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Château de Ferrals à Saint-Papoul
 
 

   Bien que nous ayons lu beaucoup de chartes, en vue de nos études sur le Lauragais, nous en avons relevé peu où il soit question du château de Ferrals: aussi nous a-t-il été difficile de trouver son nom dans les temps anciens. Nous voyons mentionné, pour la première fois, le nom de Ferrals, le 4 juin 1213, dans une histoire de comtes de Toulouse publiée par le général Moline de Saint-Yon. A celle date, "Amaury de Montfort est armé chelier, à Castelnaudary par son oncle Guy. La dame de Fendeille lui attache l'éperon gauche el la demoiselle de Ferrals l'éperon droit". Cela nous importe moins que de savoir qu'avant d'appartenir à la riche abbaye de Saint Papoul les terres de Ferrals, au moment de la Croisade des Albigeois, étaient l'apanage d'une famille seigneuriale, probablement expropriée plus tard pour cause ou plutôt sous prétexte d'hérésie au profit de ce monastère. En 1279, dans le Saisimentum du Comté de Toulouse, publié par La Faille dans ses Annales de Toulouse, nous relevons le "Castrum dels Ferrals" comme un lieu fortifié, faisant partie de la baylie de Castelnaudary. C'était alors une petite communauté, une juridiction et peut-être un consulat. En 1394, comme cent ans plus tard en 1494, Ferrals n'est plus compris au nombre des "locs habitables" du diocèse de Saint-Papoul. Il faut le considérer, dès cette époque, comme un simple fief noble sur lequel le seigneur, dont il était l'apanage, avait toutes les justices à savoir la haute, la moyenne et la basse justice. Dans le même document donné par La Faille, nous relevons, au nombre des nobles qui prêtèrent serment en 1272 au roi de France, Guiot de Pin. Ce chevalier habitait la baylie de Laurac, bien qu'il fut alors seigneur de Ferrals.
Guillaume de Pin, sénéchal de Carcassonne, de 1248 à 1252, et le premier connu de cette famille, avait acheté cette seigneurie à l'abbaye de Saint-Papoul. De plus en vue de mettre cette terre à l'abri des revendications de ses anciens seigneurs autonomes, il avait acheté où plutôt s'était fait céder les droits que pouvaient prétendre sur elle: Noble Jourdain Saissac, toujours suspect d'hérésie: sa fille Guilhelmelle, mariée à Raymond de Termes, alors seigneur de Cascarrech, l'un des fils de l'illustre chevalier Olivier de Termes (1263-1264). La maison féodale de Pia posséda le domaine de Ferrals jusques vers la fin du XIVe siècle. Cette seigneurie se composait alors des terres de Ferrals, de Cascarrech, aujourd'hui le Puy Saint-Pierre, simple métairie, après avoir été au cours des siècles passés, une tête de baronnie, d'Issel, que toute les maisons de Ferrals possédèrent jusqu'à la Révolution Française. Les habitants de celle dernière communauté avaient acheté, en 1377, à deniers comptant, de noble Guillaume de Pin, le droit de dépaissance sur toutes les terres et bruyères du domaine de Ferrals. Du domaine de Ferrals dépendaient encore les terres de Saint-Ferréol, métairie située près du Tenten (commune de Villepinte), pour laquelle les abbés de Villelongue devaient foi et hommage aux seigneurs de ce domaine. Cet hommage fut rendu pour la première fois, à notre connaissance, le 9 janvier 1377, en faveur de Jean de Pin. L'année suivante (1378) nous trouvons mentionné dans notre inventaire le nom de ce personnage et de cette famille. Nous sommes à l'époque où le Lauragais prit fait et cause pour le comte de Foix contre le duc de Berry que le roi venait de nommer gouverneur du Languedoc à sa place: peut-être le dernier héritier de cette maison disparut-il dans la tourmente qui dura de 1378 à 1384, ou bien dans un combat livré aux Rouliers qui, en 1438, mirent le Lauragais à feu et à sang.
