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Château de la Cheyrelle
 
 

   Un petit manoir est élevé par Auguste Felgères, maître de poste à Murat en 1866. C'est une résidence secondaire, mais surtout le centre d'une petite exploitation agricole adossée à la montagne. Pierre Felgères, devenu maire de Dienne, veut transformer la propriété essentiellement agricole en domaine de plaisance et de prestige. Pierre Felgères contacte d'abord un architecte local: Félix Serre. En 1898, ce dernier propose un plan à la distribution un peu étonnante: le vestibule distribue un salon, une chambre, la salle à manger, la cuisine et l'escalier. Dans le Cantal, il n'est pas habituel d'aménager une chambre au même niveau que la cuisine et les pièces de réception. De plus, la cuisine donne sur la façade sur cour et est juste en face du salon. Enfin le confort proposé est assez sommaire: pas de chauffage central, pas de salle de bains, seulement un W.C.. Ceci s'explique peut-être par un budget assez restreint. Le chantier est pourtant lancé, il est achevé en 1901.
Mais le résultat ne semble pas à la hauteur des attentes de Pierre Felgères. Il se tourne dès août 1901 vers son beau-frère, René Dulong, architecte parisien. Afin de mettre davantage en valeur la demeure et de pouvoir y créer une distribution plus conforme aux normes bourgeoises, René Dulong propose de creuser la montagne pour dégager le château sur toutes ses faces. Ainsi il serait possible de créer l'entrée d'honneur donnant sur le rez-de-chaussée. Le projet est audacieux, mais peu adapté au budget du propriétaire. En 1903, René Dulong s'associe avec le liégeois Gustave Serrurier-Bovy. Aidés par Alphonse Verstraete, ils fondent tous les trois la société Serrurier et Cie. Dulong et Serrurier-Bovy vont alors œuvrer de concert pour La Cheyrelle. Dans ces travaux, il reste délicat de définir précisément les apports de chacun. Il est vraisemblable que René Dulong travaille en collaboration avec Serrurier-Bovy pour ce qui relève directement de l'architecture (distribution, structure...), et que le Belge s'occupe plus directement des décors.
Le château s’intègre bien dans son environnement, comme le souhaitait Serrurier-Bovy. Les toitures des tours, jugées trop hautes et en rupture avec l'ensemble, sont reprises pour être abaissées. Les communs reprennent les fondations de l'ancienne grange. On crée un petit avant-corps d'entrée. Les façades sont animées par des murs-pignons, dont un à pas de moineau et aussi, peut-être surtout, par des jeux de couleurs et de matière. Le logis conserve l'enduit réalisé sous les ordres de Félix Serre en 1901, mais l'avant-corps est en gros blocs d'andésite, avec des assises en pierre de pays brutes (comme les communs), une paroi de verre et de menuiserie et un avant-toit en bois verni et (maçonnerie?) peinte. De plus, le toit de l'entrée reçoit des tuiles vernissées (vertes, jaunes et rouges) ce qui est très original dans la région. Sans doute pour créer davantage d'unité entre le logis et les communs, qui sont côte à côte, on ajoute des briques en parties hautes (mur pignon à pas de moineaux pour le corps de logis et souches de cheminées pour les communs) et des boiseries peintes pour les lucarnes et avant-toit.
Même après l'intervention de Dulong et de Serrurier-Bovy, la distribution conserve quelques particularités liées à la topographie, mais aussi au manque de surface. L'entrée d'honneur se fait au rez-de-montagne. Le petit avant-corps fait office de sas pour séparer le vestibule de l'extérieur. Le vestibule est composé d'un long couloir qui conduit jusqu'à l'escalier placé en face de la porte. Sur la droite, la cloison de l'ancienne cuisine est abattue pour offrir une plus grande surface (et de la lumière) au vestibule. Sans doute inspiré du hall, pièce de vie, il n'est pas simplement un espace de passage. Il reçoit une grande bibliothèque en orme et une fontaine carrelée. Les décors sont sobres et élégants. Les murs