|
La ville de Sévérac paraît être une des plus anciennes du Rouergue ; divers
monuments attestent qu'elle a été longtemps la première place forte de la
province. Son château, quoique ruiné, s'annonce encore de loin comme une
forteresse antique qui a résisté à plusieurs assauts. Elle fut la demeure de
puissantes familles. Le défaut de chartes et de documents historiques
antérieurs à l'avènement de Hugues Capet au trône (987), ne nous a guère
laissé que des notions sur la plupart des généalogies seigneuriales de ces
temps reculés. L'origine des seigneurs de Sévérac se perd dans l'obscurité
du Xe siècle. Ce qui est certain c'est que les barons de Sévérac, (c'est le
premier nom qu'ils portèrent), descendaient d'une illustre race. Dès leur
apparition sur la scène politique, on les voit figurer avec tous les
caractères de puissance et de splendeur qui distinguaient la noblesse de
premier ordre. Leur domination s'étendait depuis Saint-Chély de Lozère
jusques aux portes de Rodez, ils présidaient la noblesse dans les états de
province. On voit encore, dans les archives du château, plusieurs monuments
qui leur confirment ce privilège. Ils étaient alliés des comtes de Rodez,
des vicomtes de Narbonne, de ceux de Millau et de plusieurs autres seigneurs
de leur rang. On a même prétendu que Déodat de Sévérac, qui vivait en 1212,
épousa Constance de Toulouse qui avait été mariée à Sanche VI, roi de
Navarre. Deux familles ont porté successivement le nom de de Sévérac et
leurs membres ont été seigneurs de cette ville forte. Des documents nous
permettent de remonter plus haut et établissent de manière certaine qu'aux
environs de l'an 1000 il y avait déjà à Sévérac un seigneur nommé Gui. Un
document dit que "Gui noble et puissant homme et qui était seigneur de ce
pays", n'ayant pas de descendance masculine, forma le projet, de concert
avec sa femme Aldoinde, de consacrer à Dieu, dans la vie religieuse, deux de
ses filles. Dans ce but, il fit bâtir, "au bas et au sud" de la place forte
de Sévérac, une église et un monastère "dédiés au Saint-Sauveur et à sa très
bienheureuse Mère". Le monastère fut placé sous la régie de S. Benoît. Gui
prit sur ses propres biens, pour doter l'église et le monastère, les
domaines et les rentes qui lui parurent suffisants.
Une guerre ayant éclaté entre Alphonse, roi d'Aragon, et Raymond, comte de
Toulouse, Gui II de Sévérac, parent de Raymond Bérenger III, vicomte de
Millau et frère du roi d'Aragon, fut entraîné à y prendre part afin de
soutenir Alphonse. Ce fut pour son malheur. En effet, Adémar, fils de
Sicard, seigneur de Murviel, qui tenait le parti du comte de Toulouse, ayant
marché, en 1181, à la tête d'un certain nombre de chevaliers, se mit en
embuscade, surprit Raymond-Bérenger, aux environs de Montpellier, et le tua,
le 5 avril 1181, avec Gui de Sévérac qui l'accompagnait. Gui III de Sévérac,
fils du précédent, chevalier, avait épousé en 1189 Béatrix, héritière de la
puissante maison de Canillac, en Gévaudan, dont il n'eut qu'une fille nommée
Irdoine de Sévérac. Celle-ci épousa d'abord Guillaume, comte de Rodez, qui
mourut en 1208. L'an née suivante, Irdoine se remaria avec Déodat de Caylus,
de l'illustre famille dont le château dominait la ville de Saint-Affrique.
Ce Déodat prit le nom et les armoiries des de Sévérac et fut ainsi appelé à
perpétuer la descendance de cette maison. Gui III fut le dernier de la
première famille des de Sévérac. Il vivait encore en 1209, ainsi que nous le
voyons par un acte du 10 juin de cette année, passé au château de Verrières,
par lequel il donne à Déodat, son gendre, l'usufruit du château de
Saint-Gervais, au diocèse de Mende, et de toutes ses dépendances. Déodat de
Caylus, dit Casluron, qui prit le nom de Déodat III de Sévérac, aurait
épousé d'abord, Constance de Toulouse, répudiée par Sanche VI, roi de
Navarre. En 1221, Irdoine et Déodat III rachetèrent le château même de
Sévérac à Guillaume de La Tour qui devait en avoir hérité de son oncle
Hugues de Sévérac, frère de Gui II. Du mariage d'Irddoine et de Déodat III
naquirent deux enfants nommés Gui et Déodat, et deux filles: Guize et
Béatrix. Par son testament du 1er novembre 1220, Irdoine lègue 2.000 sous à
sa fille Guize et 300 marcs d'ar gent à Béatrix; elle établit ensuite son
fils Gui héritier du château de Sévérac, et son second fils Déodat héritier
du château et de tous les domaines de Canillac, qu'elle tenait de sa mère.
Déodat III de Sévérac abjura le catholicisme pour embrasser l'hérésie des
Albigeois. Ce fut la cause, pour nos pays, de troubles et grands malheurs.
