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Au pied du massif qui borde la rive
gauche du Chassezac, le donjon de Baumefort nous apparaît fort bien
conservé, sur sa terrasse de calcaire. Devant lui s’étend une plaine fertile
que traverse la rivière. Entre les arbres, se cachant, sur l’autre rive,
Grospierre et le château de Bournet. Plus loin, les silhouettes
s’accentuent, et sur un promontoire, comme une sentinelle,
La-Bâtie-sous-Sampzon domine l’Ardèche et son affluent. Au-dessus, se
découpe dans le bleu du ciel, le rocher de Sampzon où s’élevait, au temps de
la féodalité, une forteresse réputée imprenable. Au sud de Baumefort, c’est
le torrent qui sort en grondant des gorges profondes et devient brusquement
une paisible rivière, aux bords fleuris; au nord-est, c’est l’Ardèche aux
flots d’argent qui sillonne une des régions les plus riches du Vivarais.
Flanqué de deux grosses tours et de deux guérites, l’énorme donjon était
autrefois couronné de hourds dont nous voyons encore les supports en belles
pierres de taille. Si l’art de la défense a donné à cette construction une
allure un peu sévère, l’architecte a su du moins l’ajourer de fort jolies
fenêtres à meneaux qui le rendent plus abordable. L’appareil de la bâtisse
est beau et peut la faire remonter au-delà du XVe siècle. Cependant nous
n’avons trouvé aucun document pouvant nous aider à fixer l’âge approximatif
de ce donjon, pas plus que le nom du premier propriétaire. Nous sommes
obligé de nous contenter des quelques notes que voici: Noble Anne de Bournet
épousa, vers 1450, Pons d'Agulhac, seigneur de Baumefort.
Jean de Montchenu, évêque de Viviers, de 1478 à 1497, nous dit M. l’abbé
Roche, reçut, en 1480, l’hommage de Pons d’Agulhac, seigneur de Sampzon et
de Baumefort, et coseigneur de Saint-Alban, hommage renouvelé en 1482. Pons
d’Agulhac était frère de Claude d’Agulhac dont Louis de La Roque, dans
l’Armorial du Languedoc, donne la filiation et qualifie
l’arrière-petit-fils, Jacques d’Agulhac, de seigneur de Baumefort et de
Rousson, bailli et gouverneur du comté d’Alais en 1598, marié, le 4 mars
1590, à Marie d'Audibert de Lussan. Le 13 novembre 1580, Pierre d’Agulhac
dit le capitaine Baumefort, écrit au syndic et à M. de Leugières, demandant
que le pays continue d'entretenir sa compagnie "pour la sûreté de
Saint-Remèze... vous savez, dit-il, dans sa lettre à M. de Leyris, de quelle
importance est en tous ces quartiers ma garnison, sans laquelle pouvez
considérer que les ennemis viendront aisément courir jusques au bord du
Rhône, comme autrefois en ont fait sentir les effets". Une lettre de M. de
Fayn, du 27 novembre suivant, dit que le capitaine Balmefort est allé courir
ces jours passés à Barjac où le capitaine Cheyresse fut blessé et de puis
mort. Le 5 août 1586, Pierre d’Agulhac, dit le capitaine de Baumefort,
réduit Saint-Just-d’Ardèche à l’obéissance du Roi, avec le concours du
capitaine David, dit Vente-bien. On leur alloua pour cela, à l’assiette
d’octobre, 100 escus au premier et 20 au second.
Les d’Agulhac sont jusqu’à la dernière moitié du XVIIe siècle qualifiés
seigneurs de Baumefort, cependant Baumefort fut vendu, en 1629, aux d'Anglejan
qui le vendirent à leur tour, le 24 août 1752, à Charles de Richard de
Saint-Alban, conseiller à la Cour des Comptes, aides et finances de
Montpellier, marié, le 25 janvier 1740, à Suzanne de La Tourre. Son fils
Joseph est qualifié seigneur de Baumefort, baron de Grospierres, Saint-Alban
et La Baume, La Roche, Baumefort et Ligonnès. Nous ne suivrons pas la
filiation de cette famille très distinguée, dont un des chefs eut l’honneur
de monter dans les carrosses du roi, le 14 novembre 1788. (Extrait d’un état
de pièces, délivré, le 20 septembre 1860, par Me Théodore Vielfaure, notaire
à Joyeuse, Ardèche). Cette maison est aujourd’hui représentée par M. Joseph
de Richard de Baumefort, ingénieur; par Madame de Limayrac, née
Jeanne-Angèle-Armande-Noëlie de Richard de Baumefort, et scs enfants; et par
Mademoiselle Charlotte-Marie-Gilberte de Richard de Baumefort. (1)
Éléments protégés MH: le donjon et ses fortifications, le château du XVIIIe
siècle, façades et toitures et son salon décoré de toiles peintes, la cour
intérieure avec la grotte, la clôture et tous les éléments maçonnés avec y
compris le petit bâtiment au sud, l'orangerie : inscription par arrêté du 2
juin 2009. (2)
château de Baumefort 07120 Saint-Alban-Auriolles,
propriété privée, ne se visite pas.
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