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Le nom de La Londe est très répandu en Normandie.
Nombre de localités ou de familles portent ce nom ou des variantes. Selon
les uns, le mot Londe est un mot celtique qui signifie terre inculte ou
bois. Suivant Huet, évêque d'Avranches, Land avait le sens de terre inculte,
d'où Lande. Les Anglo-Saxons disaient aussi Lond dans le même sens, d'où La
Londe et son diminutif Londel. La tradition veut qu'à l'époque de
l'occupation anglaise, de 1415 à 1450, Henri V, roi d'Angleterre, comme
maître et propriétaire du sol par droit de conquête, gratifia un des
vainqueurs, du manoir de La Londe à Biéville. On ignore sur quelle famille
ce manoir fut confisqué et si les anciens maîtres rentrèrent en possession
de leur demeure après la bataille de Formigny, en 1450. Ce n'est guère qu'à
partir de la fin du XVIe siècle que l'on trouve des renseignements précis
sur les familles qui ont possédé simultanément et successivement la terre de
La Londe. A cette époque, on voit mentionnée la famille Le Bas, dont les
membres sont qualifiés de sieurs de La Londe et de Cambes. En 1607, la veuve
de Jean Le Bas reconnaît tenir en sa main, sous la mouvance du roi, un
manoir, etc. On rencontre aussi, dans les actes de ce temps, les noms de
Pierre Le lias de La Londe, sieur de Saint-Pierre et de Gilles Le Bas, sieur
de La Londe. En 1702, Jean-François Le Bas, sieur de La Londe, vendit des
biens à Jean Le Dars. Cette famille Le Dars et la famille Le Grand des
Essarts sont mentionnées dans des actes de vente de 1693 et de 1698. Enfin,
la famille Andrey des Pommerais, dont le nom se rencontre depuis 1571, et
qui, antérieurement à cette date, possédait des terres dans cette région, a
successivement acquis la plus grande partie des biens appartenant aux
familles citées plus haut.
C'est des héritiers de Jacques Le Dars, que Jacques Andrey, conseiller et
procureur du roy, acquit, en 1725 et en 1730, les terres et bois compris
plus tard dans le parc de La Londe et la partie de la terre de La Londe où
se trouvait l'ancien manoir. Ce fut ce Jacques Andrey, qui, devenu
conseiller du roy et trésorier de France du bureau des finances de la
généralité de Caen, fit construire le château de La Londe, en 1743, et
obtint l'érection de la terre de La Londe en fief de haubert et terre noble.
Il prit alors le titre de Messire Andrey des Pommerais, chevalier, seigneur
de La Londe, et fut inhumé, le 9 avril 1765, dans l'église Saint-Pierre de
Caen. Ce fief relevait directement du roi pour sa vicomté de Caen, qui avait
alors pour engagiste Antoine Gillain, marquis de Bénouville, maître de camp
de cavalerie, dont la tombe se voit encore dans l'église de
Bénouville-le-Port. Les lettres d'érection données à Versailles, le 11 avril
1764, sont conservées à Rouen aux archives de la Cour des comptes. On y lit
que: "A ces causes voulant favorablement traiter l'exposant, nous avons de
notre grâce spéciale, pleine puissance et autorité royale, créé et érigé,
créons et érigeons en ces présentes signées de notre main, en fief et terre
noble sous la dénomination de fief de La Londe, tous les héritages, maisons
et terres que possède actuellement l'exposant, dans la paroisse de Biéville,
montant ensemble à 138 acres 3 vergées 38 perches de terre, pour en jouir
par l'exposant, ses hoirs et ayant cause, sur la mouvance de ladite
fiefferme de Biéville à la charge par l'exposant de tenir le tout par garde
noble, foy et hommage, reliefs, trezièmes, aydes coutumiers et autres
sujestions au désir de la coutume de Normandie, mouvant de ladite fiefferme
de Biéville où le dit exposant rendra à l'avenir aveu et dénombrement, et
fera valoir les droits sous le nom de fief de La Londe".
En recevant la qualité d'escuyer; Jacques Andrey, dont la famille avait
adopté, depuis longtemps, comme marque distinctive une croix de Saint-André
cantonnée d'un cœur en chef, de deux étoiles à dextre et à senestre et d'un
croissant en pointe, régularisa ses armoiries et obtint des armes parlantes
qui sont: D'argent au chevron de sable sur lequel se voient trois pommes
d'or 1 et 2; à deux croix de Saint-André en chef et une raye au naturel en
pointe. Ce qui, suivant l'usage du temps, signifiait: André des pommes raye.
