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Le château se trouve presqu'à l'entrée
d'un étroit vallon, à cinq kilomètres de Lisieux, dans la commune et en face
de la porte de l'église de Saint-Germain de Livet. Il est entouré de larges
fossés, remplis d'une eau limpide et profonde. Il se compose de deux parties
bien distinctes: un manoir en bois, construit au XVe siècle, et des
bâtiments en pierres et briques, datant d'une période avancée de la
Renaissance, mais conservant le cachet d'élégance de cette époque. Entre ces
deux parties le contraste est frappant; on peut se placer devant l'entrée de
manière à ne distinguer que les édifices les plus ornés, et se croire devant
une charmante résidence seigneuriale du XVIe siècle; mais en pénétrant dans
la cour, on trouverait des désillusions. Celui qui a élevé les gracieuses
constructions qui précèdent et dissimulent le manoir, projetait, sans doute,
de le remplacer par un château en rapport avec de telles dépendances.
Pourquoi son plan est-il resté sans exécution Les circonstances l'expliquent
suffisamment: les travaux furent interrompus au début des troubles de la
Ligue. Il serait difficile de décrire ces constructions d'une manière plus
précise et plus claire qu'elles ne l'ont été en quelques lignes consacrées
par la Statistique monumentale de M. de Caumont au château de Livet: "Son
plan est un pentagone régulier. Le pavillon d'entrée, qui regarde l'Orient,
est bâti en échiquier de pierres et de briques vernissées, alternativement
rouges et vertes. Deux sveltes tourelles à toit conique flanquent ses
angles. La porte, accompagnée d'un portique; tourelles à toit conique
flanquent ses angles. La porte, accompagnée d'un portique d'ordre
corinthien, porte la date de 1584. Une fenêtre à fronton triangulaire,
accostée de niches pour des statues, éclaire la salle supérieure. Le toit,
en ardoises, est coupé par une lucarne en pierre.
Un grand bâtiment de construction identique fait suite au pavillon vers le
midi, remplissant le second côté du pentagone. Le rez-de-chaussée, consacré
à des magasins, ne reçoit la lumière que par trois petites ouvertures
circulaires. L'étage supérieur est percé de trois belles fenêtres,
semblables à celles des tourelles du pavillon, qui alternent avec les niches
dont les statues ont disparu à la Révolution. A l'extrémité de ce bâtiment
s'élève une tour toujours construite avec les mêmes matériaux, revêtue de la
même ornementation. Sa corniche est garnie de mâchicoulis". Notons que sur
la cour intérieure, un cartel donne la date de 1588. Le manoir, construit en
bois de chêne de fortes dimensions, est, à l'extérieur, dépourvu
d'ornementation sculpturale. L'intérieur, qui abondait autrefois en détails
caractéristiques et curieux, a été complètement remanié par un des
précédents propriétaires, et ne mérite plus d'être examiné. Saint-Germain de
Livet a été connu autrefois sous les noms de Livet-le-Baudouin et de
Livet-Tournebu, l'un et l'autre tirés de ses anciens seigneurs. Celui qui
remonte à la date la plus reculée, vient de Baudouin Tyrel, vivant vers le
milieu du XIIe siècle. Sa famille est la première que l'on trouve en
possession de la seigneurie de Livet; était-elle une branche des Tyrel,
sires de Poix? C'est assez vraisemblable, mais non exactement prouvé. Elle
s'éteignit en Nicole Tyrel, héritière de Livet, qui fut mariée, le 7 mai
1352, à Ancel Louvet, issu d'une famille qui a donné son nom à
Bonneville-la-Louvet, et à Fontaine-Ia-Louvet, dans le Lieuvin. Leur
arrière-petite-fille, Jeanne Louvet, épousa Pierre de Tournebu et lui
apporta la terre de Livet, à laquelle son nom de famille devait rester
longtemps attaché; sa postérité l'a possédée jusque dans le XVIIIe siècle.
