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Château du Sailhant à Andelat
 
 

   A six kilomètres de Saint-Flour se dresse le château fort de Saillans qui fut le siège d'une importante baronnie dont l'existence est antérieure au Xe siècle; il appartint à de puissants Seigneurs et joua un grand rôle aux époques les plus troublées de l'histoire de la Haute-Auvergne. Le château, de forme triangulaire, est bâti sur un promontoire basaltique très élevé et taillé à pic de trois côtés. L'étroite bande de terrain, contrefort extrême du vaste plateau de la Planèze, qui le rend seul accessible du côté nord était défendue par de solides fortifications construites suivant tous les principes de l'art militaire du Moyen-Age. Le Seigneur de Saillans possesseur d'un vaste territoire et d'un château bien fortifié était un des plus puissants seigneurs du Haut-Pays de la Haute-Auvergne. Au commencement du XIe Siècle la terre de Saillans était entre les mains de Etienne de Saillans que Teillard, dans son histoire manuscrite de l'Auvergne cite au nombre des personnages importants de l'époque. Il lui donne pour père Guy qui devait être lui-même fils de Jacques qui vivait en 860. Au cours du siècle suivant nous ne trouvons le nom de Saillans dans aucun acte public et il faut aller jusqu'à la fin du XIIIe siècle pour avoir la preuve que cette puissante famille tenait toujours son rang dans la noblesse de la Haute-Auverge. En l'année 1285 Bérenger de Saillhans souscrivit à Saint-Flour au traité intervenu entre le vicomte de Murât et le Comte de Rodez. Bérenger de Saillans fut le dernier de son nom. Sa fille "La Demoiselle de Saillans" par son mariage avec Bertrand 1er de Rochefort seigneur d'Aurouze fit passer la terre de Saillans dans cette maison. En 1309, Bertrand 1er de Rocheford rendit hommage à l'évêque de Clermont pour les dîmes de sa seigneurie de Saillans ainsi que pour celles de Talizat. En 1302, ayant eu des démêlés avec les habitants de Saint-Flour il combattit, avec l'aide de Bernard et de Géraud de Rochefort, les Sanflorains dans la plaine de Barret, non loin de Sébeujol. La querelle se termina par un traité en vertu duquel la ville de Saint-Flour devait payer 90 livres au seigneur de Saillans pour mauvais traitements faits à ses gens.
En 1358, nous trouvons Bernard de Rochefort qui possédait non seulement le château de Saillans, mais aussi celai de Mont brun près Lavastrie, ainsi qu'il résulte de la requête qu'il présenta alors au Roi pour obtenir justice des habitants de Saint-Flour qu'il accuse d'avoir participé à la prise de ce château. Il fut donc grandement troublé dans ses possessions qu'il récupéra difficilement et assez longtemps après. Nous voyons en effet qu'en 1359, suivant la résolution prise aux Etats, le sénéchal de Beaucaire, le vicomte de Narbonne et plusieurs nobles gens d'arme du Languedoc, Jean, comte d'Armagnac, le comte de Montfort, le Dauphin d'Auvergne et les barons de ce pays s'assemblèrent et s'équipèrent à Clermont. Ils allèrent ensuite combattre les Anglais et s'emparèrent de la plupart des villes ou places qu'ils occupaient en cette province, mais ils ne purent les reprendre toutes. En 1374 Jean de Mello évêque dé Clermont, lieutenant général du duc de Berry en Auvergne, et Béraud Dauphin, comte de Clermont, assemblèrent les trois Etats à Clermont pour traiter avec les capitaines anglais qui s'engagèrent à quitter les châteaux et places qu'ils tenaient encore au pays, moyennant une somme de deniers, vaisselle d'argent et draps de soie qui leur lut accordée. Le château de Saillans avait sans doute été repris lors de l'expédition de 1359, car il n'est pas question de son rachat. Le siège du baillage royal fut transporté à Andelat en 1360, paroisse toute voisine du château de Saillans. Ce n'était pas pour les seigneurs de Saillans un voisinage très agréable, car les baillis royaux avaient pour mission de connaître en appel des sentences rendues par les justices seigneuriales. Les nobles avaient assurément été maintenus dans leurs privilèges de justice confirmés par lettres patentes de 1319, mais ces lettres n'en contenaient pas moins des réserves, des restrictions qui devaient constituer la juridiction des officiers royaux. C'est avec ces restrictions que les Rois parvinrent à ramener toute justice à leur autorité.