Déodat III eut pour successeur son fils Gui IV de Sévérac qui épousa, en
1232, Richarde, fille d'Hector de Panat. De ce mariage naquirent sept
enfants: Gui V, Hector, prêtre, Alzias, Déodat, un autre Gui, Guischarde et
Pierre. Nous ignorons la date à laquelle Gui prit la succession de son père.
Il souscrivit, en 1249, au testament du comte de Toulouse et de Rouergue. Le
3 novembre 1271 il avait réduit, pour le temps de paix, de douze à deux, le
nombre des hommes que les habitants de Sévérac devaient fournir pour la
garde du château. Gur V succéda comme seigneur de Sévérac à son père. Il
épousa, vers 1273, Gaillarde de Bruniquel, fille de Barthélemy de Tolose,
qui lui porta en dot 30.000 sous et des terres assez considérables. Il eut
sept enfants: Gui VI, qui lui succéda, Déodat, Alzias, Raymond auquel son
père donna, en 1282, le château de Novis, Bertrand, Richarde, mariée au
baron d'Estaing, et Hélène. Marchant sur les traces de son père, Gui VI
concéda certaines libertés à divers sujets de son mandement. Gui VI, baron
de Sévérac, épousa, en 1293, Béatrix de Béziers dont il eut un fils qui
mourut empoisonné et deux filles: Richarde, morte vers 1326 et Saurine de
Sévérac. Il porta les armes, en 1303, sous le comte d'Artois. Il fut, la
même année, député de la noblesse aux Etats du Rouergue, convoqués par
Philippe le Bel, dont le pape Innocent III menaçait de mettre le royaume en
interdit. Gui de Sévérac mourut en 1319 sans laisser d'enfants mâles, ayant
institué pour son héritier le premier enfant de son frère Déodat. Déodat IV,
frère de Gui VI, lui succéda. Il avait épousé, en 1324, Jeanne, fille d'Amalric
II, vicomte de Narbonne qui lui survécut. Leurs enfants furent: Gui VII,
Amalric de Sévérac, archidiacre d'Albi et de Rodez, mort en 1399; Déodat,
chanoine de Narbonne; Gaillarde, mariée à Bertrand de Montal, seigneur de
Roquebrou; Alzias de Sévérac, seigneur de Belcayre et d'Espeyrac, contribua
à chasser les Anglais de Guienne et à rétablir l'autorité de Jean le Bon.
Déodat IV, ayant dissipé beaucoup de biens dans ses procès avec ses nièces,
mourut endetté.
Gui VII, baron de Sévérac, s'allia à Delphine de Canillac, seconde fille de
Marqués, seigneur de Canillac et d'Alix de Poitiers. . Il fit son testament
le 29 août 1339 et mourut avant la naissauce de son fils Gui, qui lui
succéda. Gui VIII, dit le Posthume, baron de Sévérac, se maria, le 2
novembre 1364, avec Jeanne, dauphine d'Auvergne, fille de Bernard 1er,
dauphin d'Auvergne et comte de Clermont. Gui VIII vivait à l'époque de la
guerre de Cent Ans (1337-1453). Il joua un rôle important dans les affaires
de son temps. L'Aquitaine, à ce moment, était gouvernée par le prince de
Galles, surnommé le Prince Noir. Gui VIII fit son testament le 14 juillet
1390 et fit héritier son fils Gui IX. Au cas où celui-ci mourrait sans
enfants, il statua que les titres de la seigneurie de Sévérac passeraient
aux enfants mâles de Jeanne de Sévérac, femme d'Hugues d'Arpajon, à
condition expresse de porter le nom et les armoiries de Sévérac. A défaut de
ceux-ci, il désigna Amalric de Sévérac, son cousin. Ce fut en vertu de cet
acte que les d'Arpajon entrèrent dans la suite en possession de tous les
biens de la maison de Sévérac. Gui VIII demanda à être enterré dans l'église
Saint-Sauveur. Gui IX de Sévérac épousa, le 5 mars 1382, Hélips de Landorre,
fille d'Armand III, baron de Landorre. Il n'eut pas d'enfants. Par un
premier testament Gui IX institua sa soeur, Jeanne de Sévérac, femme de
d'Arpajon, son héritière et sa mère Jeanne, dauphine d'Auvergne, son
usufruitière. Peu de temps après, en 1416, ayant accompagné à Paris le
connétable d'Armagnac, qui allait recevoir l'épée des mains du roi, il y
tomba malade et y mourut. A ce moment, fut-il circonvenu et subit il de
puissantes influences? Le tout est qu'il fit une second testament tout en
faveur de son cousin, Amaury de Sévérac, maréchal de France, et où il n'est
plus question ni de sa soeur ni de sa mère. Amalric ou Amaury de Sévérac
était petit fils de Déodat IV et fils du célèbre Alzias de Sévérac et de
Marguerite de Campendu, dame de Sallèles Amaury de Sévérac épousa, en 1393,
Souveraine de Solages, fille de Guillemot de Solages, dont il n'eut pas
d'enfants.
