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Très voisine de Dives et aussi de Grangues, la commune
de Douville paraît être de fondation ancienne. Elle est située sur le
plateau qui se trouve entre la vallée de la Dives à l'ouest, celle de
l'Ancre ou de Dozulé au sud, les prolongements de la vallée de la Touques à
l'est et au nord le littoral de la mer. Son territoire se compose de plaines
plantées de pommiers et aussi de très fertiles prairies. Disons en passant
que son église, située non loin de la route de Dives à Annebault, remonte
aux XIIe et XIIIe siècles et est à très peu de distance de la vieille Croix
de Heulaud, cet antique souvenir du duc Rollon, si , célèbre dans les
annales normandes. Quant au château, se trouvant à une très courte distance
de l'église, suivant l'usage constant du pays, il est construit en pierres
et offre un ensemble imposant. Il appartient au style Louis XIII et possède
un escalier monumental en pierres, de l'époque Henri II. Cet édifice est
entouré de hauts arbres, comme la plupart des châteaux des environs, et
précédé d'une cour d'honneur. La porte de cette cour n'existe plus; elle
était de style Louis XIV et surmontée de deux lions tenant dans leurs pattes
les écussons des familles Desson et d'Abos. La seigneurie de Douville est
fort ancienne. Nous trouvons aux archives du Calvados, au début de
l'histoire de notre province, Robert, Richard et Ranulfe de Douville. Cette
famille, portant le nom de la paroisse ou peut être bien lui ayant
communiqué le sien; point difficile à éclaircir dans ces temps si reculés,
paraît ne pas avoir possédé longtemps Douville, car, en 1204, lors du
recensement qu'il fit des fiefs après la conquête de la Normandie sur le roi
Jean, Philippe-Auguste y trouva, en possession du fief seigneurial, "le fils
de Robin Trihan". Nous ignorons de quelle façon la famille de Trihan était
dès lors en possession de Douville, mais elle allait s'y maintenir pendant
le moyen âge tout entier et même jusqu'au début du XVIIe siècle. Cette
famille paraît avoir occupé un rang très notable dans la noblesse normande;
car, outre Douville, les Trihan étaient encore seigneurs de la paroisse
voisine de Bourgeauville, et y ont conservé leurs propriétés jusqu'au XVIIIe
siècle.
En 1540, les élus de Lisieux maintinrent noble Jean 1er de Trihan, escuyer,
seigneur et patron de Douville et Bourgeauville, qui déclara descendre par
plusieurs degrés de Nicolas Trihan, seigneur de Douville en l'an 1306. Ce
Jean de Trihan, fils lui-même de Guillaume et de Jeanne Labbé, mariés en
1494, celle-ci de la famille de Colin Labbé, escuyer du connétable du
Guesclin, famille nombreuse, distinguée et encore existante en Normandie,
épousa Jeanne de Grieu, d'une maison notable, qui a possédé de grands biens
au pays d'Auge et dans le pays de Caux. De leur fils, Gabriel de Trihan,
escuyer, seigneur et patron de Douville, mari de Florence de Pellevé, dont
la famille a produit des grands officiers de la couronne et s'est fondue
dans la maison comtale de Flers, naquit Jean II de Trihan qui épousa
Françoise de Grente, des seigneurs de Villerville et de Saint-Pierre-Azif.
