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Château de Sainte Croix Grand Tonne (Calvados)
 
 

  Sainte-Croix-Grand-Tonne est un petit village situé entre Caen et Bayeux. La véritable orthographe de ce lieu devrait être Sainte-Croix-Grantonne. En effet, nous trouvons à la date de 1077, dans le cartulaire de l'abbaye de Mondaye, ce village indiqué sous le nom de Sancta Cruz de Grentone; plus tard, toujours au XIe siècle, Sancta Cruz de Grantonne; au XIIe, dans le cartulaire d'Ardenne, Sancta Cruz de Granthone; au XIIIe siècle, Sancta Cruz Super Grantone. Ce n'est qu'au siècle que nous voyons apparaître, francisé, ce nom de Grandthonne dont la consonance donnera lieu aux appellations successives de Grande-Tonne (1673) et même de Sainte-Croix-Grandthomme, en 1710; enfin, de Grandhomme en 1732 (cartulaire de Cordillon). Le château, siège jadis d'une importante seigneurie, possède encore quelques vestiges, malheureusement trop rares, de son passé. Les anciens propriétaires de ce domaine ont appartenu à des familles illustres; on voit figurer parmi eux, dès le XIIIe siècle, les d'Aigneaux. Au XVe siècle, la seigneurie de Sainte-Croix appartient aux Pellerin, écuyers, seigneurs dudit lieu. Dans le dernier tiers du XVe siècle, elle passe aux mains des Bricqueville, seigneurs de Bourneville, qui la conservent au XVIe siècle. C'est certainement l'un d'eux qui a fait élever la partie Renaissance du château. Au commencement du XVIIe siècle, elle est arrivée par mariage aux mains de Gilles Vipart, seigneur de Sainte-Croix et de Silly, époux de Catherine de Bricqueville, fille et héritière de Guy. Après lui vient Guillaume Vipart, marquis de Mont-Canisy, seigneur et châtelain de Sainte-Croix, dont la fille Suzanne épousa Louis de Madaillan de Lesparre, marquis de Montataire. La comtesse de Lassay, veuve de Louis de Lesparre, vendit, en 1761, la seigneurie de Sainte-Croix avec la terre de Cully, au comte de La Guiche, moyennant 350000 livres. Pendant tout le reste du XVIIIe siècle, c'est la famille de La Guiche qui possède le château qui, du reste, s'il faut en croire un manuscrit de Béziers, était en fort mauvais état, les châtelains ne l'habitant pas. Un de La Guiche, dénoncé par un de ses fermiers, fut arrêté dans son château et conduit à Paris où il fut exécuté en i793. Le château, qui avait dû être confisqué comme bien de condamné, fut affecté à un dépôt de sel, puis abandonné. Sans doute il n'avait pas été aliéné et dut être restitué à la famille de La Guiche, puisqu'en 1830 Madame de Chastenay, née de La Guiche, le possédait et y fit faire des réparations. A son décès, il échut par succession à Madame de Saint-Priest, née de La Guiche, et nièce de Madame de Chastenay , puis ensuite à la fille de Madame de Saint-Priest, épouse du comte Bernard d'Harcourt, ancien ambassadeur de France en Angleterre. Vers 1870 un riche propriétaire de Paris, M. Alexis Brion, se rendit acquéreur du domaine, qui passa ensuite à sa fille, mariée à M. Hector Passéa.
A une centaine de mètres de l'église, on aperçoit une grille, close de volets de fer, et accompagnée d'une loge de concierge. Dès que la grille s'ouvre, apparaît à la vue une magnifique allée de parc. A droite, un pavillon à toit élevé, à l'angle duquel est accolée une tourelle cylindrique en encorbellement et à toit demi-sphérique surmonté d'une petite lanterne à colonnettes, qui dénote une construction de la Renaissance. Par suite de la reconstruction et de l'élargissement du pavillon, une partie de sa lanterne est encastrée dans le mur voisin. Plus loin, à quelques pas, se trouve le château dont la façade ancienne est de ce côté dotée d'ne tour à pans coupes, dont la plate-forme, entourée d'une balustrade crénelée, est surmontée d'une espèce de guérite en pierres, terminée en poivrière et couvrant la vis de l'escalier accédant à la terrasse. Dans la façade s'ouvrent quelques fenêtres carrées aux meneaux en croix, au-dessus desquelles on peut admirer une