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Le château de Clavières est connu dans les textes
anciens sous le nom de château du Quiers. La tradition orale retient
volontiers l'appellation Clavières-Ayrens qui permet de distinguer le
château célèbre des autres châteaux de Clavières. Cette demeure appartient
très longtemps aux d’Albars, une famille de noblesse chevaleresque connue
dès 1269. En 1284, Pierre d’Albars est seigneur de Clavières, ses
descendants prennent d’ailleurs parfois le nom de ce fief. En 1307, Guido de
Clavieres rend hommage à Géraud de Montal pour sa terre. En 1565 Gilberte de
Guirbaud, héritière d’Antoinette d’Albars épouse Gilbert(ou Gabriel) de
Giscard, gentilhomme du Quercy, lui apportant en dot le fief et le château
de Clavières. Lors des guerres de religions, les protestants, assez actifs
dans les environs d’Aurillac, prennent la demeure et s’en servent de refuge.
En 1579, après avoir chassé les protestants, le marquis de Canilhac,
gouverneur de la Haute-Auvergne, décide de démanteler le château car il est
devenu impossible à défendre. La famille de Cardaillac prend possession du
fief et reconstruit un château. François de Cardaillac épouse Marguerite de
Montal-Nozières, qui habite toujours le logis avec son fils après la mort de
son époux en 1666. François de Breschet de Peyrusse est, en 1684, seigneur
de Clavières. Sa fille Gabrielle apporte le château à son mari Louis de
Salvert qui gère le domaine. Ce dernier meurt subitement en 1727, ne
laissant qu’un jeune fils. Clavières est alors mis au pillage, l’argent est
dérobé et les titres sont usurpés, au détriment du jeune héritier François
Gilbert de Salvert qui réside toujours au château. Vers 1760, Marc-François
de Capelle de Clavières commence quelques travaux. Sa fille épouse le
marquis de Sales du Doux à qui elle apporte les terres de Clavières, au
décès de son père en 1808. Leur fils François étant mort sans postérité,
leur fille, Jeanne Gabrielle Émilie de Sales du Doux apporte le château de
Clavières à son époux, Anne Louis Hercule de Pollalion de Glavenas. Marie de
Pollalion de Glavenas, héritière des de Sales du Doux épouse Louis Bernard
Désiré de La Salle de Rochemaure. Leur fils, Anne Louis Hercule Félix de La
Salle de Rochemaure est un des grands personnages du Cantal de la fin du
XIXe siècle. En 1899, le Pape Léon XIII lui octroie le titre de duc
héréditaire, de comte il devient duc de La Salle de Rochemaure. Le
château est situé dans un vaste parc assez vallonné, il est sur le haut du
flanc d’une butte depuis laquelle il domine une bonne part du domaine. Avant
les travaux initiés par le duc de La salle de Rochemaure, le château est un
long bâtiment sur trois niveaux qui présente sur l’une de ses façades un
grand perron flanqué de deux tours. À l’arrière, une haute tour crénelée est
présente à l’angle du logis. Marc-François de Capelle de Clavières, l’arrière-arrière-grand-père
du duc a déjà effectué quelques travaux sur le château, mais on ne sait pas
s’il s’agit de réparations, d’agrandissements ou d’embellissements. La seule
information connue est qu’il conserve les anciennes tours.Le duc de La Salle
de Rochemaurefait, le 20 juin 1882, un fort beau mariage avec Marie de
Forceville. L’argent issu de cette union ainsi que de la concentration entre
ses mains de l’héritage de deux grandes familles de Haute-Auvergne lui
donnent la possibilité de laisser libre cours à ses désirs de bâtisseur et à
ses goûts de collectionneur. Il se lance dans des travaux colossaux. Hormis
les travaux réalisés par Lemaigre, les autres modifications subies par le
château n’ont pu être datées et sont donc présentées dans un ordre qui
semble respecter la chronologie : des tours anciennes à l’aile à laquelle se
greffe la création de Lemaigre. Le duc fait démonter ou modifier la tour sud
puisque, initialement ronde, elle devient polygonale et plus haute que la
tour ouest . L’entrée ne change pas de place mais l’escalier extérieur est
légèrement avancé et monumentalisé. Le perron reçoit un avant-corps massif,
en saillie par rapport à la façade. Il est cantonné de fines tourelles
cylindriques débutant au premier étage. Ce pavillon d’entrée est composé de
trois travées sur trois niveaux. En façade, au sommet des escaliers, l’accès
se fait par trois portes à doubles vantaux. Les arcs de ces baies sont
surbaissés et festonnés. Les portes sont couronnées de gâbles en accolade
décorés de fleurons et de crosses. Les piles qui séparent ces arcs
supportent de hauts pinacles sculptés. Au premier étage, la disposition est
reprise à l’identique exception faite du feston à l’intrados. Une loggia est
aménagée au premier étage de l’ancienne tour sud. La façade d’origine est
totalement redécorée, elle est couronnée de modillons très décoratifs.
L’ordonnance est régularisée par un subterfuge aussi habile qu’ornemental.
Toutes les baies du rez-de-chaussée possèdent une fenêtre à leur aplomb,
toutes sauf une. Afin d’y remédier, le même encadrement de fenêtre est créé,
mais pour une baie aveugle. L’irrégularité des travées est un peu masquée
par l’ajout d’une fausse ou minuscule loggia. Enfin on construit une aile
rectangulaire, en forte avancée par rapport à la façade d’honneur, sans
toutefois être tout à fait dans l’alignement de l’entrée monumentale. Cette
nouvelle partie reçoit une grosse tour montant de fond à son angle sud-est.
