châteaux de France
       Accueil        châteaux Val de Loire        châteaux pour réceptions        châteaux à l'abandon        Contact        Liens
 
 
 
Château de Fauguernon (Calvados)
 
 

  Fauguernon possède les ruines d'un château-fort, composé de deux enceintes; la première avait des fossés peu considérables. On y voit des bâtiments en bois, qui paraissent dater du XVIe siècle, et un colombier octogone. L'enceinte principale, qui paraît avoir été à peu près carrée, était défendue par des fossés d'une bien grande profondeur; car leur creux est encore considérable, malgré tant d'années d'abandon. Le donjon, de forme carrée, occupait à peu près la moitié de la ligne septentrionale. Il était bâti tout entier en pierres de petit appareil, ou plutôt en silex taillé. Deux éperons saillants formaient avant-corps, du côté du fossé. Des amorces de voûte plein-cintre se remarquent encore au rez-de-chaussée. Vers l'intérieur de l'enceinte, on voit des rainures pour la herse; au premier étage, les angles sont encore garnis de colonnettes cylindriques avec chapiteaux romans, qui servaient, sans doute, à recevoir les retombées des voûtes des salles hautes. Le rez-de-chaussée, qui était occupé par la grande porte, offrait, sous ce rapport, quelque ressemblance avec celui du château de la Pommeraye et celui du Plessis-Grimoult; mais on y remarque des coulisses ou rainures pour recevoir des herses, ce qu'on ne trouve pas dans les deux tours précédentes. A l'angle nord-ouest du donjon , du côté de la cour intérieure, est accolée une tourelle circulaire renfermant un escalier en pierre, qui n'est éclairé que par d'étroites ouvertures en forme de meurtrières. A l'autre extrémité de cette ligne septentrionale, est une tour circulaire qui a subi des retouches à diverses époques, mais dans l'intérieur de laquelle se voit une salle voûtée en cul-de-four. L'entrée est garnie d'un simple tore, c'est un arc surbaissé qui peut remonter au XIIIe siècle.
Des meurtrières, fortement ébrasées à l'intérieur, éclairent seules cette salle obscure, au centre de laquelle s'ouvre une margelle circulaire, unique entrée d'un caveau souterrain, voûté d'après le système de la salle supérieure. On lui donne pompeusement le nom d'oubliettes; mais il sert actuellement au fermier pour loger ses légumes pendant l'hiver. Toutes les murailles du pourtour de l'enceinte sont réduites à la hauteur d'un simple mur de clôture, de sorte qu'il ne reste plus rien des édifices qui devaient s'y trouver adossés. Il faudrait fouiller le sol pour en retrouver le plan et en constater l'importance. On voit encore pourtant, dans la ligne qui est parallèle au chemin, c'est-à-dire vers l'orient, une salle basse, souterraine, voûtée en berceau, à laquelle on accédait autrefois de la cour intérieure, ou plutôt de l'un des bâtiments, par un escalier en pierre d'une seule volée droite, dont on retrouve en place les derniers degrés. Le reste est envahi par les décombres. Cette salle sert de vestibule à une cave ou souterrain, divisé, suivant l'usage constant du moyen-âge, en une série de cellules disposées symétriquement sur chacun des flancs. Il y en a trois de chaque côté; une septième forme le fond du couloir. Ce château a eu un passé historique. Au XIIe siècle, il fut pris par Geoffroy d'Anjou, après trois mois de siége et rasé. Bien que plusieurs de ses murs accusent encore cette époque, sans mélange de style postérieur, il est cependant impossible de supposer qu'il n'ait point été relevé dans la suite. D'ailleurs, il était encore en état de défense en 1449; les troupes du roi Charles VII, venant de Pont-Audemer, s'en emparèrent, et c'est de là qu'elles vinrent, le 16 août, asseoir leur camp devant Lisieux. D'après diverses données historiques, il paraîtrait que ce fut seulement sous le règne d'Henri IV qu'il fut définitivement démantelé.
Suivant une sentence du bailli de Fauguernon, datée du 7 mars 1591, "les pieds de la vicomté se tenaient dans ce temps à Lisieux, par raison des troubles de guerres estant en ce pays". La vicomté ou baronnie de Fauguernon était un des grands fiefs du duché de Normandie. Elle se composait de huit fiefs de haubert, dont plusieurs avaient eux-mêmes des forteresses importantes. Elle s'étendait sur le Pin, Norolles, Saint-Philbert-des-Champs et autres paroisses environnantes. Les vicomtes de Fauguernon avaient séance à l'Échiquier. La famille que l'on trouve le plus anciennement en possession de cette terre est celle des Bertran de Bricquebec; et comme ils remontent par filiation suivie jusqu'au temps de Rollon, il est probable que leur auteur l'avait obtenue dans le partage qui suivit la conquête de la Normandie. Il ne peut entrer dans le cadre de ce travail de donner les noms de tous ceux des membres de cette famille qui furent seigneurs de Fauguernon: il suffira de nommer les principaux: Robert 1er, suivit à la Croisade le duc de Normandie; il portait d'or au lion vert rampant, onglé et couronné d'argent avec un basion de gueules, pour brisure; car ce n'était qu'un cadet de la branche de Bricquebec. Son fils, Robert II, avait pris parti pour Eustache, comte de Boulogne, contre le duc d'Anjou: ce qui amena la destruction de son château en 1137. Il fut tué lui-même l'année suivante en défendant, sans doute, toujours la même cause. Il avait épousé la fille d'Etienne, comte d'Aumale, dont il eut un fils nommé encore Robert. Celui-ci vit aussi une invasion étrangère ravager la Normandie; mais, instruit par l'expérience de son prédécesseur, il ne chercha point à résister et put ainsi conserver ses terres qui furent érigées en baronnie par le conquérant, Philippe-Auguste.
