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En 1160, le fief de Victot est
entre les mains d’Hugues de Victot. Une première forteresse se dresse dans
le vallon de la Dorette, affluent de la Vie, qui alimente ses douves. Le
château demeure dans la même famille jusqu’au XVe siècle où Jeanne Gosse,
dernière de la lignée, épouse Guillaume Boutin. Le château durement éprouvé
par la guerre de cent ans est complètement reconstruit en 1570-1574. Son
constructeur, Philippe Boutin, fait édifier deux châteaux sur l’esplanade de
la vieille forteresse, sans doute pour y loger toute sa famille. En cette
période de guerre, la demeure conserve une fonction défensive avec douves,
pont-levis et meurtrières. Mais c’est également une agréable demeure de la
Renaissance avec ses grandes fenêtres à meneaux et la richesse colorée de
son décor, damiers de briques roses et de pierres calcaires. Les hautes
toitures sont constituées de tuiles vernissées aux tons jaunes, bruns et
verts avec des épis de faîtage en faïence. Deux ailes en équerre ferment le
côté nord et ouest d’une cour carrée. On y accède en franchissant un
pont-levis qui aboutit à la porte d’entrée de l’aile nord. C’est sans doute
la partie la plus ancienne, en damiers de briques et de pierres sur deux
niveaux, elle est encadrée de deux tours carrées formant pavillons. L’aile
Est est construite en bandes alternées de briques et de pierres, tandis que
des communs s’étendent au nord, sur trois côtés d’une cour carrée. Des murs
d’enceinte longent probablement les douves qui se prolongent au sud par des
plans d’eau. Au XVIIe siècle, les deux châteaux sont réunis par un bâtiment
à colombages, aujourd’hui essenté d’ardoises. En 1798, le château est vendu
à Pierre Aumont, issu d’une famille réputée pour ses compétences dans
l’élevage du cheval. Fournisseur général des chevaux de la Grande Armée,
sous le Premier Empire, il fait bâtir les écuries qui encadrent la cour
d’accès, au début du XIXe siècle (elles figurent sur le cadastre napoléonien
de 1811). Son troisième fils, Alexandre, est un passionné d’élevage qui fait
la renommée du haras de Victot tout au long du XIXe siècle. Ses descendants
maintiennent la réputation du célèbre élevage. En 1943, le rapport
d’inspection pour le classement au titre des sites décrit le château et ses
abords : "le château en brique et chaînage de pierres, est recouvert de
tuiles émaillées,c'est un des plus purs joyaux du Pays d’Auge... Planté au
milieu d’une douve qui s’insinue dans tout le domaine, et dans laquelle il
se mire... Les beaux herbages qui l’entourent sont ceints d’une frange
d’arbres magnifiques en travers desquels le château et sa chapelle (XVIe
siècle)... font un charmant effet. Il faut signaler tout particulièrement
les magnifiques platanes bicentenaires qui bordent la route et qui ne sont
que trop tentants pour la concupiscence des abatteurs d’arbres". Le
terre-plein du château, la prairie du nord et celle du sud jusqu’à la
Dorette sont classés parmi les sites en mars 1943. Depuis Pierre Aumont, le
château de Victot est la propriété de la même famille. Le haras, toujours
réputé pour la qualité de ses chevaux, est loué à un éleveur. Au pied de
l’escarpement du Pays d’Auge, le château de Victot est assis dans la riche
plaine de la basse vallée de la Dives. Sur la route de Beuvron-en-Auge,
l’entrée s’ouvre en face de l’église. L’allée vers le château est ombragée
d’un double alignement de vieux platanes reliés par une haie basse taillée.
A l’extérieur, des lisses blanches enclosent des herbages où s’ébattent des
chevaux. A droite de l’allée, une grande prairie plane s’étend jusqu’au
cours sinueux de la Dorette, masquée par sa ripisylve. Sur la gauche, un pré
précède l’ancien enclos paroissial. Une chapelle, flanquée d’un petit porche
en bois se blottit sous de grands marronniers, tilleuls, platanes et un
magnifique frêne. Au sud de l’édifice, un if vénérable se dresse près du
clocher effilé. Des tombes parsèment le sol engazonné sous le couvert des
grands arbres. Sur l’allée d’accès, un grand hêtre marque l’entrée du
château. Pour accéder à la grande cour, une chaussée franchit une large
douve, qui traverse la propriété d’est en ouest. Sur la droite, le château
se dresse sur une esplanade entourée d’eau. C’est un véritable joyau
d’architecture augeronne sans ordonnance savante des bâtiments qui occupent
deux côtés du terre-plain. Ses murs, qui surgissent de l’eau, mêlent des
damiers de pierres et de briques, des essentes d’ardoises et des décors
losangés de briques vernissées. Les couleurs chaudes des bâtiments sont
rehaussées par les toitures de vieilles tuiles et d’ardoises ainsi que
celles, plus extraordinaires, composées de tuiles vernissées en écailles qui
laissent deviner les anciens motifs. Devant le château, l’ancienne
basse-cour est entourée sur trois côtés par des bâtiments bas coiffés de
tuiles et d’ardoises. Logements et écuries sont construits à pans de bois
sur un haut sous-bassement de pierres ou de briques. Une vaste pelouse,
traversée d’une allée, occupe tout l’espace avec, en son centre, trois
superbes marronniers. C’est un magnifique ensemble, charmant et modeste, qui
se développe sur près de 200 mètres. Derrière l’aile ouest des écuries, se
dissimulent diverses constructions agricoles ; écurie, hangar, grange... Au
nord, au-delà du fossé qui entoure la cour, une grande prairie close de
lisse en bois, s’étend entre des haies de feuillus. Seule une petite écurie
à pans de bois s’y élève, au centre de la bordure Est. Derrière l’aile Est
d’autres bâtiments délimitent une petite cour rectangulaire ornée d’une
pelouse. Tout au bout, l’ancienne basse-cour se termine par un terre-plain
entouré d’eau et d’un double alignement de hêtres sur trois de ses côtés. Il
ne faut pas quitter Victot sans emprunter le petit chemin qui longe la
grande douve sud. La terrasse du château se découvre à travers les trouées
des grands arbres qui la bordent. Les superbes bâtiments, tout de roses et
d’ocres, se contemplent dans les eaux dormantes dans le clair-obscur de la
lumière filtrée par les frondaisons. Tout au bout, un petit pont de bois
vermoulu, traverse la pièce d’eau. De là, tantôt éclatants de verdure ou
parés des chaudes couleurs de l’automne, frênes, hêtres, ifs, érables... se
dédoublent sur le miroir d’eau pour composer un tableau magnifique que
n’auraient pas renié les grands maîtres de l’Impressionnisme.
Éléments protégés MH : le château, à l'exclusion des parties classées :
inscription par arrêté du 9 février 1927. Les façades et les toitures du
château, les douves qui l'entourent avec le miroir d'eau qui les alimente,
le sol de la cour intérieure : classement par arrêté du 27 juillet 1953. Les
bâtiments du haras en totalité, la chapelle en totalité, le système
hydraulique des douves : inscription par arrêté du 28 novembre 2003. (1)
château de Victot 14430 Victot-Pontfol, situé au sud de Beuvron-en-Auge,
face à l’église paroissiale, dans le vallon de la Dorette, propriété privée,
ne se visite pas.
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