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Le château de Versainville est situé sur une
colline qui domine une des plus belles plaines de la Normandie. A l'est,
l'œil embrasse un vaste horizon de champs et d'herbages, jusqu'à la vallée
d'Auge; au sud-ouest, on découvre la ville de Falaise avec ses clochers
gothiques, aux flèches élancées, et la rivière de l'Ante aux gracieux
méandres. Le parc, entouré de murs et de sauts-de-loup affectant les formes
contournées du XVIe siècle, renferme des arbres séculaires et des sources
nombreuses et abondantes. Construit en pierres de taille, le château de
Versainville date de la fin du règne de Louis XIV. Il se compose d'un grand
corps de logis relié à une galerie terminée par un pavillon. Les deux
façades sont précédées de perrons élevés; du côté de l'arrivée, le perron en
granit, flanqué de deux sphynx, accède à un péristyle ouvert, dont la
colonnade, de l'ordre dorique, laisse apercevoir deux grandes statues: l'Air
et la Mer. La porte centrale ouvre sur le salon d'été, dont les lambris
blanc et or, sont décorés par des attributs de musique et de guerre. Le
salon d'hiver est garni de boiseries en chêne sculpté, rehaussées d'or; ces
boiseries encadrent trois grands panneaux en tapisseries de Beauvais,
représentant des sujets mythologiques et portant dans leur partie supérieure
les armoiries des Marguerit de Versainville d'or a trois roses ou
marguerites de gueules posées 2 et 1, et la devise: Nunquam marcessent. Les
autres pièces du rez-de-chaussée sont: un petit salon, la bibliothèque, la
salle à manger avec ses faïences de Rouen, de Nevers et des autres centres
de fabrications artistiques, avec son plafond couvert de peintures et de
tapisseries; le fumoir avec des murs revêtus de splendides boiseries
gothiques. Un grand escalier en pierre, muni d'une rampe en fer forgé, du
style Louis XV, donne accès à l'étage supérieur. Tous les appartements du
château sont garnis de consoles, de meubles de diverses époques, d'objets
d'art et d'un grand nombre de portraits signés Largillière, Aved, Nattier,
Court, Dubufe, Isabey, etc., rappelant le souvenir des membres de la famille
de Versainville qui ont pris part à la guerre et se sont illustrés dans les
différentes charges qu'ils ont occupées.
La famille de Marguerit de Versainville est une des plus anciennes de
France. L'un de ses membres, Béranger, prit la croix au XIe siècle, et alla
combattre les infidèles en Italie, Béranger devint amiral de la flotte
napolitaine, et l'histoire de Saladin le nomme le Roi de la mer. Presque
tous ses descendants furent massacrés, lors des Vêpres Siciliennes; l'un
d'eux, Pierre, réussit à se réfugier en Espagne. Élevé à la cour du roi
Ferdinand, Pierre accompagna Christopne Colomb dans ses voyages de
découvertes; deux de ses fils le suivirent dans ses expéditions. Ce fut l'un
d'eux, Pablo, dont le navire s'échoua sur les côtes de Normandie, à son
retour du Nouveau Monde, qui fonda la branche normande des Marguerit. L'un
de ses descendants, Philippe, seigneur d'Airan, d'Outrelaize, de Renemesnil,
Soignolles, patron de Saint-Hilaire-du-Harcouët, Saint-André-de-Briouze, la
Cour du Hou, la Motte sous Rouvres, mourut le i5 décembre 1573, âgé de cent
six ans. Un autre de ses descendants, Charles, obtint du roi Charles IX de
grands avantages en faveur de la foire de Guibray. Par lettres patentes de
décembre 1731, Louis XV conféra le titre de marquis à haut et puissant
seigneur François-Joseph Marguerit de Versainville, chevalier, haut
justicier, seigneur de Guibray, Estrées-la-Campagne, Condé, Maizières,
Cirfontaine, etc., président de la Cour des aides et finances de la
Normandie. Le marquis François-Joseph, épousa Marie-Thérèse de Chaumont,
fille de messire de Chaumont, marquis de la Galaizière, dont un fils,
messire Antoine-Martin de Chaumont, était gouverneur des duchés de Lorraine
et de Bar. Ce fut lui qui fit construire le château actuel. Antoine, marquis
de Marguerit de Versainville, fils du précédent, fut colonel du régiment
Royal-Lorraine; il hérita des biens de son père, et par son mariage avec
noble demoiselle Marie-Angélique Le Viconte, fille de Marie-Pierre-Armand Le
Viconte, chevalier, comte de Saint-Hilaire, devint seigneur de Maupertuis,
le Boutillier et Folleville.
