longue que l'autre et
nous inclinons à croire qu'elle fut bâtie vers la fin du XIVe siècle et
peut-être servit-elle à loger des compagnies allemandes prises à la solde du
seigneur; car il existait une tour portant le nom de turris freydenosse, ou
à notre avis, tour des libres et gais compagnons, en allemand freigenossen.
La salle, elle-même, porte au XVIe siècle le nom de salle des libres valets,
freydevaulx. Quoi qu'il en soit, elle dut être construite pour loger les
militaires inférieurs. De nos jours, elle est divisée en deux pièces et les
armoiries de la famille de Chevriers, qui se trouvent sur le manteau de la
cheminée, assignent comme date des réparations le milieu du XVIIIe siècle.
Au XVIe siècle, elle était en fort mauvais état, car les murs étaient
soutenus par des étais. Au-dessous de cette pièce s'étendaient de vastes
écuries afin que les hommes d'armes eussent leurs chevaux sous là main en
cas d'alerte. Entre les deux salles se trouvait un escalier conduisant à
l'étage supérieur d'une tour, d'où par une porte ogivale l'on pénétrait dans
une pièce carrée, au coin de laquelle s'ouvrait une niche servant à donner
la torture, "ung troz passant dessoubz lequel longtemps ha qu'il a esté
faict pour bailler la torture a ung prisonnyer".
La quatrième tour, à partir de celle de l'Horloge, portait le nom de tour
des Prisons. On parvenait par le chemin de ronde à une chambre nullement
ajourée. Au centre du plancher existait un oeil circulaire communiquant au
rez-de-chaussée qui était voûté en calotte et n'avait aucune autre
ouverture. C'était là une chartre privée ou vade in pace, et certes on
pouvait y "mourir faute d'air" comme cela avait lieu, en 1398, au
Petit-Châtelet de Paris. Lorsque le présent propriétaire a fait percer le
mur de cette salle souterraine, il y trouva, nous a-t-il assuré, un crâne et
un squelette presque entier; ce malheureux avait creusé une sorte de
souterrain sous les fondations de la tour, espérant sans doute s'en
échapper; mais le manque d'air et peut-être de nourriture l'empêchèrent
d'achever sa tâche. Les autres tours, sauf deux, ne méritent aucune mention;
l'une, la tour Grôlée, porte encore le nom d'une illustre famille do la
Bresse qui, pendant longtemps, a possédé la coseigneurie du Montellier, on y
distingue la trace des hourds et les armoiries des Grôlée, gironné d'or et
de sable, qui se trouvent gravées sur une pierre encastrée dans le mur
latéral du portail principal, surmontaient probablement son entrée. L'autre
tour est située à l'endroit le plus faible du château, elle est peu
flanquée, mais fort épaisse et engagée dans la courtine par une face; en
outre, cette tour ainsi que la précédente pouvaient se défendre isolément
des meurtrières circulaires surmontées d'une mire. L'ensemble de l'enceinte
présente neuf tours carrées qui se ressentent, quant à la forme, de
l'influence italienne qui tendait à supprimer les tours circulaires; un
talus descend de leur base jusqu'au fossé qui entoure le château. Les
matériaux de construction consistent partout en briques sans aucun mélange
de maçonnerie. Un cordon continu de billettes couronne les murs. Le château
était alimenté d'eau par un puits abondant situé au pied de la poype.
Le Montellier et le pays environnant suivit toutes les fluctuations de la
région où il est situé; successivement envahi par les Burgunden, incorporé à
l'empire de Charlemagne, il échut à Lother, puis fit partie de la Bourgogne
transjurane. Cette dernière transition nous conduit au seuil de cette époque
indécise où la féodalité, relevant de l'empire, ne craint plus rien de ce
suzerain éloigné, lève l'étendard de la révolte et fonde cette fourmilière
de petits États indépendants et batailleurs qui, hérissant le sol de leurs
tours, levaient des impôts si lourds qu'ils paralysèrent le commerce et le
peu d'industrie de cette époque. Les Villars firent partie de ce mouvement
et devinrent les suzerains du Montellier. Le territoire ou la commune
environnant le château relevait partiellement de diverses maisons
religieuses; ainsi en 1097 nous trouvons Bérard de Saint-Trivier, chevalier,
miles donnant à l'obéance du prieuré clunisien de Montberthoud le mas de la
Combe Gislier qu'il possédait au Montellier. Taudis que Montberthoud devint
décanat, le Montellier devint prévôté, soit cure. Ce dernier fait nous est
connu par un acte du mois d'août de l'an 1242, par lequel Jean, fils de
Michel Donet, vendit à Guichard de Birisuel tous les droits qu'il possédait
en la prévôtédu Montellier pour 64 sous forts, de Lyon, cinq ânées de seigle
et neuf bichets de millet. La famille de Sure si célèbre dans les annales du
XVe siècle par la trahison d'Antoine de Sure et son exécution, possédait
aussi une partie delà dîme du Montellier, car en juin 1285, Guigue de Sure
reconnaît la tenir en fief du Chapitre de Saint-Jean de Lyon, moyennant la
somme de 102 livres viennoises. A cette époque le château appartenait à des
seigneurs qui en portaient le nom et relevaient des sires de Villars. Dans
son Histoire de la Bombe, Guichenon nous apprend qu'ils portaient d'argent à
trois bandes de gueules.
