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La Rivoire, à Vanosc, posséda autrefois la
domination seigneuriale sur la vallée de La Vocance. De beaux ombrages, de
magnifiques salles et surtout un escalier magistral montrent à l’intérieur
la belle époque de Louis XV. La reconstruction du château datant en effet de
cette époque. La Rivoire est déjà citée au XIIIe siècle par le cartulaire du
prieuré de Saint-Sauveur-en-Rue et appartenait à une famille du même nom.
Martin de la Rivoire, damoiseau, vivait en 1276. Antoine, chevalier, en
1301, Humbert, prieur de Saint-Vallier, de l’ordre de Saint-Augustin, en
1358. Cette noble famille qui subsiste encore de nos jours, dignement
représentée, posséda la seigneurie de Chalancon, la baronnie de Chadenac et
le marquisat de La Tourette. Des alliances avec les principales familles du
pays, les Lermuzières, les du Peloux, les Fay-Gerlande et les Boulieu sont
autant de preuves de bonne race. Nicolas-Joseph de La Rivoire, fils de
Christophe, baron de Chadenac, gouverneur de Thueyts, et de Madeleine de
Baulieu, fille de Christophe de Baulieu, de Jarnieu et de Jacqueline de
Montmorin Saint-Hérem, fut comte de Chadenac, seigneur de Luzeis et Baumes.
Il épousa, en 1666, Angélique-Antoinette de Ginestoux et fut père de huit
enfants dont Jean-Antoine; Joseph-Ignace, chevalier de Malte, esclave à
Alger, ayant été pris par les Abyssins vers 1698. Il s’évada et eut de la
peine à se faire reconnaître. Ayant quitté l’ordre de Malte, il épousa Marie
de Surville dont il n’eut pas d’enfants; Just-Antoine, le jeune, chevalier
de Malte, en 1702, prieur de Saint-Barthélemy-de-Gluiras, commandant un
bataillon d’infanterie au régiment de Dauphin; Just-Louis, enseigne de
vaisseau, dit le comte de la Rivoire, tué devant Malaga; Nicolas-Antoine,
cornette de cavalerie-carabiniers, tué à la Marseille; Marie-Antoinette,
religieuse à Soyons; Françoise, abbesse de Soyons; et enfin Anne, religieuse
au couvent de Sainte-Claire à Annonay.
Just-Antoine, marquis de La Tourette, Chalancon, seigneur de La Rivoire,
Gluiras, Vernoux, Saint-Fortunat, colonel d’un régiment de milice
bourgeoise, à la tête duquel il se signala au siège de Palanos en Catalogne,
eut plusieurs enfants de sa femme Marie-Violente de Pourtalès, entr'autres,
Marie-Suzanne-Marguerite, mariée, en 1748, à Alexis de Faure, marquis de
Satillieu. Il vendit en 1713, pour 45000 livres, la terre de la Rivoire à
Méraut Pichon. Méraut Pichon, écuyer, receveur au grenier à sel de
Beauchastel, secrétaire du Roi, en la grande chancellerie, maison et
couronne de France, et des finances de la ville de Tournon, était en outre
châtelain du château de cette ville pour M. de Lévis-Ventadour. Outre la
terre de La Rivoire il achetait aussi les domaine de Peyremale et Fanget à
Vanosc, et possédait déjà, acquise des Ventadour, la seigneurie de Vocance,
s’étendant sur la paroisse de Vanosc, Villevocance, Saint-Julien et le
Monestier. Il se rendait aussi possesseur du fief de Pouyol à Saint-Victor
et de la seigneurie de cette paroisse. Les La Rivoire, marquis de la
Tourette, portaient "De gueules, au lion d’argent armé et lampassé de sable,
(qui est La Rivoire), écartelé, d’or, au lion de gueules (qui est de
Ginestoux)". La famille Pichon est originaire de la Rourgade de
Saint-Didier-La-Seaulve, en Velay, elle vint au XVIe siècle se fixer en la
ville de Tournon où elle avait rang parmi les meilleures de la bourgeoisie.
Elle forma deux branches fondues dans les familles de Missy, de Goin et de
Saintard. Elle fut anoblie, en 1700, en la personne de Méraud Pichon par une
charge de Conseiller-Secrétaire du Roi. Elle donna plusieurs officiers à
l’armée, un gentilhomme ordinaire du Roi, écuyer cavalcadour, commandant les
écuries de Madame la Dauphine, un trésorier général des galères à Marseille,
commissaire extraordinaire des guerres et receveur général des finances,
plusieurs chevaliers de l’ordre de Saint-Louis.