Son alliance avec la fille aînée de Jourdain Tesson ne fit qu'augmenter son importance. Son petit-fils, Robert V, vicomte de Roucheville, seigneur d'Honfleur et de Fauguernon, fut nommé connétable de Normandie. Cette charge était restée jusqu'alors dans la famille du Hommet. Il eut pour femme Alix de Tancarville, fille de Monsieur Guillaume, sire de Tancarville et d'Alissande de Meullent. Le traité de mariage, daté de l'an 1245, stipule une dot considérable. Alix était héritière de sa mère et devenait dame des terres de Sahurs, Croiset et Bapaulme près Rouen, Feuguerolles, Ifs, Alemaigne, Placy, Savenay, le Mesnil-Patry, Estreham près Caen. Les deux fils de Robert V se partagèrent ses possessions, et c'est au second, nommé Guillaume, qu'échut Fauguernon avec les fiefs de sa mère. La génération suivante fut la dernière. La terre de Fauguernon passa alors à une famille étrangère, mais une confusion inextricable règne dans les différentes généalogies, qu'il est impossible de faire concorder. Disons seulement que l'on trouve en même temps qualifiés vicomtes de Fauguernon; les Painel, les Garencières, les Fresnel et Robert VII. Bertran, maréchal de France, était neveu du dernier possesseur mâle de cette même famille. Ces seigneurs vivaient au commencement du XIVe siècle. En 1463, Montfaut, faisant sa recherche de la noblesse en Normandie, trouva à Fauguernon messire Jehan de Montenay, chevalier, baron de Garencières, seigneur de Bérangeville, de Nully en Gastinoys et vicomte de Fauguernon, qui, six ans plus tard, en 1469, se présentait aux montres de la noblesse du bailliage d'Évreux "en abillement de homme d'armes, accompagnié d'un autre homme d'armes, neuf archiers et quatre vougiés..., tous suffisamment montez et armez".
Un acte original des Archives de l'Hospice de Lisieux, du 10 mars 1493, parle de noble et puissant seigneur Christophe de Cerisay, seigneur de Villy et baron de La Have-du-Puits, vicomte de Fauguernon, conseiller et chambellan du roi et son bailli en Cotentin. Comment était-il devenu seigneur de Fauguernon? C'est ce qu'on n'a pu découvrir. De sa femme, nommée Marie de Mayneville, Christophe de Cerisay ne put avoir qu'une fille, appelée aussi Marie, qui épousa Gaston de Brezé, quatrième fils de Jacques, comte de Maulévrier, maréchal et grand sénéchal de Normandie, et de Charlotte, bâtarde de France, fille de Charles VII et d'Agnès Sorel. Gaston de Brezé joignit donc Fauguernon aux fiefs nombreux qu'il possédait déjà. Marie de Cerisay survécut à son époux, et elle vivait encore en 1537, suivant un acte du 20 septembre de celte année où l'on voit qu'elle possédait aussi le château du Pin. Elle comparut devant les élus de Lisieux, faisant recherche de la noblesse en 1540. Elle produisit une généalogie pour elle et "ses enfants soubz-âage, mais elle ne put la justifier, parce que les lettres, chartes, etc., concernant leur noblesse étaient demeurées aux mains de défunt M. Louis de Brezé, sénéchal et gouverneur de Normandie, frère aîné de son mari". Ces enfants sous-âge étaient Louis de Brezé , devenu grand aumônier de France et évêque de Meaux, puis deux filles, Catherine et Françoise. La première épousa Nicolas de Dreux, vidame et baron d'Esneval; la seconde eut pour mari Gilles Le Roy, seigneur du Chillon. Louis de Brezé obtint en partage les terres de sa mère. Dans un acte du 7 mai 1571, on le voit qualifié de "Révérend Père en Dieu messire Louis de Brezey, evesque de Meaux, abbé des abbayes de Saint-Pharon et Ygny, seigneur et baron de la Hays-du-Puis, chastellain et visconte de Fouguernon, sieur du Chasteau du Pin et du Bois-Ravenot, etc.".
Ses sœurs n'eurent point part à son héritage, qui revint nous ne savons comment, à son cousin, M. de Saint-Germain Fauguernon, qui tint le parti du duc de Bouillon pendant les guerres de religion. Ensuite, Fauguernon se retrouve entre les mains de Louis de Brezé, le mari de Diane de Poitiers, ou plutôt entre les mains de l'une de ses filles, Françoise de Brezé, qui avait épousé Robert IV de La Marck, duc de Bouillon, comte de La Marck, prince de Sedan, maréchal de France, gouverneur et lieutenant-général pour le roi en Normandie. Un acte original des Hospices de Lisieux, en date de 1617, fait mention de "hault et puissant seigneur messire Louis de La Mark, marquis de Maulny, vicomte de Fauguernon, seigneur de Marigny et de Nogent-le-Roy, conseiller du Roy en ses Conseils d'Estat et privé, premier escuyer de la Royne". Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, Fauguernon était passé aux Le Conte de Nouant de Pierrecourt, qui le possédèrent jusqu'à la Révolution et le possèdent encore au milieu du XIXe siècle. Afin que l'on puisse reconnaître auxquelles des différentes familles, qui ont successivement possédé la terre de Fauguernon, peuvent appartenir les blasons qui ont été dessinés ou décrits, voici les armoiries que les généalogistes attribuent à chacune d'elles: Bertran, D'or au lion de sinople armé, lampassé et couronné d'argent. Painel: D'or à deux fasces d'azur, accompagnées d'un orle de 8 merlettes de gueules. De Montenay: D'or aux deux fasces d'azur, accompagnées d'un orle de 8 coquilles de gueules. Fresnel de la Ferlé-Fresnel: D'or à l'aigle éployée de gueules. De Mauny: D'argent au croissant de gueules. De Brezé: D'azur à 8 croisettes d'or posées en orle autour d'un écusson aussi d'or, orlé d'azur et l'azur rempli d'argent. De Bouillon: De gueules à la fasce d'argent. Le Conte de Nonant: D'azur au chevron d'argent, accompagné en pointe de 3 besants d or mal ordonnés. (1)