Le plus ancien seigneur de ce nom, dont l'histoire nous ait transmis le
souvenir, est Bermond, un des 18 chevaliers qui, en 1186, s'engagèrent à se
constituer comme otages au monastère de l'île Barbe avec Uldric de Villars,
au cas où Etienne de Villars ne tiendrait pas sa parole à propos d'une
donation qu'il avait faite à cette célèbre abbaye. Le nom de Bermond de
Montellier est placé immédiatement avant celui de Pierre de la Palud, ce qui
prouve en quelle estime cette famille était tenue; car dans les chartes dei
cette époque il est rare que la hiérarchie soit oubliée dans une énumération
de seigneurs. En 1209 on trouve un Pierre de Montellier au nombre des
chanoines comtes de Lyon. Dans son Histoire de Bresse, Guichenon nous
apprend l'existence de Hugues, de Berlion et de Humbert de Montellier qui
vivaient, assure-t-il, vers 1235. Enfin, par le testament de Chatard de
Chamarcin, doyen de l'Église de Lyon, en date du 4 novembre 1283, nous
apprenons qu'il laissa dix livres viennoises à Guigues de Montellier.
Etienne de Villars fut un des seigneurs qui allèrent à la première croisade,
mais nous ne savons point si quelque seigneur du Montellier l'y accompagna.
Au cas contraire, ils eurent à faire bonne garde chez eux; car les
manichéens, qui se rattachaient, par les doctrines, aux pauliciens de
l'Orient et que l'on connaissait en France sous les noms divers de Picards,
Patarins et plus tard d'Albigeois, parcoururent le pays par bandes
nombreuses se livrant à toutes sortes de déprédations, du moins d'après
l'assertion de Gâcon, qui leur donne le nom de Côtereaux. Les seigneurs de
Villars, quoique possédant de vastes et riches domaines, eurent toujours une
nombreuse lignée féminine qu'il fallait doter, ce qui les conduisait à
emprunter des sommes considérables qu'ils ne pouvaient restituer à l'époque
fixée. Leurs créanciers les pressaient, et pour les satisfaire, ils se
voyaient obligés à aliéner les terres et fiefs qu'ils tenaient de leurs
ancêtres, et c'est ainsi qu'ils préparaient la ruine de leur famille.
Le premier exemple d'une transaction semblable remonte à l'an 1227, où
Etienne de Thoire-Villars engagea à Humbert de Beaujeu l'hommage du
Montellier et celui d'autres seigneuries pour une somme de 408 livres que
son voisin d'outre-Saône lui avait autrefois prêtées. Le même Etienne
renouvela cet hommage l'année suivante; mais il le fit debout en signe
d'indépendance, puis plus tard, en 1253, Béatrix de Fauciguy, mère et
tutrice de Humbert VIII de Thoire-Villars, dut le renouveler à son tour. En
août 1271, Renaud de Forez et Isabelle sa femme, qui avaient recueilli
l'héritage de Guichard do Beaujeu, exigèrent d'Humbert de Villars l'hommage
pour les bourgs de Villars, la poype de Monthieu, à l'exception de la salle
basse et les châteaux de Loyes, de Montelier et de Corsieu. En 1291, nous
trouvons Berlion de Montelier prêtant au sire de Villars l'hommage pour le
Montelier, mais à genoux et les mains dans celles de son seigneur comme
c'était alors l'usage. Au XIVe siècle, pendant que la guerre de cent ans
ensanglantait la France occidentale, une miniature de cette lutte jetait
l'épouvante et semait la ruine sur les versants septentrionaux des Alpes.
