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Dans une partie du Vivarais, bien connue des
touristes, Vallon domine la vallée grandiose et sauvage de l’Ardèche. Cette
rivière aux falaises géantes tout près de Vallon, a non seulement ses
grottes et ses habitations préhistoriques mais encore sa merveille, œuvre de
la nature, pont gigantesque sous lequel les tours de Notre Dame pourraient
passer, sans laisser accrochées aux rochers leurs gargouilles ou leurs
dentelles de pierre: Le Pont d’Arc, sur lequel existait, d’après la
tradition, un château dont la position devait être particulièrement
importante. M. Jules Ollier de Marichard donna, dans la Revue du Vivarais
(1893) de très intéressantes notes sur les tapisseries du château de Vallon.
Il nous dit que, le 6 février 1842, s’éteignit au château de Vallon le
marquis Emmanuel de Merle de Lagorce. Madame la comtesse Julienne de Merle
de Lagorce, sœur du marquis Emmanuel de Merle de Lagorce, épousa le comte de
Chapelain, seigneur de Genolhac, et hérita de la seigneurie de Vallon et de
toutes ses dépendances. Le château de Vallon est devenu la propriété de la
ville qui en fit l’acquisition le 11 janvier 1846. C’est aujourd’hui l’Hôtel
de ville. L’histoire de cette ville et de son château est si intimement liée
avec celle du Vieux-Vallon ou Chastelas que nous cédons volontiers au
plaisir de donner ici les quelques pages sur le Vieux-Vallon que nous a
adressé notre jeune érudit, ami et compatriote, M. Marc Ollier de Marichard.
Sur une colline, dit-il, dominant une petite plaine des plus fertiles du
bas-pays, presque sur la rivière d’Ardèche, était assis le vieux château de
Vallon. De loin ces ruines paraissent intéressantes, et cependant il ne
reste que trois pans de mur; c’est sur un emplacement habité de toute
antiquité. On y remarque des constructions de plusieurs âges, surtout dans
les fondations des grosses tours d’angle, d’un appareil différent. C’est
d’ailleurs le cas de toute ancienne résidence que d’être modifiée par les
divers propriétaires.
Le nom de Chastelas que porte cette ruine dans le langage local peut prouver
deux choses: d’abord que par les populations antéhistoriques, puis
gallo-romaines, que fut édifié le château; deuxièmement qu’il dut paraître
assez grand aux yeux des Vallonnais pour qu’ils emploient à sa désignation
cette terminaison "as", réservée aux objets de vastes proportions. Pour
appuyer la première opinion, on peut remarquer à l’avant des ruines, du côté
de la plaine, trois assises étagées en forme de longues terrasses de cent
mètres, sur 10 à 15 de large: les coins en sont renforcés de tours rondes
presqu’entièrement disparues. On voit parfaitement que le roc qui sert de
fondement à tout le château a été taillé à pic, principalement au nord et au
midi pour former des fossés très larges. L’emplacement du castrum lui-même
paraîtrait aujourd’hui bien exigu: 45 mètres de long sur des largeurs
variant de 5 à 18 mètres. Le mur de la poterne d’entrée montre plusieurs
créneaux d’un mètre carré, noyés dans une maçonnerie peu postérieure.
Au-dessus d’une ouverture de porte, se trouve un blason fruste et non
sculpté, où l’on ne peut voir qu’un chef en saillie sans aucun autre
ornement. Il domine le village mi-ruiné du Vieux-Vallon et en est assez
séparé. De la même époque aussi, ou à peu près, le château de Salavas se
dresse en face à une distance d’un kilomètre et demi, à vol d’oiseau.
Ennemis, ils pouvaient aisément se surveiller et, lorsqu’ils étaient
momentanément amis, la correspondance entre eux était facile au moyen de
signaux. L’un et l’autre, en tous cas, furent bien placés pour assurer la
perception de leurs droits de péage.
Successivement appelés Castrum de Abalone dans les actes du XIVe siècle,
puis de Avalone jusque vers 1530, son nom devint ensuite Valon, et au
XVIIIe, Vallon. On a cru, peut-être avec raison, que la famille d’Avallon,
autrefois répandue en Forez et Lyonnais, tirait son nom de cette terre.