Bernard de Rochefort compatissant au triste sort de ses censitaires, accorda des franchises aux habitants de la terre de Saillans. Il transigea avec eux, du consentement du Dauphin d'Auvergne et de l'évêque de Clermont leurs seigneurs suzerains, sur "les droits de corvées et bouades, manoeuvres, leydes, banalité de fours et moulins, droits de noces et de moissons, lods et ventes, communaux, etc". Sa présence dans le pays n'empêcha pas les anglais de s'emparer pour la seconde fois du château de Saillans. Béraud de Rochefort se réfugia à Saint-Flour dont son oncle Pons d'Aurouze occupait le siège épiscopal. En 1378 Béraud de Rochefort avait eu à souffrir des mauvais traitements de plusieurs officiers du comte de Boulogne qui dans une folle entreprise contre la ville de Saint-Flour avaient réussi à le faire prisonnier. Il mourut à Saint-Flour avant la délivrance de son château de Saillans. Les registres consulaires indiquent que son service funèbre fut célébré le 22 décembre 1382 par l'évêque son oncle. Le 2 juin 1384 le château fut libéré des anglais grâce à l'intervention de Arnaud D'Albret, seigneur de Sainte Bazeille, et frère du sire d'Albret, beau-frère du roi Charles V. La garde du château de Saiîlans fut confiée à Girardin le Chambrier. D'après l'ordre de substitution établi par Bertrand 1er et Bertrand II, son oncle Pons d'Aurouze, évêque de Saint-Flour lui succéda dans les biens de sa famille. Il ne put entrer en possession du château de Saillans qui était alors entre les mains des anglais; il était encore en leur pouvoir au moment de sa mort le 9 janvier 1383. Tous ses biens dont la seigneurie de Saillans passèrent à sa nièce Françoise d'Aurouze, mais cette succession qui lui revenait de droit lui fut disputée par ses neveux, fils de Robert de Courcelles de Breuil et de Dauphine, fille de Bernard de Rochefort, frère de Pons.
Le procès qui en résulta dura longtemps et ne se termina que par la mort de tous les descendants de Robert de Breuil. Pendant cette longue période, et quoique l'affaire fut en litige, les descendants de Françoise d'Aurouze portèrent ainsi qu'ils en avaient le droit, le titre de seigneurs de Saillans, mais il ne parait pas qu'ils aient jamais habité le château: ils étaient fixés à Combronde. Par son mariage avec Robert III de Combronde, dit "Le Fou", Françoise d'Aurouze avait fait entrer la seigneurie de Saillans dans la puissante maison des Dauphin de Saint-Ilpize. Le château de Saillans ayant été évacué par les anglais le 2 juin 1384, c'est à cette date qu'il leur fut rendu. Au début du XVe siècle Béraud Dauphin III étant mort sans enfants, sa soeur Blanche Dauphine recueillit sa succession et la transmit à son fils Béraud de Lespinasse qui prit le nom de Béraud Dauphin IV par suite de la donation que sa mère lui fit des terres de Saint-Ilpize, Combronde, Saillans et Pronsat, à charge de porter le nom et les armes de la maison des Dauphins d'Auvergne. Blanche Dauphine avait épousé le 29 mai 1425 Jean de Lespinasse, écuyer, fils de noble et puissant seigneur messire Philibert de Lespinasse, dit Cormoran, chevalier, seigneur de Lespinasse. Par traité du même jour elle avait par avance renoncé à la succession de son père Béraud II au profit de son frère Béraud III. Il est dit dans cet acte "qu'estant appanée et estant contente, elle renonce par exprès à la succession de son père au profit de son frère, lui délayssant tout droit de possession,saisine et réclame qu'elle y avait moyennant quatre mille écus d'or, chaque écu valant XXVI sols, VI deniers tournois, que son père lui avait lé gués par testament et ordonné être constitué en dot quand elle serait en hage d'être mariée, son frère devant faire les frais de robes et festins des nopces, ne pouvant la dite fille autre chose demander des biens de son père". Ces conditions furent ratifiées dans son contrat de mariage et approuvées par sa mère Pbilippie de Veauce, son mari Jean de Lespinasse et son beau père Philibert. Ils jurèrent de respecter les volontés de Béraud II et renoncèrent au profit de Béraud III à tous les droits qu'ils pouvaient avoir sur les successions échues de Robert Dauphin, leur oncle, et de Guichard II seigneur de Jaligny.