Les comtes de Savoie et les Dauphins n'étaient point d'accord sur une
question de succession; de là des luttes interminables auxquelles tous les
seigneurs du voisinage durent prendre part. Les sires de Beaujeu
embrassèrent le parti du comte Edouard contre le dauphin Guigues, mais
malheureusement, la fortune était parfois infidèle aux armes du comte, et en
1325, pendant qu'il poussait le siège du château de Varey, il fut attaqué
par l'armée du dauphin et complètement mis en déroute. Le sire de Beaujeu
avec un grand nombre d'autres seigneurs tombèrent prisonniers entre les
mains de l'ennemi. A cette époque, il était de bonne politique de tuer fort
peu et de faire le plus de prisonniers possible; cette manière de guerroyer
rappelait les guerres des républiques italiennes où il y eut plusieurs
batailles sans un seul mort.
Les routiers de R. de Villandrado n'en agirent pas autrement à la bataille
d'Anthon et ailleurs. Le sire de Beaujeu dut payer une forte rançon et entre
autres terres et droits, on exigea de lui l'hommage sur le Montellier. Voici
les termes mêmes de l'acte qui fut passé à Saint-Vallier, le 21 novembre
1327: "Item dictus Guiscardus dédit et tradidil direction dominium et feudum
poypioe del Montellier, poypioe de Corzieu, etc. Comme toute fidélité mérite
récompense, le sire de Beaujeu reçut du comte de Savoie l'inféodation de
Coligny-le-Neuf, Buerne, Thoissey et Lent, plus la promesse de 40000 livres
viennoises, ainsi qu'il en "conste" par l'acte du 29 janvier 1338. Ces
changements multiples et l'enchevêtrement inconcevable d'hommage à divers
degrés de fiefs et d'arrière-fiefs, dépendants de seigneurs plus ou moins
éloignés les uns des autres, ne pouvaient qu'engendrer des différents sans
fin. Ce fut pour cette raison, qu'en 1312, les seigneurs de Villars et de
Beaujeu furent obligés de passer une convention par laquelle ils
s'engageaient réciproquement à ne prendre en fief ou arrière-fief aucune
terre qui ne relèverait de l'autre. Le château du Montellier fut bâti vers
cette époque, si toutefois il n'existait point auparavant; car Guichenon
nous assure que sa construction fut due à Humbert de Thoire-Villars. Quoi
qu'il en puisse être, il élevait déjà fièrement ses tours le 9 mars 1331;
puisque, à cette date, Jean de Villars le reçut en avancement d'hoirie avec
le village de Joyeu et d'autres dépendances. Ce Jean de Villars parut, en
qualité de seigneur du Montellier, à l'acte de promesse faite en 1345 par
plusieurs grands seigneurs d'observer le traité que le Dauphin et le Roi de
France venaient de signer entre eux. Il eut pour fils Eudes ou Oddon, un des
plus illustres possesseurs de notre château. Feudataire du comte de Savoie,
il dut suivre son suzerain dans la guerre du Milanais contre Galéas
Visconti. Il s'y distingua par plusieurs actions d'éclat et particulièrement
à la bataille d'Asti. Cette ville était assiégée par les Milanais,
lorsqu'ils furent attaqués par les troupes de Savoie commandées par Oddon
qui les défit complètement. Leur chef prouva par là qu'il n'était point
indigne de la chevalerie qui lui avait été conférée avant la bataille par le
comte Vert en personne, et après laquelle cérémonie "sonnèrent trompettes et
menestriers en actendant à grand bandeur leurs ennemis".