Quoiqu’il en soit les titres anciens manquent totalement pour fixer ses
origines. Froissard cite un hardi brigand, Aymerigo Marcel, qui, vers 1380,
à la tête de 500 à 600 lances, s’était emparé par force ou par ruse du
château de Vallon et de plusieurs autres, tels probablement ceux de Sampzon
et de Barjac. La famille de La Gorce eut cette seigneurie en parerie dès le
XIIIe siècle et peut-être antérieurement. N’ayant pu voir le contrat de
mariage de Giraud de La Gorce avec Minione Vilate, de 1398, nous ne pouvons
savoir si elle était dame de Vallon avant cette date, comme le vicomte de
Montravel l’a prétendu. Il est certain qu’après 1398, les seigneurs de La
Gorce sont les seuls seigneurs de Vallon. Anne de La Gorce eut en dot cette
seigneurie et la porta dans la famille Châteauneuf-Randon, barons d’Apchier,
en 1408. Son petit-fils, Jacques d’Apchier, n’habitant pas le château du
Vieux-Vallon, s’en désintéressa et le vendit en 1486, à Joachim des Astards,
seigneur de Miraval, fils de Charles des Astards; l’acte authentique de
cette vente ne fait nulle mention du château ou de la terre de Mirabel.
François des Astards, dit de Laudun, du nom de sa mère, et seigneur de
Vallon par son père, Joachim, ne laissa qu’un fils, Jean (mort sans alliance
en 1569). De son mariage avec Jeanne de Borne de Leugières, laquelle hérita
alors du château et de la terre de Vallon et les porta à son second mari,
Antoine-François de La Baume-Tauriers, seigneur d’Uzer, dans la famille
duquel ils restèrent jusqu’en 1650. En 1650, les château et terre de Vallon
échurent à Marie-Marthe de La Baume, la dernière de sa famille, épouse de
Antoine du Molin, seigneur du Pont de Mars.
En 1546, lors de son second mariage, Jeanne de Borne cessa d’habiter Vallon
et vécut principalement au château d’Uzer avec son mari. Pendant les guerres
religieuses, le Vieux-Vallon fut pris tantôt par un parti, tantôt par
l’autre; à une attaque un peu plus rude, en 1569, il n’en resta plus que des
ruines. Néanmoins, les La Baume le firent restaurer en partie et le
conservèrent jusqu’en 1628, époque où les partisans de Rohan s’en emparèrent
et le rasèrent sur l’ordre de leur chef, le laissant tel qu’il est
aujourd’hui. Le mandement de Vallon, après avoir été longtemps un fief de la
baronnie de la Gorce, fut érigé en comté pour François de La Baume, vers
1610. Madame Briziaux, arrière-petite-fille d’Antoine du Pont, vendit enfin
la terre de Vallon, le nouveau château et tout ce qui restait de l’ancien à
Louis-Charles de Merle, baron de Lagorce, en 1747. Une vingtaine d’années
plus tard, ces ruines informes ne pouvant être d’aucune utilité furent
vendues par le baron de La Gorce à un nommé Vincent Vincent, habitant
lui-même une maison au Vieux-Vallon. Le Chastelas, aujourd’hui planté de
vignes, est encore dans cette même famille, représentée par M. H. Guigon.
Les vieux murs percés de place en place par d’avides chercheurs n’ont livré
aucun trésor et croulent un peu chaque année. Nous remercions vivement notre
distingué compatriote de ses intéressantes notes sur le Vieux-Vallon. (1)
Éléments protégés MH: le vestibule d'accès à la salle du conseil municipal
: inscription par arrêté du 6 juin 1939. L'escalier et sa rampe en fer forgé:
classement par arrêté du 20 mars 1946. Les façades et les toitures du
château :
inscription par arrêté du 7 décembre 1970. (2)
château
de Vallon Pont d'Arc 07150 Vallon-Pont-d'Arc, propriété de la commune, hôtel
de ville aujourd'hui.
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