Les façades sont peuplées de petits personnages et de créatures fantastiques
qui semblent parents du bestiaire que
Eugène Viollet-le-Duc
déploya au château de Pierrefonds. En 1902, le duc de La Salle de
Rochemaure fait appel à Émile Lemaigre pour ajouter une aile à l’est, dans
le prolongement du corps de logis existant. Cette nouvelle partie est
toutefois bien moins large que le reste l’habitation, elle lui est
d’ailleurs reliée par une galerie qui prolonge la tour plate-forme. L’aile
abrite au rez-de-chaussée la chapelle et à l’étage la très grande
bibliothèque et le cabinet de travail tout à l'est. De par la déclivité, son
rez-de-chaussée est au niveau des pièces de services semi-enterrées dans les
parties occidentales. La chapelle communique avec la buanderie via un
dégagement qui sert de vestibule à un escalier qui relie la salle de danse à
l’oratoire et à la terrasse. Outre la pierre de taille fournie par le
carrier de Murat, la construction utilise des briques pour les cloisons et
des poutres de fer pour supporter le niveau habitable au-dessus de la
chapelle. La porte d’honneur de l’oratoire est celle de l’ancienne chapelle
du château. L’encadrement de remploi doit être exhaussé de près d’un mètre.
Il est couronné d’une inscription sculptée en relief, juste sous l’appui des
fenêtres. La plupart des baies de l’ancien pignon sud-est sont démontées et
réutilisées dans les nouvelles parties. Pour les pièce ayant une grande
portance, des poutres métalliques sont utilisées pour le solivage. Le point
essentiel auquel tient le duc est le respect exact du plan et des mesures.
Du fait des multiples agrandissements entrepris par le duc de La Salle de
Rochemaure, dont on ne sait si il agissait seul ou aidé par un architecte,
le château présente un plan complexe. Le corps de logis ancien conserve les
trois tours qui le cantonnent, la quatrième au centre de la façade sud
reçoit un plaquage qui la fait paraître polygonale. Le logis reçoit: un
grand avant-corps cantonné de deux tourelles entre les deux tours de la
façade sud, un avant-corps cantonné de tourelles sur la face nord. Le flan
est est prolongé par une aile en retour qui englobe partiellement la partie
est du logis ancien. Cette aile est cantonnée de deux tours, dont une assez
massive. À l'est de cette aile, on ajoute une autre aile, dans l'axe du
logis d'origine, pour abriter le bureau du maître de maison et une très
vaste chapelle qui n'est pas orientée. Le corps de logis ancien est bâti sur
des vastes caves voûtées auxquelles il faut peut-être ajouter un niveau de
sous-sol sur la face nord. Le rez-de-chaussée est surélevé. Le logis ancien
n'a qu'un étage plus les combles alors que l'avant-corps d'entrée et d'aile
en retour en ont deux plus les combles. L'aile ajoutée par Lemaigre a, en
rez-de-chaussée,un niveau haut pour la chapelle et au-dessus un étage pour
le bureau et la bibliothèque, plus un niveau de combles.
Les décors sont très éclectiques et donnent une impression d’opulence, qui
se rapproche souvent de la surcharge. Le grand salon reçoit des lambris
d'appuis et sculptés (néo-Louis XIV) et un plafond peint de scènes
figuratives. Il contient un très grand nombre de sièges de toutes sortes,
fauteuils, bergères, tabourets, divan et même une borne capitonnée dont le
centre est occupé par une haute plante verte. La salle de danse reçoit, aux
murs et sur le plafond, des peintures représentant des groupes de danseurs à
différentes périodes de l'histoire. La chambre du prince Henri d'Orléans
reçoit un décor spécialement conçu pour lui: le plafond est orné de H
fleurdelysés. La cheminée reçoit un grand cartel sculpté, deux bougeoirs,
deux candélabres et un tableautin. La chambre dite Louis XIV est très
richement décorée. Le grand plafond lisse reçoit un décor peint. Le
gigantesque cabinet de travail est orné du sol au plafond. L'espace est
surchargé de sculptures et de peintures. Le centre de la pièce accueille une
immense cheminée en marbre surmontée d'un grand miroir entouré par deux fois
deux colonnes en marbre. L’encadrement de portes est en marbre, soutenu par
de très grandes cariatides. La chapelle est aussi sobre à l'intérieur
qu'elle l'est à l'extérieur. La nef voûtée sur croisées d'ogives est pourvue
de lambris d'appui. Les colonnes et les nervures sont soulignées par un
décor peint en fausses pierres. L'autel principal est de très belle facture.
Dans ce château, tout est décoré: les trumeaux et les plafonds sont toujours
exploités, ce qui est assez rarement le cas ailleurs. De plus les peintures
qui y figurent sont des scénettes bien construites, de vrais petits
tableaux. On est bien loin des semis de motifs réalisés au pochoir que l'on
trouve dans beaucoup d'autres châteaux. Les plantes exotiques n'occupent pas
seulement le jardin d'hiver, on les retrouve dans la grande galerie
gothique, dans les salons, dans la chapelle, dans la salle de danse,
supportées par une statue et même dans le cabinet de travail où elles
trouvent refuge à la belle saison dans la cheminée et semble-t-il même dans
le chapiteau coiffant les cariatides. (1)
château
de Clavières 15250 Ayrens, propriété privée, ne se visite pas.
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