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Les Rieux, situés à Saint-Alban d’Ay,
comprennent actuellement trois corps de logis en retour d’équerre. La partie
la plus ancienne qui a dû être remaniée à diverses époques est ornée d’une
grosse tour ronde, d’un donjon quadrangulaire et d’une tourelle supportée
par un cul de lampe. Avant des réparations vers 1860 environ, on voyait un
puits devant la porte principale et un portail en pierre qui a
malheureusement cédé la place à une grille très moderne. Le château des
Rieux est à l’origine une maison forte construite aux environs de 1280 au
centre d’un hameau fortifié. Elle devint propriété de le famille de Tournon
en 1390. Puis on voit possessionnée en ce lieu, la famille Fabry, originaire
de Colombier-le-Vieux. Durand Fabry aurait épousé une Desrieux et vivait en
1414. Mathieu, son petit-fils, allié à une de Fay de Ceintres et Estables,
eut deux frères, Flory et Jean, prêtre, qui par acte de 1534, fonda en
l’église paroissiale une chapelle sous le vocable de Saint Jean Baptiste et
de Saint Roch, donnant la collation du bénéfice à son frère Mathieu et le
titre de prébendier à Nohé, son neveu, clerc tonsuré, investi en 1545 par
lettre royale. Mathieu laissa deux fils: Gilbert, dit du Cros, fixé à
Annonay, eut deux filles mariées à Antoine Columbi et à Pons Baronnat, et un
fils, dont la postérité se serait fondue dans la maison de Bozas. Nohé,
resté à Saint-Alban, fut châtelain de Rochepaule, percepteur des rentes dues
par la paroisse au chapitre de Saint-Maurice de Vienne; il s’unit à Jeanne
Lamberte et eut: Jean, qui suivit la carrière militaire, fut gouverneur du
fort de La Nour ou plutôt Lavours, en Bresse, et devint seigneur de
Saint-Alban, par la vente que lui passa le 11 mars 1621 Just-Henri de
Tournon, grand sénéchal d’Auvergne, de la justice haute, moyenne et basse
sur la majeure partie de la paroisse, détachée de la juridiction d’Ay.
Cette vente, passée au château de Tournon, au prix de 20500 livres,
comprenait entre autres lieux, Pierregrosse, la Faurie, et divers autres
hameaux. Elle fut soldée, dit l’acte, "en escus d’or, doublons, double
doublons, testons, quarts d’escus"; le vendeur se réservant que les choses
vendues relèveraient de lui en fief noble, l’acquéreur tenu de prêter
"hommage et fidélité, ung genouil en terre, la tête découverte, sans espée,
avec le baiser de paix et de bailler dénombrement". En 1624, Jean augmente
ses revenus en acquérant les Mistralies, redevances dues par Saint-Alban au
chapitre de Saint-Maurice de Vienne. Il avait épousé Françoise de
Neufville, de la maison des Neufville-Villeroy, et n’en eut que Marguerite,
mariée à Antoine de Royraud dit de Fay, fils de Jean. Antoine de Royraud
mourut en 1669, Marguerite de Faure en 1693. Jacques de Royraud, fils des
précédents, épousa, en 1674, Geneviève Philibert, sœur très probablement de
Melchior Philibert, notable citoyen de Lyon, qui ne voulut jamais être
échevin de sa ville natale et fut anobli à son insu en 1722. Jacques mourut
en 1706, instituant héritier son fils Gabriel, né à Annonay en 1680, marié,
en 1702, à Ursule Palerne, fille d’Antoine Palerne, de Saint-Chamond, et de
Marie-Ursule Rousset. De leur nombreuse postérité, les plus marquants furent
Zacharie, qui suit, Geneviève qui épousa Pierre Crottier de Chambonas,
marquis de Peyraud, Antoinette, dame de Saint-Cyr, et Gabriel, prêtre,
dernier prieur des Célestins de Colombier-le-Cardinal, mort de douleur en
1777, en apprenant la suppression de son monastère.