Les Tournebu, connus depuis le temps de Guillaume le Conquérant, ont compté
parmi les bannerets normands; ils figuraient à l'Échiquier de la province,
tant à cause de leur baronnie du Bec-Thomas que ne celle ae Tournebu. Les
aînés de cette maison se sont éteints, au milieu du XVe siècle, dans la
personne d'Alix, qui porta en mariage la baronnie de Tournebu à Jean de
Thère, gentilhomme du Cotentin. Il s'était formé de nombreuses branches
collatérales dont une seule, établie depuis le XIVe jusqu'au XVIIIe siècle a
Clécy, sur les bords de l'Orne, subsiste à la fin du XIXe siècle. Pierre de
Tournebu, qui devint par son mariage seigneur de Livet, était le propre
oncle d'Alix. Après lui Jean, son fils, marié à Jeanne de Betheville, et
Jacques, son petit-fils, époux de Geneviève PiIIois, dame du Pont-Mauvoisin,
restèrent fixés dans le vieux manoir que l'on voit encore à Livet. Le
dernier fut père de Jean de Tournebu, qui épousa, en 1555, Marie de
Croismare; c'est ce seigneur qui fit construire la partie monumentale du
château de Livet et la chapelle seigneuriale, où se trouvaient, avec sa
statue tombale, celles de son épouse et de son fils, Robert de Tournebu,
mort en 1614. Celui-ci laissa de son mariage avec Madeleine Seghizzo, dame
châtelaine de Bouges, grande terre située entre Châteauroux et Valençay,
deux fils et plusieurs filles. Le fils aîné, Anne de Tournebu, fut seigneur
de Livet et président aux requêtes du Parlement de Normandie; il épousa
Françoise de Prunelé, héritière de la baronnie d'Esneval. Ses deux fils
moururent sans postérité et ce fut par sa fille, Madeleine de Tournebu,
mariée à Claude Le Roux de Cambremont, en 1644, que cette baronnie fut
transmise à la famille Le Roux d'Esneval. Antoine de Tournebu, second fils
de Robert, fut seigneur de Bouges, du Mesnil-Eudes et du Pont-Mauvoisin.
Marié deux fois, d'abord à Jeanne de Courtarvel, en 1618, puis à Jacqueline
Gruel de la Frette, il eut huit enfants de ces deux mariages.
Il termina ses jours d'une étrange manière: poursuivant, un bâton à la main,
une servante contre laquelle s'était allumée sa colère, il tomba dans son
escalier si malheureusement qu'il se tua. C'est au Pont-Mauvoisin, curieux
petit château du XVe siècle, qu'il rencontra ce triste sort. Son fils aîné,
François de Tournebu; ayant épousé la riche héritière d'un maître de forges,
Marie de Guitton, put, en exerçant le droit de retrait lignager, rentrer en
possession de la terre de Livet, dont les créanciers de ses cousins avaient
exigé la vente. Pierre de Tournebu, l'aîné de ses fils, épousa Elisabeth Le
Couteulx, et acquit à son tour, en 1701, du Rhingrave de Salm, la baronnie
de Tournebu, ancien patrimoine de ses ancêtres. Mais il eut l'affliction de
survivre à son fils unique, Jean-Henri, marquis Tournebu, et, à sa mort, en
1735, sa succession passa à une nièce, en qui devait s'éteindre la ligne des
seigneurs de Livet-Tournebu. Cette dame n'eut point d'enfants d'un premier
mariage avec M. de Bernières de Mondrainville; elle était sexagénaire quand
elle se remaria avec M. Louvel de Janville, président à la Cour des comptes
de Normandie. Elle a vécu jusqu'en 1811, et a légué ses biens à plusieurs
membres de la famille de Foucault, ses parents en ligne collatérale qui
descendaient d'une demoiselle de Tournebu. La terre de Livet fut morcelée.
Madame Dubuisson, née de Foucault, ayant eu dans sa part le château, y fit
exécuter des travaux d'un effet regrettable; elle l'a vendu quelques années
après à Madame veuve Gobley, qui le possédait encore à la fin du XIXe
siècle. (1)
Éléments protégés MH : la porte principale avec ses deux tourelles, la tour
du midi et la galerie lui faisant suite, la salle d'angle du rez-de-chaussée
avec sa cheminée et ses peintures, la cheminée du premier étage : classement
par décret du 21 mars 1924. Le bâtiment du château construit partie en
pierre et partie en pans de bois où se trouvent une salle et deux cheminées
déjà classées: classement par arrêté du 7 janvier 1959. Les façades et les
toitures du bâtiment du gardien et de l'ancien moulin dépendant du château,
les façades et les toitures de l'ensemble des bâtiments de la ferme du
château, le système hydraulique avec les douves: inscription par arrêté du
10 décembre 2007. (2)
château de Saint Germain de Livet
14100 Saint-Germain-de-Livet, propriété de la ville de Lisieux depuis 1958,
le château de Saint Germain de Livet est une très pittoresque construction
entourée de douves, tél. 02 31 31 00 03, musée ouvert au public de
11h à 18h, fermé le mardi fermé du 1er au 15 octobre et du 1er décembre au
31 janvier.
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