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La propriété sur laquelle le château avait été
construit était abandonnée depuis longtemps. Celle-ci fut rachetée par un
fermier au XVIIe siècle. Le château du XVIIIe siècle semble, d'après Francis
Eck, avoir été transformé en 1776. Il était composé de quatre bâtiments en
rez-de-chaussée à avant-corps en pierre de taille rectangulaire muni d'une
tour d'angle ronde et d'une vaste bâtisse sans étage à l'arrière. Les
combles ajourés de lucarne à fronton pignon animaient le toit en croupe
couvert en ardoise. De plan rectangulaire régulier, l'édifice, long de neuf
travées, était flanqué en retour d'équerre d'un autre bâtiment s'achevant
par une tour rectangulaire. L'aile nord était occupée par le logement
seigneurial, les autres bâtiments ayant une destination agricole. La partie
orientale fut supprimée au XIXe siècle afin d'ouvrir la cour sur le parc. Un
incendie endommagea la partie occidentale; celle-ci fut remplacée par deux
pavillons à étage. L'édifice appartient depuis plusieurs générations à la
famille de Collin de Laminière. L'état-major de division du général Kühn
s'était installé au château dès le 8 septembre 1914. Il fut alors victime de
destructions partielles. Quelques vestiges de la bâtisse du XVIe siècle
(tourelles d'angle et sculpture, deux portails monumentaux dont l'un
présente une inscription allemande de 1940) ont été remployés lors de sa
reconstruction. L'ancien pigeonnier, tour ronde à l'écart du logis, a
également fait l'objet d'une restauration.
Ce château témoigne parfaitement de la volonté du propriétaire de
reconstruire à l'identique, rare exemple sur le Chemin des Dames (seule la
tour a échappé aux destructions). Mais la faiblesse des indemnités ne permit
par une restitution de l'ensemble de la construction d'avant-guerre. Bien
qu'amputé de certains bâtiments, le château a conservé une partie de son
aspect d'avant-guerre. Composés d'un blocage de moellons de calcaire et
pierres de taille aux chaînages d'angle, les avant-corps, dessinant un
ensemble architectural symétrique, abritent les bâtiments agricoles pour la
partie orientale, l'habitation pour la partie occidentale. Toutes deux sont
flanquées d'une tour à section carrée coiffée d'un toit en pavillon. Un
bâtiment long à destination de logis est accolé en retour d'angle à
l'édifice situé à senestre. Entièrement en pierre de taille, il s'étire sur
cinq travées. La disposition irrégulière de ses baies hautes, droites ou
cintrées, bordées d'une balustrade à colonnes, animent la façade. Son toit à
longs pans et croupe droite est rythmé par trois lucarnes sur la longueur.
Les combles de la grange ont été aménagés afin de recevoir un pigeonnier.
L'entrée postérieure, constituée de deux pilastres en pierre de taille, se
fait rue du Mont de Laon. (1)
château de Laminière,
rue Victor-Sucher, 02860 Colligis-Crandelain, lieu-dit Colligis, propriété
privée, ne se visite pas.
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