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En 1912 un livre
vivarois sortait des presses de la maison Michel Pigelet, de Sancerre.
Superbe joyau pour notre histoire que le marquis de Vogüé offrait aux
bibliophiles du Vivarais. Épopées glorieuses, pieux souvenirs, amour du
vieux clocher et du nid ancestral, chaque page, chaque ligne nous fait
revivre, dans un cadre pittoresque et sauvage, au milieu des événements qui
se déroulèrent dans notre pays. Depuis le moyen-âge jusqu’au XIXe siècle
"Une famille vivaroise" nous montre la vie d’une illustre maison dont le but
principal fut de servir Dieu et son pays. Nous la suivons pas à pas, dans
l’histoire, et nous la trouvons sur la brèche, fidèle à sa foi, malgré les
terribles assauts que la Réforme donna à l’Eglise. Tandis que, dans la plus
grande partie du Vivarais, la ruine, sous toutes ses formes, dans toute son
horreur, morale et physique, faisait d’ineffaçables ravages, quelques rares
maisons surent mettre à l’abri de ces horreurs leurs sujets et leurs terres.
Les de Vogüé furent du nombre. En tête de son beau livre, le marquis de
Vogüé retrace admirablement dans une belle pensée l’état d’âme de ses
ancêtres en exprimant le sien à ses enfants: "Je fais peu de cas de la
noblesse, dit-il, lorsqu’elle n’est pas soutenue par la vertu dont
j’aimerais bien mieux laisser des exemples à mes enfants, que de vains
titres qui ne serviraient qu’à les déshonorer s’ils n’y répondaient par
leurs sentiments et par toutes leurs actions". Nous ne chercherons pas à
analyser ici l’ouvrage de notre très distingué compatriote, la place que
nous avons est trop limitée pour nous le permettre.
Nous ne pouvons que donner notre impression de touriste, ou plutôt de
pèlerin car, pour étudier son passé et recueillir les souvenirs laissés par
les aïeux, comme dans un pieux pèlerinage... Au pied d’une haute falaise de
calcaire, l’énorme masse du château de Vogüé, flanqué de grosses tours
circulaires, est entourée d’un bourg que longe à l'est la rivière de
l’Ardèche. Parmi les maisons plus ou moins importantes du bourg, certaines
offrent un véritable attrait pour l’archéologue. Ce sont de fort jolis
hôtels particuliers, propriétés de riches bourgeois ou de non moins riches
emphythéotes qui vivaient heureux au voisinage de leurs suzerains et sous
leur protection. A quelle époque fut construit le premier château de Vogüé,
il ne nous est pas possible de le préciser, mais dès l’an 1064, Vogüé
possédait plusieurs coseigneurs: Les Vogüé, seigneurs de Rochecolombe; les
Rochemure, seigneur du Besset, et les Beaumont. Il est probable que même
avant 1064, Vogüé avait son château. Les Rochemure lui donnèrent le nom de
du Besset. Bouillet dit que cette maison possédait les seigneuries de
Rochemure et de Besset en Auvergne et Gévaudan. Le 23 décembre 1498, Jeanne
d’Ancezune, femme de Louis de Rochemure, donne un prix-fait pour de grosses
réparations à faire en son château sis à Vogüé. (Rochette, notaire). Le
marquis de Vogüé nous dit qu’en 1498, Louis de Rochemure avait aménagé une
grande salle au rez-de-chaussée de l’angle sud-ouest, percé, pour
l’éclairer, dans la courtine extérieure, des fenêtres qui sont parvenues
intactes jusqu’à nous. La vieille chapelle était contiguë à cette salle.
Le 5 mai 1622, Melchior de Vogüé, par son testament, dote Vogüé d’un
Hôtel-Dieu où seront reçus les pauvres mendiants. Fondation que son père
avait autrefois voulu faire, à Rochecolombe, mais qui n’avait pu subsister.