Au premier janvier 1457, la terre de Ferrals était entre les mains de la puissante famille de Toulouse-Lautrec. Elle appartenait à noble Antoine de Toulouse, vicomte de Lautrec, seigneur de Montfa et de la Bruyère et coseigneur d'Issel. En 1478, ce même personnage, de concert avec noble Guilhaume de Rigaud de Vaudreuille, aussi coseigneur d'Issel, ratifie des ventes ou échanges de terre faits entre eux par les habitants de ce village. Antoine de Lautrec fut inhumé, suivant ses désirs, vers 1541, dans la chapelle Notre Dame de l'église Saint-Vincent, au Couvent des Carmes à Castres, où il habitait. Ses ancêtres avaient leur tombeau dans la même église. Mais longtemps avant sa mort, Antoine de Lautrec avait donné ou aliéné la seigneurie de Ferrals. Parmi les pièces inventoriées par le notaire, Maître Boyer, nous en trouvons une qui relate l'hommage rendu, en août 1479, par Marie de Lautrec à noble Barthélemy d'Alibert, pour la métairie de Rasèque qu'elle tenait en fief de ce seigneur. C'est donc à peu près à cette époque qu'il faut rapporter "l'acte de donation de Ferrals, fait par M. de Montfa", inventorié sans date. A la seigneurie de Ferrals était venue s'ajouter celle ou partie de celle de Villemagne ainsi que nous l'apprend un arrêt de maintenue en possession prononcé par le Parlement de Toulouse en faveur de Marie de Lautrec qui plaidait contre Antoine son père (1479). Le 27 mai 1510, Marie de Lautrec fit son testament. Elle était alors veuve de noble Jean d'Antin qui, en 1507 avait construit la chapelle de Saint-Sauveur dans la juridiction de Verdun, et à laquelle il avait laissé des fonds pour doter un prêtre desservant. Il y avait aussi fondé un obit pour le repos de son âme.
Nous ne savons pas en faveur de quel personnage furent fait les testaments de Jean d'Antin et de sa femme, mais nous avons lieu de croire qu'ils instituèrent pour héritier universel Antoine d'Antin. Dans un acte de 1553, passé devant Maître Arnauld de Garrigia, notaire de Saint-Papoul, il dit que Bertrand d'Antin avait l'administration des biens d'Antoine d'Antin, mineur. Marie de Lautrec dut mourir peu de temps après avoir testé, car à la date du 3 septembre 1591, noble Antoine d'Antin passe, devant notaire, à Nicolas de Verdun, un acte à nouveau fief pour une terre qui n'est pas nommée. Antoine avait épousé Jeanne de Chateauneuf ou de Castelnau, qui avant 1537, se signe seigneuresse de Ferrals. Ce fut sur la tête de son mari que fut saisie, par arrêts de la même cour de justice, donnés le 4 avril 1545 et le 11 septembre 1548, la terre de Ferrals avec ses dépendances. Dans ces actes, Antoine est accusé de forfaiture. Le 11 février 1546, nous trouvons installé, comme châtelain royal du château de Ferrals, le capitaine Simon de Faure. Il y commandait au nom du Dauphin qui, devenu roi de France sous le nom de Henri II, en fit don à la toute puissante Diane de Poitiers, le 15 juillet 1547. Celle-ci vendit quelques années plus tard la terre de Ferrals à noble François de Rogier ainsi que le prouve un acte de ratification de cette vente passé à Paris devant un notaire au Chatelet, à la date du 29 mars 1559. François de Rogier était déjà un important personnage, si nous en croyons La Faille. Ce dernier rapporte que ce "gentilhomme de distinction avait été aimé du feu duc de Guise, et honoré par le roi Henri II d'une ambassade à Rome où il acquit beaucoup d'estime". Son père, Barthélemy de Rogier, seigneur de Malras, lui avait cédé, en 1558, sa charge de secrétaire général des guerres avec celle de trésorier de France à Montpellier.