Le dernier du nom, Messire Joseph Pichon, baron de Vocance et marquis de La
Rivoire, écuyer cavalcadour de Madame la Dauphine, fut marié successivement
à demoiselle Colombe Tardy du Bois, héritière de sa maison, morte le 11
janvier 1751, et par contrat du 28 décembre 1751, à demoiselle Louise de
Charron, fille de Louis, seigneur de Grandval. Il ne laissa que deux filles;
Marie-Charlotte-Joséphine de La Rivoire, qui hérita de la plus grosse part
de l’importante fortune de son père, et fut mariée successivement à Michel
de Missy, seigneur de Missy au Bois, dans le diocèse de Bayeux. Elle n’en
eut pas d’enfant; et s’étant, le 17 février 1780, remariée à M.
Marie-Joseph, comte de Gain de Montagnac, gentilhomme d’honneur de
Monseigneur le comte d’Artois et mestre de camp de son régiment de dragons,
elle en eut Demoiselle Marie-Sophie de Gain, mariée, en 1803, au comte
Jean-François de La Majorie-Soursac, fils de Pierre-Alexandre et de
Marie-Gasparde de Gain. La deuxième fille, Anne-Louise Pichon de La Rivoire,
fut mariée au comte Claude-Gabriel de La Ramière, marquis de
Saint-Etienne-La-Dome, en Périgord. L’abbé Filhol nous apprend que "pendant
la Révolution les habitants de Vanosc étaient taxés d’aristocrates et on les
accusait de donner asile à des prêtres et à des émigrés. Le comité de
surveillance d’Annonay crut donc nécessaire d’y envoyer en garnison un
détachement de la garde nationale, en lui assignant pour logement le château
de La Rivoire qui appartenait à Madame de Gain. Celle-ci, qui avait de
grands ménagements à garder parce que son mari se trouvait au nombre des
émigrés, les accueillit de son mieux, et en attendant qu’on eut dressé des
lits dans les appartements qu’elle leur destinait, elle se gêna pour les
coucher, comme elle put, deux à deux, dans le château. Elle leur offrit à
souper le soir de leur arrivée, à déjeuner le lendemain et continua ainsi
tant que dura leur séjour. L’ordinaire leur plût, le logement leur convint,
ils ne voulurent plus en sortir, en sorte que pendant tout le temps qu’ils
restèrent à Vanosc, la châtelaine fut obligée de les loger et de les nourrir
à sa table. Quand vint le moment du départ, à peine s’en trouva-t-il quatre
ou cinq qui remercièrent Madame de Gain".
François de La Majorie, né à Fage-Brunet, paroisse de Feyt (Corrèze), le 15
février 1776, fut élève d’artillerie et garde de Monsieur le comte de
Provence. A l’exemple de son futur beau-père, il émigra et servit dans
l’armée de Condé, recevant, en 1801, un très flatteur certificat du duc de
Berry. Il mourut à Vidalon en 1838, le 4 mars, ayant été maire de Vanosc,
laissant entre autres le comte Fernand de La Majorie, beau-frère du très
regretté M. Vachon de Lestra, Mesdames de Bonrepos, Privât, Louis et Etienne
de Canson. Le château de La Rivoire échut à cette dernière, et depuis le
début du XXe siècle appartient à M. Rey, très honorable industriel de
Saint-Etienne (1). Le château de La Rivoire est le résultat d'une création
du début du XVIIIe siècle, conçue dès l'origine comme une résidence de
plaisance au coeur d'une exploitation agricole: acquisition des terres
agricoles en 1714 réalisation des jardins et du château de 1723 à 1728,
reprises des lambris et de quelques cheminées et achèvement des écuries en
1751. Le domaine a conservé l'intégralité de ses parties constituantes:
implanté sur une terrasse abritant une orangerie, un verger et la maison du
jardinier; au nord, la terrasse bordée d'une pièce d'eau, prolongée à
l'ouest par la cour des communs. La propriété est entièrement close de murs,
enserrant à l'angle sud-est un colombier. On y accède par l'est par un
portail monumental.
Éléments protégés MH : l'ensemble du château en totalité, bâti et non bâti,
et la glacière située à l'extérieur : inscription par arrêté du 28 décembre
2001 (2)
château de la Rivoire 07690 Vanosc, tel. 04 75 34 78 41, ouvert au
public, visites en juillet et en septembre du lundi au vendredi et d'octobre
à juin visite par groupe mini de 10 personnes sur rendez-vous et ouvert pour
les journées du patrimoine.
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