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Situé sur l'épaulement qui domine le village et entouré de jardins, le
château de Sausses a probablement été bâti à l'Époque Moderne, pour
remplacer le château-fort médiéval planté sur le piton au nord du site
actuel. On ignore tout de la construction et de l'évolution de ce château,
qui fut probablement la demeure des Montblanc, seigneurs majeurs de Sausses
aux XVIIe et XVIIIe siècles. En 1853, le beffroi communal a été érigé dans
l'enceinte du château, au-dessus d'un pigeonnier désaffecté. L'analyse du
plan et des élévations montre que la partie sud est plus ancienne (XVIIe
siècle) que la partie nord, déjà figurée sur le plan cadastral de 1824.
C'est un grand bâtiment rectangulaire dont la moitié sud comporte trois
étages de soubassement tandis la moitié nord n'en a qu'un. L'élévation sud,
qui domine la place Saint-Pons, est ordonnancée à deux travées entre les
chaînes d'angle en pierre de taille traitées comme des pilastres
monumentaux; celle qui regarde le jardin d'agrément, à l'ouest, comporte
quatre travées de fenêtres rectangulaires et une porte centrale, encadrée de
pilastres et d'un entablement mouluré. Au nord, l'élévation n'a que deux
niveaux, le premier aveugle et dissimulé au fond du fossé qui assure le
drainage de ce côté, le deuxième percé d'une seule porte, au centre,
précédée d'une passerelle. L'élévation ouest, qui regarde les communs, est
moins régulière. On y voit, au troisième niveau, une croisée et une
demi-croisée murées, au chambranle façonné au mortier sous un linteau en
bois, et, entre les deuxième et troisième niveaux, un cabinet en
encorbellement destiné aux latrines.
Toutes ces façades ont reçu un décor peint, plus ou moins effacé, de
bandeaux blancs autour des fenêtres rectangulaires et sous la génoise à deux
rangs. Le premier étage de soubassement n'occupe qu'un étroit espace le long
de l'élévation sud, contenant deux petits celliers plafonnés. Le deuxième
étage de soubassement, accessible de plain-pied par l'est, contient deux
greniers, deux chais équipés d'une grande cuve en maçonnerie, d'un pressoir
et d'une resserre à huile, et deux celliers avec leurs étagères à
bouteilles, tous voûtés en berceau plein-cintre. Le deuxième étage de
soubassement a son accès de plain-pied sur le jardin à l'ouest. Sa partie
sud, divisée par deux refends croisés, contient le vestibule, la salle à
manger et deux salons, tous couverts de plafonds à caissons en plâtre sans
décor. La cage d'escalier se développe dans la partie nord, sans autre décor
que la rampe en bois à barreaux droits qui borde les volées parallèles, à
côté de la cuisine voûtée d'arêtes et d'un grand cellier voûté en berceau
segmentaire. Au rez-de-chaussée, un long couloir central dessert deux
rangées de chambres. Il ne reste rien des décors intérieurs, s'il y en a eu.
Les jardins du château entouraient la résidence seigneuriale sans doute dès
l'origine. Consacrés pour l'essentiel aux cultures maraîchères et
fruitières, ils couvraient l'ensemble de l'épaulement sur lequel est assis
le château et le vallon immédiatement au nord, où était captée l'eau
nécessaire. De l'ensemble initial, il ne reste que deux jardins. Le plus
important sert d'entrée à l'ouest du château et contient l'ancienne
orangerie et l'ancien pigeonnier transformé en beffroi. L'unique allée
traverse longitudinalement l'espace structuré au nord en deux terrasses
plantées de vignes, au sud en une pelouse entourée du côté extérieur d'une
haie de buis et du côté intérieur de rosiers. L'extrémité ouest de l'allée,
en pente ascendante, est soutenue par un mur de soutènement contreforté par
trois profondes arcades en plein-cintre, qui forment une sorte de nymphée
rafraîchi par une fontaine aménagée sous l'arcade du milieu et par une
grande pergola en ferronnerie couverte de glycine. Devant l'élévation ouest
du château, l'allée transversale, partie en escalier et partie dallée en
mosaïque de galets, relie la petite porte qui débouche sur la rue au sud à
la porte principale du château et au jardin septentrional. Ce dernier ne
contient plus qu'une aire gazonnée et une longue allée bordée de buis.
Le jardin septentrional, est doté d'une fontaine, au bord de l'allée
principale. Composée d'un pilier monolithe couronné d'une corniche moulurée
et d'une vasque en ciment, qui a sans doute remplacé un bassin en pierre,
posée sur un socle en maçonnerie, elle se présente au fond d'un exèdre aux
murs bâtis en gros blocs équarris et au sol pavé de petits cailloux.
Derrière l'exèdre se trouve le réservoir, simple volume rectangulaire dont
le berceau en plein-cintre et les murs sont en blocage de moellons bruts,
avec, du côté sud, un regard fermé par un vantail métallique au dessus d'un
bloc en grès portant gravé la date 1930. Le lavoir, aux margelles en pierre
de taille sur des murs en blocage enduit, est appuyé contre le mur sud de
l'exèdre et du réservoir. Il est accosté d'une banquette en maçonnerie
servant d'âtre pour la lessiveuse. Construits côte à côte, les deux éléments
n'ont peut-être pas été conçus ensemble. La fontaine, purement décorative,
pourrait avoir précédé le lavoir et le réservoir. Avant cette date,
l'alimentation de la fontaine pouvait être assurée par un aqueduc depuis le
réservoir à ciel ouvert dont on voit les vestiges au fond de l'allée du
jardin septentrional. Les communs ne figurent pas sur le plan cadastral de
1824. Ils consistent en un grand entrepôt agricole datant du courant du XIXe
siècle et deux hangars ajoutés au XXe siècle. (1)
château de Sausses 04320 Sausses,
propriété privée, ouverte au public aux journées du
patrimoine.
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