Lors des différends qui surgirent entre Araédée V, Amédée d'Achaïe et le
marquis de Saluées à propos de l'hommage de ce dernier marquisat, les
parties, d'en commun accord, ne crurent pouvoir faire mieux que de s'en
remettre à l'arbitrage d'Oddon. La renommée de sa sagesse et de sa valeur
était si grande que les États de Savoie le désignèrent comme conseiller
nécessaire auprès de Bonne de Bourbon, tutrice d'Amédée VIII. Lorsque le
prince fut recherché en mariage par le duc de Bourgogne, qui voulait lui
faire épouser sa fille, ce dernier se confia à Oddon du soin de faire
réussir sa demande. La négociation aboutit et le jeune comte Amédée fut
conduit par le seigneur de Montellier à Tournus où les attendaient le duc de
Berry et le duc de Bourgogne. Le mariage fut conclu sans aucun retard, et
pour le remercier et l'honorer en même temps, Oddon fut nommé gouverneur et
compagnon du comte. Il devint plus tard gouverneur de Savoie et en cette
qualité, en novembre 1397, il signa l'ordonnance autorisant le fameux duel
entre Othon de Grandson et Gérard d'Estavayer. Ce fut encore à lui que les
serfs de Montberthoud durent leur affranchissement, au moins partiel. Enfin,
pour comble d'honneur, il fut nommé chevalier de l'Annonciade et obtint
ainsi le droit de signer les contrats de mariage des princes de Savoie et
d'avoir la préséance sur tout autre auprès de la personne du souverain. En
reconnaissance des excellents conseils de son gouverneur,qui mourut en 1419,
Amédée VIII lui fit célébrer de splendides obsèques, le 20 mars 1419, à
l'abbaye de la Chassagne; treize cent cinquante-sept chapelains ou religieux
y assistèrent et l'on présenta dix chevaux à l'offertoire de la messe. Ce
noble témoignage de l'estime d'un grand prince pour un fidèle serviteur est
aussi glorieux pour l'un que pour l'autre. Le noble défunt ne laissa point
d'enfants d'Elise Baux, sa femme, et son héritage fut recueilli par ses
soeurs, les dames de Montbel et de Montrevel. Le Montelier échut à la dame
de Montbel, épouse de Gui de Montbel d'Entremont. Il resta dans cette
famille jusqu'au mariage de Jacqueline de Montbel avec l'amiral Gaspard de
Coligny.
Cette famille eut à remplir quelques obligations contractées par les anciens
possesseurs du Montelier. Ainsi Gâcon nous apprend que Jean de Villars,
grand-oncle de Guigues de Montbel, avait légué 800 florins à l'abbaye de la
Chassagne. Cette somme ne fut jamais soldée et à la mort de Guigues, advenue
en 1435, il légua à l'abbaye les dîmes du Montellier et de Joyeu en paiement
de cette dette. Quatre ans plus tard, le 21 mai 1439, frère Guillaume
Rivier, abbé de la Chassagne fit abandon de tous les droits qu'il avait
acquis sur la seigneurie de Montellier entre les mains de Jean de Seyssel,
seigneur de Barjact, maréchal de Savoie et tuteur de Jacques de Montbel, et
cela moyennant la somme de 300 florins de Savoie. Les seigneurs de Montbel
ne possédaient qu'une portion du Montellier, car le reste provenant de la
succession d'Etienne de Montellier, dernier seigneur de ce nom, passa aux
mains de la famille d'Ars en la personne de Roland d'Ars, héritier universel
dudit Etienne. Guillaume, fils de Roland, en jouit à son tour, et à sa mort,
sa part de droits échut à Anthonie sa fille, épouse de Guillaume de Chiel.
La juridiction sur les hommes et les biens qu'il possédait au mandement du
Montelier avait été confirmée à Guillaume d'Ars par Jean de Villars, le 22
mai 1347. Guillaume de Chiel dont nous avons déjà parlé, eut plusieurs
démêlés avec Jean de Villars, frère d'Oddon, qui exerçait la haute
juridiction au Montellier. A la demande de Guillaume, une enquête eut lieu
en 1367 sur l'autorisation d'Oddon de Villars, qui était alors à Lyon. Cette
pièce nous apprend que les seigneurs de Montellier levaient les bans mais
n'exécutaient pas, car un certain Darus, homme du Dauphin, fut conduit en
chemise et la tête nue, au pied du pont du Montellier, et là, livré aux
hommes du comte deVillars le pendirent.
