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Après avoir appartenu à l'abbaye de Camon, la seigneurie de Sibra est
acquise en 1597 par Louis de George, annobli en Saint George. En 1706, grâce
aux mesures prises par Louis XIV, les religieux de Camon récupèrent la
seigneurie de Sibra avec ses anciennes redevances. Le moulin demeure banal.
A cette date, le château est dit "à quatre tours avec toutes marques
seigneuriales", la chapelle et les communs sont bâtis dans une cour carrée
entourée de murailles à "pierre chaux et sable". En 1712, la seigneurie est
à nouveau rachetée par la famille de Saint-George qui exerce toujours en
1761 "toute justice et directe" sur les hameaux de Sibra, Pastouret et
Sermet. Au 18e siècle, les terres sont consacrées à 15% à la vigne, le reste
est en blé, orge et avoine. Vers 1811, le domaine est racheté par Pierre
Espert, issu d'une famille d'édiles locaux. Avec ses frères, il s'est
brillamment illustré dans les campagnes napoléonniennes er reçoit le titre
de vicomte. En janvier 1878, le domaine est vendu aux enchères au profit de
Joseph Paul François Villary dit Alcide Villary de Fajac. L'ensemble est
ainsi décrit "de vastes bâtiments servant au logement des maîtres et des
colons avec écuries, étables, remises et hangars, jardins potagers et
d'agrément", le tout accompagné de fermes et de près de 150 ha. De
l'ancienne courtine subsiste deux anciennes tours rabaissées, visibles
aujourd'hui dans la "Maison du Boulanger" et dans la tour-réservoir, toutes
deux proches de la façade occidentale du château. A partir de 1878,
l'ancienne maison forte est réaménagée et partiellement reconstruite. Les
travaux de rénovation sont réalisés par Delpoux, entrepreneur à Lagarde,
sous la direction de Louis Mortreuil, architecte à Toulouse. Celui-ci, alors
âgé de 68 ans, a appartenu au courant néo-médiéval rationaliste de
l'architecture méridionale. La reprise du château avec rehaussement en
pierre de taille et béton de la grande tour carrée, est chiffrée à 45.627
francs, celle des dépendances et communs à 20.464 francs. L'extérieur se
caractérise par un décor de style éclectique. La décoration intérieure fait
appel au vocabulaire ornemental néo-médiéval et néo-renaissance.
Le château de Sibra, avec son hameau, est implanté en contrebas du village
de Lagarde sur un terrassement naturel, au-dessus de la vallée de La Touyre.
De plan rectangulaire, le château est bordé par une terrasse, sur son long
côté, et orienté au sud vers un paysage de collines et de montagnes.
L'édifice est construit en moellons calcaires recouvert d'un enduit.
D'allure féodale, le château est cantonné par des tours d'angle, à
l'exception de l'angle sud-ouest, souligné seulement d'une tourelle en
poivrière. Les trois autres tours, de hauteur et de forme différentes,
possèdent un couronnement à créneaux et mâchicoulis dans le style défensif
médiéval, et des flèches à couverture d'ardoises. L'accès au château se fait
depuis l'est, par un portail monumental ouvrant sur une cour d'honneur
bordée par deux ailes de dépendances. Élevée dans cette perspective, la
façade latérale Est du château est la plus marquée, entre ses deux tours
d'angle carrées, en particulier la tour nord-est, monumentale, qui abrite
l'escalier et rappelle un beffroi urbain. Au rez-de-chaussée, une verrière
ornée de vitraux peints (plantes et oiseaux) précède le vestibule d'entrée.
