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Pierregourde (Petragorda), vieux château dont il reste des ruines très
pittoresques, dans la commune de Gilhac-et-Bruzac, arrondissement de Privas.
La terre de Pierregourde, après avoir eu de très anciens possesseurs qui en
portaient le nom, passa aux Rochebaron et ensuite à la famille de Barjac,
"très distinguée en Vivarais et en Gévaudan", dit le marquis d’Aubaïs.
Brantôme parle souvent du chef de cette famille, François de Barjac, l’un
des chefs du parti protestant, qui fut tué au combat de Mesignac, le 31
octobre 1568. La légende en Vivarais a fait de ce personnage un homme
sanguinaire et une espèce de chef de brigands, mais rien dans les
témoignages historiques ne confirme ce jugement. (A. Mazon, Revue du
Vivarais, 1900). Nous devons à Monsieur le Curé de
Saint-Félix-de-Châteauneuf un fort joli croquis à la plume qu’il a eu
l’amabilité de nous adresser le 15 septembre 1912, suivi de cette note: "Ce
devait être un château formidable. Il devait occuper au moins un espace de
cent mètres sur cinquante. Quand je prenais ce croquis, il y avait encore
derrière moi une autre enceinte ruinée, l’enceinte extérieure, avec deux ou
trois morceaux de tourelles". Albert du Boys, dans son Album du Vivarais,
consacre quelques pages à Pierregourde et François de Barjac. Nous ne lui
emprunterons ce passage: "Du haut d’un sommet élevé, sur la droite, dit-il,
le château de Pierregourde semble menacer encore la vallée. Le souvenir de
ce fameux chef de partisans plane encore sut les rives de l’Eyrieu; quand on
va du Pape ou de la Voulte à Vernoux, on peut passer sur les ruines mêmes du
castel autrefois si redouté. Je ne sais quel aspect de désolation règne sur
le mamelon dont il occupe la cime: de ses créneaux brisés, de ses bastions
écroulés, gisant ça et là sur le sol, la vue s’allonge sur la vallée de l’Eyrieu,
et de là s’élance par dessus le bassin du Rhône jusque sur les plaines du
Dauphiné...
François de Barjac, sire de Pierregourde, qui fut dans son temps le
capitaine le plus renommé des protestants du Vivarais, est arrivé à la
postérité avec deux figures dont les traits ne sont nullement semblables: il
y a en lui l’homme de l’histoire et l’homme de la tradition. L’homme de
l’histoire est un général actif, plein de ressources et d’intrépidité dans
le péril. Du reste, ni plus ni moins sanguinaire que les autres chefs des
deux partis. L’homme de la tradition réveille, au contraire, chez les
villageois de la vallée d’Eyrieu, l’idée d’une espèce de brigand semblable
aux capitaines de routiers du moyen-âge. Suivant l’histoire, Pierregourde,
proclamé, après la Saint-Barthélemy, commandant du Vivarais pour les
religionnaires, n’aurait point obéi au fanatisme réactionnaire qui l’aurait
élevé à ce poste important. La preuve en est que de concert avec M. de
Cugières, il aurait fait faire au Vivarais, des deux partis, catholiques et
protestants, une sorte de confédération, d’après laquelle ils se seraient
garantis une paix mutuelle et se seraient même engagés à se secourir
réciproquement, s’ils étaient attaqués les uns et les autres. Par suite de
ce traité, l’agriculture put revivre et le commerce refleurir". Pierregourde
formait avec Beauchastel (canton de La Voulte) une communauté. Il a donné
son nom à une famille qui tenait cette terre, à foi et hommage des seigneurs
de La Voulte. Cette maison possédait aussi le Bousquel-sur-Pierregourde,
Châteaubourg, terre et château sur les bords du Rhône (canton de
Saint-Péray), La Marette-sur-Gluiras (canton de Saint-Pierreville). La
famille de La Marette s’éteignit dans celle de Pierregourde et lui apporta
la terre de ce nom. Les La Marette portaient D’argent, au sautoir de gueules
accompagné de quatre étoiles de même. Le plus ancien document que nous
trouvions sur la famille de Pierregourde est un terrier des rentes dues au
seigneur de Pierregourde en 1217. En 1325, 20 novembre, Hugon IV, seigneur
de Pierregourde, fils à Giraud, rendit hommage à Bermond d’Anduze. Il avait
épousé Diane de La Marette, héritière des biens de sa maison. Cette maison
s’éteignit dans les Barjac par le mariage de François de Barjac, qualifié,
en 1572, seigneur de Pierregourde, avec Claudine de La Marette, dame de
Pierregourde. La terre de Pierregourde passa ensuite à la maison de Maugiron
par le mariage de Louise de Pierregourde, héritière, avec Louis de Maugiron,
le 17 février 1646. Au XVIIIe siècle, le marquis de Veynes épousa
Marie-Catherine-Charlotte-Françoise de Maugiron et devint seigneur de
Pierregourde. (1)
C'est au sommet d'un piton rocheux d'une hauteur de plus de 600 mètres, que
les ruines du château seigneurial domine le village de Gilhac et Bruzac.
Datant du XIIIe siècle, le château de Pierregourde, dont le nom vient du
vieux français "tour de guet de pierre", marqué par les guerres de religions
entre protestants et catholiques, il doit plutôt sa ruine au fait qu'il fut
utilisé comme carrière après son abandon au XVIIIe siècle. En contrebas de
l'éminence rocheuse se développe une basse-cour enserrée dans une petite
enceinte dont on note quelques vestiges, notamment à l'ouest. Les
meurtrières percées dans l'enceinte sont tardives et appartiennent au XVIe
ou au XVIIe siècle. Au moins trois constructions sont identifiables dans
cette basse-cour: en premier lieu il s'agit à l'ouest, d'un grand corps de
bâtiment aux maçonneries hétérogènes et dont le dernier état appartiendrait
au XVe ou au XVIe siècle. Un deuxième bâtiment de taille plus modeste
s'appuyait contre lui au nord, et à l'est, on distingue les ruines d'un
petit bâtiment quadrangulaire voûté.
château de Pierregourde 07800 Gilhac-et-Bruzac, vestiges visitables.
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