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Une église du XIIe
siècle sous le vocable de Saint Martin et l'obédience de l’abbaye de
Saint-Gilles, succédant peut-être à une autre plus ancienne dans le
voisinage de la Commanderie de Jalès et de la chapelle de Thines, possession
avancée en Vivarais de l'abbaye du Monastier, la tradition d'antiques
chemins, voie essentielle conduisant pèlerins et marchands du Languedoc en
Velay, sur Notre-Dame du Puy; le cañon du Chassezac et, malgré l'audace du
passage, un pont du XIVe siècle sans doute, et le château de Chambonas le
commandant; tout cela en raccourci est plus qu'un décor grandiose; c'est une
suite rare de jalons historiques, bi-millénaires, dont l'importance
médiévale nous échappe. Ces facteurs interdépendants forment un tout auquel
le château de Chambonas apporte une pierre de choix. L'ampleur du paysage
accentue la masse imposante du château dont les premières dates nous
échappent. XIIIe, XVIIe et XVIIIe siècles, voici, croit-on avec certaines
énigmes, les plus certaines de sa construction, en quadrilatère cantonné de
quatre tours rondes. Une porte à bossages (XVIIe siècle) ouvre sur un
escalier à balustres de même époque et très belles proportions.
Une salle voûtée d'arêtes à peintures analogues à la salle dite "italienne"
de l'Evêché de Viviers (XVIIIe siècle) conduit au grand salon réaménagé au
XIXe siècle. Dans une suite d'autres pièces également proportionnées, un
salon très important avec cheminée monumentale aux armes des Chanaleilles.
Telle fut sous les hautes toitures du corps central et ses tours en
poivrières, jusqu'en 1808, la demeure des La Garde-Chambonas, issus des
seigneurs de la Garde-Guérin; elle leur doit la plupart de ses
embellissements intérieurs et extérieurs sur les jardins français, dont les
eaux jaillissantes ajoutent au charme du lieu. Le marquis de Chanaleilles au
début du XIXe siècle, puis le Comte de Marcieu; et avec eux les fastes du
brave Crillon dont un portrait par Porbus et de nombreux objets d'arc,
enrichirent le château de précieux souvenirs. Cette description trop
elliptique devrait susciter des visites nombreuses au cœur de ce pays des
Vans, centre touristique aussi varié que prometteur.
L’illustre maison qui fit construire ce château était d’origine
chevaleresque, venue de La Garde-Guérin, antique forteresse située en
Gévaudan, sur les confins du Vivarais. Elle s’établit dans notre province
dès le XIIIe siècle et forma les branches des Chambonas et de Malbosc. La
filiation de cette maison est suivie jusqu’à nos jours, depuis Raymond de La
Garde, seigneur de La Garde-Guérin qui figure dans un acte de vente fait à
Bertrand de Molette, le 18 des calendes de janvier 1237. Il avait épousé
Sibille de Beauvoir du Roure, fille de Guillaume et d’Alasie de Planchamp.
Louis-François de La Garde, fils d’Antoine de La Garde, seigneur de
Chambonas et de Cornillon, avait épousé, le 19 août 1629, Charlotte de La
Baume-Suze, fille de Rastaing, comte de Suze, seigneur d’Eyrieu et Montfrin,
bailli des quatre bailliages du Dauphiné, et de Catherine de Grolée. Il eut
deux fils dont Louis-François et Charles-Antoine, né en 1635. Ce dernier fut
longtemps grand vicaire de Louis de Suze. Il fut appelé, en 1671, au Siège
épiscopal de Lodève. Il fut sacré à Paris, le 15 novembre 1671, par son
oncle, assisté des évêques du Mans et de Comminges. Il continua néanmoins
ses fonctions de grand vicaire de Viviers, avec le titre de coadjuteur de
l’évêque qui était fort âgé, et c’est en cette qualité qu’il rédigea, en
1684, un mémoire en faveur des habitants de Privas, pour prier le roi de les
laisser "se relever de l’état pitoyable où ils sont réduits, principalement
pour avoir moyen d’employer leurs biens et leurs vies pour Sa Majesté". Il
ne cessa d’aller de paroisse en paroisse, consolant les uns, secourant les
autres, arrêtant la fureur des soldats et obtenant la grâce de nombreux
coupables. Damville, se rendant en Vivarais, en 1689, l’avait fait venir de
Lodève afin de l’accompagner dans le diocèse de Viviers, "parce que son
dessein était d’employer plutôt la voie de la douceur que celle de la force,
et il savait que ce prélat, avant ces désordres, avait travaillé
efficacement pour la religion dans ce pays en la place du vieil évêque, son
oncle, qui, à cause de son grand âge, était incapable d’agir".
Louis-François, frère aîné de l’évêque, avait obtenu, en 1683, l’érection de
la terre de Chambonas en marquisat. Il épousa, en 1695, Charlotte de
Fontanges, dame d’honneur de la duchesse du Maine, et mourut, en 1729. Quand
la duchesse du Maine fut emprisonnée, en décembre 1718, lors de la
conspiration de Cellamare, Madame de Chambonas "demande en grâce, quelques
jours après, d’aller se renfermer volontairement avec elle". Scipion-Loui
s-Joseph de Chambonas, fils du précédent, se distingua dans la carrière
militaire, et le duc de Luynes, dans ses mémoires nous apprend que mécontent
de n'avoir pas été fait maréchal de camp, il quitta le service, en 1746. Il
mourut en 1765. Il avait épousé en secondes noces une Beauvoire du Roure et
en eut un fils, né vers 1750. Sa vie fut celle d’un original débonnaire qui
mourut en 1807, dans un état voisin de l’indigence. Il vendit le château et
le marquisat de Chambonas au marquis de Chanaleilles, revenu comme lui de
l’émigration. Le marquis Guillaume de Chanaleilles, qui en fit
l’acquisition, était un officier de marine déjà remarqué avant la
Révolution. Plus tard, il obtint le grade de capitaine de vaisseau. Il
siégea pendant quarante ans au Conseil général de l’Ardèche et fut créé pair
de France, en 1837. Son fils, Sosthènes, avait été lieutenant-colonel du 4e
chasseur à cheval. Il a vécu dans une sorte de retraite, depuis 1853, après
la mort de son fils. Il n’a laissé qu’une fille, mariée au marquis de
Marcieu. Les Chanaleilles sont actuellement représentés par
Paul-Aimé-Henri-René de Chanaleilles, marquis de La Saumée, chef de
bataillon au 117e régiment territorial d’infanterie, marié, le 11 février
1885, à Jeanne Germon de Malmusse, dont Marie-Joseph-Roger-Sosthènes, né le
22 octobre 1891, 2 rue de Chanaleilles, château de par Saugues
(Haute-Loire). (1)
Éléments protégés MH: les façades et les toitures : inscription par arrêté
du 2 avril 1963. L'ensemble du parc, le grand escalier intérieur, le salon
italien du rez-de-chaussée, le grand salon faisant suite au salon italien,
le petit salon situé dans une tour : classement par arrêté du 16 septembre
1963. (2)
château de Chambonas 07140 Chambonas, propriété privée, ne
se visite pas.
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