Béraud III fut un riche seigneur, mais comme il ne laissa pas d'enfant pour lui succéder, tous ses biens revinrent à sa mort à sa soeur Blanche Dau phine qui rentra ainsi en possession de toutes les seigneuries et de tous les droits auxquels elle avait du renoncer par contrat de mariage. Son fils Béraud IV qui à ces nombreux biens devait ajouter les possessions de Jean de Lespinasse, son père, fut donc un seigneur bien apanagé. La seigneurie de Saillans dont Béraud IV recouvra la légitime possession venait de traverser encore une période troublée. Le 26 octobre 1437, la forteresse de Saillans qui pour la quatrième fois avait été occupée pas surprise était imprenable lorsqu'elle était défendue par de hardis soldats. Il est donc permis de supposer que si elle avait toujours été gardée elle n'eut jamais été prise. Lorsque les routiers de Villandrando s'en emparèrent, le château était en quelque sorte à l'abandon. Béraud III était mort et Béraud IV était très jeune encore; sa mère Blanche Dauphine avait recueilli pour lui la succession, mais le procès intenté par les héritiers de Robert de Breuil aux descendants de Françoise d'Aurouze suivait son cours et pendant la durée de cet te longue instance le château resta inhabité. L'imprenable château de Saillans fut racheté: il dut être évacué vers la fin de 1440 après une occupation de trois ans environ. Béraud IV dernier représentant des dauphins d'Auvergne mourut en 1482, avant Pâques. Il s'était marié deux fois, mais il n'eut pas d'enfants mâles. Sa première femme fut Antoinette de Chazeron, fille de Jean de Chazeron et de Catherine d'Apchier (petite nièce du pape Clément VI): ils eurent une fille, Louise, qui ne se maria pas. De sa deuxième femme, Antoinette de Polignac, fille de Guillaume II, vicomte de Polignac, il eut encore une fille, Françoise qui épousa Guy d'Amboise, seigneur de Ravel.
Françoise apporta en dot à son mari les seigneuries de Saint-Ilpize, Combronde et Saillans qui passèrent ainsi dans la maison d'Amboise: elles ne devaient d'ailleurs pas y rester longtemps. L'année même de la mort de sa soeur Catherine, Antoinette d'Amboise déjà veuve de Jacques d'Amboise, seigneur de Bussy, son parent, épousa Antoine de la Rochefoucauld, seigneur de Barbezieux. Ce seigneur, second fils de François 1er de la Rochefoucauld, prince de Marcillac, et de Louise de Crussol était, dès l'âge de 14 ans en 1485, l'un des cent gentilshommes de la maison du roi. Il devint ensuite chevalier de l'Ordre, capitaine de cinquante hommes d'arme, général de la marine française en 1528, gouverneur de Paris et de l'Isle de France en 1532, sénéchal d'Auvergne la même année, puis grand sénéchal de Guienne. En 1525 il avait été fait prisonnier à la bataille de Pavie; il mourut en 1537. Antoinette d'Amboise, dame de la Rochefoucauld hérita en 1525 de son cousin Georges d'Amboise qui fut tué à la bataille de Pavie. Elle entra ainsi en possession des terres de Chaumont, de Meilhau, de Charenton et de Linières, Elle se désintéressa alors de la baronnie de Saillans qu'elle vendit, peu de temps après la mort de son mari à Anne Hénard, veuve elle-même de Antoine Dubourg, chancelier de France, pour 200 écus d'or et 30.000 livres tournois payables en vaisselle d'argent. Pour la première fois le château de Saillans fut vendu. Le chancelier Antoine Dubourg qui avait épousé Anne Hénard eut quatre fils: deux furent évêques de Rieux; le troisième, Amabîe, seigneur de La Pérouse, fut tige d'une branche établie à Toulouse, et enfin Charles-Antoine qui succéda à son père et fut seigneur baron de Saillans. Partisan convaincu de la religion réformée, Charles-Antoine Dubourg fut une des premières victimes des guerres religieuses en Haute-Auvergne.