Éléments protégés MH : les restes du château : inscription par arrêté du 16 octobre 1930. (2)

château de Fauguernon, route de Rocques, 14100 Fauguernon, propriété privée, ne se visite pas, vestiges. Ci-dessous photos de la ferme du château.

Ce site recense tous les châteaux de France, si vous possédez des documents concernant ce château (architecture, historique, photos) ou si vous constatez une erreur, contactez nous. Licence photo©webmaster B-E,
photos ci-dessous interdites à la publication sur Internet, pour un autre usage nous demander.
A voir sur cette page "châteaux du Calvados" tous les châteaux répertoriés à ce jour dans ce département.

 
 
 
 
 château de Fauguernon château de Fauguernon  château de Fauguernon
 
 
 


(1)          source: Statistique monumentale du Calvados par M. Arcisse de Caumont. F. Le Blanc-Hardel, Imprimeur-Libraire, Rue Froide, Caen, 1867.
(2)
   
   source :  https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/

Sur ce site, tous les châteaux, châteaux forts, manoirs, maisons-fortes, ruines et vestiges importants, chateau hôtel-restaurant, chateaux avec chambres d'hôtes, gîtes, et les châteaux avec salles pour réceptions, vous trouverez la liste de tous les départements en page d'Accueil, mais également une page réservée aux châteaux à l'abandon, en péril, et les châteaux du val de Loire nous avons recensés aussi les châteaux dans les pays francophones, Suisse, Belgique et Grand Duché du Luxembourg voir châteaux Étrangers, et également les châteaux dans des bourgs classés parmi les plus beaux villages de France.

 
 
(IMH) = château inscrit à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques, (MH) = château classé Monument Historique
Nos sources proviennent à 60% de la base Mérimée, culture.gouv.fr/culture/inventaire/patrimoine, que nous remercions vivement
Copyright ©chateauxdefrance@orange.fr     Tous droits réservés.