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En 1840, l'ancien
château de Coyolles, ses jardins, la ferme et de nombreuses terres
deviennent par succession la propriété de Madame Daudin, née Louise-Victoire
Marsaux. Sa fille et son gendre, Auguste-Ferdinand-Louis Moreau, agent de
change à Paris, projettent vers 1850 de se faire construire un château au
goût du jour, à proximité de la vieille demeure seigneuriale. Forts
d'arrangements passés au moins dès 1853, les Moreau vont prendre en location
auprès des exploitants de la ferme, eux-mêmes locataires de Madame Daudin,
une grande terre labourable qui s'étend à l'est et au sud des jardins de
l'ancien château. Ce terrain sous-loué est réuni à différentes pièces de
terre acquises par les Moreau, constituant un unique et vaste ensemble où
sont aménagés un parc et des jardins comportant des plantations variées, des
bosquets et une pièce d'eau. Ce parc sert d'écrin à une imposante demeure,
bâtie en 1856 sur les plans de l'architecte Charles Brouty, accompagnée de
communs et de dépendances, et destinée à servir de résidence estivale pour
la famille Moreau. Charles Brouty venait de concevoir en 1854 un "château" à
Fère-en-Tardenois pour Adolphe-Ferdinand Moreau, frère du propriétaire de
Coyolles, et le choix de cet architecte devait s'imposer naturellement.
L'inconfortable situation juridique du terrain sur lequel se dressent
désormais la demeure et ses communs est améliorée grâce à un bail, passé le
16 décembre 1856 entre Madame Daudin et les Moreau.
Alexandre Michaux, quelques années plus tard, mentionne la nouvelle
construction comme l'une des plus belles et des plus agréables maisons de
campagne des environs, avec son parc, son étang et son jardin élégamment
dessiné. L'ancien château conservé servira ultérieurement d'annexe à la
nouvelle résidence, qui va prendre progressivement le surnom de "Château
Neuf". Une courte biographie, rédigée après la mort de l'architecte
Édouard-Maurice Bariller et publiée dans une revue d'architecture, signale,
parmi ses principaux travaux, des restaurations effectuées "au château de
Coyolles". Toutefois, rien ne permet de savoir s'il s'agit de ce château-ci
ou, plus probablement, de l'ancien manoir. Le domaine reste aux mains de la
famille Moreau jusqu'en 1920, date à laquelle les deux châteaux, la ferme,
les terres, marais et prairies, sont vendus, ainsi que le mobilier. Le
Château Neuf et son parc ont été séparés de cet ensemble et cédés en 1969,
pour accueillir un institut médico-éducatif pour handicapés. À dater de
cette période, diverses modifications ont permis à cette propriété de
s'adapter à sa nouvelle destination, notamment par la suppression des pièces
d'eau et par la construction de nombreux pavillons dans le parc. Le château,
après avoir abrité l'administration de l'institut, est actuellement
abandonné et menacé de destruction (2017).
Le Château Neuf de Coyolles est construit en pierre de taille calcaire, sur
un plan symétrique qui lui donne deux façades ordonnancées à travées.
Chacune des façades est animée par trois avant-corps: un central et deux
latéraux, qui forment une saillie plus prononcée sur la façade occidentale
que sur l'orientale. Autant la conception de ces élévations que leur sobre
décor architectural (pilastres, chambranles à crossettes, frontons
triangulaires ou cintrés des lucarnes) font référence à l'architecture
française classique. Le monument est surmonté d'une toiture d'ardoise de
forme complexe, comprenant, dans sa partie centrale, un toit à longs pans
brisés. Des toits à deux pans et croupes viennent s'y greffer au-dessus des
avant-corps. Le faîte habituel des toits semble remplacé sur ce bâtiment par
une terrasse faîtière. À l'intérieur, le château comporte un sous-sol
partiellement souterrain, un rez-de-chaussée surélevé et accessible par
plusieurs escaliers extérieurs, un étage carré et deux étages de comble. À
l'origine, comme en témoigne l'inventaire après décès d'Auguste-Ferdinand-Louis
Moreau, le sous-sol accueillait, entre autres services, la cuisine, l'office
et la cave à vin. Au rez-de-chaussée, prenaient place les pièces de séjour
et de réception, telles que le salon, la salle à manger, la salle de
billard, la bibliothèque et le cabinet de travail. Une antichambre et une
salle semblent également y avoir été affectés aux chasseurs.
L'étage carré (le premier étage) était réservé aux chambres à coucher et aux
cabinets de toilette. Au-dessus, le premier étage de comble comportait aussi
des chambres, dont plusieurs chambres d'enfants, quelques cabinets de
toilette et une lingerie. Enfin, le second étage de comble renfermait une
succession de "cabinets" avec petits lits, dans lesquels il faut sans doute
reconnaître les modestes chambres des domestiques. Ces différents niveaux
sont desservis par plusieurs escaliers dans-œuvre. L'escalier d'honneur
axial, en maçonnerie, qui unit uniquement le rez-de-chaussée au premier
étage, est un escalier tournant à première volée centrale, puis à seconde
volée double. Deux escaliers de service en charpente, des escaliers
tournants et suspendus, situés aux extrémités du bâtiment, relient le
premier étage aux niveaux supérieurs. L'un d'eux descend jusqu'au sous-sol.
À l'entrée de la propriété, la conciergerie est édifiée en calcaire et
brique (appareil mixte). Composée d'un sous-sol, d'un rez-de-chaussée
surélevé et d'un étage de comble, elle est couverte d'un toit en tuile
plate, à demi-croupe sur le pignon antérieur et à pignon couvert sur le
pignon postérieur. (1)
château Neuf, route du Parc, 02600 Coyolles, propriété privée, ne se
visite pas, centre médico éducatif pour handicapés.
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