Vers 1567, il avait été nommé, par lettres de provisions de la reine Catherine de Médicis, comtesse de Lauragais, son sénéchal dans "cette comté". L'année suivante, il est nommé ambassadeur de France auprès du duc d'Albe, gouverneur des Pays-Bas, alors notre allié: il remplissait encore les mêmes fonctions en 1574. C'est dans le vieux château que le dimanche 28 janvier 1565, noble François de Rogier, baron de Ferrals, reçut le roi Charles IX, la reine Catherine de Médicis, le jeune roi de Navarre (plus tard Henri IV) et toute la cour. L'invitation fut faite au roi à son passage à Carcassonne. La réception fut magnifique. François de Rogier avait épousé, au commencement de l'année 1544, Eméraude de Brugaut, de la ville de Lyon; leurs pactes de mariage sont du 25 janvier, qui lui donna plusieurs enfants. Il pouvait, avoir à celle époque, 27 ou 28 ans, si nous nous en rapportons à la date du contrat de mariage de son père, Barthélemy de Rogier de Malras, marié à Nicole de Fanjeaux, dont il était probablement le fils aîné. Ce contrat avait été passé, le 14 novembre 1515, devant Maître Gallet, notaire à Limoux. Dans un inventaires nous relevons un acte portant vente et une autre ratification de la vente du Puy Saint Pierre faite à Barthélemy de Fanjeaux en 1537 et 1538 par Bertrand et Antoine d’Antin. Possédant, par héritage maternel , les terres de Cascarrech qui sont presque une dépendance de Ferrals, par leur situation géographique, on s'explique pourquoi François de Rogier fit l'acquisition de ce dernier domaine. Messire François de Rogier était, à sa mort, survenue à Rome, le 5 janvier 1575 "baron de Ferrals, Verdun, Cennes, Puy-Saint-Pierre (baronnie achetée en 1558 à Diane de Poitiers), seigneur de Saint-Benoît, de Malras, de Tournebouis, de La Digne d'Amont et Donnazac (par héritage paternel) et de Villemagne (par achat à Mgr François de Faucon, évêque de Carcassonne, auquel il la paya en rentes sur l'Hôtel de Ville de Paris)".
Nous ne savons pas si cet illustre personnage prit part, de 1562 à sa mort, aux Guerres de Religion qui, pendant trente-cinq ans environ, désolèrent le Lauragais où il possédait la plus grande partie de ses domaines: mais il n'en fut pas de même de son fils aîné, Barthélemy II de Rogier, que l’on retrouve sur tous les champs de bataille, tantôt comme lieutenant du duc de Joyeuse, tantôt comme lieutenant du connétable Henri de Montmorency, quand le roi Henri II, au commencement de 1589, s’allia au roi de Navarre. Comme lieutenant du duc de Joyeuse, de concert avec le sénéchal de Carcassonne, il fait une course sur Mazères, ville occupée par les Huguenots, et cela, malgré la trêve signée entre les partis. Cette course fit l'objet d'une plainte portée par Henri de Navarre au roi de France, le 21 janvier 1581. À la tête des troupes du diocèse de Saint Papoul, il prend part au siège de Bram, dont s'était emparé le capitaine protestant Bacou (mai 1582); puis, à celui de Montréal. Plus tard, il prend part à la tentative infructueuse et malheureuse faite par le duc de Joyeuse, pour reprendre le Mas-Saintes-Puelles (10 au 23 juillet 1586) occupé par les Huguenots. Comme lieutenant du gouverneur du Languedoc, il s'empare le 5 juillet 1589 d'Alzonne, sur les Ligueurs et le 24 du même mois, il force le capitaine Jacques de Voisins, baron d'Ambres, qui s'était retiré dans la citadelle, à capituler. Il lui accorda de sortir avec tous les honneurs de la guerre. Quelques jours après, de concert avec le capitaine Tanus il livre un combat, entre Villelisses et Saint-Rome, à François de Saint-Jean Moussoulens, lieutenant du duc de Joyeuse. Ils le battent et le poursuivent jusqu'à Bram qui tenait pour la Ligue, et où il arrive à temps pour sauver sa vie. Dans cette rencontre fut blessé Samuel de Rabastens, baron de Paulin, capitaine à la suite du duc de Montmorency. Barthélemy le fit transporter au château de Ferrals où il mourut quelques jours après.