Au-dessus, une terrasse et une série de baies au décor sculpté abondant
empruntent leurs motifs décoratifs au style éclectique. Une annexe est venue
se greffer contre la façade nord. La tour nord-ouest, de plan circulaire,
est coiffée d'une flèche conique en ardoises. Elle contenait un réservoir en
béton pour l'alimentation en eau du château La façade sud est percée de
nombreuses fenêtres surmontées de linteaux à retombées latérales en
cul-de-lampe. Un bas-relief représentant "Saint-Georges terrassant le
dragon" est plaqué contre la façade. Le décor intérieur est fortement marqué
par le style néo-renaissance. Il concerne : boiseries, fausses tapisseries,
ferronnerie, une cheminée à décor de céramique dans la bibliothèque et des
toiles peintes dans la salle à manger. Autour du château, côté ouest, on
note la présence de deux anciennes tours d'enceinte reconverties : l'une en
petit château d'eau pour l'arrosage du jardin, l'autre en "Maison du
Boulanger", c'est-à-dire en fournil. Côté nord, se tient un autre groupe de
dépendances associées à l'économie domestique du château (poulailler,
colombier, porcherie), adossés à un mur-pignon d'une ancienne dépendance
portant la date 1766. Enfin, sur deux rangées parallèles, de part et d'autre
de la cour d'arrivée à l'est, s'alignent plusieurs écuries, des remises à
voiture et un chenil destiné aux chiens de chasse, ainsi qu'un chai et un
bâtiment comportant une habitation double, intitulé Maison du Garde et du
Jardinier. Les anciennes étables et bergeries, situées dans le hameau
lui-même, au sud-est de l'enceinte du château, ont été restaurées en
appartements dans un récent programme immobilier. En soubassement de ce
hameau, ouvrant au sud, se trouvent les anciennes serres et orangerie du
château. teau
Réalisée à l'extrême fin du XIXe siècle, la série des fabriques de Sibra
illustre parfaitement le style pittoresque en vogue dans les jardins publics
de la deuxième moitié du XIXe siècle en France. Sur les tapisseries de la
salle à manger peintes en 1881, ne figurent ni le lac ni les fabriques du
parc. La première fabrique construite est probablement le relai de chasse,
vers 1883, date d'achèvement des communs du château dont il reprend les
matériaux et la mise en oeuvre : dans une correspondance, il est en effet
question de la chute de la cheminée de la nouvelle construction, dans le
parc. Les archives familiales ne donnent aucune mention de dates ni de
commandes pour les autres fabriques. On peut supposer qu'elles ont été
programmées autour de 1890, cette date étant portée sur une plaque de
consécration de la grotte dite de Lourdes. La seule indication est donnée
par un projet aquarellé, datable des années 1900, intitulé : "Propriété de
Monsieur Villary de Frayac, projet de grottes et de rochers". L'illustration
ne concerne cependant que la grotte du lac et les enrochements autour du
lac. Ce projet est signé "Robino Aîné, 147 Bd de Talence, Bordeaux". Or,
cette entreprise, connue depuis 1880 pour ses travaux en ciment, figure bien
à cette adresse à partir de 1896 comme succursale puis comme successeur de
la Maison H. Chassin de Paris. Une aquarelle datée de 1906, représente le
lac avec ses enrochements, attestant que ce travail a bien été réalisé à
cette date. Il est est de même d'une série de cartes postales éditées par
les Frères Labouche et datables des années 1905. Le parcours des
fabriques du parc de Sibra n'est pas balisé mais l'itinéraire le plus
logique demande d'emprunter l'allée des marronniers et de faire un circuit
en boucle (dans le sens inverse des aiguilles d'une montre) qui permet
d'aboutir à la grotte du lac. Le reflet parfait du château dans les eaux du
lac semble en effet être le point focal de cet itinéraire. Les fabriques se
laissent découvrir au hasard de la déambulation, et sont actuellement
masquées par la végétation non contrôlée du parc. L'ensemble des fabriques
comporte : un édicule intitulé le "relais de chasse", petite construction
rectangulaire d'une pièce dont la cheminée a disparu, flanquée d'une
tourelle à étage ; une rotonde végétale en ifs, agrémentée de bancs pour la
méditation, entourant un piédestal circulaire orné d'un obélisque ; une
colonnade en ruine se reflétant dans une pièce d'eau ; une série de quatre
grottes ayant chacune des fonctions spécifiques : la grotte de Lourdes ou
chapelle à l'air libre précédée d'une tonnelle-roseraie, la grotte Pastouret
ou belvédère panoramique, la grotte mégalithique ou abri de la source du
parc, et la grotte du lac, lieu de fraîcheur, embarcadère pour les
promenades en barque sur le lac ; un ensemble de mobilier en faux bois de
style rustique (ponceau, salon de jardin). La mise en oeuvre du relai de
chasse demeure traditionnelle, en pierre de taille et moellons calcaire
identiques à ceux des dépendances du château. En revanche, la maçonnerie de
l'obélisque et de la colonnade est en ciment, comme la balustrade de la
terrasse du château. La série des grottes est réalisée en pierre
artificielle, soutenue par des poutres en béton armé. Le mobilier de jardin
est réalisé en ciment imitant le bois.
Éléments protégés MH : le château avec son parc et ses fabriques et annexes
: inscription par arrêté du 7 juillet 2004. (1)
château de Sibra 09500 Lagarde, tel. 07 87 96 89 42, disponible toute
l’année en exclusivité pour les mariages, les anniversaires et autres
célébrations. Restaurant ouvert aux hôtes et au public de mars à mai :
jeudi, vendredi et samedi soir à partir de 19h30 de juin à octobre : lundi,
mardi, jeudi, vendredi et samedi soir à partir de 19h30 uniquement sur
réservation obligatoire au plus tard avant midi le jour même 07 87 96 89 42
ou info@chateaudesibra.fr.
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source des photos :
https://inventaire.patrimoine.occitanie.fr
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