Nous avons dit qu'à ses derniers moments (1416), Gui IX avait fait un
testament en sa faveur. Aussitôt après la mort de son cousin, Amaury
s'empara de tous les biens de la maison de Sévérac. Il appuyait ses
prétentions non seulement sur le testament de Gui, mais encore sur certains
droits qu'il prétendait lui appartenir et qu'il faisait remonter jusqu'à Gui
IV. En janvier 1417, il transigea avec Jeanne d'Auvergne, mère de Gui IX.
Moyennant une pension et certains biens qu'il lui céda, celle-ci renonça à
l'usufruit de la baronnie de Sévérac. Par acte du 7 mai 1426, Amaury de
Sévérac donna tous ses biens à un enfant de cinq ans, Jean, vicomte de
Lomagne, fils aîné de Jean IV, comte d'Armagnac. Son héritier devait prendre
les armoiries de Sévérac et le comte d'Armagnac se chargeait de repousser
les prétentions de la maison d'Arpajon. Cette donation et les assiduités
fréquentes du maréchal auprès de la comtesse d'Armagnac, attirèrent au comte
Jean IV des propos piquants de la part du duc d'Arpajon. L'année suivante,
1427, Amaury de Sévérac étant allé sans méfiance, au château de Gages, où se
trouvait le comte de Pardiac, il fut assassiné par les gens de ce dernier,
qui, ajoutant l'insulte à l'atrocité, le pendirent ensuite à une croisée du
château. Amaury de Sévérac fut le dernier mâle d'une des plus célèbres
familles du Rouergue. Le testament d'Amaury de Sévérac instituait comme son
héritier universel un enfant de cinq ans, Jean, vicomte de Lomagne, fils de
Jean IV, comte de Rodez et d'Armagnac. Par cet acte la puissante baronnie de
Sévérac était réunie pour un temps à la plus puissante maison d'Armagnac.
Jean IV d'Armagnac prit possession de la baronnie de Sévérac, pour le compte
de son fils dont il était tuteur. Il semble bien que ce fut plutôt un
malheur, pour la baronnie de Sévérac, d'avoir passé sous la domination des
d'Armagnac, qui d'ailleurs n'y résidèrent pas, et dont la légitime
possession leur fut contestée, dès le premier jour, par les ducs d'Arpajon
qui prétendaient avoir des droits anciens.
Jean V d'Armagnac succéda à son père Jean IV. Il avait épousé, en 1444,
Jeanne, fille du comte de Foix, dont il n'eut pas d'enfant. Il signala son
courage en Normandie, sous les yeux du roi, en 1449, et il se trouvait, en
1450, au siège de Falaise. Ce fut sans doute pour l'en récompenser que
Charles VII lui rendit, cette année-là, les châtellenies du Rouergue
enlevées à son père, au nombre desquelles était Sévérac. L'avènement de
Louis XI, en 1461, apporta un changement subit à la fortune de Jean V. Sur
les instances du bâtard d'Armagnac, favori du roi, celui-ci le remit en
possession de ses biens, à l'exception cependant de Sévérac, que le roi se
réserva. Jean V fut massacré à Lectoure, en 1473, par les agents du roi.
Jeanne, son épouse légitime, se trouvait enceinte à ce moment. Conduite au
château de Buzet, on la fit avorter, afin qu'il né restât aucun rejeton de
la race. Charles d'Armagnac, frère de Jean V, devait lui succéder, mais il
était enfermé à la Bastille pour avoir pris part à la ligue. Liberté en
1483, le roi lui rendit ses biens, mais à titre d'usufructuaire. Dans un
extrait de ses revenus de 1487, on voit que la baronnie de Sévérac lui
donnait annuellement 2.219 livres, 2 sols, 9 deniers. Sur cette somme il
prenait 1.200 livres pour le capitaine commandant la place de Sévérac.
Charles d'Armagnac mourut en 1497, au château de Montmirail, en Albigeois.
Il fut le dernier comte de cette illustre famille. A l'époque où elle
succéda aux d'Armagnac, la famille d'Arpajon était déjà très ancienne en
Rouergue. Elle était issue de la première race des comtes de Rodez et était
illustre par les services rendus au royaume, par ses hautes alliances et par
sa fortune considérable. Nous avons dit que Gui IX de Sévérac fit un premier
testament en faveur de sa soeur comme héritière. Il est vrai, que, avant de
mourir, il en fit un deuxième en faveur de son cousin, Amaury de Sévérac, où
il ne fait aucune allusion ni à sa soeur ni à son premier testament.
C'est sur ces prétendus droits, provenant du premier testament de Gui IX,
que se basa la famille d'Arpajon pour soutenir, contre les possesseurs de la
baronnie de Sévérac, un, procès qui dura 92 ans. Commencé à la mort de Gui
IX, en 1416, il ne se termina qu'en 1508, en faveur des d'Arpajon. Cette
famille, se regardant comme propriétaire des biens de Sévérac, soit pendant
la vie du maréchal Amaury, soit pendant la gestion des d'Armagnac, soit
après, se les transmettait de père en fils comme un héritage dont elle
aurait joui. Gui 1er d'Arpajon, qui avait à son tour transmis à son fils,
Jean III, ses droits sur Sévérac, par testament de 1504, vit enfin se
terminer en sa faveur le procès qui durait depuis tant d'années. Par arrêt
du 14 août 1508, le parlement de Paris,mit les d'Arpajon en réelle
possession du château de Sévérac et de tous les biens de la baronnie. Gui
1er d'Arpajon mourut cette même année, laissant six enfants parmi lesquels
Jean III, qui lui succéda. A la mort de son père, il quitta le château de
Calmont pour venir habiter celui de Sévérac, dont la famille venait d'être
mise en possession. Sa mort est mentionnée dans un document du 5 juin 1517.