A la mort d'Oddon, le château était possédé en coseigneurie par la famille
de Montbel et par celle de Chiel; celle-là en possédait le donjon et
l'ancienne salle, celle-ci jouissait du château et du mandement judiciaire
qui lui fut confirmé, le 24 janvier 1474, par Guillaume de Montbel, seigneur
de Nattage et comte d'Entremont, moyennant la somme de 500 écus d'or. A
cette époque, le château dut être maintenu en état permanent de défense, car
les grandes compagnies de routiers ou d'écorcheurs que la cessation des
guerres avait laissées sans occupation, rôdaient de tous côtés dans des
intentions peu rassurantes pour des places isolées comme le Montellier. Le
capitaine Simon s'était emparé de Neuville-sur-Saône en 1443, et il ne
fallut rien moins que la célèbre bombarde la Gandinette, fondue à Bourg,
pour l'en déloger. Les nombreux boulets en fer trouvés soit à l'intérieur
soit à l'extérieur des remparts du Montellier,sont peut-être les souvenirs
de sa visite au château. D'autres bandes connues sous le nom de
Verts-manteaux, venant du pays de Foix, ravagèrent le pays à leur tour vers
1483. Ces incursions presque toujours imprévues obligeaient les seigneurs à
se pourvoir d'armes nouvelles, et le canon tubulaire en fer forgé qui existe
encore au château doit dater peut-être du XIVe siècle. La race des seigneurs
de Chiel s'éteignit en la personne d'Oddon, dont le testament est daté du 22
décembre 1485. Il veut être enterré dans la chapelle de St-Laurent, fondée
par ses ancêtres en l'église Ste-Madeleine du Montellier, et exige en outre
que l'on réunisse deux cents prêtres pour chanter l'office des morts. Le
luminaire consistait en cinquante torches et vingt-quatre cierges. Jeanne de
Saint-Trivier, sa deuxième femme, reçut sa maison de famille,et ses deux
filles, Françoise qu'il avait eue de Marguerite Maréchal, sa première femme,
et Claudine qu'il avait eue de la seconde, furent constituées héritières
universelles.
En 1488, les deux enfants encore en tutelle partagèrent le château du
Montellier entre elles; à Claudine qui épousa plus tard Jacques de Grôlée,
échut la grande tour ou est l'horloge, l'ancienne grande cour avec le four
et la tour appelée Freydenosse, avec la cour depuis le coin de la grande
cour neuve jusqu'au coin des étables anciennes; Françoise, qui épousa
Charles de Montbel, eut la maison haute, moyenne et basse, la tour de
Fréchet, la tour de Bergier haute, moyenne et basse et une portion de la
cour à prendre du coin des étables anciennes jusqu'au coin de la maison
neuve. Le puits et le pressoir restaient en commun. Les seigneurs de Montbel
possédaient déjà le donjon et des parties non mentionnées, et par le mariage
de Charles, la part des Grôlée se réduisit à bien peu de chose. Les deux
coseigneurs ne tardèrent à voir surgir entre eux des démêlés au sujet de la
juridiction sur les hommes de leur ressort, et de nombreuses transactions
eurent lieu. La dernière (1513) est un arbitrage émanant de révérend père en
Dieu, messire Jean de la Forest, grand aumônier de Savoie, prieur de Nantua,
assisté de Joffrey Passier, avocat fiscal général de Savoie, et de noble
Claude de Mareste, seigneur de Luissey (Lucey) et du château de Culle. Ce
personnage eut l'idée bien simple de donner les noms de tous les hommes
relevant de la juridiction du seigneur de Grôlée et ainsi fut calmée cette
tempête dans un verre d'eau. Le traité avait été réglé l'année précédente
par le duc de Savoie, deux tiers devaient échoir au seigneur de Montbel et
un à son voisin de Grôlée. Le comté de Villars étant échu au bâtard René de
Savoie, Charles de Montbel lui en fit hommage en 1499. Jacques de Grôlée
s'exécuta aussi et en reçut sa mise en possession le 4 août 1499. Malgré
cette dernière accession de puissance, la famille de Montbel parvint à
réunir le Montellier entre ses mains le 2 juin 1554 que Sébastien acquit
d'Etienne de Grôlée sa portion du château en échange du fief de Virignin.
Une autre et dernière parcelle fut rachetée de Françoise de Grôlée, le 9
décembre 1588. La seigneurie du Montellier fut alors agrandie de deux de ses
anciens fiels: Cordieu-la-Ville et Gletteins provenant de la famille de
Franchelins qui les avait cédés à Charles de Montbel, le 29 novembre 1500.
Ce fut Sébastien qui fit construire l'édifice qui se trouve au delà de la
prison, ainsi que nous l'apprenons par la date placée sur la façade: 1508.
