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Château construit dans la
deuxième moitié du XVIIIe siècle par Claude Colabau de Rignieux (1715-1801).
Fils cadet du baron de Châtillon-la-Palud, il lui échoit la seigneurie de
Rignieux. Il fait carrière dans les armes comme capitaine au régiment du
Boulonnais, puis lieutenant du roi à Valence, avant de se retirer dans son
château de Saint-Maurice, probablement vers 1770. A sa mort, survenue à Lyon
en 1801, il lègue le château à son neveu Alexandre Colabau de Juliénas,
ancien émigré. Lorsque ce dernier décède à son tour en 1812, la terre de
Saint-Maurice échoit à sa fille Jeanne Claudine, épouse du chevalier de La
Roche-Lacarette, qui la vend en 1817 à l'avocat lyonnais Pierre-Dominique
Segaud. Extrait de l'acte de vente d'après les Minutes de Maîtree Gimaret,
notaire à Monsols: Dame Jeanne Claudine Marie Thérèse Colabau de Julienas,
épouse de M. Antoine Louis Ferdinand Delaroche-Lacarette, chevalier,
lieutenant de cavalerie, chevalier de l’ordre royal et militaire de la
Légion d’Honneur, maire de la commune de Saint Jean d’Ouroux où ils
demeurent dans leur château de Lacarette. A M. Pierre Dominique Segaud,
avocat à la Cour royale de Lyon, toutes les propriétés qu’ils possèdent dans
les communes de Saint Maurice de Rémens, Léman, Château-Gaillard, Châtillon
la Palud et Mollon, département de l’Ain, toutes lesquelles propriétés
composent la terre de Saint Maurice, avec les appartenances et droits en
dépendant.
Les immeubles consistant principalement en maison de maître meublée,
bâtiment d’exploitation, hangards greniers à foin, locateries, cour, jardin,
pré, terre, bois et pâturages. Puis toutes les rentes foncières dépendant de
ladite terre. Dans cette vente sont encore compris les cheptels, foin,
paille, outils aratoires, et tout ce qui est immeuble par destination, et en
outre les meubles meublants, linges, tapisserie, glaces, lits, tables et
autres objets mobiliers dont le détail suit, savoir: 12 lits garnis, 26
paires de draps, 500 serviettes, 50 nappes, 111 tabliers de cuisine, 42
couvertures, rideaux, tentures et tapisseries détachées, forté piano, 10
tables, 10 glaces et 2 pendules, la valeur totale du mobilier vendu est
estimée à 12000 francs. En 1824, le domaine est acquis par Adolphe de
Tricaud, châtelain à Ambérieu-en-Bugey où il restaure le château des Allymes,
et auteur d'ouvrages de folklore régional sous le nom d'Amé de Gy. Il
l'attribue vraisemblablement comme résidence à son fils aîné Léopold, à
l'occasion du mariage de ce dernier avec Gabrielle de Lestrange en 1853. Le
couple conduit des travaux d'agrandissement et de modernisation du château:
en particulier la construction des communs et de la faisanderie en 1889 et
l'aménagement de la chapelle en 1875, en hommage à leur fille unique
Marguerite disparue en bas âge. L'aménagement intérieur et le mobilier
subsistant sont attribuables à l'action de Gabrielle de Tricaud, qui occupa
le château pendant près de 70 ans, pendant son mariage et son long veuvage.
Sans descendance, elle décide de léguer la propriété à sa petite-nièce et
pupille Marie de Saint-Exupéry, mère de l'écrivain Antoine de Saint-Exupéry.
Cette décision est actée dès 1896, dans le contrat de mariage de la jeune
femme, mais ne prendra effet qu'au décès de la donatrice (institution
contractuelle). A cette date, le domaine représente 139 hectares de terres
réparties sur les trois communes de Saint-Maurice-de-Rémens, Leyment et
Château-Gaillard. Le château de Saint-Maurice est un lieu de villégiature
habituel du couple de Saint-Exupéry depuis son mariage, qui est célébré dans
la commune. Après le décès prématuré du vicomte Jean de Saint-Exupéry, Marie
devenue veuve et ses cinq enfants sont en grande partie pris en charge par
leur aïeule Gabrielle de Tricaud et l'accompagnent dans ses déplacements en
partageant leur temps entre Lyon et Saint-Maurice. A la mort de Gabrielle en
1920, Marie de Saint-Exupéry hérite du château mais se voit contrainte de se
défaire des terres (38 ventes successives entre 1920 et 1927 environ). Elle
engage dès 1931 des pourparlers avec la ville de Lyon, dans l'intention de
vendre le château en viager. Il est décidé de le faire acheter par la Caisse
des écoles, afin de le transformer en colonie de vacances-préventorium, dans
le cadre de l'action sociale de la ville de Lyon et de la lutte contre la
tuberculose. La vente est conclue le 20 décembre 1932.