Jean III eut pour successeur à la baronnie de Sévérac son fils René, qui ne
paraît pas y avoir beaucoup séjourné. Il épousa, en 1528, Géraude de Prat,
fille d'un chancelier de France, dont il eut quatre enfants. René d'Arpajon
avait été, en 1516, page d'honneur du roi François 1er. En 1535, il reçut,
dans son château de Calmont, Henri d'Albret, roi de Navarre, et sa femme,
Marguerite de Valois, soeur de François 1er, qui allaient se faire couronner
comte et comtesse de Rodez. René mourut en 1542, à Troyes. Antoine
d'Arpajon, fils et héritier de René, fut nommé protecteur du calvinisme en
Rouergue en 1561. Antoine d'Arpajon, marié à Marguerite de Lévis Caylus,
fille de Gui et de Marguerite d'Amboise, n'avait eu qu'un fils mort en bas
âge. Les biens de sa maison passèrent à Jean, son cousin germain, fils de
Jacques et de Charlotte de Castelpers.
Jean IV d'Arpajon prit une part très active aux guerres de son temps, non
seulement en Rouergue, mais encore dans le midi de la France. C'étaitun
homme dur, cruel, même pour les Calvinistes; il était malicieux, fantasque,
et, par surcroît, très avare, ne cherchant en tout que ses intérêts. Son
premier soin fut de fortifier la ville de Sévérac. Il arma le château de
quatre grosses pièces d'artillerie, auxquelles ses successeurs en ajoutèrent
douze plus petites appelées fauconneaux. Jean IV reçut en 1567 le
commandement en chef des armées protestantes de la Haute-Marche. Le 22 avril
1569, il se trouvait devant la place de Montech, près Montauban, dont il
faisait le siège. C'est à ce moment qu'il fut frappé à la tête d'un coup
d'arquebuse et il tomba mort. Charles d'Arpajon, frère puîné de Jean IV, lui
succéda. Il est représenté comme un calviniste convaincu et fervent. Charles
d'Arpajon testa en 1579. Il fit héritier son fils aîné, Jean V, il demanda à
être inhumé dans le tombeau de ses pères, dans l'église de Ceignac. Sa
veuve, Françoise de Montals, dont le testament est de 1632, demande à son
tour, à être enterrée à côté de son feu mari. Jean V d'Arpajon se maria à
l'âge de 14 ans, contre la volonté de sa mère, avec Jacquette de Clermont,
fille de Gui, seigneur de Castelnau et de Clermont-Lodève, sénéchal de
Toulouse, laquelle devait être aussi fort jeune. Le mariage fut célébré, le
19 juillet 1589, dans la chapelle de Castelnau-Brétenoux. Jean V eut le
titre de capitaine de 50 hommes d'armes des ordonnances du roi. Henri IV le
nom ma sénéchal et gouverneur du Rouergue, en 1592. Il mourut en 1634,
laissant huit enfants. Il eut pour successeur son fils aîné, Louis, né à
Sévérac en 1590. iIl fut le plus illustre rejeton d'une famille déjà
illustre à tant de titres. De tous les grands seigneurs du temps passé, il
est celui dont Sévérac a gardé le plus vivant souvenir.
Louis avait 44 ans à la mort de son père auquel il avait succédé depuis
plusieurs années comme seigneur de Sévérac. À l'âge de 27 ans il fait du
service dans les armées de Louis XIII qui ne cessèrent pas de guerroyer
durant le cours de ce règne. Sa carrière militaire y fut des plus
brillantes. En 1651, la baronnie de Sévérac qui, depuis peu, avait été élevé
à la dignité supérieure de Marquisat en faveur de Louis d'Arpajon, fut érigé
en duché-pairie sous le nom de d'Arpajon. Louis d'Arpajon se maria trois
fois, il épousa en premières noces, Gloriande de Lozières, fille de Pons de
Lauzières de Thémines Cardaillac, marquis de Thémines. Le mariage fut
célébré, le 1er février 1622, dans le palais épiscopal de Cahors. De ce
mariage naquirent, quatre enfants: Poils d'Arpajon, né le 8 juillet 1623,
mort jeune, Jeanne Louise, religieuse, Jacquette Hippolyte, religieuse et
Jean Louis, né le 3 juillet 1632. Louis d'Arpajon épousa en secondes noces
le 3 février 1657, Marie-Elisa beth Simiane de Moncha, fille de Bertrand de
Moncha, appartenant à la branche cadette de l'illustre maison de Simiane.
