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Nous ne saurions mieux faire que de reproduire textuellement le passage que
M. de Caumont consacre, dans sa Statistique monumentale du Calvados, à cette
intéressante demeure seigneuriale. "Le Mesnil, petit château de la fin du
XVIe siècle ou du commencement du XVIIe, se trouvait sur les confins de la
commune de Vienne, vers Bayeux; c'était une maison, assise au fond d'une
cour, garnie de murs et d'autres constructions; elle donnait sur une pièce
d'eau. En avant se trouvaient deux quinconces de chênes séculaires et une
avenue se prolongeant jusqu'à la route. Le château a été détruit par mon
grand-père, en 1780, pour construire, sur le même emplacement, l'édifice qui
existe aujourd'hui (1825). Les avenues ont été abattues en 1802. Quelques
années avant la Révolution, avant que mon grand-père se décidât à
reconstruire l'habitation, le manoir du Mesnil offrait de l'intérêt par sa
conservation et son style sans mélange. Le château devait ressembler à
l'hôtel La Caillerie de Bayeux; il avait appartenu à la même famille, et
j'ai bien des motifs de croire qu'il avait été bâti à peu près dans la
première moitié du XVIIe siècle. Ce que j'ai encore vu des bâtiments qui
entouraient la cour, m'a fait plus d'une fois regretter qu'on ait substitué
au vieux manoir le petit château moderne qu'on voit aujourd'hui (1825). Les
bâtiments accessoires n'ont été détruits que longtemps après; ils étaient
composés d'une grande porte pour les charrettes, et une plus petite pour les
piétons; au-dessus de celle-ci se trouvaient les armoiries de la famille de
La Caillerie; d'une grange flanquée de contreforts très saillants et garnie,
sous le larmier, d'un rang de trous à pigeons en pierre de taille; et d'une
construction quadrangulaire surmontée d'un toit à double égout, avec des
lucarnes assez élégantes, et destinée à loger des pigeons.
Cette fuie renfermait, dit-on, plus de neuf cents niches pratiquées dans
l'épaisseur des murs, toutes en pierre de taille. Les pigeons entraient non
seulement par les lucarnes ouvertes au milieu du toit, mais aussi par des
ouvertures cintrées, géminées, pratiquées sur deux faces de l'édifice, à peu
près au milieu de son élévation. Le rez-de-chaussée de la fuie était occupé
par des caves et l'on ne pouvait atteindre à la porte qu'au moyen d'une
échelle. Je donne ces détails pour faire connaître la disposition des fuies
dans la Basse-Normandie; elles y deviennent rares comme les colombiers, et
bientôt on n'en verra plus. Celle du Mesnil, qui n'a été démolie que depuis
quinze ans, était une des plus vastes de la contrée. Le puits du Mesnil
subsiste encore; le toit quadrangulaire, en charpente, est porté sur quatre
colonnes cylindriques en pierre. Le jardin était entouré de murs, garnis de
beaux espaliers et planté d'arbres fruitiers de toute espèce, disposés en
lignes droites le long des allées. Avec ses plates-bandes bordées de buis,
et sa pièce d'eau, ce jardin conservait au commencement du XIXe, la
physionomie d'un jardin du XVIIe siècle. Madame la comtesse de Bellefont, ma
sœur, qui possède aujourd'hui (1825) la terre du Mesnil, a continué l'œuvre
de mon grand-père et de mon père, et elle vient de faire démolir les
derniers bâtiments anciens, par suite des travaux qu'elle a fait exécuter
aux alentours de l'habitation. Le reste des puits seul a été ménagé".
Ajoutons à cette Notice, empruntée à M. de Caumont, que le Mesnil
appartenait à la fin du XIXe siècle à M. le comte de la Loyère, neveu de
l'auteur de la Statistique monumentale du Calvados, cette œuvre si savante
et si complète qui sert de modèle et de guide à toutes les personnes qui
s'occupent de l'archéologie de ce département. (1)
château des Mesnils 14400 Vienne-en-Bessin, propriété privée, ne se visite
pas. En 1932, le logis est ruiné par un incendie et semble abandonné depuis.
Orangerie transportée au château des Capelles sis dans la même commune.
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