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En 1077, la seigneurie appartient à un dominus de
Rupis martine. En 1096/1100, les dîmes du castellum de Rocha Martina et
l'église Sainte-Marie qui est près de l'enceinte (moenia) du castrum sont
cédées à l'abbaye Saint-Victor de Marseille avec l'accord du suzerain Aicard
et Geoffroi de Brignoles, parce que ses châtelains veulent partir en
Palestine (à la Croisade). En 1135, Saint-Victor fait un prieuré (cella) de
cette église. Vers 1147/1162, Raimond Catel (Catulus) échange Roquemartine
avec Hugues-Sacristain Porcelet. En 1190, un autre Hugues-Sacristain
Porcelet, seigneur de Senas et de Roquemartine, confirme à Raimond Catel,
descendant du précédent, la possession du port de Sénas et des terres
données par son père à Raimond Catel (Catulus) en échange de Roquemartine (per
permutacione Roca Martine). Sa parente Azalaïs Porcelet, connue sous le nom
d'Azalaïs de Roquemartine, femme répudiée du vicomte Barral de Marseille, a
été chantée par le troubadour Foulquet de Marseille. Au début du XIIIe
siècle, Porceleta, fille de Rostaing (petite fille de Hugues Sacristain)
apporte le castrum de Roquemartine en dot à Pierre de Lambesc. En 1221 et
1260, 1263 est cité un péage. En 1221, le testament de Porceleta Porcelet
lègue la moitié de Roquemartine à son fils aîné Pierre de Lambesc, un quart
à sa fille Sibienda et un quart à sa fille Azalaïs, à Hugues et Guillaume,
les fils de celle-ci, et aux enfants de son fils Raimond de Roquesaive. En
1222, le castrum de Rocca Martina est détruit par le comte de Provence; le
péage et le château sont confisqués aux Lambesc. Entre 1222 et 1226, le
comte Raimond-Bérenger V donne le château à Albe (A/beta) de Tarascon, bail
d'Outre-Siagne (ses héritiers le conservent jusqu'en 1701).
En 1237, Albe d'Aibe obtient du comte l'exemption des albergues, cavalcades
et exactions; Raimond- Bérenger V dispense de toute redevance comtale le
château de Roquemartine. A partir de 1240 est citée une famille éponyme
d'officiers avec Guillaume de Roquemartine. En 1252, dans l’enquête sur les
droits du comte, il a la suzeraineté sur le castrum de Rocamartina; les
autres droits sont toujours en concession aux Albe. En 1292, Bertrand d’Albe
est seigneur de Roquemartine; le sénéchal de Provence intervient en sa
faveur parce qu'il a été attaqué par Rainaud Porcelet et Rostaing de Fos qui
ont volé du bétail, ont tué Ancolin, sujet de Roquemartine, et ont déplacé
les bornes marquant les limites du village. Le comte somme Rainaud Porcelet
et Rostaing de Fos, seigneur de Sénas, de se soumettre au jugement dans
l'affaire qui les oppose à Bertrand d’Albe. En 1331, Bertrand d’Albe fait
hommage au comte. En 1373, le chevalier Jacques d’Albe, d'abord capitaine
général d'Avignon puis vice-sénéchal, est seigneur de Rupemartine. En 1387,
son héritier est Pierre d’Alamanon, seigneur de Vidauban. En 1389, le
château est occupé par Raimond de Turenne. En 1394, le comte assiège le
château pour cette raison. En 1408, Jeanne et Thomas d’Albe prêtent hommage
au comte. Au début du XVe siècle, Constance d’Albe apporte une part du
château à Jacques Gantelme, seigneur d’Albaron et de Graveson. Au début du
XVIIe siècle, le château est abandonné.
Château-fort ruiné, dit le Castellas, construit vers 1204, situé à deux
kilomètres au nord du bourg, par D-569. Sur un sommet rocheux, à l'extrémité
septentrionale de la montagne du Sétis, à 219 mètres d'altitude, grande
enceinte polygonale suivant le rocher et l’habillant parfois. Un réduit
quadrangulaire, de vingt mètres de côté, est formé par un logis en équerre
et des bâtiments annexes autour d'une cour. À l’angle nord-est s'élève un
donjon quadrangulaire haut de 18 mètres. Son appareil en bossages tabulaires
à joints très fins se compare à celui de la tour du château de Saint-Gabriel.