Mais le rêve de bonheur qui devait ensoleiller les vieux jours de Louis
d'Arpajon fut de courte durée. Neuf mois après son mariage, le 9 novembre
1657, Simiane de Moncha mourut à Pézénas, où elle avait accompagné son mari
à la tenue des Etats. Deux ans après la mort de sa seconde femme Louis
d'Arpajon épousa, en troisièmes noces, Catherine-Henriette d'Harcourt de
Beuvron, dame du palais de Marie-Adélaïde de Savoie. Il en eut une fille,
Catherine-Françoise, à laquelle il donna la baronnie de Sévérac. Le duc
d'Arpajon parvint à une vieillesse très avancée. A la cour de Versailles, où
il apparais sait encore de loin en loin. Par testament du 6 août 1672, fait
à Sévérac, il institua sa fille, Catherine-Françoise, née en 1661, héritière
de toutes ses terres du marquisat de Sévérac. Louis d'Arpajon mourut au
château de Sévérac, le 27 avril 1679, à l'âge de 89 ans.
Avec Louis d'Arpajon s'éteignit, pour Sévérac, le titre de duché-pairie et
le nom de cette famille illustre y fut remplacé d'abord par celui de La
Rochefoucauld et, après ce dernier, par celui de Gontaut de Biron.
Catherine-Françoise d'Arpajon, héritière de Louis d'Arpajon, dame du palais
de la Dauphine, Marie-Adélaïde de Savoie, se maria, en 1688, avec François
de Roye de La Rochefoucauld, comte de Roussy, lieutenant général des armées
du roi. De ce mariage naquirent François, qui suit; Jérôme-Frédéric, abbé de
Roye et Catherine, religieuse à Soissons. Catherine Françoise d'Arpajon
mourut le 8 décembre 1716. François de Roye de La Rochefoucauld, marquis de
Sévérac, colonel d'un régiment d'infanterie, épousa Elisabeth Huguet. Il
mourut en 1725, laissant trois enfants en bas âge: Marie-Elisabeth Eléonore,
qui mourut jeune; Marie-Elisabeth, qui eut la terre de Roussy et
Pauline-Françoise, qui hérita du marquisat de Sévérac. Cette dernière se
maria avec Louis-Antoine Gontaut duc et maréchal de Biron. Ils n'eurent pas
d'enfants. A partir de la mort du duc d'Arpajon, les seigneurs de Sévérac
résidèrent surtout à Paris et à la Cour. Au XVIIIe siècle, le château de
Sévérac ne fut plus habité que par un personnel peu nombreux. Les viguiers,
dont le dernier fut Jean Costes, représentaient dans le pays l'autorité des
seigneurs, géraient leurs domaines et en percevaient les revenus pour leur
compte. Des relations étroites continuaient cependant à exister entre le
peuple et ses seigneurs. Le maréchal Gontaut de Biron mourut peu de temps
avant la Révolution. C'est à l'occasion de son décès que fut fait
l'inventaire du 4 avril 1789. Cet inventaire est fait "à la requête de très
haute et très puissante dame Pauline-Françoise de La Rochefoucauld, dame de
Bauve, Sévérac, Brusque, Fayet et autres lieux, veuve de très haut et très
puissant seigneur Louis Antoine Gontaut, duc de Biron, pair et premier
maréchal de France, chevalier de l'ordre du roi, colonel général du régiment
des gardes françaises, gouverneur et lieutenant général pour sa majesté des
provinces du Haut et Bas Languedoc, Cévennes, etc".
L'abbé Bousquet raconte que la veuve de Gontaut de Biron, devenue très
sourde, fut traduite devant le tribunal révolutionnaire. Ne pouvant répondre
aux interrogations qu'on lui adressait, elle fit remarquer au président que
c'était à cause de sa surdité. Celui-ci se contenta d'ordonner au Secrétaire
d'écrire: "Condamnée à mort pour avoir conspiré sourdement contre la
République". Après ces mots on la fit monter sur la charrette fatale et elle
fut décapitée le 9 messidor, an II de la République (1794). Son neveu,
Armand-Joseph Bethune-Charost-Ancenis, fils de Marte-Elisabeth, qui avait
épousé François-Joseph Béthune-Ancenis, fut le seul héritier de la maréchale
de Biron. Le 3 juin 1799, il vendit les terres de Sévérac et de Laissac à
Antoine-Casimir Couret, de Saint Geniez, pour 305.000 francs. Celui-ci fit
beaucoup d'aliénations par parcelles et, après sa mort, en 1825, sa veuve,
fit encore d'autres ventes. Depuis la Révolution, le vieux château de
Sévérac, jadis le coeur d'une des premières places fortes du pays, n'est
plus qu'un corps sans âme que le temps et le vandalisme ont réduit à l'état
de pauvres ruines. Cependant sur ses vieux murs les légendes ont continué à
pousser. Nous avons entendu raconter, pendant les dix années que nous avons
vécues comme curé-doyen de Sévérac, qu'il y avait un souterrain partant des
sous-sols du château et qui allait aboutir au monticule de Lorette. Ce
souterrain n'a jamais existé que dans l'imagination du peuple. Nous avons
entendu dire encore, et on nous en montrait l'endroit, que des choses
précieuses, de véritables trésors, avaient été enfouis bien bas sous le
parquet de certains appartements du rez-de-chaus sée. Vaine croyance.
Lorsque éclata la Révolution, il y avait longtemps qu'il n'y avait plus ni
trésors ni meubles de prix au château de Sévérac. L'inventaire qui fut fait
quelques mois auparavant, a estimé tout le mobilier du château à la somme de
18.157 livres 4 sols. Même pourcette époque, ce n'était pas là une grande
fortune.