Sébastien, après avoir hérité de tous les biens de son frère Révérend Claude
de Montbel, prieur de Conzieu et de Clarafond, Sébastien dut chercher femme
pour partager son opulence et égayer ses loisirs. Son choix tomba sur
Béatrix Pacheco, parente de cette héroïque dona Maria Pacheco, veuve de Juan
de Padilla, qui se défendit si bravement dans Tolède contre les armées
royales. Cette jeune Espagnole fut élevée dès son bas âge à la cour de
France par la reine Eléonore,elle même espagnole. François 1er la naturalisa
française par lettres datées de Saint-Germain-en-Laye en mars 1545. Lors de
son mariage, la reine de France voulant lui donner un témoignage de sa haute
amitié lui fit présent de 30000 livres tournois et le roi ne voulant point
être en retard de générosité grossit la somme de 20000 livres. La reine
Eléonore lui laissa en outre par son testament un legs de 800 écus de rente
que sa fille et héritière, l'infante d'Espagne, ne se hâta point de solder,
ainsi que le constatent les titres existant aux archives du Montellier. De
ce mariage qui eut lieu le 17 novembre 1559 naquit Jacqueline de Montbel.
Cette malheureuse favorite de la reine Eléonore, après deux mariages
illustres, devait mourir ignominieusement dans un cachot victime de ce qu'il
est convenu d'appeler raison d'État. Son premier époux fut Claude de
Bastarnay, fils de René de Bastarnay et d'Isabeau de Savoie. De cette union
ne naquit aucun enfant. En deuxièmes noces, la jeune veuve épousa l'illustre
amiral Gaspard de Coligny, issu d'une ancienne et puissante famille du
Revermont. A l'époque où il fut recherché en mariage par l'héritière du
Montellier, l'amiral se trouvait à la Rochelle, le principal boulevard du
protestantisme. Malgré l'impatience de dame Jacqueline, le voyage était trop
long pour qu'elle pût l'entreprendre et il lui fallut attendre.
Mais elle se rendit à Cerdon en Bugey, et là, par-devant maître Pierre
Ravier, notaire, elle passa procuration au seigneur de Belmont qui devait se
rendre à la Rochelle et conclure ce mariage. L'acte passé le 10 février
1571, fut dûment scellé d'un sceau en placard de cire rouge et confié au
mandataire qui, malgré les dangers d'un long voyage, arriva sain et sauf à
sa destination. Telle fut la diligence du seigneur de Belmont, que le
contrat de mariage fut signé le 24 mars par-devant Arnauld Salleau, notaire
de la ville. Les parties contractantes déclarant réciproquement se prendre
"pour mary et femme, toutesfois et quantes que l'un par l'autre en sera
requis par devant l'église de Dieu". Tous les biens de la famille lui furent
remis en dot, sauf l'usufruit que se réservait son père, de qui elle reçut
pour subvenir aux frais du mariage, la jouissance de son comté, chastel,
terre et seigneurie d'Entremont. Cette union ne fut pas de longue durée et
l'amiral n'eut que le temps de venir visiter son épouse et son nouveau
château, où depuis lors la chambre de la châtelaine porte le nom de chambre
de l'amiral. S'il eût pu jouir longtemps de la vue si calme de la Dombe, il
n'aurait pas été présent à Paris lors de cette triste journée du 24 août
1572, où la fureur et la trahison de Besme traînèrent ses cheveux blancs
dans la boue, déjà ensanglantée parle meurtre de ses coreligionnaires. Le
massacre de la Saint-Barthélémy a été enregistré en ces termes par l'amiralle
sur la garde d'un volume que l'on conservait encore au château de Châtillon
vers la fin du XVIIe siècle: "Le 24 août 1572 a été mis à mort monseigneur
et mary Gaspard de Châtillon, admiral de France, avec beaucoup de noblesse
française et de peuple; ayant laissé sa désolée femme grosse de cinq mois".
Sur le même feuillet on lisait: "Le 21 décembre 1572, fut née Béatnx de
Coligny, ma fille, à 10 heures du matin, à Saint-André de Briord en Savoye".
