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Entre
Peyraud et Annonay, dans une vallée verdoyante, Thorenc jouit d’une
splendide vue sur la vallée du Rhône, la plaine du Dauphiné et les Alpes.
Monsieur Emmanuel Nicod, dans la Revue du Vivarais (1893) nous don ne de ce
château la pittoresque et poétique description que voici: "Au bord du
sentier que suivaient, au plus court, les mules, autrefois, s’élève, sur un
renflement de terrain, sur un thor, le château de Thorenc. Son haut donjon,
d’où le veilleur apercevait le Rhône, son grand mur de l’époque féodale, sa
tour massive, sa jolie tourelle renaissance, ses constructions de tous âges
qui suivent la circonvallation naturelle des rochers, sa petite chapelle
dont une terrasse ombragée forme le parvis, les lierres noirs, seuls
aujourd’hui à monter à l’escalade des épaisses murailles, les pauvres
maisons accroupies et serrées tout autour du château, tout cet ensemble,
gracieusement pittoresque, éveille les souvenirs lointains de l’histoire".
Monsieur Nicod nous permettra de résumer ici son intéressant article paru
dans la Revue du Vivarais. Notre savant compatriote nous dit que ce n’est
guère qu’au XIIIe siècle que l’histoire des seigneurs de Thorenc se précise
un peu. Les comtes d’Albon possédaient en toute souveraineté le château de
Thorenc. Ces comtes Albon durent l’inféoder en même temps qu’Annonay à Aymar
de Roussillon-d’Anjou, probablement le premier des seigneurs particuliers de
cette baronnie, vers 1236. Celui-ci concéda des privilèges aux habitants
d’Annonay et aux tenanciers du mandement de Thorenc. Il mourut le 6 juin
1271, en laissant la baronnie d’Annonay à son cousin Guillaume de Roussillon
et vraisemblablement sa part de la coseigneurie de Thorenc à la branche
cadette de Roussillon-Anjou.
Briand de Lavieu, ayant, le 29 mars 1332, confirmé aux habitants de Thorenc
les privilèges qu’ils tenaient du sire d’Annonay, Aimar de
Roussillon-d’Anjou pût s’offenser de cet acte qui portait atteinte à ses
droits et envoya à Thorenc Hugues de Mauvoisin et Hugues de Guichard qui
pénétrèrent chez Briand de Lavieu, brisèrent les coffres et mirent tout au
pillage. Aymar de Roussillon-Annonay et Aymar de Roussillon-Anjou suivirent
la politique du roi de Navarre. Leurs terres de Peyraud et de Thorenc furent
confisquées, et le cardinal de Colombier, alors à Paris, se fit donner ces
deux seigneuries. Il entra en possession de la seigneurie de Peyraud le 29
juillet 1354, et de celle de Thorenc le 6 août 1356. Mais, des lettres de
rémission ayant été accordées, en juillet 1358, par le Dauphin Charles à
Aymar de Roussillon-d'Anjou. A la suite d’une transaction, le cardinal
rendit à Aymar la seigneurie de Peyraud et conserva celle de Thorenc qu’il
donna à son neveu Pierre de Monestier, par son testament, du 5 juillet 1361.
Le 15 décembre 1384, une transaction passée à Annonay entre Pierre de
Monestier et Marguerite de Montchal réglait les droits respectifs des deux
parties sur la seigneurie de Thorenc. Marguerite de Montchal pouvait y
nommer un juge, un capitaine et un notaire; le seigneur de Monestier, un
châtelain et un sergent. Pierre de Monestier n’ayant pas d’enfant laissa
(1406) tous ses biens à son neveu Antoine-François de
Saint-Priest-Monestier-Apinac, fils de Guichard. La part de la seigneurie de
Thorenc venant du cardinal de Colombier resta dans la maison de Monestier
jusqu’en 1530. A la mort de Jean d’Apinac, son fils François vendit la part
des d’Apinac à Jean de Saint-Chamond, son coseigneur, en se réservant la
facilité de rachat.
En décembre 1521, Marguerite d’Apinac de Monestier, femme de Jean de Vernon,
seigneur du Besset, et sa sœur Claude d’Apinac, épouse de Jean Faure,
seigneur d’Oriol, héritières de François, leur frère, ayant racheté en vertu
de la clause de réméré, furent troublées dans l’exercice de leurs droits par
les officiers du seigneur de Saint-Chamond. Jean de Saint-Chamond acheta à
Marguerite et Claude d’Apinac, moyennant 400 escus d’or, leur part dans la
juridiction de Thorenc et du mandement. Falcon de Thollas partageait avec
Aymar d’Annonay la seigneurie de Thorenc. Sa fille Guillelmine vendit à
Briand de Lavieu, chanoine sacristain de Lyon, un très grand seigneur, les
droits qu’elle possédait à Thorenc, Andance et Saint-Désirat. La petite
nièce de Briand de Lavieu, Catherine de Lavieu, fut mariée à Hérard de
Sénecterre qui prit le nom de Lavieu. Leur fils aîné, Jean de Lavieu, épousa
Marguerite de Montchal et celle-ci, devenue veuve, se remaria avec Guichard
de Jarez de Saint-Priest, seigneur de Saint-Chamond, qui confirma, le 9
octobre 1396, les privilèges concédés par Aymar d’Annonay aux habitants de
Thorenc. Christophe de Saint-Chamond fut le dernier seigneur de ce nom de la
terre de Thorenc. Sa fille, Gabrielle de Saint-Chamond, porta les biens de
sa maison à Jacques Mitte de Chevrières, qu’elle épousa, le 15 avril 1577.
Jacques de Chevrières fut un vaillant capitaine et se trouva aux batailles
de Jarnac et de Moncontour, aux sièges de la Rochelle, d’Issoire et de La
Mure, reçut, en 1588, le brevet de maréchal de camp et fut décoré de l’ordre
du Saint-Esprit en 1598. Thorenc passa ensuite aux de Serres, aux des Mazel
de Monteiller, aux Guignard de Saint-Priest, aux Desfrançais dont
l’héritière le porta à M. Louis Béchetoille, puis la fille de celui-ci à M.
Pierre Marthoret. Cette seigneurie était au début du XXe siècle la propriété
de M. Charles-Emile Mignot qui descend de M. Desfrançais-de-Lolme. Revue du
Vivarais, 1893: Le château de Thorenc, ses origines et ses possesseurs, E.
Nicod. (1)
Le castrum de Thorrenc forme un îlot isolé au sein de la forêt recouvrant
les flancs de la vallée très encaissée du Torrenson. (Commune de Thorenc,
canton de Serrières). L'élément central du château est un haut donjon
rectangulaire. L'accès se fait au premier étage et seules quelques rares
ouvertures éclairent l'intérieur du bâtiment dont les étages étaient
entièrement planchéiés. Cette tour semble datable du XIIe ou du début du
XIIIe siècle. Un vaste bâtiment en L, flanqué d'une tour circulaire et d'une
tourelle, a été construit au nord-est du donjon à la fin du Moyen Âge et un
corps de bâtiment occupe l'espace existant entre le donjon et les
constructions du bas Moyen Âge. Sur les pentes que domine le château s'est
développé un petit bourg castral, celui-ci possédait une église dédiée à
Saint-Georges, établie à proximité même du donjon. (2)
Éléments protégés MH: les ruines du château de Thorrenc : inscription par
arrêté du 28 décembre 1950.
château de Thorrenc 07340 Thorrenc, propriété privée, ne se visite pas.
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