Il avait épousé Nicole d'Andredieu qui, digne émule de sa coreligionnaire Magdeleine de Saint Nectaire lutta les armes à la main en 1569 pour défendre le château de Saillans; après la prise du château et la mort de Charles-Antoine Dubourg elle épousa le grand chef des armées protestantes en Auvergnes, Chris tophe de Chavagnac. Charles-Antoine n'eut qu'un fils, Louis Dubourg, baron de Sailhans, l'un des chefs les plus actifs du parti réformé. Il épousa Jeanne de Lastic et eut une fille, Catherine, qui par contrat de mariage du 21 juillet 1616 porta la baronnie de Saillans à Jacques d'Estaing, seigneur de la Terrisse et de Plozat, fils de Jean III comte d'Estaing et de Gilberte de La Rochefoucault. Ce seigneur devint le chef de la branche des d'Estaing de Saillans qui possédèrent cette baronnie jusqu'au milieu du XVIIIe siècle. Contrairement à un grand nombre de seigneurs de son époque, Jacques d'Estaing resta fidèle à sa province et employa ses loisirs à remettre en état ses nombreux domaines dévastés pendant la longue période des guerres de religion. Le 9 mai 1618 il fit rédiger par Maître Cristal, notaire royal, les baux à cens de la seigneurie de Saillans: ce travail, très utile, servit plus tard de base à l'établissement du livre terrier. Les traditions de loyalisme de la famille du nouveau baron de Saillans valurent sans doute à son château d'être épargné lors de la mise à exécution de l'édit de 1633. Le château de Saillans avait joué un trop grand rôle entre les mains des protestants pour ne pas être, des premiers désigné à la pioche des démolisseurs. La mort de Louis Dubourg le sauva, il appartenait aux d'Estaing d'en faire une des plus belles résidences du pays. Jacques d'Estaing n'eut qu'un fils Jean d'Estaing qui lui succéda. Le 7 janvier 1654 et le 23 avril 1659 il reçut, avec sa mère Catherine Dubourg les reconnaissances des censitaires de Saillans, par devant Maître Celorum, notaire royal; en 1669 il rendit hommage au roi pour les seigneuries de Saillans, Cheylade, Monlaigu-Listenois et Ravel.
Par son mariage en 1647 avec Claude-Marie de Comboursier, unique héritière de Jean de Comboursier, lieutenant-général des armées du roi en Basse-Auvergne, tué au siège de Mardick en 1646, il était devenu marquis de Ravel, Terrail et Moissac et il porta désormais ce titre. Suivant les traditions de sa famille, Jean d'Estaing avait embrassé la carrière des armes: il fut promu maréchal de camp en 1650. Jean d'Estaing, baron de Saillans et marquis de Ravel, eut trois fils: Gaspard d'Estaing qui lui suc céda au château de Saillans, Joachim-Joseph, chanoine-comte de Lyon et Jean-Philippe qui fut l'un des guerriers les plus intrépides des armées de Louis XIV. Gaspard d'Estaing était lui-même mestre de camp de cavalerie lorsqu'il fut appelé à recueillir la succession de son père. En 1706 il fit renouveler par Bardon, notaire royal les baux à cens de la seigneurie de Saillans: il avait rendu hommage au roi pour cette terre, ainsi que pour celles du Terrail et de Ravel en 1684 et en 1686. Peu d'années après, en 1709, le château de Saillans servit de refuge à monseigneur d'Estaing qui s'y retira pour échapper à la fureur de la populace sanfloraine. Les troubles de 1709 furent la conséquence des années de disette dont la région eut à souffrir à cette époque. Il mourut à 90 ans, doyen des évêques de France en 1742. Gaspard d'Estaing employa les années de calme qui succédèrent à la période agitée à réparer et embellir sa résidence de Saillans. Les murailles du vieux château avaient beaucoup souffert des nombreux assauts qu'elles avaient eu à supporter au cours des siècles, des réparations s'im posaient. En outre, l'architecture toute militaire de cette forteresse, ne répondait plus aux conditions de l'existence au XVIIIe siècle; le pays était pacifié, les habitudes d'élégance de la cour pénétraient en province: les d'Estaing étaient trop grands seigneurs pour ne pas moderniser leur vieille demeure.
