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C’est vers 1060 que Guillaume-le-Batard, duc de Normandie, installe sa
citadelle sur un éperon rocheux dominant des prairies humides à la
confluence de l’Orne et de l’Odon. Quelques habitations s’y regroupent déjà
près de la petite chapelle Saint Georges. Le site est protégé par la falaise
et des fossés taillés dans la roche d’où l’on extrait les pierres de
construction. A ses pieds, au sud, le bourg de Cadomus se développe en
bordure des terres marécageuses régulièrement inondées par les rivières.
L’élément le plus important du château est le palais au nord de l’enceinte,
près de la seule porte d’accès. Il est composé d’appartements, d’une
chapelle et d’une salle d’apparat. Une simple palissade e bois entoure alors
la vaste enceinte de 5 hectares, elle est remplacée par des murailles en
pierre probablement à la fin du règne de Guillaume-le-Conquérant. Son fils,
Henri 1erBeauclerc, roi d’Angleterre et duc de Normandie, fait édifier, en
1120, le donjon près de la tour-porte du nord, c’est un véritable château à
l’intérieur du château. Une nouvelle aulae plus vaste est bâtie (actuelle
salle de l’échiquier), Henri II d‘Angleterre et ses deux fils,
Richard-Cœur-de-Lion et Jean-sans-terre, y organisent, en 1182, une
fastueuse réception pour les fêtes de Noël. En 1204, le château est pris par
Philippe Auguste qui fait réaliser d’importants travaux pour moderniser la
forteresse. Le donjon est entouré d’une courtine protégée à chaque angle par
une tou circulaire et entourée d’un profond fossé. L’ensemble est doublé au
nord par une autre tranchée abrupte. L’accès s’effectue par la porte
fortifiée dite des champs ou de secours. Enfin, deux tours circulaires
(Mathilde et Puchot) sont édifiées à l’est et à l’ouest, à la jonction des
fortifications de la ville. Le représentant du Roi réside dans la
forteresse, dans le logis du Roi (logis des gouverneurs). Au XIVe siècle,
lors de la guerre de cent ans, le château de Caen retrouve tout l’intérêt
stratégique qu’il avait perdu lors de l’annexion du duché de Normandie au
trône de France. Il devient un élément clé de la défense de la province.
Après la prise de la ville par les anglais en 1346, les travaux reprennent
au château : la poterne sud est transformée en véritable entrée fortifiée
vers la ville et la porte des champs est pourvue d’une barbacane. Reconquis
par le Roi de France, en 1450, le château perd tout intérêt stratégique. A
partir du XVIe siècle, l’usage purement militaire du château se confirme et
il n’abrite plus qu’une garnison de 50 à 250 hommes selon les troubles du
temps. La population civile de la paroisse de Saint-Georges déserte
l’enceinte pour la ville qui s’étend jusqu’aux pieds des remparts (sauf au
nord). Le 18 juillet 1789, le peuple s’empare du château et le futur général
Dumouriez, gouverneur de la place, se rallie aux révolutionnaires. Après
l’échec de l’insurrection fédéraliste, en 1793, la Convention ordonne la
destruction du château : le presbytère est démoli et le donjon en grande
partie arasé. Transformée en prison jusqu’en 1881, la forteresse devient
ensuite une caserne.
L’esplanade est alors profondément remaniée : des bâtiments de casernements
y sont bâtis, les restes du donjon sont abattus, les fossés comblés et le
terrain aplani pour créer une place d’armes. Avant la guerre de 1914-1918,
1600 hommes sont cantonnés dans la caserne Lefebvre, les derniers militaires
quittent le château en septembre 1940. Pendant le débarquement et la
bataille de Caen, la ville est durement touchée par les bombardements et le
château n’échappe pas aux destructions. A la fin du déblaiement des ruines
en 1946, le château réapparaît à la vue des caennais. L’enceinte et ses
tours sont restaurées dans les années 1950-1960, des fouilles archéologiques
remettent au jour les vestiges de l’antique donjon. En 1963 le logis du
gouverneur, refait à neuf, accueille les premiers visiteurs du Musée de
Normandie. En 1967, le Musée des Beaux-Arts, construit à l’emplacement des
casernes, ouvre ses portes. A partir de 2004, la Ville de Caen entreprend la
réhabilitation des remparts nord-ouest du XIIe siècle. La terrasse
d’artillerie est restaurée et permet l’installation des salles d’expositions
en dessous...
Monument majeur de Caen, le château ducal dresse ses murailles blanches
devant la ville reconstruite. Entre les Abbayes aux Hommes et aux Dames, la
forteresse est un des hauts-lieux de l’histoire de la Normandie et de
l’épopée de Guillaume-le-Conquérant. D’où que l’on vienne, tous les chemins
mènent au château. Incontournable, il impose sa masse formidable au regard,
les puissants murs "hors d’échelles", flanqués de treize tours, surgissent
de la roche originelle pour s’élever à plus de vingt mètres. L’œil balaie
l’espace d’est en ouest, suit la ligne des remparts, monte le long des
tours, scrute la porte Saint-Pierre et sa barbacane sans rien percevoir de
l’intérieur. Au bout de la montée face à l’église Saint-Pierre, un vaste
terre-plein de 5 ha s’ouvre, bordé de 800 mètres de murs. C’est une des plus
grande place fortifiée d’Europe. Dès les portes franchies, la ville est
invisible et ses rumeurs n’y parviennent plus qu’étouffées. L’enceinte est
désormais celle des musées : celui des beaux-Arts et celui de Normandie.
Entre les deux, la chapelle Saint-Georges criblée d’éclats d’obus se dresse
toujours. Derrière un petit square et un jardin des simples, le Musée de
Normandie occupe l’ancien logis des gouverneurs sur le rempart sud. Plus
loin, à l’ouest, la terrasse d’artillerie récemment reconstituée accueille
une espace d’exposition les salles du cavalier. Au pied du talus engazonné,
l’antique salle de l’échiquier se dresse contrer les remparts ouest
restaurés. Du haut de ceux-ci, le visiteur peut contempler les vestiges du
puissant donjon et les traces du palais de Guillaume. Au nord, l’esplanade
est au même niveau que les bâtiments de l’Université d’où le château ne se
devine même pas. Vers l’est, les remparts où s’ouvre la puissante porte des
champs sont en mauvais état. Ils s’interrompent brusquement près de l’entrée
nord. Pour retrouver la ville, il faut monter sur le chemin de ronde. C’est
un véritable choc ! La vue sur la cité est magnifique et c’est certainement
la plus belle sur Caen : les quartiers reconstruits, la vieille ville, les
clochers des églises, les silhouettes des deux abbayes, le port... toute la
ville basse s’étend au pied du château ducal. Le visiteur est pris de
vertige devant la hauteur des murailles d’un château qui ne fut jamais pris
d’assaut.
Éléments protégés MH : la totalité des constructions et vestiges du château,
l'enceinte fortifiée. (les remparts et glacis, les tours, la porte des
Champs, la porte Saint-Pierre avec son pont et sa barbacane) : classement
par arrêté du 10 avril 1997. (1)
château de Caen, rue de Geôle, 14000 Caen, musée ouvert au public, entrée
libre toute l'année.
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