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C’est Robert de Wace, dans son Roman de Rou (1160-1170),
qui évoque pour la première fois un sire de Crèvecœur, compagnon du duc
Guillaume lors de la conquête de l’Angleterre en 1066. Jehan de Crèvecœur
est le premier seigneur connu du lieu, en 1195. La forteresse primitive,
établie sur la route « royale » entre la cité ducale de Caen et Paris, est
un endroit stratégique important. Au XIIe siècle, elle se présente comme une
place forte de l’époque avec ses deux enceintes entourées de fossés. La
basse-cour, enclose d’une palissade de bois, est défendue par une poterne et
un pont-levis. Elle abrite les communs du château (logis, granges,
écuries...) et la chapelle seigneuriale. Au sud, près de la route, s’élève
la motte féodale entourée de douves et couronnée de hauts murs protégeant le
donjon. La place est prise pendant la guerre de cent ans (1417) par le Duc
de Clarence qui démantèle le donjon. Crèvecœur passe alors sous domination
anglaise et sir Kirkeley en devient le seigneur. En 1448, Dunois aidé des
comtes de Clermont et de Nevers, reprend la forteresse aux anglais. Par le
biais des alliances, le domaine échoit, en 1522, à la famille Montmorency
qui le conservera jusqu’à la Révolution. Les seigneurs du lieu relèvent le
donjon et, au XVe siècle, un nouveau logis remplace celui détruit par les
anglais. Dans la basse-cour, la ferme et le colombier sont bâtis à la même
époque. Au XVIe siècle, une grange est ajoutée à l’ouest près des fossés. A
la Révolution, le donjon est à nouveau détruit et Crèvecœur est vendu comme
bien national. Ses divers propriétaires laissent ensuite le domaine tomber
en désuétude. Les terrains contenant la motte féodale et la chapelle sont
classés parmi les sites en 1943. Le logis est occupé jusqu’en 1970 où le
château est acheté par la fondation Schlumberger qui entreprend la
restauration du domaine. Le logis seigneurial et ses dépendances restaurés
abritent un espace muséographique dont une grande partie est consacrée à
l’œuvre de Conrad et Marcel Schlumberger pionniers de nouvelles techniques
de prospection pétrolière qu’ils expérimentèrent dans la propriété familiale
du Val Richer, non loin de Crèvecœur.
Entourée de douves qui ont retrouvé leur aspect originel, la deuxième
enceinte dessine un carré de 25 m de côté que dominent encore les vestiges
des remparts. Les fossés se franchissent par un pont dormant, remplaçant le
pont-levis d’autrefois flanqué de deux hauts murs parallèles. A l’intérieur,
le logis seigneurial du XVe siècle est adossé au mur ouest. Portées par un
premier niveau en maçonnerie, cinq travées à pans de bois s’élèvent sur deux
étages, coiffées d’une haute toiture en tuiles plates. Le rez-de-chaussée
accueille une exposition sur l’histoire du château tandis que le premier
étage est consacré à la vie d’un seigneur au moyen-âge. Dans la cour, le
vieux puits qui a perdu sa couverture trône toujours accompagné d’un vieil
érable ceinturé d’une margelle en pierre. Sur les murs tout autour, se
devinent les traces d’anciennes constructions : donjon au sud ou logements
de part et d’autre de la porte d’entrée. A l’extérieur de l’enceinte, à
l’est, la chapelle romane abrite aujourd’hui une exposition dédiée aux
collaborateurs des frères Schlumberger. Un jardin des simples et de plantes
officinales a été recréé le long de sa façade sud.
La fondation Schlumberger a magnifiquement sauvé le château. Les bâtiments
sont un exemple de restauration, les douves ont été recreusées et renforcées
de palplanches en bois et tout l’en-
semble est aménagé pour la visite. L’ensemble occupe une surface réduite
mais le lieu est un témoin unique d’une seigneurie médiévale et sa visite
transporte hors du temps. Le château a également retrouvé un usage : de
nombreuses expositions et animations sont organisées et les visiteurs y sont
nombreux. Grâce aux fonds de la fondation, aux aides de nombreuses
associations, au soutien de partenaires institutionnels et de droits
d’entrée, le château bénéficie de tous les moyens pour lui permettre de
subsister encore longtemps
Éléments protégés MH : les façades et les toitures : inscription par arrêté
du 26 décembre 1928. La chapelle : inscription par arrêté du 23 avril 1954.
(1)
château de Crèvecoeur 14340 Crèvecoeur-en-Auge, tél. 02 31 63 02 45,
ouvert au public en avril, mai, juin et septembre tous les jours de 11h à
18h, en juillet et août tous les jours de 11h à 19h, et en octobre les
dimanches de 14h à 18h.
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