Les consuls de Castelnaudary el les magistrats du Présidial, tous fougueux ligueurs, ne pardonnèrent pas au baron de Ferrals, sénéchal du Lauragais, d'avoir pris le parti du roi de Navarre dont le duc de Montmorency était à ce moment le dévoué serviteur en Languedoc. À leur instigation, il se vit remplacé comme sénéchal, par arrêt du parlement de Toulouse, par le marquis Bérauld de Pordeac de Bassebat, capitaine catholique originaire de la Gascogne, qui était venu se fixer en Lauragais à la suite d'un riche mariage avec la fille unique de Jacques de Fontaines, laquelle lui apporta en dot le marquisat de Fendeilles. Elle était veuve de Guillaume de Narbonne. La famille de Rogier fut toujours fidèle aux rois de France, qui la comblèrent d'honneurs et de bienfaits. Après l’émeute protestante du 18 mars 1562 à Castelnaudary, où beaucoup de huguenots furent tués, les biens de demoiselle Jeanne de Roquefort, dame d'Engarrevaques et ceux de son fils, Jean de Vesins furent confisqués. Il en fut de même de ceux de Raymond de Marion, contrôleur général et fermier de la reine mère. Ce dernier y perdit la vie. Ses biens furent donnés par le roi à la famille de Rogier. Mais le 4 juin 1585 on voit Jacques de Marion en revendiquer à Barthélemy de Rogier la restitution devant la chambre de l'Édit de l'Isle. Ce procès durait depuis la mort de Raymond de Marion, père de Jacques, mais il avait trait à la ferme du Lauragais que, malgré les droits incontestables de ces derniers, la reine avait donnée à la maison de Ferrals. Barthélemy de Rogier, seigneur et baron de Ferrals, Saint Benoit, Malras et autres lieux, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, sénéchal de Lauragais, mourut en septembre 1593. Il laissait pour héritiers ses deux frères: François II de Rogier de Ferrals et Antoine de Rogier, baron de Parasa, qui furent tous deux successivement sénéchaux du Lauragais.
La maison de Ferrals, qui devait sa haute fortune à "Monsieur l'Ambassadeur", était à l'apogée de sa grandeur. Antoine de Parasa, qui fut sénéchal du Lauragais, du 20 seplembre 1615 à 1628, par cession de cette charge faite en sa faveur par son frère François II, avait épousé demoiselle Françoise de Voisins, fille de noble François de Voisins, seigneur et baron d'Ambres, vicomte de Lautrec, dont il n’eut pas d'enfants. Mort en 1644, dans son château de Puisselicon (Hérault), il fut inhumé, selon ses dernières volontés, dans l'église paroissiale Notre-Dame dudit lieu. Son héritage revint à l'aîné des enfants mâles de Jeanne de Rogier sa nièce, fille de son frère François II, mariée à noble Jean-Marc de Gaulejac, seigneur de Pechcalvet. François II, l'aîné des deux frères, sénéchal du Lauragais, de 1597 à 1619, non point par cession de Barthélemy II, mais par lettres de provisions de la reine Marguerite, avait épousé en 1596 en premières noces, Anne du Faur de Saint-Jory, fille du premier président au Parlement de Toulouse, dont il eut six filles. Ce fut la cause première de la décadence de la maison de Ferrals. Antoine de Parasa avait eu bien soin de doter Gabrielle de Rogier, une des filles de son frère, à la condition qu'elle renoncerait à la succession paternelle et maternelle, afin d'assurer "la conservation du nom et de la grandeur de la maison de Ferrals": les filles de François et leurs maris ne cessèrent pas d'intenter procès sur procès devant toutes les juridictions au mari de leur sœur aînée, qui avait hérité de la baronnie de Ferrals. Ces procès, ruineux pour toutes les parties, durèrent plus d’un siècle. En 1624, à la mort de François II, le château était passé, par suite du mariage de sa fille Françoise avec Jean Gabriel de Gaulejac, dans la maison de Pechcalvel, qui prit, conformément au testament du baron de Ferrals, les armes et le nom des de Rogier de Ferrals. En 1696, d'après l'Armorial de d'Hozier, Henri de Gaulejac de Rogier de Ferrals porte: "Parti au premier d'argent, parti de gueules, et au second d'azur à un chevron d'or, chargé sur la pointe d'un croissant de gueules et un chef d’or chargé de trois roses de gueules".
