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Le château doit son origine à la
forteresse construite vers 1200 dans la vallée du Surmelin par Jean de
Montmirail, connétable de France, gendre de Guillaume de Dampierre et de
Marguerite de Flandre, et constituée en dot à sa fille Marie, épouse
d’Enguerrand II de Coucy. Comme les autres biens de cette illustre famille,
il échut aux Bar, puis aux Luxembourg. Confisqué lors de l’exécution du
connétable Louis de Luxembourg (1475), 1l revint en 1487 à sa petite-fille
Marie de Bourbon-Vendôme. Au milieu du XVIe siècle, Louis de Bourbon-Vendôme,
cardinal-archevêque de Sens, abbé commendataire de Saint-Denis et d’Orbais,
fit transformer et agrandir la vieille demeure médiévale, comme en témoigne
toujours la présence de ses armes au-dessus de portes et de cheminées. Son
neveu Louis de Bourbon, qui prit le titre de prince de Condé, devint l’un
des chef du parti huguenot et mourut assassiné à l’issue de la bataille de
Jarnac. Lorsque Victor-Amédée de Savoie-Carignan, petit-fils de Marie de
Bourbon-Soissons, servit dans les armées du prince Eugène, Louis XIV fit
confisquer le domaine qui demeura sous occupation militaire jusqu’en 1719.
Le château devait être en fort mauvais état lorsque Jean-François Leriget,
marquis de La Faye, obtint du Régent la levée du séquestre et la vente à son
profit, moyennant 120 000 livres. Ce personnage influent avait un talent si
rare pour manier les esprits que Louis XIV s'était servi de lui pour le bien
de l’État. Secrétaire du cabinet du Roi, il s’était acquitté de missions
fort délicates à Gênes, à Utrecht, à Londres et auprès de nombreuses cours
d’Europe. Académicien, administrateur de la Compagnie des Indes et l’un des
principaux bénéficiaires du "système" de Law, il alliait joie de vivre,
scepticisme et tolérance, réunissant dans son salon le jeune Voltaire,
Crébillon et autres beaux esprits. Il faisait également travailler de
nombreux artistes, comme en témoignent les embellissements apportés à son
château de Condé.
Leriget de La Faye fit ouvrir la cour au sud et régulariser l’ordonnance des
façades. Mais surtout, il fit doter les appartements du décor peint qui fait
encore aujourd’hui la gloire du château. À sa mort, en 1731, lui succéda son
neveu et homonyme, secrétaire du cabinet du Roi, puis colonel au régiment de
Louvois, qui fit aménager les petits appartements de l’aile est. En 1814, à
la mort de la comtesse de La Tour du Pin-Lachaux, née Leriget de La Faye, le
domaine échut à la comtesse de Sade, belle-fille du célèbre marquis, dont
les descendants habitèrent Condé jusqu’en 1983. Endommagé en 1918, occupé et
pillé en 1940-1945, le château a fait l’objet d’une longue restauration,
celle du gros-oeuvre, tout d’abord, puis celle du décor intérieur,
poursuivie depuis près de dix ans par ses propriétaires actuels, M. et Mme
Alain Pasté de Rochefort. L’escalier de l’aile gauche, avec ses rampes
droites voûtées en berceau, remonte au milieu du XVIe siècle, époque du
cardinal de Luxembourg, de même que les salles du rez-de-chaussée, austères
et munies de grandes cheminées. Il contraste avec le vaste escalier
d’honneur, créé au XVIIIe siècle dans l’aile droite pour desservir les
appartements du "piano nobile": le grand salon central, haut de plus de cinq
mètres, occupe toute la profondeur du corps principal. Sur les murs, des
toiles peintes en trompe-l’oeil par l’architecte-ornemaniste Servandoni
simulent un riche décor de colonnes et de pilastres de marbre, encadrant
fenêtres, portes et groupes mythologiques logés dans des niches: Apollon
servi par les muses, enlèvement de Proserpine et allégories des quatre
continents; également traité en trompe-l’oeil, le plafond donne l'illusion
de caissons; le salon d’angle, le plus précieux, doit au peintre animalier
Jean-Baptiste Oudry ses grandes natures mortes animées d’oiseaux et de
chiens, et les trois dessus-de-porte qui accompagnent ses boiseries peintes
en camaïeu.
Achevé vers 1724, cet ensemble exceptionnel a vraisemblablement succédé à un
décor lui aussi d’excellente qualité, comme en témoigne la scène de port
peinte sur enduit, récemment découverte sous le trumeau de la cheminée. La
salle à manger, avec ses deux niches de marbre; la petite bibliothèque,
habillée de boiseries Louis XVI sculptées; la chambre dite de Richelieu (la
comtesse de Soissons hébergea le cardinal en 1635, lors du séjour de la Cour
à Château-Thierry), avec ses sobres boiseries cirées et, au trumeau, le
groupe de l’enlèvement d’Europe; la chambre d’angle, dont l’épaisseur des
murs rappelle les maçonneries médiévales, ornée par Lancret d’un trumeau
illustrant un conte de La Fontaine; une antichambre offrant un précieux
décor appliqué à la détrempe sur les murs, juxtaposant ébauches et
repentirs, attribué à Watteau et à ses élèves, Pater et Bonaventure de Bar;
les chambres créées à l’emplacement de la galerie ouest, dont plusieurs ont
conservé des scènes dues aux mêmes peintres, témoignant d’une étonnante
fraîcheur de tons; la chapelle enfin, logée dans une tour d’angle, consacrée
en 1740 et restaurée vers 1830 par la famille de Sade. Dans le parc nous
trouvons une nature libérée des contraintes rigoureuses. La nature est reine
et l'intervention humaine humble et discrète. Place aux platanes
tricentenaires classés remarquables de l'allée des Princesses ainsi qu'à la
faune et la flore. (1)
Éléments protégés MH : les façades et toitures du château et de l'ancienne
capitainerie ; grille et clôture d'entrée ; escalier droit Renaissance de
l'aile Ouest ; escalier de l'aile Est avec sa rampe fer forgé ; départ de
l'ancien escalier droit de l'aile Est ; pièces suivantes avec décor : au
rez-de-chaussée : chambre des princes, chambre du donjon ; au premier étage
: palier du premier étage orné de peintures murales, grand salon peint en
trompe-l'oeil, salon orné de tableaux d'Oudry, petit salon et cabinet
attenant, petite salle à manger de l'aile Est, grande salle à manger,
bibliothèque, chambre dite de Richelieu, chambre d'angle dite chambre rose,
première chambre de l'aile de la chapelle ainsi que le dessus de porte
représentant une scène galante dans le couloir de l'aile de la chapelle :
classement par arrêté du 18 octobre 1979.
château de Condé 02330 Condé-en-Brie, tél. 03 23 82 42 25, ouvert au
public du 15 avril au 15 octobre de 14h30 à 17h30, fermé le lundi. Locations
de salles pour mariages, séminaires, comités d'entreprise, concerts,
expositions, films.
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