La Caisse des écoles engage une importante campagne de travaux dirigée par
l'architecte Émile Poignant en 1932-1933. Le château est remanié et aménagé
en vue de son affectation au logement de 250 enfants. L'année suivante, un
bâtiment annexe est construit dans le parc pour abriter les cuisines,
douches, la buanderie, la lingerie et des dortoirs supplémentaires
susceptibles de loger encore 250 enfants. La colonie est inaugurée en 1933
mais les travaux d'installation se poursuivent jusqu'en 1939 (construction
du préau en 1935, aménagement du parc en 1937). La colonie est
réquisitionnée en 1939-1940, ce qui donne lieu à l'installation du chauffage
central par les soins de l'armée. Après guerre, un internat primaire de
garçons est implanté sur le site afin de l'utiliser également pendant
l'année scolaire, nécessitant de nouvelles installations sanitaires et
éducatives (internat Saint-Exupéry, ouvert en 1953). Une importante campagne
de travaux est mise en place dans les années 1980, comprenant des travaux de
réhabilitation du bâti ancien, la mise aux normes des installations
sanitaires, l'aménagement des communs et la mise en valeur des locaux
patrimoniaux (transformation de la chapelle en musée, du pigeonnier en
espace de détente). Après la fermeture de l'internat, puis de la colonie au
début des années 1990, la Caisse des écoles décide la mise en vente du
domaine en 1993.
Le château comprend un corps central de sept travées pour trois niveaux
couvert d'un toit à longs pans et croupes, et flanqué de deux pavillons de
même hauteur côté est. Ces pavillons présentent au sommet une balustrade en
ciment ajouré dissimulant leur couverture en métal. Sur le côté ouest se
développent deux avant-corps d'un étage: il s'agit, au nord, de l'ancien
logement des domestiques (seule partie du bâtiment construite sur caves); au
sud, de la chapelle. L'élévation est, côté parc, représente la façade
principale: elle est marquée par une légère avancée des trois travées
centrales, soulignées par des chaînes en bossage et couronnées par un
fronton curviligne. Les fenêtres présentent un linteau droit; celles qui
percent les pavillons et l'avant-corps central possèdent un encadrement
mouluré avec agrafe. La porte, centrale, est surélevée de quatre marches et
surmontée d'une porte-fenêtre au premier étage. L'élévation ouest, côté
cour, est percée de baies à linteaux en arc segmentaire, à encadrement
mouluré avec agrafes. Seule la travée centrale possède trois portes-fenêtres
superposées, le couronnement de la plus haute formant lucarne.
L'intérieur est distribué par un large vestibule central traversant le
bâtiment de part en part. Il conserve son pavement en damier noir et blanc
et deux grandes portes ouvrant sur des couloirs transversaux. L'escalier
situé au nord-est du vestibule est un escalier rampe-sur-rampe, les paliers
et repos sont voûtés d'arêtes. Les pièces du rez-de-chaussée ont conservé
certains éléments de décor, voire d'ameublement. Au nord-ouest du vestibule,
l'ancienne salle à manger conserve ses boiseries (lambris de
demi-revêtement, dessus de portes et de cheminée, plafond lambrissé) et son
pavement en carreaux de ciment noir et rouge. Un buffet dressoir aux armes
du couple de Tricaud, une table ronde et un piano sont également conservés.
La chambre de la comtesse, au nord-est; et le grand salon, au sud-est du
vestibule, ont conservé leurs parquets à deux essences de bois clair et
foncé. Au sud-ouest, le petit salon présente un pavement en tommettes et une
cheminée, la bibliothèque qui y est conservée a peut-être été déplacée. Au
premier étage, les portes donnant sur le vestibule présentent des boiseries
qui pourraient remonter au XVIIIe siècle. Les chambres situées à l'étage et
dans l'étage en surcroît ont été aménagées en dortoirs et dénaturées. (1)
château de Saint Maurice de Rémens 01500 Saint Maurice de Rémens, propriété
privée, ne se visite pas.
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Monsieur Pierre Cochet pour les photos qu'il nous a adressées afin
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