Les premières sont de Gaulejac, les secondes de Rogier. Henri-Louis, seigneur et marquis de Ferrals, Verdun, Cenne, Villemagne, Puisselicon (20 septembre 1698), marié, par pactes du 10 novembre 1687, à Catherine de Gramont de Lantar, décéda au château de Ferrals. Il ne laissa pas d'enfants. À sa mort, les biens de la baronnie de Ferrals et ses dépendances furent disputés à sa veuve, par "noble Antoine-Joseph de Gaulejac, seigneur de Saint Amans, habitant son château de Caylus en Querey, fils et héritier de Aymond de Gaulejac". Un accord intervint entre les deux parties, car la veuve de Henri-Louis conserva les terres de Ferrals, moins celle de Villemagne qu'elle céda à son adversaire. En 1763, on trouve Henri-Louis Aymond de Gaulejac, seigneur de Villemagne. En 1767 un autre Antoine-Joseph était encore baron de ce lieu. Catherine de Barthélemy de Gramont de Lantar, veuve de Henri-Louis, décédée le 6 septembre 1742, laissa pour héritiers deux de ses frères, chacun pour moitié de ses biens: François et Jacques, coseigneurs de Ferrals, firent tous deux héritièrs, l’un à sa mort, l'autre à l’occasion de son mariage, Catherine, fille du premier. Catherine de Barthélemy de Gramont de Lantar et Lantarois, baronne de Ferrals, mariée par pactes du 13 septembre 1755 à Messire Pierre-Louis Joseph-Antoine Le Conte, chevalier, marquis de Noé, seigneur de Malhe, Les Chateliers, La Polleterie, La Prade, et Lansac, avocat général, puis procureur général du roi au parlement de Toulouse. Catherine de Lantar mourut en 1788. Antoine Le Conte, marquis de Noé, dernier baron féodal de Ferrals. Dans le XIXe siècle, le domaine de Ferrals a été possédé d'abord par la famille des ducs de Roquelaure, ensuite par celle des Comtes de Virieu. Nous avons de bonnes raisons pour croire que la première en a hérité du marquis de Noé ou de sa femme, et la seconde de Madame la duchesse de Roquelaure.