Description du château de Sévérac.
Le château de Sévérac fut reconstruit par Louis d'Arpajon. De Gaujal place
ce travail, qui prit plusieurs années, entre 1633 et 1650. Il est certain
que le grand portail d'entrée, où nous voyons les armoiries du duc sculptées
sur la croix de Malte, ne peut avoir été construit avant 1645, date de
l'expédition contre les Turcs. Des anciens bâtiments il ne fut conservé que
peu de chose: les remparts et leurs tours, l'ancienne chapelle ogivale, du
XIIIe siècle, qui porte aux clefs de voûte les armes des de Sévérac; le
corps de logis qui est à coté de cette église. Qu'était l'ancien château?
Qui l'avait bâti? Nous ne le savons pas. Sans doute une forteresse datant du
XIIIe siècle aux murs épais, flanqués de tours aux allures sévères, avec des
appartements sombres, éclairés par des ouvertures étroites. Tout en lui
conservant son caractère primitif de forteresse, ainsi qu'on peut encore le
constater en examinant les ruines actuelles, Louis d'Arpajon voulut
construire un château qui, par des embellissements somptueux, terrasses,
pavillons, galeries, colonnes corinthiennes merveilleusement sculptées, fût
surtout une demeure commode et vraiment princière. L'architecte fut un
Florentin du nom de Sebastiano Gargioli. On a prétendu que la manoeuvre et
les charrois furent faits surtout par les habitants de Novis, du Samonta et
du Puech. On appuie cette opinion sur un acte du 14 septembre 1620, où il
est dit que les habitants de ces villages devront contribuer "à la garde,
édifications et réparations nécessaires dudict chasteau de Sévérac et d'y
employer leurs personnes, bestail à corne et à dos, pour la manoeuvre et
charrois des matériaux, sans que ledict seigneur soit teneu qu'à la
nourriture de leurs personnes". Cette opinion est sans fondement. L'acte, en
effet, rédigé longtemps avant la reconstruction du château, n'est qu'une
simple reconnaissance féodale, rappelant les servitudes et redevances
anciennes, mais sans en innover de nouvelles.
Louis d'Arpajon, de son côté, s'y engage, comme le faisaient ses pères, à
être bon seigneur, à protéger ses sujets contre ceux "qui leur voudraient
mesfaire" et il confirme les privilèges dont jusque là ils avaient joui pour
leurs terres; c'est tout. Il est à croire que les travaux considérables de
la reconstruction du château furent faits, en grande partie, par les
habitants du mandement. Les fines sculptures qu'on voit encore dans
plusieurs vieilles maisons de la ville sont une preuve qu'il devait y avoir
dans le pays des ouvriers d'une grande habileté. Pour nous aider dans la
description du château, nous avons d'abord les ruines elles-mêmes qui
permettent de se faire une idée assez juste de ce que fut le château au
temps de sa splendeur. Le cadastre de Sévérac, dressé en 1820, fournit aussi
des indications utiles, mais il ne donne pas les plans complets. A l'époque
où il fut fait, certaines fondations, du côté de l'ouest, avaient été
emportées par les éboulements. Le château de Sévérac fut bâti sur un
monticule surmonté d'un énorme rocher, dont l'altitude est de 817 mètres
au-dessus du niveau de la mer, dominant de tous côtés la vaste et très belle
plaine qui s'étend au loin, ilest contigu à la ville forte qui se trouve sur
le penchant sud-est de la colline et protégée jadis elle-même par de hauts
remparts. Cependant, même du côté de la ville, le château était isolé et
gardé par une double enceinte. La première enceinte avait deux portes. Une
sous le rocher, dite Porte de la Brèche. L'autre s'ouvrait dans l'intérieur
de la ville, et on y accédait, du côté du château, par un couloir en voûte
d'environ 50 mètres. Dans l'intérieur de cette enceinte, sous le rocher,
était une construction dont il reste encore des ruines, c'était le grenier.
En dessous, à l'emplacement où se trouve maintenant un jardin, étaient les
grandes écuries. La deuxième enceinte était séparée de la première par un
portail à pont-levis dont le cadre existe encore. A côté était le corps de
garde, de deux étages dont il reste les murs percés de meurtrières.
A l'intérieur de cette enceinte, une allée de grands arbres conduisait à
l'entrée du château. Une grande terrasse était une véritable merveille. Le
document de 1669 dit qu'elle est "élevée et pratiquée sur des voûtes bâties
l'une sur l'autre, de la hauteur de huit cannes". A l'angle sud-est de ce
parterre, jadis dessiné avec beaucoup d'art, se trouve une queue de lampe en
pierre taillée, presque toute hors de la muraille et comme suspendue en
l'air. Les gens du pays l'appellent l'escudélou. A l'un des angles ouest,
était une tour ronde et à l'autre un boudoir. Entrée et cours du château: on
est d'abord en face d'un grand portail, de style corinthien, avec
pont-levis. Les pieds-droits et le fronton sont chargés de nombreuses
sculptures de même style. Le portail s'ouvre sur un porche ou vestibule en
voûte qui passe sous le château et conduit à une grande cour intérieure.