Armand-Joseph, marquis de Marguerit de Versainville, chevalier de
Saint-Louis, officier aux Mousquetaires, mourut en 1859, à l'âge de
quatre-vingt-treize ans, sans avoir été marié. Sa sœur, Marie-Anne de
Marguerit de Versainville, avait épousé François-Philippe, comte Odoard du
Hazey, page à la Cour de Louis XVI, gentilhomme de la Chambre du Roi,
officier au régiment d'Orléans, puis colonel dans les armées royales,
chevalier de Saint-Louis et conseiller général de l'Eure, mort le 8 février
1870, dans sa centième année, en possession de toutes ses facultés et de son
brillant esprit. Son petit-fils, François-Gaston, comte Odoard du Hazey,
marquis de Versainville, ancien capitaine de cavalerie, chevalier de la
Légion d'honneur, a relevé le titre par substitution et restauré le château.
Il a écartelé ses armes, de gueules à trois molettes d'éperon d'or posées 2
et 1, au chef de même, chargé d'un lion passant de sable, avec l'écusson des
Marguerit de Versainville; il a épousé Marie-Clémence-Sophie-Josèphe Grandin
de l'Eprevier et en a eu deux enfants: Marie-Sophie-Gildippe, mariée à
Antoine-Marie-Pierre, comte de La Rochefoucauld, duc de La Roche-Guyon, et
François-Alexandre-Hugues. On retrouve encore dans la principale ferme de ce
domaine, des vestiges de féodalité. Une belle porte du style ogival,
surmontée, dit M. de Caumont, d'une accolade et d'un pédicule à pinacle et à
crochets, d'une délicatesse remarquable, donnant accès à la Plaidoirie et à
la Prison, évoque le temps où les seigneurs de Marguerit de Versainville
exerçaient sur leurs vassaux le droit féodal de haute et de basse justice.
(1)
Inscrit parmi les sites en 1942, le château et son parc ainsi protégés
devaient être à l’abri de toute dégradation due à la guerre. Il n’en fut
rien, pendant l’occupation le château abrite des salles de classe, puis les
troupes allemandes le mettent à sac avant de transformer son parc en atelier
de réparation de blindés durant la bataille de Falaise. La ville libérée,
les anglais y installent un hôpital. En 1947, le domaine est vendu à un
particulier qui le cède à son tour à la société Ford qui l’aménage pour les
colonies de vacances des enfants de ses employés. Les annexes sont
reconstruites dans les années 50 à l’emplacement des anciennes écuries. Le
château de Versainville conserve ses colonies de vacances jusqu’aux années
90 en appartenant successivement aux sociétés SIMCA, Talbot puis au groupe
Peugeot-Citroën. Dans la nuit du 1er au 2 juin 1981, le parc est
partiellement détruit par une tornade, 480 arbres centenaires sont couchés
par le coup de vent. Il n’est pas épargné non plus par la tempête de
décembre 1999 où d’autres arbres vénérables tombent à leur tour. Finalement,
en 2002, le groupe PSA propriétaire du château, le revend au descendant de
Jacques de la Rochefoucault, frère du comte Bernard mort en déportation.
Avec son épouse, il s’efforce de faire revivre le domaine. Après toutes les
vicissitudes de son histoire, le château de Versainville panse peu à peu ses
plaies. L’actuel propriétaire s’efforce de redonner au domaine un peu de son
éclat passé, mais la tâche est immense. Le site conserve toutes ses qualités
paysagères et le premier coup d’œil sur le château et son parc est encore
impressionnant. Rien ne semble plus le menacer d’avantage que tous les aléas
qu’il a subit au cours de sa longue existence.
Éléments protégés MH : le château à l'exception des parties classées :
inscription par arrêté du 6 janvier 1930. La porte à accolade de la ferme :
inscription par arrêté du 4 octobre 1932. Le parc du château : inscription
par arrêté du 6 février 2008. Les façades et les toitures du château, y
compris l'aile de 1912 : classement par arrêté du 23 juin 2008. (2)
Les amis du château de Versainville c/o Comtesse J. de La Rochefoucauld
14700 Versainville, tél. 02 31 40 04 28. Lieu privilégié, le château, son
parc serviront de cadre inoubliable pour célébrer le plus beau jour de votre
vie nous ferons notre possible pour nous adapter à la formule que vous
souhaitez et la disposition des lieux, le salon d’été, la grande salle à
manger et la grande galerie permet une grande flexibilité.
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