Description du château de Ferrals:
Un peu au sud du nouveau château, se trouve le vieux manoir. De cette antique forteresse il ne reste aujourd'hui qu'une tour en ruines, qui porte le nom de "Tour de la Reine Marguerite", avec quelques pans de murailles, et des fossés à demi comblés. On distingue très bien, encore aujourd'hui, l'emplacement qu'il occupait: les deux portes d'entrée de cette tour, l'une au Nord, l'autre à l'Est, donnent toutes les deux accès sur la cour. Elles sont très bien conservées. Toutes les deux ont la même forme surbaissée en arc et sont de même style que celle de l'église de Ferrals, dédiée à Saint-Eutrope. Sur cette dernière sont sculptées des armoiries. Il n'est certainement pas impossible de savoir à quelle famille elles appartiennent, et ce fait connu, de déterminer le personnage dont elles furent la signature: il nous manque les éléments nécessaires pour réussir dans cette recherche. Nous pouvons seulement dire que la Croix fait partie des armes de la famille de Toulouse-Lautrec. Avec la connaissance de ce personnage, nous aurions l’époque où le château fut restauré et mis à nouveau sur pied de guerre. Il ne saurait être question de l'époque de sa construction primitive, que le Saisimentum du Comté de Toulouse donne comme antérieure à 1279, époque à laquelle il était la propriété de la famille de Pin. Le style d'une des ouvertures de notre Tour de la Reine Marguerite étant du XIIIe siècle, on ne s’écarterait pas trop de la vérité en attribuant sa fondation au sénéchal de Carcassonne. De même, on pourrait attribuer la restauration du vieux manoir à Jean d'Antin, époux de Marie de Toulouse-Lautrec. Ces derniers se plaisaient à habiter la terre de Ferrals et de Verdun, ainsi que le démontre la construction de la chapelle Saint-Sauveur (1507), et l'obit qu'y fonda Jean pour le repos de son âme. Le vieux manoir portait encore au XVIIIe siècle le nom de château de la reine Marguerite.
Faut-il voir dans cette reine la sœur de François 1er roi de France, mariée en deuxièmes noces à Henri d'Albret, ou bien Marguerite de Valois, femme divorcée de Henri IV? On peut avec vraisemblance soutenir l'une et l'autre hypothèse, si l'on considère d'une part que les seigneurs d'Antin étaient très bien vus en cour de Navarre, et d'autre part que Barthélemy de Rogier se rangea du côté de Henri de Navarre, même avant l'assassinat de Henri IV. Quoiqu'il en soit, la tradition rapporte qu'envoyée en exil par le roi, la reine Marguerite choisit le vieux manoir de Ferrals comme résidence. Une autre tradition locale veut que le nouveau château ait été construit avec les démolitions du vieux château: dans les décombres, l'entrepreneur y ait trouvé une belle fortune. La tradition, ici comme partout, confond époque, nom, origine, etc. S'il est difficile de rendre à chaque époque, à chaque nom, ce qui lui appartient, cette tradition pourrait paraître vraie si, faisant abstraction de presque tout le château, on ne voit que les croisées qui l'éclairent tant au Midi qu'au nord, Les fenêtres, avec leurs meneaux, rappellent la plus belle époque de la Renaissance. Elles semblent antérieures à l'ensemble des constructions du château qui, avec ses tours carrées construites avec des pierres taillées en bossage, indiquent la fin du XVIe siècle. Mais à Ferrals, on ne saurait oublier que son seigneur, François 1er de Rogier, était par sa haute situation politique, en relation avec les meilleurs architectes et les plus grands ingénieurs militaires de son époque, avec ceux dont le génie devançait l'art de leur siècle. De ce fait, il semble qu'il y a lieu d'avancer à son époque la date de construction de ce monument.