Et cela n'était pas sans besoin, ainsi qu'il résulte d'un état des lieux dressé en 1703 par maître Cristal, bailli de Saillans et Antoine Chauliaguet, bourgeois de Saint-Flour fermier de la terre de Saillans pour six ans. En voici le détail: "Pas de plancher à la cuisine. Au grenier 5 poutres seulement; celle du milieu appuyée sur "espilier". Dans la chambre attenante il manque une grosse poutre avec tous les ais et la moitié du plancher; pas de fenêtres. Dans la salle basse, 2 bois de lit mis-usés, les fenêtres en mauvais état, fermées avec du bois. Dans la chambre de Madame de la Terrisse il manque une vitre. Dans une autre chambre, plancher en très mauvais état, sans fenêtres. Le grenier au-dessus est soutenu par 15 piliers menaçant ruine; pas de serrure à la porte. La muraille de devant menace ruine. La chapelle a besoin de "repasser", pleuvant sur la volte, y manquant 2 petites vitres. Le plan cher est abaissé, et au bout du grenier, du côté gauche, la muraille menace ruine. A l'appartement de la tour, plancher en mauvais état, pas de serrures ni de fenêtres. Couvert en mauvais état, manque de chevrons et de tuiles. A côté muraille menaçant ruine". L'intérieur du château fut réparé et les appartements reçurent une décoration dans le goût de l'époque. Le mobilier fut aussi l'objet des soins de Gaspard d'Éstaing. Il fit forger pour la cheminée de la grande salle une paire de beaux landiers sur lesquels l'artiste grava la date de l'exécution: 1707. Le château de Saillans fut à cette époque la plus belle résidence du pays. Gaspard d'Estaing qui avait abandonné le métier des armes, y vécut paisiblement heureux en la personne de son fils qui, par ses brillants succès dans les armées de Louis XIV fut le juste orgueil de ses dernières années. Gaspard d'Estaing avait épousé Philiberte La Tour Saint-Vidal. Ils eurent entre autres enfants: Charles-François d'Estaing, qui à la mort de son père fut baron de Saillans, marquis de Ravel et du Terrail.
Comme ses ancêtres, il embrassa de bonne heure la carrière des armes. Il reçut le cordon du Saint Esprit en 1732, le grade de maréchal de camp en 1734 et celui de lieutenant général au mois d'octobre suivant. Pris par les devoirs de sa charge, François d'Estaing n'habita pas, comme son père, le château de Saillans d'une façon suivie. Les correspondances de l'époque nous le montrent habitant tantôt Paris, tantôt Ravel, berceau de sa famille où il séjournait au printemps de l'année 1727. Charles-François d'Estaing avait épousé le 28 août 1722, Marie-Henriette de Colbert de Maulevrier, femme "très bien faite et d'une grande dévotion". Ils eurent pour fils Charles-Hector d'Estaing qui illustra grandement le nom de sa famille par sa vaillante conduite sur les champs de bataille. Vers le milieu du XVIIIe siècle le comte Charles Hector d'Estaing vendit la baronnie de Saillans à Maître Roger, notaire à Paris qui la céda peu de temps après à Messire Etienne Serre de Saint Roman, conseiller du Roi, Maître en la Chambre des Comptes de Paris. Les de Serre de Saint-Roman, comtes de Frécheville, baron de Combret, de Montlaur et autres lieux étaient originaires des Cévennes. Messire Etienne de Saint Roman, maître en la Chambre des Comptes n'avait rien du baron féodal ; chez lui le Code avait remplacé l'épée. Pratique et positif, fort entendu aux affaires, il se préoccupa avant tout, quand il eut acheté la terre de Saillans, de trouver un fermier sur qui il put se décharger de l'administration de ses biens. Le sieur Bardol cadet, bourgeois de Saint-Flour accepta ces fonctions et le bail fut signé le 31 mars 1771 par devant Picquois, notaire au Chatelet. Aussitôt après Bardol s'installa au château, ainsi qu'il résulte de sa correspondance avec M. de Saint Roman. Le 2 mai 1782 Messire Jacques Philippe de Saint Roman chevalier, baron de Saillans, capitaine au Régiment de Penthiève Dragons, demeurant à Paris rue Vivienne, donna procuration à Me Louis Nicolas Guérin de la Combe écuyer, aux fins de représenter et d'administrer en son lieu et place la seigneurie de Saillans dont son père Etienne de Saint-Roman lui avait fait don.