Elle est fermée, à l'est, par un mur supportant le talus d'une autre
terrasse plus élevée que l'inventaire de 1789 appelle "Terrasse des Canons".
Au nord et à l'ouest étaient de hauts remparts flanqués de deux tourelles et
d'une grosse tour de guet à plusieurs étages. Au res-de-chaussée de cette
tour se trouve une sorte de cave n'ayant de jour que par une trappe ouvrant
sur l'étage supérieur. L'opinion populaire y voit une oubliette. C'en était
peut-être une, comme peut-être c'était autre chose. Aucun document n'en
parle. De cette première cour on monte à la "terrasse des canons". C'est une
esplanade bien gazonnée, environnée d'une haute muraille, assise sur un
rocher appelé "rouoc dé pouoto", et flanquée de deux tours, l'une ronde et
l'autre carrée. L'inventaire de 1789 appelle une de ces tours "tour des
canons" et l'autre "tour des pétards". Sur cette terrasse, il y avait, au
XVIIe siècle, un petit bois de tilleuls dont quelques rares ont survécu. A
côté de la grande tour de guet, dans la première cour, on voit encore, assez
bien conservée, l'église primitive, de style ogival, construite par la
famille des de Sévérac et dédiée, à Saint-Jean-Baptiste. A la suite est un
appartement, avec croisée à meneaux, qui fut avant les guerres de religion,
le logement du curé. A l'époque de la Réforme, l'église fut transformée en
temple protestant.
Louis d'Arpajon fit bâtir, sur la haute terrasse, une autre chapelle, plus
spacieuse et mieux déçorée que l'ancienne. Le document de 1669 dit qu'elle
était "bien ornée de rétables et de tableaux et bâtie à la moderne",
c'est-à-dire, dans le style de la Renaissance. Elle n'avait pas de voûte,
mais un plafond avec de belles peintures. Elle était "accompagnée d'une
sacristie et d'un clocher élevé, au pied duquel était la maison curiale". La
Révolution dut détruire cette église avec ses dépendances. Il ne reste plus
que quelques pierres de ses fondations. Le château formait un grand carré
oblong dont la façade nord avait une longueur d'environ 82 mètres, et celle
du midi 85 mètres. Du côté nord, la façade était flanquée de deux grands
pavillons en saillie sur la cour intérieure: un à l'est qui existe encore,
l'autre à l'extrémité ouest dont les fondations elles-mêmes ont aujourd'hui
disparu. Outre les sous-sols qui existaient seulement à l'ouest de la grande
porte et consistaient en quatre grandes caves ouvrant sur une galerie
intérieure. La partie à l'est du pavillon existant encore, devait avoir
quatre étages. Le premier étage comprenait d'abord un cloître ou galerie
donnant sur la cour intérieure par une série d'arceaux reposant sur des
pilastres richement sculptés. Il allait d'un pavillon à l'autre mais il
était coupé en deux par la porte d'entrée. A cet étage, entre les deux
pavillons, se trouvaient la cuisine, la salle des archives, le garde-meuble
et une rangée de chambres jusqu'à la grande tour. Au-delà du pavillon de
l'est et sous la salle des Hommages: les offices, deux grandes chambres et
un cabinet, une de ces chambres avait une porte donnant sur une courtine qui
dominait le corps-de-garde. On montait au second étage par un escalier
monumental, en fer à cheval, partant de chaque côté du porche de la grande
entrée. Les arceaux de cet escalier, qu'un vandalisme récent a presque fait
disparaître, avaient un cintre irrégulier qui était très remarquable.
Le second étage comprenait un corridor ou galerie, orné de tableaux, qui
aboutissait aux deux pavillons. A l'extérieur, du côté de la cour, des
niches en pierre, finement sculptées, étaient destinées à recevoir des
statues. De la galerie, on entrait dans les chambres qui étaient; la salle
dite des Sybilles, la chambre dorée ou de Madame, et une autre rangée de
chambres jusqu'à la grande tour, parmi lesquelles un cabinet doré et la
chambre de Monseigneur. Du côté du levant, la galerie conduisait à la grande
salle des Hommages qui, d'après le document de 1669, aurait eu 40 mètres de
long sur 14 mètres de large. Ces mesures, qu'on peut contrôler encore, sont
inexactes. La longueur était de 24 mètres et la largeur de 12 mètres.
C'était déjà un magnifique appartement. La hauteur de cette salle devait
être double et occuper celle de deux étages. Le troisième étage est servi
par un corridor au moyen duquel on entre dans une rangée de chambres qui
sont d'un bout à l'autre. L'escalier desservant cet étage était dans le
pavillon de l'est. Du quatrième étage, qui devait se trouver au-dessus de la
salle des Hommages, les documents ne disent rien. Nous lisons dans le texte
de 1669 "La façade du château, du côté du midi, est flanquée à l'ouest,
d'une grande tour carrée, à sept étages, dans l'un desquels un beau cabinet
orné de peintures". Le château de Sévérac avait été meublé avec beaucoup de
luxe et selon le goût de l'époque. Louis d'Arpajon était ami et protecteur
des lettres et des arts. Il semble avoir eu un goût particulier pour la
peinture. L'inventaire de 1789 relate de nombreuses toiles dont les
estimateurs ne connurent peut-être pas toujours la valeur. De Gaujal dit
qu'il y avait des chefs-d'oeuvre au château de Sévérac, parmi lesquels au
moins un Rubens. Un des Mignard avait fait le portrait de la première femme
de Louis d'Arpajon.