Laissons vagir l'enfant dans son gracieux berceau, et sans nous arrêter au
jugement du Parlement de Paris, qui déclare les enfants dudit feu de Coligny
ignobles, vilains, roturiers, intestables, indignes et incapables de tenir
office,retournons auprès de sa veuve en deuil et suivons-la à travers les
phases de son orageuse vie. A peine le duc Emmanuel-Philibert fut-il rentré
en possession de ses Etats, qu'il s'aperçut que sa frontière était trop
facile à envahir du côté de la Bresse, et il s'avisa d'y ériger de vastes
seigneuries en faveur de ses loyaux serviteurs. Il espérait que par ce
moyen, une partie du fardeau de la défense serait entrepris de gaîté de
coeur par ces sortes de marquis ou gardiens de marches. Son édit du 31
décembre 1576 déclarait que nul ne serait élevé à la dignité de marquis,
s'il ne pouvait justifier d'une rente de 5000 écus en biens fonds, et qu'en
outre les concessions antérieures seraient déclarées nulles et non avenues
au cas de la non justification de cette condition essentielle. La dame du
Montelier remplit apparemment les conditions requises, car elle reçut les
lettres qui érigeaient en marquisat le château, en lui adjoignant la terre
de Saint-André-de-Briord et en lui concédant le premier et second degré de
juridiction. Ces patentes dont l'original existe au château dûment enluminé
et portant en chef les armes de Savoie, datent de Turin, le 1er avril 1583
et sont motivées par les services rendus par les prédécesseurs de Jacqueline
et aussi à cause do la grandeur de sa maison. Quelles que fussent les
raisons réelles, il est évident que le duc de Savoie n'avait qu'à gagner en
s'attirant les bonnes grâces d'une riche héritière, possédant en propre le
château d'Entremont qui interceptait une des gorges par lesquelles Sa
Majesté de France pouvait pénétrer dans ses États, il y avait aussi une
raison particulière ainsi que nous allons le voir.
La marquise du Montellier jouissait tranquillement à Turin des longs loisirs
de son veuvage et s'occupait à l'éducation de sa fille unique, lorsque par
un beau jour elle se vit brutalement conduire dans les prisons ducales. Quel
crime avait donc commis cette pauvre femme? l'emprisonnait-on pour avoir
joui des faveurs du vainqueur de Saint-Quentin, ou était-ce parce que sou
mari avait été hérétique et que son voisinage gênait la très catholique cour
de Savoie? Rien de tout cela, Jacqueline de Montbel d'Entromont, veuve de
l'amiral Gaspard de Coligny, était sorcière, elle était accusée d'avoir
invoqué, adoré et encensé les diables, et d'avoir en outre endiablé une
fille qu'elle avait eue du feu duc. Heureusement, du moins à ce qu'elle
croyait, le Roi de France qui avait signé à son contrat de mariage,
s'intéressait à elle, et par la voie du célèbre cardinal d'Ossat, son
ambassadeur à Rome, il écrivit à Clément VII pour le prier de veiller à ce
qu'aucun mal ne fût fait à la dame du Montellier. Le pape répondit au
cardinal "qu'il ne permettroit point qu'on lui fit injustice, mais que les
imputations étoient si atroces, qu'il ne pouvait de moins que devoir ce que
c'estoit". Le cardinal d'Ossat tenait Henri IV au courant de cette affaire
et nous apprenons par une de ses lettres que l'amirale, car c'est ainsi
qu'on l'appelait alors, lui avait envoyé, sous le sceau du secret, la copie
d'un dialogue entre elle et le président Vivaldi, d'où il ressort que le
plus grand crime de la marquise du Montellier était de posséder le château
d'Entremont que convoitait le duc de Savoie. On laissa pourtant entrevoir à
la soi-disant sorcière qu'il y aurait possibilité de délivrance si elle
voulait consentir au mariage de sa fille avec un des seigneurs de la cour;
car de cette façon, le château du Montellier eût passé aux mains d'un des
confidents du duc. Parmi ceux que l'on proposait, se trouvait M. de Meuillon
qui, d'après les lettres du cardinal, était un homme bien composé de corps
et d'esprit.
Quant à la pauvre Beatrix, l'air humide des cachots ne lui avait point
développé la beauté physique, car l'ambassadeur de France nous apprend
qu'elle avait plus de vertus et de biens que de beauté ni de santé. Tant et
de si longues souffrances minaient la santé de la dame du Montellier et elle
mourut en prison en novembre 1599. La mère étant morte, il n'y avait plus de
raison de retenir la fille prisonnière; elle sortit pour être comblée
d'honneurs, et si on lui enleva les chaînes de fer on la couvrit d'un réseau
serré de fils d'or. Elle devint dame d'honneur de Catherine, infante
d'Espagne, duchesse de Savoie, et deux ans après la mort de sa mère, elle
épousa son ancien admirateur, le baron de Meuillon. Le 17 juillet 1600, fut
passé un contrat en français, puis un autre en italien, le 31 novembre de la
même année, et en présence de Philippe, prince de Piémont et d'autres grands
seigneurs; Claude-Antoine Bon, baron de Meuillon et Montauban, grand
chancelier de Savoie épousa Beatrix de Coligny, marquise du Montellier qui
remettait en dot à son mari 50000 écus d'or hypothéqués sur tous ses biens.