La tour est réputée dater des environs de 1204 (date de sa première
mention). Les bossages de Roquemartine étant très semblables à ceux de
Saint-Gabriel, il n’y a pas d'arguments pour postdater Roquemartine. On a
proposé une date vers 1230-1250 parce que le château de Roquemartine a été
détruit en 1222 par le comte et qu'il est passé à un officier de celui-ci
vers 1227. Mais on sait que "détruit" ne veut pas dire rasé, mais seulement
"inutilisable"; on perce des trous dans les murs et on détruit des planchers
et des toits. Il n’y a pas d'arguments pour post-dater Saint-Gabriel et par
conséquent Roquemartine. Les logis, hauts d'une dizaine de mètres, sont
soigneusement appareillés en bossages tabulaires de calcaire blanc. Le mur
oriental a été repris à la base par un talutage en appareil lisse. L’aile
septentrionale est divisée en deux niveaux. Au rez-de-chaussée de l'angle
nord-ouest, une porte sous arc à grands claveaux donne dans une salle
rectangulaire couverte d'une voûte en berceau surbaissé renforcé de trois
doubleaux. A l'intérieur un angle au nord de ce rez-de-chaussée est occupé
par une citerne dont la voûte en berceau est percée d'une ouverture carrée
permettant de
puiser l’eau depuis la pièce d'étage; elle était alimentée par une conduite
en céramique maçonnée dans l'épaisseur du mur et récupérant l'eau des toits.
L'étage comprend deux salles; l’une, dans la partie nord, est placée
au-dessus de la citerne; elle est couverte d’une croisée d'ogives retombant
sur des cuis de lampe moulurés. L'autre, couverte de deux travées d'ogives,
reçoit le jour par trois fenêtres à coussièges. Une fenêtre haute à
coussiège et des traces de solives indiquent que la pièce a été subdivisée
en deux par un plancher. L'aile occidentale comprend une salle rectangulaire
couverte d'une voûte en berceau brisé sur une corniche et renforcée de trois
doubleaux retombant sur des demi-culots décorés de feuillages. La déclivité
du terrain fait que cette salle directement posée sur le rocher correspond
au deuxième niveau de l’aile nord. On y accédait par une porte plein-cintre
à longs claveaux extradossés qui ont pour moulure un tore; elle conserve le
logement de la barre de fermeture. Dans le mur méridional a été repercée une
fenêtre à meneau. Le mur conserve les traces d’une cheminée murale. Plus
tard (vers le XVIe siècle), la pièce a été subdivisée par un plancher
installé au niveau de la corniche. Au midi sont les restes d’un autre
bâtiment qui était également à deux niveaux. Une chapelle castrale occupe
l’angle sud-est. C’est une petite construction percée d’une archère et d’une
fenêtre. Elle était couverte d’une croisée d’ogives dont il reste les
formerets. Une enceinte extérieure en tout-venant à larges joints beurrés,
est percée de quatorze meurtrières à tir orienté dans de petits ébrasements.
Elles défendaient le chemin d’accès. Deux enceintes basses n'existent plus
qu’à l'état de traces. Ce monument de première importance est gravement et
régulièrement vandalisé depuis 1978. Il mériterait non seulement des
consolidations prioritaires, mais aussi une surveillance efficace
accompagnée de vraies mesures contre les vandales. Le "patrimoine de
l'humanité française" est aussi significatif et important que ceux de
l'Afghanistan ou du Pérou. (1)
Éléments protégés MH : le château de Roquemartine (vestiges) : inscription
par arrêté du 28 septembre 1926.
château de Roquemartine 13430 Eyguières, propriété privée, visite libre avec discrétion et prudence,
vestiges.
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constatez une erreur, contactez nous. Nous remercions chaleureusement M.
William Loiseau, du site "federation-francaise-medievale.fr", pour les
photos qu'il nous a adressées afin d'illustrer cette page.
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des Bouches-du-Rhône" tous les châteaux recensés à ce
jour dans ce département. |
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