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En descendant la vallée du Rhône, entraîné par les
flots rapides, le bateau côtoie les paysages les plus agrestes et les plus
variés. A peu de distance de Tournon, il semble que le fleuve n’ait plus la
place de se glisser entre la citadelle et la montagne qui menacent de se
rejoindre, l’obstacle est franchi, un rocher énorme surgit des flots. Sur ce
piédestal de granit se dresse un château aux terrasses couronnées de
créneaux et recouvertes de lierres. Une gracieuse tourelle et un donjon
carré s’en détachent. C’est Châteaubourg, au pied duquel se groupent les
maisons du village. C’est une sentinelle avancée qui surveille non seulement
le fleuve aux rives verdoyantes mais cette plaine valentinoise où serpente
la belle rivière de l’Isère dont le confluent se trouve à peu de distance de
Châteaubourg. La vue que l’on a de la terrasse du château est vraiment
grandiose et bien digne de la palette d’un maître. Le plan général du
château évoque indéniablement un site castral ancien (XIIe-XIIIe siècles),
associant un donjon quadrangulaire à une chemise maçonnée qui enclôt la
plate-forme sommitale de l’affleurement rocheux. Des bâtiments sont venus,
au XVe et au XVIe siècles (avec de nombreuses réfections au XVIIIe siècle),
remplir l’enceinte désormais cantonnée d’une tour circulaire au sud-ouest.
Cependant, de très nombreux travaux réalisés au début du XXe siècle ont
donné au château une très forte tonalité néogothique qui masque largement
les éléments médiévaux les plus anciens. Au pied du rocher s’est développé
un petit bourg castral qui possédait une chapelle dédiée à Saint-Pierre.
Notre savant compatriote, M. l’abbé A. Roche, nous permettra de lui
emprunter quelques passages de son intéressante monographie publiée dans la
Revue du Vivarais. Le plus ancien hommage rendu pour Châteaubourg est celui
de Guillaume de Beaudiner à Falcon, évêque de Valence (1189-1199). Le sire
de Joinville a écrit dans son histoire de Saint-Louis: "Ay bien souvenance
que dessus le Rhosne, à la rive, nous trouvasmes un château qu’on appelait
la Roche-Gluy, lequel chasteau le roi avait fait abattre, pour ce que le
sire du chasteau, qu’on appelait Rogier, avait grand bruit de mauvais renom
de détrousser et de piller tous les marchands et pellerins qui là
passaient". Or ce Roger de Clérieu, dont il s’agit, outre le château de
Roche-de-Glun, possédait aussi ceux de Glun et de Châteaubourg, trois
forteresses qui se correspondaient sur la rive droite et la rive gauche du
Rhône. L’implacable seigneur osa exiger les droits de péage sur le roi qui,
au mois de juin 1248, descendit le Rhône, se rendant à Aigues-Mortes où il
devait s’embarquer pour la Palestine. Indigné de ses prétentions, Saint
Louis attaqua et détruisit le château de Roche-de-Glun, demeure habituelle
de Roger; puis, ajoutent Ovide de Valgorge et l’abbé Garnodier, il vint, en
vainqueur, se reposer toute une journée à Châteaubourg dans cet autre
château du même Roger.
Nous trouvons comme seigneur de Châteaubourg, en même temps que les Clérieu,
Guillaume de Beaudiner dont la fille, Beatrix, porta la seigneurie ou la
part de cette seigneurie à Silvion de Clérieu, en juin 1230. Les Clérieu
sont mentionnés seigneurs de Châteaubourg longtemps avant cette alliance
avec les Beldisnar. Car Guillaume II de Clérieu, en 1052 et 1123, est dit
seigneur de Clérieu, Faramans, Châteaubourg. Deux siècles plus tard,
Guichard de Clérieu institua pour héritier universel, le 24 juin 1333, son
parent Aymar V de Poitiers, comte de Valentinois. La seigneurie de
Châteaubourg resta dans cette famille, jusqu’en 1405, époque à la quelle le
comte de Poitiers la vendit au seigneur de Fayn (de Fay, de Fayno). En 1443,
Marguerite de Montchenu fait à la Chambre des Comptes de Montpellier, un
dénombrement dans lequel figure la terre de Châteaubourg. Marguerite de
Montchenu était fille unique d’Antoine de Montchenu, seigneur de
Beausemblant et de Philippa de Montravel, dame d’Argentai. Elle avait épousé
Bermoud II de Brion. Leurs fiançailles se firent à Condrieu, le 11 juillet
1426. Par ce mariage, la maison de Brion acquit la terre de Châteaubourg. En
1525, Jean de Brion est titré comte de Brion et de Châteaubourg. Madeleine
de Brion épousa Guillaume de Chalancon-Rochebaron, dans la famille duquel
Châteaubourg était en 1592. A cette date, Louise de Rochebaron fut mariée à
Isaac de Barjac de Pierregourde. Nous le trouvons, en 1605, appelé seigneur
de Pierregourde et de Châteaubourg. Louise de Barjac de Pierregourde, fille
unique de Jean-Annet, seigneur et baron de Pierregourde, Châteaubourg, La
Marette, Portes, etc..., et de Marguerite d’Urre du Puy Saint-Martin,
épousa, le 17 février 1646, Louis de Maugiron. Châteaubourg resta à cette
famille jusqu’au 16 janvier 1720, date où cette terre et seigneurie fut
vendue par Guy-Joseph de Maugiron, au sieur André, qui en rend hommage, le
26 juin 1728. (1)
château de Châteaubourg 07130 Châteaubourg, restaurant de charme ?
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