Ce fut peu de temps après ce mariage, en 1604 que tous les toits du corps de
bâtiment du château ainsi que celui de la tour Grôlée furent refaits par les
charpentiers Jean Gros et Pierre Brison. Françoise de Meuillon, issue de ce
mariage, épousa Louis, marquis de la Chesnelaye et en eût Marie-Charlotte de
Romillé de la Chesnelaye qui épousa, en 1688, Guillaume-François-Antoine de
l'Hospital, marquis de Saint-Mesme et du Montellier. Ce personnage fut un
grand géomètre, très savant en algèbre et en mathématiques. Il devint
vice-président de l'Académie des sciences de Paris, et mourut à l'âge de 43
ans, le 3 février 1704; sa femme lui survécut jusqu'au 2 juillet 1737. La
femme du marquis de l'Hospital avait hérité du Montellier à la mort de son
oncle Elie-Louis de Montbel d'Entremont, lieutenant général du Roi en Bresse
et Bugey, auquel il advint par la mort de Gabriel d'Entremont.
Il ne faut pas nous étonner de voir reparaître le nom de Montbel
d'Entremont, car les enfants du baron de Meuillon l'avaient repris. Le
portrait d'Elie-Louis peint par Ferdinand Laisne, en 1638, orne encore le
salon du Montellier et fait pendant à celui de Jean-François de Montbel
d'Entremont, peint par le même artiste. Le 9 novembre 1709, Charlotte
Sylvie, fille du marquis de l'Hospital, née le 19 juin 1689, épousa
Claude-François-Joseph de Chevriers d'une ancienne famille lyonnaise. Elle
mourut, jeune, laissant le Montellier à la famille de Chevriers, dont les
armoiries existent au-dessus de la porte du donjon et au salon actuel. La
seigneurie était alors estimée 188000 livres dont 8000 pour les meubles. La
fille du seigneur de Chevriers, Anne-Sylvie-Raymonde, reprit le fief le 28
novembre 1772, en qualité d'unique héritière de son père, décédé à Lyon le
29 décembre 1758. La dame de Chevriers vendit le Montellier à M. Antoine
Greppo par contrat passé chez Aubert, notaire à Paris, le 4 novembre
1781,pour la somme de 450000 livres, dont une partie fut convertie en rentes
viagères. Cette dame, influencée probablement par les idées égalitaires de
l'époque et un souvenir des passions romanesques du règne de Louis XV,
épousa son coiffeur qui signait les reçus de rente encore existants du nom
de Charvin. Le règne de l'économie sociale et agricole s'avançait à grands
pas, et M. Greppo s'appliqua à développer les étangs du pays, mais son fils
Gabriel comprit que l'existence des fièvres paludéennes n'était pas de bonne
entente et commença à dessécher quelques petits étangs, voie dans laquelle
il fut suivi par son fils Jean-Antoine Greppo. De nos jours, on dessèche sur
une grande échelle, grâce aux primes distribuées soit par l'abbaye de
Notre-Dame-des-Dombes, soit par la Compagnie du chemin de fer. Au lieu
d'être un foyer de fièvres, le pays deviendra dans quelques années un vaste
grenier de céréales et un lieu agréable de villégiature en même temps qu'un
joyeux rendez-vous de chasse. (1)
Éléments protégés MH : en totalité, pour être conservé et remis en état,
l'ensemble castral comprenant les sols et les constructions, y compris
l'emprise foncière des glacis et fossés : classement par décret du 17 juin
2003.
château fort du Montellier 01800 Le Montellier, tél. 06 07 04 08 81,
gîte de charme 4 étoiles ménagé dans une des ailes de l'édifice. Habité par
la même famille depuis 1781, celle-ci s'efforce de le maintenir en faisant
partager sa passion par des activités culturelles et particulièrement par la
découverte de la Dombes en vol en montgolfière.
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Nous remercions chaleureusement le propriétaire, Monsieur Franck
Richard, pour les photos qu'il nous a adressées afin d'illustrer cette page,
ainsi que Monsieur Vincent Tournaire du site
http://webtournaire.com/paramoteurparapente.htm
pour les photos aériennes (photos interdites à la publication)
A voir sur cette page "châteaux
dans l'Ain" tous les châteaux répertoriés actuellement
dans ce département. |
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