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En parcourant
rapidement nos montagnes, nous avons aperçu de nombreuses demeures féodales:
nids d’aigles inaccessibles ou forteresses formidables autour desquels, au
moyen-âge, venaient se grouper les maisons des vassaux. Mais à cette époque
succéda la Renaissance, moins chevaleresque que la première et moins faite
de craintes et de batailles continuelles. A la suite de nos rois Charles
VIII, Louis XII et François 1er, rentrant de leur expédition d’Italie, les
architectes, les sculpteurs, les maçons, les peintres, les jardiniers
italiens envahirent la France. Inspirés de ce qu’ils avaient vu de l’autre
côté des Alpes, nos châtelains rivalisèrent à celui qui transformerait son
château, ou ferait construire une nouvelle demeure au goût du jour. Pendant
l’expédition de Naples (1495), Charles VIII écrivait à son beau-frère Pierre
de Bourbon: "Vous ne sauriez croire les beaux jardins que j’ay en cette
ville. Car, sur ma foy, il semble qu’il n’y faille qu’Adam et Eve pour en
faire un Paradis terrestre". Tous cependant n’étaient pas entourés de
jardins, car les nouveaux châteaux s’élevaient luxueux au milieu du village
ou de la ville. C’est le cas du magnifique hôtel de Nicolay, dont la tour
Renaissance s’élève, élégante, au-dessus du Bourg-Saint-Andéol, dominant le
pays et jouissant, de sa terrasse, d’un panorama merveilleux. Au début du
XXe siècle le marquis de Nicolay, propriétaire de la demeure de ses aïeux,
sur le désir exprimé par M. Henri de Longevialle, archéologue et
historiographe distingué, fit faire d’importantes réparations à cette belle
habitation. Réparations qui furent exécutées avec autant de science
archéologique que de goût. Grâce à l’heureuse initiative de M. de
Longevialle, Le Bourg conservera longtemps encore son bel hôtel seigneurial
que nous comparons volontiers à celui de Cluny. Le Bourg est certainement la
plus jolie et la plus intéressante ville vivaroise des bords du Rhône. Car
autour de son remarquable château des évêques de Viviers et de l’hôtel de
Nicolay, se groupent de nombreuses habitations seigneuriales ou bourgeoises
qui donnent à cette petite ville un cachet tout particulier d’archaïsme.
Dès le XIVe siècle nous trouvons au Bourg-Saint-Andéol Guy Nicolay, marié à
Nicole Privât, sœur de Jean Privât. En 1446, Jean 1er Nicolay fit
l’acquisition de l’hôtel des Salmand, contigu à celui d’Amédée de Barjac et
que son fils, le Chancelier, agrandit et transforma plus tard. Le 9 avril
1460, il acheta à Garin Audigier, pour le prix de 50 florins, un moulin et
tous les droits qu’il y possédait et pour lequel il relevait de la directe
de l’évêque en fief franc, noble et gentil. Ce même Jean Nicolay fit
diverses acquisitions, que possédait encore en 1532 son petit-fils, le
premier Président Aymard Nicolay. Il avait épousé Bonne Audigier en 1447. M.
de La Roque dans son Armorial nous apprend que Jean II de Nicolaï, demeurant
au Bourg-Saint-Andéol, fut présent au mariage de Louis, son neveu, accordé,
en 1479, avec Catherine de Banne. Il testa le 24 novembre 1492 et nomma dans
son testament son frère Raimond, demeurant à Villeneuve-de-Berg. Jean II de
Nicolay, seigneur de Saint-Victor, conseiller au Parlement de Toulouse,
accompagna Charles VIII au voyage de Naples, chancelier, maître des requêtes
en France au Parlement de Paris, en 1504, premier président en la Chambre
des Comptes en 1506. Il fut l’ambassadeur de Charles VIII, chancelier du
royaume de Naples sous Louis XII et fut honoré du titre de cousin par ce
prince. Il avait été conseiller au Parlement de Toulouse, le 9 juin 1492;
conseiller au Grand-Conseil, aux Séances de 1485, 1492 et 1497, et fut
maître des requêtes le 3 juin 1504. Il se démit de sa charge de premier
Président de la Chambre des Comptes de Paris, le 23 février 1518, en faveur
de son fils. Il testa le 4 juillet 1524 et mourut en 1527, au
Bourg-Saint-Andéol.
Jean II de Nicolay avait épousé, le 15 février 1502, Claire de Vesc, fille
de Claude de Vesc, seigneur de Montjoux, et de Nizette d'Urre. Aymar de
Nicolay, premier Président en la Chambre des Comptes de Paris en 1518, qui
épousa Anne Baillet, dame de Goussainville, dont il eut cinq enfants dont
Antoine, qui suit; Thibaud, conseiller au Parlement; Anne; Renée et Jeanne.
Antoine de Nicolay, seigneur de Goussainville, premier Président en la
Chambre des Comptes de Paris en 1518, épouse Jeanne Luillier. La maison de
Nicolay est une des plus illustres du Vivarais. Elle jeta un vif éclat sur
notre pays, dans lequel elle posséda de riches seigneuries. Nous ne
fouillerons pas son glorieux passé et ne chercherons pas davantage à suivre,
à travers les siècles, sa longue lignée de premiers Présidents en la Chambre
des Comptes de Paris qui illustrèrent la France et le Vivarais, depuis le
début du XVIe siècle jusqu’à la Révolution. Elle donna aussi un maréchal de
France en 1775 et un pair en 1875. Au début du XXe siècle cette illustre
maison est représentée à Paris et au château du Blet (Cher) par le marquis
de Nicolay qui reste de cœur à son pays d’origine. Non seulement le marquis
de Nicolay s’intéresse à la demeure de ses ancêtres mais aussi à l’histoire
de notre pays, pour laquelle il a fait édifier un précieux monument, "Le
Bourg-Saint-Andéol", beau livre publié, sous ses auspices, par M. Henri
Courtault, archiviste aux Archives Nationales, d’après les documents
recueillis par M. Antoine de Boislisle. (1)
hôtel de Nicolay 07700 Bourg-Saint-Andéol, propriété privée, ne se visite
pas, visible de la place Louis Pize.
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constatez une erreur, contactez nous. Nous remercions
chaleureusement Monsieur Bernard Drarvvé pour les photos qu'il nous a
adressées afin d'illustrer cet historique.
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de l'Ardèche" tous les châteaux répertoriés à ce jour
dans ce département. |
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