Les murs du nouveau château de Ferrals sont à l'épreuve du temps: les caves seraient difficilement détruites par les projectiles de nos jours. La petite forteresse est entourée d'un fossé de 10 mètres de large, dont la contrescarpe, solidement revêtue en maçonnerie, a 12 mètres de haut. Les fossés sont commandés par des créneaux percés dans les saillants et rentrants du tracé: quelques ouvertures circulaires, la plupart murées aujourd'hui, semblent être des embrasures pour canon. Le château est flanqué de six tours carrées, dont trois à l'est et trois à l'ouest. Elles se profilent pour faciliter la défense et le tir, en lignes rentrantes et sortantes. Du côté nord, on franchit le fossé sur un pont dormant relié à la façade par un pont-levis de 6 mètres de longueur, dont l'entrée est battue par des créneaux. Du côté sud, le franchissement du fossé est assuré par un pont permanent, muni de créneaux permettant de tirer dans le fond du fossé et sur les glacis. L'entrée en est protégée par deux tours rondes construites en encorbellement de chaque côté de la grande porte: de plus, les parapets du pont sont percés de meurtrières ainsi que le passage qui conduit des tours rondes aux tours carrées placées aux deux angles du château. Il est probable que les glacis de contrescarpe étaient plantés d'arbres qui formaient, au moment d'une attaque, des défenses accessoires insurmontables. Les fossés sont inondables à l'aide d'une source venant du nord, et infranchissables dans le cas où l'ennemi aurait réussi à renverser une partie de la contrescarpe. Une grande cour intérieure, sur laquelle débouchent, à droite et à gauche, des portes d'écuries et de maisons de valets, servait en cas d'alerte, à donner un refuge sûr aux gens de Ferrals et au bétail. Le château, étant donné le peu de relief de ses escarpes, est un exemple de fortification remarquable pour l'époque.
Une chapelle se trouve dans la tour nord-ouest du château. Elle est dédiée à Saint-Barthélemy, qui est encore aujourd’hui le jour de la fête locale des domaines de Ferrals. Elle est signalée dans tous les Inventaires, ce qui peut faire croire qu'elle date de la construction du château. En entrant dans ce château, on est frappé par la grandeur du vestibule qui occupe toute la longueur du bâtiment. Sur ce portique s'ouvrent, à droite et à gauche, la plupart des portes donnant accès aux appartements. Quelques meubles de l’époque Louis XIII, adossés aux murailles, nous donnent une idée trompeuse de l’ameublement des demeures seigneuriales au XVIIe siècle. En effet, si on consulte l'Inventaire de 1673, on trouve dans la chambre jaune, qu'habitait le seigneur de Ferrals, l'ameublement suivant, qui paraîtrait bien pauvre à la plus modeste famille bourgeoise de nos jours: six chaises en noyer garnies de canevas, dont deux en soie, et quatre en laine, six chaises sans garniture; une table ovale avec son pliant; une armoire en bois de noyer à demi usée, avec les armes de la maison de Ferrals, contenant quelques bouteilles et quelques verres; une couette; un coussin; un matelas; deux draps de toile avec tour de cadis vert et housse, "le tout appartenant à la succession, sauf le matelas, propriété de Madame de Saint-Laurent". Une réflexion à ce sujet: cette grande dame, en venant rendre visite à ses parents à Ferrals, avait apporté ce matelas dans ses bagages. C’était alors une mode suivie par tous les grands seigneurs. Quant à la bibliothèque du château, elle se compose de peu de livres; je ne vous en donnerai pas les titres, ils n’auraient rien de bien intéressant pour nous. Le parc de Ferrals, qui se trouve au nord du château, s'étend au loin dans cette direction. Il ne rappelle en rien les parcs dessinés par Le Nôtre et ceux de nos jours, il serait plutôt dans le goût italien. Ses arbres séculaires, ses orangers en caisse, dont certains sont mentionnés dans l’Inventaire de 1337, ses belles avenues de platanes, invitent à prendre un repos bien mérité. (1)

Éléments protégés MH : le château de Ferrals en totalité : inscription par arrêté du 30 mai 1927. (2)

château de Ferrals 11400 Saint-Papoul, propriété privée, ne se visite pas.

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(1)       Notice historique sur le château de Ferrals, près Saint-Papoul (Aude), monument historique , par Henry Mullot. Imprimerie de Gabelle, Bonnafous et Cie, Carcassonne (1896)
(2)
  
    source :  https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/

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(IMH) = château inscrit à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques, (MH) = château classé Monument Historique
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