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Le
Pradel est situé à trois cents mètres de la ligne du Teil à Vogüé et à
quatre kilomètres au nord de Villeneuve-de-Berg. Un ruisseau à sec pendant
six mois de l’année et un petit bois de chênes sont les seuls ornements de
la colline sur laquelle il a été bâti. Le Pradel actuel est une grande
maison à deux étages, aux ouvertures sans ornements. Seule, une guérite
dresse sa flèche élégante au-dessus de cette demeure. Mais ce n’est pas là
l’habitation d’Olivier des Serres, car les chroniqueurs du temps nous
apprennent que sur cette colline dénudée, s’élevait jadis un château
fortifié de hautes tours, de murailles hors de la portée des échelles, de
bonnes guérites et d’un large fossé rempli d’eau. Trop à proximité du grand
chemin pour ne pas en gêner la circulation, MM. de Ventadour et de Montréal
résolurent de l’assiéger et de le réduire à l’obéissance du roi, car
c’était, paraît-il, repaire de huguenots. "Le dimanche 7 mai 1628, nous dit
Daniel des Serres, le Pradel fut rendu à M. de Ventadour par composition,
vies et bagages sauvés, après avoir souffert soixante-huit coups de canon,
fut pillé et rasé. Mon fils aîné y commandait, ayant été investi, le
vendredi précédent. Mirabel, le village pris par la force, le château par
composition, vies sauves et armes et bagages, après la batterie de trois
jours par quatre canons, Monseigneur de Montmorency commandant en personne
l’arniée. La dite reddition est, le 25 juin audit an 1628, le village de
Mirabel, pris le jour auparavant". C’est là que notre farouche huguenot,
après les massacres de Villeneuve-de-Berg, pris d’un juste remords et dans
la crainte de non moins justes représailles, vint s’isoler du monde,
derrière les remparts de son habitation, cours à ses goûts agricoles et à sa
grande intelligence d’où naquit un travail des plus remarquables. C’est au
Pradel qu’il fit ses expériences et qu’il composa son "Théâtre
d’Agriculture", ouvrage très justement estimé et qui lui valut le surnom de
Père de l’Agriculture.
Le terrain était bon et fort bien cultivé autour de son château, paraît-il,
et les restes d’un aqueduc permettent de croire un peu à la description
qu’en faisait un contemporain: Coin délicieux où les fontaines étaient aussi
belles et aussi pures que celles de Fontainebleau, et où des vergers plantés
en quinconces, des vignes bien alignées, des jardins fertiles, des parterres
émaillés de fleurs, étaient le champ d’études de notre savant et distingué
compatriote. Olivier des Serres, né vers 1539 au domaine de Pradel où il est
mort le 2 juillet 1619, fit imprimer son Théâtre d’Agriculture en 1600. Cet
ouvrage fut plusieurs fois réédité et peut être considéré comme le plus
important qui ait été fait dans cet ordre d’idée. Il procura à son auteur
l’insigne honneur d’être reçu à la cour, et sur les ordres du roi Henri IV,
le jardin des Tuileries fut planté d’un grand nombre de mûriers sortant des
pépinières du Pradel. Son frère, Jean des Serres, historien et théologien
calviniste, historiographe d’Henri IV, né à Villeneuve-de-Berg vers 1540,
mort à Genève, le 31 mai 1598, laissa de nombreux travaux. La famille des
Serres est ancienne en Vivarais où nous la trouvons à Villeneuve-de-Berg dès
le XIVee siècle. Pierre et Martin des Serres, frères, vivaient en 1348,
ainsi que Jean et autre Pierre des Serres qui figurent dans le testament de
Pierre des Serres, reçu Desjardins, notaire royal à Villeneuve-de-Berg, le 2
août 1348. Cette maison se divisa en trois branches: Celle de l’agronome,
maintenue dans sa noblesse par jugement de la cour des francs fiefs,
remontant à Jean-Jacques de Serre, père d’Olivier; puis celle des greffiers
des Etats particuliers du Vivarais et celle des marquis de Gras.
La maison forte du Pradel fut anciennement possédée par les aînés de la
famille jusqu’à Constantin de Serres qui mourut sans postérité et légua le
Pradel, par codicile du 9 août 1694, à François d'Arlempde de Mirabel, son
parent maternel. M. B. de Gigord remonte la filiation de cette famille: à
Jacques de Serre, vivant à la fin du XVe siècle, marié à Guillemette Bonnaud,
dont, entre autres Antoine qui suit, Bertrand, auteurs d’une branche établie
dans le Haut Vivarais; Antoine de Serre laissa de Jeanne Brun: Jacques,
marié, le 6 juin 1532, à Louise de Leyris, dont cinq enfants: Olivier qui
suit, Jean, Raymond, Claude et Dauphine; Olivier des Serres, né à
Villeneuve-de-Berg en 1539, seigneur du Pradel, coseigneur de Coussignac,
Saint-Marcel et Saint-Montan, mort au Pradel, le 2 juillet 1619, épousa, à
Villeneuve-de-Berg, le 11 juin 1559 (Barbier, notaire), Marguerite d’Arcons,
fille de Jacques d’Arcons, licencié ès droits, juge de Mazan, et de
Pierrette de Maron. De ce mariage sont nés deux enfants: Gédéon, avocat au
Conseil privé du Roi et Daniel des Serres qui suit. Daniel des Serres,
seigneur de Pradel et de Leyris. Sa maison fut ruinée une première fois en
1623, puis rasée en 1628. Il épousa, en 1594, Anne Frise de Mondvivant. Le
dernier de cette branche fut Constantin des Serres. Les armes de cette
maison étaient d’argent, au chevron d’azur chargé de trois étoiles d’or et
accompagné de trois trèfles de sinople, deux en chef et un en pointe. Le
petit-fils de François d’Arlempde, héritier de Constantin des Serres,
François-Régis-Augustin d’Arlempde, marquis de Mirabel, marié à Valence, le
8 août 1752, à Antoinette-Iphigénie de Geys de Montgaillard, de Saint-Péray,
n’eut que des filles, mortes sans postérité. Entre autres Madame de Surville
qui légua le Pradel à son cousin, M. de Watré, marié, en 1840, à
Marie-Amélie-Clémentine Malmazet de Saint-Andéol, sœur de l’archéologue. (1)
Éléments protégés MH: les vestiges archéologiques de l'ancienne bastide
avec l'ensemble des caves et dispositions souterraines à rez-de-jardin, les
quatre pièces dites historiques à rez-de-chaussée et emprise foncière de la
cour close; le jardin clos en totalité, le canal d'adduction au nord, le
puits, un canal en pierres plates et constituant la Prairie, ainsi que la
chênaie et l'allée plantée de platanes au sud: inscription par arrêté du 16
avril 1997. (2)
château du Pradel 07170 Mirabel, propriété privée, ne se visite pas.
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