Ces armoiries ornèrent la grille du château de La Londe jusqu'à la
Révolution. A la mort de Jacques Andrey, le château de La Londe devint la
propriété de son fils, Pierre Andrey des Pommerais, chevalier, seigneur de
La Londe, conseiller du roi au bailliage et siège présidial de Caen,
président trésorier de France au bureau des finances de la généralité de
Caen, né en 1725. Une des filles de Pierre Andrey des Pommerais épousa, en
1797, son cousin germain, Jacques-François Richard de La Londe. Ils eurent
trois filles, dont l'une épousa, en 1824, M. Victor-Léon Rouxelin de
Formigny, et devint propriétaire du domaine de La Londe. Leur fils,
Arthur-Richard Rouxelin de Formigny de La Londe, propriétaire du château et
du domaine de La Londe à la fin du XIXe siècle, a reconstitué en grande
partie, par des acquisitions successives, l'ancienne terre de La Londe, qui
s'étend sur les communes de Cambes, Epron, Matthieu et Hérouville. Le
château de La Londe fut, ainsi qu'on vient de le voir, construit par Jacques
Andrey des Pommerais, en l'année 1743.
Le nom de l'architecte qui a présidé à cette construction, est jusqu'ici
resté inconnu. Il a dû cependant élever plusieurs châteaux du même genre
dans les environs de Caen. On dit que l'entrepreneur fut un nommé
Nicolas-François Chemin, inhumé dans l'église d'Épron. La façade du château
qu'on désignait, suivant l'expression usitée à l'époque de sa construction,
sous le nom de côté de la cour; la façade opposée, qui est la façade
principale, s'appelait côté du jardin. Le château de La Londe affecte,
suivant le goût du temps, la forme d'un rectangle régulier. Les architectes
d'alors, contrairement à leurs devanciers, se préoccupaient avant tout de
l'aménagement intérieur des constructions qu'ils élevaient, pour le plus
grand agrément de leurs futurs habitants et sacrifiaient souvent l'effet
décoratif de l'extérieur. Le sous-sol du château est occupé par une double
rangée de caves voûtées en pierre, entre lesquelles règne un long couloir
également voûté. Du côté de la cour, un perron donne accès à un vestibule
qui dessert les appartements de réception. Un large escalier à cinq paliers
conduit au premier étage, où se trouve la bibliothèque; elle renferme une
riche collection d'ouvrages relatifs à la Normandie. Un Christ en bois
sculpté par Girardon, signé et portant la date de 1690, est placé sur la
cheminée. Les appartements du château furent restaurés, en 1841, par M.
Victor de Formigny, suivant le goût de l'époque. Il substitua de simples
papiers aux vieilles tapisseries de Beauvais, et des meubles en acajou et en
palissandre, produits de l'industrie moderne, aux meubles anciens en bois
sculpté et doré, recouverts de velours d'Utrech, de riches tapisseries, ou
d'étoffes de soie à ramages.
Les communs furent édifiés en 1771 par Pierre Andrey des Pommerais. Ce fut
lui aussi qui fit planter le parc à la française, avec allées rectilignes,
charmilles taillées selon les règles d'une rigoureuse intransigeance, ifs
affectant les formes les plus étranges. Mais quand la mode eut changé, le
parc de La Londe dut subir les transformations qu'elle réclamait: en 1841,
M. Victor de Formigny le fit dessiner à l'amglaise; les ifs et les ormes
reprirent leur liberté de végétation, non, cependant, sans qu'un certain
nombre d'entre eux aient conservé les marques des tortures imposées à leur
jeunesse. A droite du château de La Londe, du côté du jardin, s'élève une
petite chapelle, construite en 1786, par les soins de Pierre des Pommerais.
Voici en quels termes était rédigée la requête qu'il présenta à Mgr de
Cheylus, évêque de Bayeux, aumônier de Madame la comtesse d'Artois, pour
obtenir l'autorisation d'ériger cette chapelle: "Supplie humblement Messire
Pierre Andrey des Pommerais, chevalier, seigneur de La Londe, président
trésorier de France au bureau des finances de la généralité de Caen, doyen
de Messieurs les conseillers au bailliage et siège présidial de la même
Ville, et vous remontre qu'il est propriétaire d'une terre composée de deux
hameaux, laquelle a été érigée en fief de haubert, sous la dénomination de
fief de La Londe, en l'année mil sept cent soixante-quatre. Il fait observer
ensuite qu'habitant quelquefois le château de La Londe, il se trouve à une
grande distance de la paroisse, qu'il est souvent très difficile d'assister
aux offices pour lui et les personnes de sa maison". Fermée pendant la
Révolution, cette chapelle fut rouverte par décret impérial du 4 fructidor
an XII. A sa mort, en 1806, le fondateur y fut inhumé. (1)
Éléments protégés MH : le château de la Lande et ses pavillons d'entrée et
son parc : inscription par arrêté du 28 août 1947.
château de La Londe 14112 Biéville-Beuville, propriété privée, ne se visite
pas.
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