Le document de 1669 donne le détail de l'ameublement des principaux
appartements: "La salle des Hommages avait une tapisserie d'auvergne avec
personnages; longue table avec tapis de Turquie; lustre à plusieurs branches
de cristal et quatre grands tableaux représentant Judith, Suzanne, Loth , et
ses filles et Lucrèce". A la chambre de Madame "tapisserie de hautelice,
laine et soie rehaussée d'or, représentant des histoires de l'Ancien
Testament; portrait de Mme d'Arpajon et de sa fille, Catherine d'Arpajon". A
la chambre de Monseigneur "tentures de tapisserie à fleurs rouges, vertes et
argent; lit avec broderie de fil d'argent et paillettes de même". On
changeait de tentures et de garnitures de lit selon les circonstances plus
ou moins solennelles. "La couleur de là robe de chambre de Monseigneur
suivait celle de l'appartement". Au premier étage, dans le garde-meuble, on
conservait avec soin l'habit du roi de Pologne, Ladislas VII, qui fut donné
à Louis d'Arpajon. Il y avait, dans un appartement du second étage, une
cheminée monumentale, en bois sculpté et doré, de grande valeur.
L'inventaire de 1789 énumère les moindres meubles contenus dans le château
jusqu'aux chaises hors d'usage et à deux chaînes de 115 livres "qui avaient
servi pour les pont-levis". A ce moment, les seigneurs de Sévérac habitaient
Paris. Ils avaient dû emporter les objets d'art et les meubles les plus
précieux. Il y avait encore beaucoup de tableaux mais estimés à très bas
prix. La bibliothèque contenait un certain nombre de volumes d'histoire, de
littérature, livres de piété. Il n'est fait aucune mention des archives, ce
qui laisserait supposer qu'elles avaient péri dans quelque incendie.
L'ensemble du mobilier fut évalué à la somme totale de 18.157 livres, 4
sols. Si l'on défalque la valeur des canons et de 377 vieux fusils estimés
ensemble 6.845 livres, il reste que le mobilier du château, à la veille de
la Révolution, valait 11.312 livres, 4 sols.
Le château de Sévérac fut muni de canons à l'époque des guerres de religion.
"Jacques, Jean IV et Charles d'Arpajon, tous les trois chefs calvinistes,
avaient armé le château de Sévérac de quatre grosses pièces d'artillerie et
de douze autres beaucoup plus petites appelées fauconneaux". Ce sont sans
doute les mêmes qu'énumère l'inventaire de 1789, car, dit H. de Barrau, ces
pièces ne furent enlevées qu'en 1793 pour être transportées à Perpignan.
Voici ce que dit l'inventaire: "Nous sommes montés sur la terrasse dite des
Canons où nous avons trouvé quatre pièces de canon de différent calibre,
dont trois aux armes de d'Arpajon, la quatrième aux armes de France, tous
sans affeut, estimés six mille livres. Nous nous sommes transportés dans la
petite tour dite des Pétards où nous avons trouvé douze pièces de campagne,
dont trois moyennes, et les autres petites, le tout estimé 528 livres. Un
petit canon de sept pouces dix lignes de longueur, sur son affeut de fonte,
trois livres". Il y avait enfin un certain nombre d'armes à feu, dont parle
l'inventaire: trois cent quatorze canons de fusil, de carabines ou de
mousquetons, dont le bois était usé et les platines bonnes à rien. Quantité
de fourreaux de pistolet de nulle valeur. Le château de Sévérac fut victime
de plusieurs incendies. Deux, l'un du 16 juin 1658, l'autre du 27 mai 1766,
furent occasionnés par la foudre. On croit qu'il y en eut un troisième peu
de temps avant la Révolution. Nous lisons dans l'inventaire de 1789: "De là
nous sommes entrés dans la chambre attenante, appelée chambre noire et y
avons trouvé des morceaux de différents cannaux de plomb et autres pièces
qui furent ramassées après l'incendie du château". L'un de ces incendies
détruisit la grande tour, un autre la salle des Hommages. (1)
Éléments protégés MH: le château (ruines), à l'exclusion des terrasses
inférieures: classement par arrêté du 1er mai 1922. (2)
château fort de Sévérac 12150 Sévérac le Château, tél. 05 65 47 67 31,
ouvert au public tous les jours de 10h à 19h de juillet à fin août, à
découvrir les tours de guet, la cuisine, les remparts et la courtine,
expositions historiques et interactives circuit-jeu et salle de jeux sur le
Moyen-Age pour les enfants, visite guidée.
Ce site recense tous les châteaux de France, si vous possédez des documents
concernant ce château (architecture, historique, photos) ou si vous
constatez une erreur, contactez nous. Nous remercions chaleureusement M.
Yves Bro pour les photos qu'il nous a adressées pour illustrer cette page,
(photos interdites à la publication).
A voir sur cette page "châteaux
de l'Aveyron" tous les châteaux répertoriés à ce jour
dans ce département. |
|