Gabriel mourut en 1739. Zacharie contracta mariage, en 1729, avec Louise de
Poncet, fille de Pierre-Joseph de Poncet, commissaire des guerres à Vienne,
et d’Anne Cherbonnye; quelques années après, en 1743, Madeleine de Poncet,
sa sœur, s’unissait à Jean-Baptiste Deschamps de Pierregrosse. Un seul fils,
mort jeune, naquit de l’union de Zacharie et de Louise de Poncet qui hérita
de son mari, mort en 1760, et donna les Rieux, en 1786, à la nièce de son
mari, Marie-Madeleine-Pierrette de Chambonas, mariée, en 1767, à
Jean-Antoine de Serres, capitaine de cavalerie. Madame de Serres obtenait,
en 1788, de Mgr Le Franc de Pompignan, archevêque de Vienne, l’autorisation
d’avoir une chapelle dans l’intérieur des Rieux ; la visite et la
description de cette chapelle établie dans le donjon, fut faite le 2 janvier
par le curé de Saint-Alban, official de l’archevêque pour le Vivarais,
Maître Pierre-François Descours de la Grange. Elle était sous le vocable des
Abdon et Sennen, martyrs persans, et on y venait en procession le jour de la
fête de ces saints, le 30 juillet. Plus tard, lorsque la Révolution eut
introduit un prêtre schismatique dans la paroisse, on dut y transporter le
tableau de Saint Roch qui était dans l’église, et le 16 août on s’y rendait
en foule. Ce ne fut que très longtemps plus tard qu’on fit cesser cette
coutume fort gênante pour les habitants du château. Madame de Serres testa
en l’an XI devant Saint-Ange Astier, notaire à Annonay, laissant ses biens
de Chardon aux Romanet de Lestrange et la jouissance de tous ses biens
meubles et immeubles à son frère Zacharie de Chambonas.
L’héritière était Caroline Genève de Brézy, nièce de la testatrice. Caroline
était fille d'Hippolyte Genève de Brézy et de Marguerite de Chambonas,
mariée, en 1812, à André-Théophile Chèze, elle décéda aux Rieux en 1884,
dans un âge très avancé, respectée et vénérée de tous, ayant eu deux
enfants, Alfred, célibataire, mort jeune, etSarah qui épousa, en 1834,
Antoine Vachon de Lestra. Les Genève, d’origine lyonnaise, étaient
possessionnés à Serrières. Jean-François Genève fut échevin de Lyon en
1753-54. Théophile Chèze, maire de Serrière, conseiller général, était fils
d’André Chèze et de Claudine Reverony. André doit être celui dont il est
question dans l’histoire du château de Terrebasse en Dauphiné; il alla au
secours de ce château attaqué par les premiers pillards en 1789. La famille
Vachon, fixée depuis longtemps à Lyon, venue de Saint-Paul-en-Jarrest, a
payé son tribut de sang pour la bonne cause au moment de la tourmente
révolutionnaire. Si le frère aîné d’Antoine, Joseph-François-Thélis, après
avoir combattu dans les rangs de l’armée lyonnaise put échapper à la colère
du vainqueur, sortir de France, et y rentrer pour être député sous Charles
X, deux de ses cadets, Jean-Antoine et Joseph-Laurent, étaient tués à la
mémorable sortie de la Chaussée Perrache, le 29 septembre 1793, en
repoussant les troupes conventionnelles. Leur oncle, Joseph-Marie, était
fauché par la mitraille avec les 209, le 15 décembre, dans la plaine des
Brotteaux. Héritier de sa grand mère, Madame Chèze, Charles Vachon de Lestra
devint possesseur des Rieux à la mort de sa mère en 1885. Officier au 3e
bataillon des mobiles de l’Ardèche en 1870, conseiller général du canton de
Satillieu, maire de Saint-Alban-d’Ay, il a rendu d’immenses services à son
pays et à ses concitoyens; la décoration de Saint Grégoire le Grand fut une
juste récompense ici-bas de sa foi ardente, car ce royaliste convaincu fut
en même temps un vrai catholique, emportant dans la tombe en 1907, le regret
sincère de ceux qui l’approchaient et l’admiration même de ses adversaires
politiques. Sa nièce, Madame Le Harivel du Rocher, née de la Majorie de
Soursac, était au début du XXe siècle propriétaire de cette demeure. La
famille Le Harivel du Rocher était d’origine normande. (1)
château des Rieux 07790 Saint-Alban-d'Ay, propriété privée, ne se visite
pas.
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