Messire Philippe de Saint-Roman, que ses obligations professionnelles empêchaient d'habiter le château de Saillans, conféra à son mandataire de La Combe, les droits des plus étendus. Il l'autorisa non seulement à sous-louer, à vendre même au mieux de ses intérêts, mais aussi à recevoir en son lieu et place tous les droits et devoirs seigneuriaux et à rendre pour lui "toutes les fois et hommages qu'ils pouvaient devoir soit au roi, soit à ses seigneurs particuliers", il lui accordait même la latitude qui semble exorbitante de destituer tous les régisseurs, gardes et même officiers de justice et de les remplacer par des gens de son choix. Enfin, comme si tout cela n'était pas suffisant, Messire Philippe de Saint-Roman fit ajouter à la fin de la procuration: "Et généralement faire pour Mondit seigneur constituant tout ce que le dit sieur procureur constitué estimera convenable, quoique non exprimé en ces présentes, pro mettant l'avouer". En 1780, Pierre Rongier de Saint-Flour, devint fermier de la terre de Saillans. A sa mort, 7 à 8 ans plus tard, son fils Jean-Baptiste Rongier, le remplaça et la situation fut régularisée par un nouveau bail que M. de Saint-Roman lui consentit le 23 octobre 1788 pour le prix de 8.000 livres. Au moment de la Révolution nous ne savons pas si Philippe de Saint-Roman émigra comme son fils Alexis-Jacques. Son nom ne figure pas sur la liste des émigrés du Cantal. Ruiné, démantelé par l'ouragan révolutionnaire, le vieux château-fort de Saillans, a sommeillé pendant de longues années sur son rocher abrupt, pendant que, tout près, la ville de Saint Flour, revivait des jours de prospérité et de richesse (1).
A la mort de Rongier en 1816, sa famille vendit l'édifice à Pierre Laurier, un fermier résidant près de Sailhant. En 1881, les Laurier vendirent la propriété à Hippolyte Mary Raynaud. Né de parent fermier en 1844 au pied du château, Hippolyte-Mary Raynaud fut un aventurier ayant de grandes ambitions. En 1873, il fonda une banque à Paris nommée: Banque d’Etat. En 1888, Raynaud fut l’heureux élu à la direction locale et débuta une restauration spectaculaire. Mais en 1890, sa faillite fut découverte et Raynaud fut violemment attaqué par la presse. En 1891, les travaux furent suspendus et le château de Sailhant fut vendu aux enchères à sa propre femme. Lors d'une nouvelle vente aux enchères en 1904, le docteur Paul Delbet remporta la vente. La veuve du docteur, Antoinette, épousa le comte Claret de Fleurieu qui décéda en 1945, et elle mourut en 1961. En 1997, Joseph Pell Lombardi acheta le château de Sailhant, il a passé deux années à faire des recherches sur l’histoire de la construction du château, suivi par 15 années de travaux de restauration qui ont été terminées en 2004.

Éléments protégés MH : le château du Sailhant, en totalité : inscription par arrêté du 13 septembre 2019. (2)

château du Sailhant 15100 Andelat, ouvert au public, visites du 1er Avril au 31 Octobre.

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Château du Sailhant Andelat

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(1)    Le château de Saillans, Haute-Auvergne et ses seigneurs par Alfred Douët (1875-1952); Imprimerie Sanfloraine A. Roque Saint-Flour (1926)

(2)    source :  https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/

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