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Entre Vernoux et Chalancon, la rive gauche de l’Erieux
est fort agréablement vallonnée. Cette rivière a creusé un lit profond;
mais, au-dessus de la falaise qui domine cet escarpement, la campagne est
verte et charmante. Là, au penchant d’une colline boisée, s’élèvent deux
châteaux voisins, Colans et Hautvillar. Le premier fut habité par les
seigneurs de même nom, et passa ensuite à la famille de Lauberge. Le château
de Hautvillar, bien que remanié à diverses époques, depuis l’ère féodale
jusqu’à la Renaissance, est très intéressant, soit par son aspect général,
soit par ses détails d’architecture. Malheureusement, un lourd crépissage a,
depuis peu, empâté ses façades, et ses créneaux ont fait place à une génoise
banale en tuiles creuses. Ce qui charmait dans les vieilles murailles, le
relief et la couleur, a disparu sous une croûte blafarde. De plus, des
masures de fermes, hangars et écuries, en masquent les abords, en sorte
qu’il est très difficile de prendre les vues d’ensemble du château.
L’épaisse construction féodale primitive est caractérisée par les deux tours
du midi, dont l’une est surmontée d’une couronne de mâchicoulis. Le corps de
logis forme un carré long, que termine, au nord, un donjon carré, pourvu
également de mâchicoulis. A l’est, devant la façade principale, on entre par
une cour entourée de bâtiments de service. D’élégantes moulures encadrent
les fenêtres. La porte, surmontée d’une haute accolade et de lancettes de la
belle époque ogivale, encadre l’écusson, gratté sous la Révolution, qui
portait les armes de la maison: d’azur à rois roses d’argent, au chef cousu
de gueules, au lion issant d’or.
La disposition intérieure a dû être modifiée au XVIe siècle, car, au lieu
des marches en colimaçon, qui sont typiques des demeures gothiques, on se
trouve en présence d’un bel et large escalier à marches égales, qui
distribue la maison par les paliers carrés, à chaque étage, avec une main
courante sculptée à vif dans la paroi. Dans la première salle dite salle
basse, autrefois entourée d’une boiserie en noyer sculpté à hauteur d’homme,
l’œil est tout de suite attiré par une cheminée monumentale. Sur le manteau,
des sirènes en cariatides supportent une élégante corniche qui touche les
hautes solives du plafond; au milieu est un bas-relief symbolisant
l’Histoire: une figure académique d’un beau modèle, assise sur un trophée,
écrit sur un cartouche que soutient, genou en terre, un guerrier en costume
de légionnaire romain; la perspective du fond figure une ville forte. Sur la
frise, ornée de têtes de lion, s’arrondit un médaillon où Neptune, trident
en main, est traîné sur une conque attelée de chevaux marins. Toutes ces
décorations, du plus pur style renaissance, sont obscurcies par une fumée
séculaire: elles remémoraient les hauts faits, sur terre et sur mer, des
habitants de la maison. C’est à M. Jacques de Lubac que nous devons cette
description.
La maison de Hautvillar est ancienne et chevaleresque. Elle est connue par
filiation dès le commencement du XIIIe siècle, mais, en 1173, Hugues de
Hautvillar est inscrit sur la liste des fondateurs de la chartreuse de
Saint-Hugon, près Allevard, en Dauphiné. En 1341, Etienne de Hautvillar
passe une transaction avec Sylvius Charbonnel. En juillet 1388, noble Pierre
de Hautvillar et son fils Etienne traitent avec Gérenton de La Marette, pour
le mariage de sa fille Alexandre de La Marette avec Etienne. Deux oncles,
prieurs, l’un de Saint-Félix et l’autre de Genestel, assistent à cet accord,
devant le notaire, Guillaume Fabri. Noble Pierre de Hautvillar avait épousé,
en 1357, Brunissande de Joannas, fille de Pons de Joannas, il testa en 1397.
En 1389, François de Hautvillar épouse Catherine Eynard, veuve d’Etienne de
Romieu, seigneur de Maillane. Elle était fille de Raymond Eynard, damoiseau,
puis chevalier, seigneur de Montmeyrand, de Chamousse, de Prébois, de
Feuillans, d’Avers, de Montlaur, de Largentière, etc..., et de Marguerite de
Rochefort. En 1468, Claude de Hautvillar rend hommage à Aymar de Poitiers
pour sa maison-forte de Hautvillar, située dans le Haut-Vivarais, paroisse
de Silhac. Il était marié à Lyonnette de la Marette, dame de Pierregourde.
Il eut de cette union: François, qui continua la maison; Sébastien, qui fut
commandeur de la commanderie de Saint-Antoine d’Aubenas; André, religieux du
même ordre; Antoine, qui fut protonotaire apostolique, prieur de Saint-Félix;
Izabeau, mariée à noble Antoine de Gueyffier, seigneur de Bessettes.
Les Hautvillar se fondirent dans les d’Apchier de Vabres, par le mariage de
Catherine, fille d’Olivier d'Hautvillar et d’Antoinette de Veyrac, avec Jean
d’Apchier, fils de Philibert d’Apchier de Vabres, le 3 janvier 1656. Cette
maison fut maintenue dans sa noblesse, le 17 janvier 1669, sur preuves
filiatives remontées à Claude de Hautvillar, seigneur dudit lieu, dans le
Haut-Vivarais, vivant vers 1490, dont le fils, François de Hautvillar
épousa, le 20 août 1520, Marguerite de Vesc. (Armorial du Vivarais: Article
Hautvillar). Jean d’Apchier de Vabres et Catherine de Hautvillar eurent un
fils: Philibert d’Apchier, comte de Vabres, qui épousa, le 24 décembre 1680,
Gabrielle de Ginestoux de La Tourette, dont: Joseph-Philibert d’Apchier,
comte de Vabres et de La Baume, grand sénéchal d’Arles, 1714. De son mariage
avec Henriette de Fay-Solignac, il eut: Louis-Charles, comte d’Apchier et de
Vabres, baron de la Baume, de Saint-Vénérand, de Hautvillar, épousa, le 18
juin 1771, Marie-Agathe-Philippe Bouchard d'Aubeterre de Saint-Privat. Il
assista à l’assemblée des trois ordres de Privas, en 1788, et laissa:
Louis-Philibert, comte d’Apchier et de Vabres, page de Louis XVI, épousa
Antoinette-Catherine de Corteille de Vaurenard, mourut sans enfant, ne
laissa qu’une sœur, Marie-Thérèse-Henriette d’Apchier de Vabres, mariée, le
22 février 1797, à Antoine-Paul-Augustin Falcon de Longevialle, ancien
chevau-léger de la garde ordinaire du roi Louis XVI, dont nombreuse
postérité. Voir Armorial du Vivarais pour les armes et les sources
bibliographiques. (1)
Éléments protégés MH: la cheminée sculptée dans une salle du premier étage
: inscription par arrêté du 17 avril 1952 (2)
château de Hautvillars 07240 Silhac, un gîte rural est installé dans les
anciennes granges.
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