haute baie cintrée, dont les meneaux et le balcon présentent de gracieuses découpures, malheureusement regrattées. C'est la seule partie du château qui ait conservé une physionomie ancienne. Sauf la petite tour qui nous semble remonter au XIVe ou XVe siècle, l'ensemble présente tous les caractères de la Renaissance. Si nous faisons le tour du château, nous avons sous les yeux la façade principale, laquelle a été complètement transformée. Rasés au-dessus du rez-de-chaussée, les étages ont été reconstruits dans un style tout moderne; le rez-de-chaussée lui-même, œuvre de la Renaissance, a été modifié pour se raccorder aux nouvelles constructions. Le château présente, à la fin du XIXe siècle, une longue façade à deux étages, simulant un pavillon central avec deux ailes; chacune de ces parties est surmontée d'un fronton à lignes courbes, dans le tympan duquel ont été sculptées les armoiries des précédents propriétaires, entre autres celles des de La Guiche, des Chastenay, des Clermont-Tonnerre, etc.
A droite du château, ombragée par de hauts platanes, s'élève une petite chapelle moderne, construite dans le style néo-gothique, accompagnée de deux contreforts; au-dessus s'élève un fronton aigu orné, comme eux, d'un pinacle. La porte d'entrée, à laquelle on accède par un perron de quatre marches, est décorée des armes accolées de Chastenay et de La Guiche. C'est, en effet, Madame la comtesse de Chastenay, née de La Guiche, qui a fait édifier cette chapelle. Aupès, une cascade, alimentée tant par les eaux de l'étang que par celles de la petite rivière La Thue, qui prend sa source non loin de là, et actionnée par un bélier hydraulique, que renferme une petite construction rustique, produit un ravissant effet. L'eau jaillit abondamment des rochers pour former un étang minuscule et va se répandre dans le parc en gracieuses sinuosités que traversent de place en place de nombreux ponts rustiques. Les serres du château sont remarquables et, outre une collection variée de palmiers, fournissent les fleurs diverses qui, dans la saison, ornent les nombreux massifs qui égayent les immenses pelouses. Il est regrettable que la hache ait abattu une grande quantité de vénérables et magnifiques arbres qu'on ne peut, hélas remplacer, bien que le zèle des propriétaires actuels ait cherché à réparer le mal en faisant de grandes plantations. Les générations futures en profiteront. Dans l'enceinte du parc, non loin de l'étang, il existe des vestiges de constructions souterraines, que les habitants du pays considèrent comme étant les anciens souterrains du château; leurs dimensions et leur forme ne nous permettent d'y voir que d'anciennes conduites servant à l'adduction des eaux dans l'étang. On remarque aussi dans le parc une petite source connue sous le nom de source de Madame, à laquelle, dans le pays, on attribue des vertus surnaturelles et qui, pensons-nous, est tout simplement une source d'eau fortement calcaire. Elle était protégée jadis par un petit édicule du XIe siècle qui a été restauré ou pour mieux dire reconstruit. (1)

Éléments protégés MH : les façades et les toitures du pavillon nord, du bâtiment situé au sud de ce pavillon y compris le porche d'entrée qu'il renferme : inscription par arrêté du 26 septembre 1969. (2)

château de Sainte Croix Grand Tonne 14740 Sainte-Croix-Grand-Tonne, tel. 06 52 85 33 23, propos la location de chambres d'hôtes.

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source de la photo par satellite : https://www.google.fr/maps

 
 


(1)
    source: La Normandie Monumentale et Pittoresque, (Calvados) Lemale & Cie. Imprimeurs, Éduteurs, achevé d'imprimer le 25 septembre 1897.
(2)    source :  https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee

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(IMH) = château inscrit à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques, (MH) = château classé Monument Historique
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