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La
terre de Bienfaite est une de celles dont le nom appartient à l'histoire.
Dès le XIe siècle, Richard de Bienfaite était un des principaux personnages
du duché de Normandie; il était fils de Gislebert, comte de Brionne, et
petit-fils de Godefroy, comte d'Eu, enfant naturel du duc Richard 1er. Le
seigneur de Bienfaite suivit Guillaume à la conquête de l'Angleterre et
devint grand justicier de ce royaume, où il posséda des biens immenses. Son
fils aîné fut l'auteur des comtes de Clare, de Hertford et de Glocester,
éteints au XIVe siècle. Un second fils, Roger, fut seigneur d'Orbec et de
Bienfaite; mais il mourut sans postérité, vers 1130, laissant ces terres à
un fils cadet de son frère aîné, Gilbert, qui devint comte de Pembroke, en
Angleterre. Un fils puîné de celui-ci, nommé Landric, laissa lui-même deux
fils, Guillaume et Hugues d'Orbec, ancêtre des seigneurs du Plessis-d'Orbec.
Guillaume peut être regardé comme l'aïeul d'Etienne de Bienfaite, qui reçut
du roi saint Louis d'importantes concessions dans Orbec. Un second Etienne
de Bienfaite fut grand-maître des Eaux et Forêts et un des principaux
conseillers de Philippe le Bel. La ligne directe des seigneurs de Bienfaite
se termina par une fille, qui épousa, vers 1437, un parent éloigné, Jean
d'Orbec, seigneur du Plessis-d'Orbec. Le château de Bienfaite resta
l'apanage de la maison d'Orbec, et sa principale résidence jusqu'à son
extinction, en 1610. Louis, dernier baron d'Orbec et de Bienfaite, laissait
deux sœurs; Louise, l'aînée, épouse de Jean du Merle, eut en partage le
Plessis-d'Orbec; Bienfaite échut à la cadette, Esther d'Orbec, mariée à Jean
de Bouquetot. Cette terre fut ensuite transmise à Louise de Bouquetot, sa
fille, qui épousa Henri de Chaumont-Guitry, baron de Lesques. Elle est
restée dans la famille de Chaumont-Guitry jusqu'en 1840. Mise en vente, elle
fut alors acquise par le comte Durey de Noinville; M. le comte de Noinville,
son petit-fils, capitaine au 24e régiment d'infanterie, en était
propriétaire à la fin du XIXe siècle.
Le château primitif de Bienfaite, situé sur la pointe escarpée qui domine,
d'un côté, la vallée d'Orbec et, de l'autre, celle de la Cressonnière, fut
détruit et rasé jusqu'aux fondements, dans les guerres du règne de Charles
V. Un nouveau château fut construit peu après, au fond de la vallée
qu'arrose le cours d'eau venant de la Cressonnière. Le château de Bienfaite,
entouré de grands arbres, est blotti entre l’église et le village. Sur le
versant orienté plein ouest, l’ensemble compose un charmant tableau parmi
les collines rondes et verdoyantes aux sommets couronnés de bois. Devant la
façade ouest, une large échancrure dans la ripisylve du ruisseau ménage des
vues sur les prairies de fond de vallée et les champs cultivés qui occupent
le bas des pentes. A l’est le parc est longé par un mur en argile à silex
chaîné et couronné de briques, à l’intérieur des communs s’y appuient. Le
portail d’entrée, massive ferronnerie du XIXe siècle, s’ouvre entre deux
piliers de pierres calcaires en bossage alternées de briques. Depuis 1850 le
parc et le château ne semblent pas avoir beaucoup changés. L’entretien du
domaine est effectué sans excès et les magnifiques arbres ombragent toujours
la propriété. Seuls les massifs floraux du comte de Noinville qui ornaient
la façade d’entrée ont été remplacés par une pelouse circulaire bordée
d’allées. (1)
château de Bienfaite 14290 Saint-Martin-de-Bienfaite-la-Cressonnière,
propriété privée, tel 02 31 32 56 68, visite libre du parc pour les Journées
du Patrimoine.
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