Le 29 août 1623, Melchior de Vogüé, seigneur de Rochecolombe, et Joachim de
Beaumont, seigneur et baron de Beaumont, passe un accord par lequel Melchior
de Vogüé possédera désormais tout ce qui faisait partie des paroisses de
Saint-Germain, Baissac, Lavilledieu, la Chapelle, Souveplantade, ainsi que
le lieu de Vogüé. Devenu possesseur du château du Besset qui se composait
d’une haute enceinte quadrangulaire flanquée d’une tour ronde à chaque angle
et renfermant le logis seigneurial. Ce logis n’occupait qu’une partie de
l’enceinte, appuyée aux murailles que perçaient ça et là un petit nombre de
fenêtres ouvertes au XVe siècle. Melchior de Vogüé fit construire un corps
de logis adossé à la muraille du nord. Un large escalier de pierre, aux
révolutions quadrangulaires, suivant la mode du jour, conduisait à deux
étages de grandes salles. Deux séries de larges fenêtres, surmontées d’une
ligne d’œils-de-bœuf, percées dans les murs d’enceinte et dans les tours,
éclairaient ces appartements. Une grande porte, dont le style accuse
l’époque Louis XIII, s’ouvrait sur le dehors; une autre sur la cour
intérieure. Le 24 avril 1634, il est donné un prix-fait pour la démolition
du chastellet de Vogüé, appartenant aux seigneurs de Rochecolombe, tours et
bâtiments d’icelui, conformément à l’ordonnance de Noseigneurs les
Intendants de Languedoc et des commissaires à ce députés par Sa Majesté.
(Rimbaud, notaire). Au début du XXe siècle le château, propriété du marquis
de Vogüé, servait de résidence aux écoles libres. Les bonnes sœurs
sécularisées y donnaient, avec l’art de lire et d’écrire, celui bien
précieux de servir Dieu et son pays, comme jadis s’y appliquaient seigneurs
et vassaux. (1)
Le site de Vogüé est implanté au pied d'une des premières falaises calcaires
dominant le cours moyen de l'Ardèche. L'hommage rendu en 1206 par les
coseigneurs de Vogüe à l'évêque de Viviers mentionne trois tours et un
château vieux: tout ceci est toujours bien visible aujourd'hui (voir photos
en bas de page). Outre l'enceinte du bourg, cinq points forts, tous
antérieurs, au moins pour partie, au XIVe siècle, sont présents à Vogüé. Le
premier, la Tour de Viallaure est accroché à mi-hauteur de la falaise
dominant le village. Le second ensemble castral est englobé dans l'actuel
château de Vogüé qui occupe la partie haute du bourg. Ce château, du XVe
siècle, comprenait primitivement trois corps de logis en U flanqués de tours
circulaires de même époque, il a ensuite été très remanié au XVIIe siècle.
Mais lors des travaux du XVe siècle ont été conservés au cœur du nouveau
château les vestiges d'un château précédent: c'est-à-dire la base tronquée
d'un donjon carré, bâti en moellons de calcaire bien équarris, et peut-être,
à l'ouest, une partie de la chemise qui lui était associée. Les nombreuses
pierres à bossage en réemploi dans le château du XVe siècle proviennent très
vraisemblablement de ce premier château. Un autre donjon, La Tourasse, de
même type, s'élève en contrebas du château des XVe-XVIIe siècles. Seule sa
partie sommitale émerge d'un ensemble de maisons au centre duquel il se
trouve englobé. Enfin à l'entrée sud de Vogüé, a mi-hauteur des falaises, se
dressent les ruines d'une dernière fortification médiévale. Le château
vieux et peut-être plus sûrement le château qui a précédé l'actuel château
de Vogüé ont entraîné le développement d'un habitat. Il apparaît à la fin du
Moyen-Âge protégé par une enceinte, qui prenait au nord et au sud appui
contre la falaise jusqu'à l'Ardèche dont elle suivait ensuite le contour.
(2)
Éléments protégés MH: les façades et les toitures du château : inscription
par arrêté du 12 septembre 1969.
château de Vogüé 07200 Vogué, tél. 04 75 37 01 95, ouvert au public du 4
avril au 20 juin du mercredi au dimanche et jours fériés de 10h 30 à 12h 30
et de 14h à 18h, du 27 juin au 19 septembre tous les jours de 10h 30 à 18h
30 et du 21 septembre au 1er novembre du mercredi au dimanche de 10h 30 à
12h 30 et de 14h à 18h.
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