Mais ceux-ci allaient voir l'extinction en ligne masculine de la branche des
Trihan, seigneurs de Douville, si noblement et depuis si longtemps
représentée dans la contrée, car de leur union ne vint qu'une fille qui
porta, par mariage, le terre de Douville à Jean Desson, escuyer. Cette
famille Desson est étrangère au pays d'Auge: le Lieuvin, contrée voisine,
paraît être son berceau; elle y possédait les fiefs et patronage des
paroisses du Torpt et de la Chapelle-Bayvel, près Beuzeville. Le père de
Jean, autre Jean Desson, conseiller aux aides et tailles à Pont-Audemer,
mari d'Anne Blin, avait été anobli en 1574. Le mariage de Jean Desson avec
Françoise de Trihan dut être célébré vers 1620, car Antoine Desson, leur
fils, escuyer, seigneur de Douville, maintenu dans sa noblesse en 1668,
était né en 1622. Ils eurent ainsi deux filles, dont l'une épousa Noël du
Bois, escuyer, seigneur de Bretteville, et l'autre François de Chauvin,
escuyer, seigneur de Tonnetuit, célèbre dans les annales de la navigation
honfleuraise.
Cet Antoine Desson, marié par contrat du 7 août 1665 à Charlotte de
Marguerit, était mort en 1678, et leur fils Guillaume Desson, escuyer,
seigneur de Douville, époux de Marie-Madeleine-Hélie de Houtteville,
laissait lui-même des enfants en minorité, le 25 octobre 1706. A cette
époque fut donnée, au nom de ceux-ci, une déclaration du "noble fief, terre
et rentes seigneuriales de Douville", dans laquelle nous voyons, au domaine
non fieffé, contenant environ 75 acres, figurer "une pièce en court, jardin
et plant sur laquelle est assis le manoir, le colombier avec les autres
maisons de ménage". Quant au domaine fieffé, c'est-à-dire possédé à charge
de rentes et redevances féodales par les tenanciers, il comprenait 420 acres
et s'étendait non seulement sur Douville, mais aussi sur les paroisses
voisines de Heuland, Gonneville-sur-Dives et Trousseauville. Signalons,
parmi ces tenanciers, damoiselle Barbe de Trihan, sans doute de la branche
de Bourgeauville, à laquelle appartenait aussi Anne de Trihan, mariée, en
1585, à François Labbé, escuyer, seigneur de la Roque-Baignard, et les
mineurs de Nicolas Grain ville, d'une vieille famille de tabellions de
Heuland. Michel-Joseph Desson, chevalier, seigneur de Douville, un des
enfants de Guillaume, fut marié, en 1722, avec Charlotte d'Abos, veuve de
Louis-Thomas d'Angerville, escuyer, seigneur de Grainville. Ils eurent au
moins deux fils, François-Charles Desson, prêtre et curé de Douville, qui
était mort en 1771 et Joseph-François Desson, escuyer, seigneur et patron de
la paroisse, qui épousa, en 1747, Marie-Marguerite de Bosc-Regnoult, d'une
famille du Roumois, qui était veuve de son parent, Nicolas Desson, escuyer
et patron du Torpt.
Il fut le dernier seigneur de Douville de cette maison, car, avant 1766, il
céda cette terre à M. le marquis d'Auvrecher d'Angerville, son frère utérin,
dont la famille, une des plus anciennes et des mieux apparentées de notre
province; son nom figure à la conquête d'Angleterre et aux croisades,
représentée par leur descendante Madame la marquise de Goddes de Varennes,
qui possèdait le château à la fin du XIXe siècle. Quant à la famille Desson,
dont les membres sont titrés, comtes et vicomtes de Saint-Aignan, au droit
d'une terre située dans le Maine, dont Michel-Joseph Desson, seigneur de
Douville, hérita, en 1760, de Mademoiselle de Clermont-Gallerande, et son
chef, ancien député de la Seine-Inférieure, habitait le château du Gal au
pays de Caux. Disons, en terminant cet historique, que le premier acte du
marquis d'Angerville, comme possesseur de la terre de Douville, fut de
nommer curé de la paroisse Adrien Formeville, d'abord curé du Torpt, puis
chapelain du château de Saint-Aignan au Maine et appartenant à une famille
notable de Lisieux; c'était le grand-oncle de M. de Formeville, le savant
magistrat et historien normand. (1)
château de Douville 14430 Douville-en-Auge, propriété privée, ne se visite
pas.
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