du couloir reçoivent des plaques de grés flammé qui, selon les actuels propriétaires, seraient censées évoquer un sous-bois. Au sol, des carreaux de grès bleu-vert ou jaunes créent une trame orthogonale régulière qui répond aux lignes du plafond. Les chambres reçoivent du mobilier modulaire coordonné. La chambre en style Silex est en peuplier orné de roses peintes au pochoir coordonnées au tissu mural. Les rangements sont intégrés au mur et semblent très fonctionnels. L'éclairage est assuré par des lampes à pétrole. Pour que leur lumière se diffuse au mieux dans les pièces, on place en hauteur des appliques pour les accueillir. Leur hauteur paraît être un compromis entre l'efficacité, la sécurité et de confort d'usage: les appliques sont assez hautes pour éclairer une large zone, tout en étant assez éloignées du plafond pour éviter les risques d'incendie et elles sont aisément accessibles à ceux qui en ont la charge.
Les pièces de vie et de réception sont au rez-de-jardin, c'est-à-dire au niveau inférieur. L'escalier en bois aboutit directement dans un vaste espace qui semble occuper tout le niveau. Les architectes ont donné une grande unité à des pièces différentes, délimitées par des piles et des arcs en bois. Originellement, c'était la pièce à vivre du fermier qui gérait le domaine, on a conservé cette unité en aménageant dans une pièce des espaces différents; un grand salon, une salle à manger et un petit salon qui, bien qu'au cœur de la pièce, semble être un peu à l'écart. Le salon paraît très chaleureux, non seulement parce que le bois est omniprésent, comme dans le reste de la pièce, mais aussi grâce à la grande cheminée. Cette dernière est un peu particulière, il s'agit de l'ancien four à pain orné de carreaux de grés flammé dans une multitude de teintes de vert. Elle est surmontée d'une inscription : à mon foyer, ami ancien tu sais ta place, ami nouveau viens la choisir. Le haut des murs est orné d'une frise de fleurs, des perce-neige groupés trois par trois reliés par des courbes ondoyantes. Sous l'escalier, le petit salon est isolé par le haut dossier de la banquette qui fait toute la longueur de la pièce. À la cloison formée par le dossier, répond une cloison basse qui masque le poêle de la salle à manger aux occupants du grand salon. Le poêle maçonné et les murs qui l'entourent sont couverts de grés flammé dans les mêmes nuances de vert que la cheminée. Ce poêle massif, doté semble-t-il,d'un espace de maintien au chaud, est le seul trouvé dans le corpus. Dans la salle à manger, le mobilier (étagères, buffet) est intégré, mieux il fait partie intégrante du décor, c'est l'alliance du beau et de l'utile. Le décor et le mobilier font partie de la conception d'ensemble. Les tours accueillent de petites pièces dont le décor est le mobilier et inversement. Gustave Serrurier-Bovy propose une conception d'ensemble où l'architecture est intimement liée aux décors, dans un Art Nouveau sobre, pour ne pas dire rigoureux, résolument moderne et épuré d'une grande élégance.

Éléments protégés MH : le château en totalité, les annexes et le jardin avec ses aménagements (clôtures, mur de soutènement et bancs) et les pièces suivantes avec leur décor : la cuisine, la salle à manger, le salon et le petit bureau de la tour nord-ouest, situés à l'étage de soubassement le hall et le vestibule d'entrée, le cabinet de toilette de la tour ouest situés au rez de cour, la chambre sud, le cabinet de toilette de la tour nord ouest, les chambres du premier étage (couloir, portes, lits) : classement par arrêté du 27 mars 2006.

château de la Cheyrelle 15300 Dienne, tél. 06 83 00 43 34, ouvert au public pendant les vacances scolaires.

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(1)
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(IMH) = château inscrit à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques, (MH) = château classé Monument Historique
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