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Au XIVe siècle, le fief appartient à la famille de Madic. Au XVe siècle, il
passe par mariage à Hugues de Chabannes dont un descendant très fortuné fait
reconstruire le château, créant ainsi dans le dernier tiers du XVe siècle
une très vaste forteresse. Au XVIIe siècle le fort est déjà en mauvais état
à cause d'un manque d'entretien. À la Révolution le domaine est démembré.
Les écuries, un peu en contrebas de l'éperon rocheux qui accueille le
château, sont achetées par Gilbert Fontailles. La veuve de ce dernier épouse
en 1830 le docteur Espinasse. C'est lui qui transforme les écuries du
château en petit château. Les archives relatives au château étant perdues,
on ne connaît pas le nom de l'architecte s'il y en a eu un. Les écuries sont
agrandies par l'ajout d'un pavillon à chaque extrémité. On construit deux
étages. Une élégante façade placée en avant des écuries confère au bâtiment
unité et élégance. On choisit des pierres claires pour la maçonnerie, ce qui
contraste fortement avec les constructions des environs, bâties à partir des
blocs sombres issus des orgues basaltiques voisins. Château de plan
rectangulaire, seules les toitures des pavillons les distinguent du logis
central. La façade d'honneur, visible depuis la route à travers le portail
en fer forgé, est parfaitement symétrique. Le château est composé de trois
niveaux plus les combles perdus. Chaque pavillon est ouvert de deux fenêtres
par niveau. Le corps central est celui qui attire le regard. Il faut une
façade écran pour dissimuler les écuries dont les murs épais soutenant une
voûte en berceau ne peuvent pas être largement ouverts. La façade est donc
placée en avancée, le rez-de-chaussée est ouvert par trois arcs surbaissés
qui créent une galerie desservant les deux entrées du château. Les entrées
ne sont pas hiérarchisées afin sans doute de ne pas compromettre la symétrie
générale. Les niveaux supérieurs sont percés de trois baies, celle du centre
est une porte-fenêtre qui donne sur un balcon. Le garde-corps du premier
étage est plus complexe que celui au-dessus, il semble être en métal moulé.
Les portes-fenêtres sont encadrées par deux colonnes à chapiteau portant un
entablement qui semble soutenir les modillons du balcon supérieur. Les
colonnes du deuxième étage n'ayant pas de niveau supérieur à porter, on
décore leur sommet d'une vasque à pied (lisse et vide). Cette travée est
encore mise en valeur par l'ajout de colonnes engagées (une de chaque côté)
dans l'axe des piles de la galerie. Ces colonnes sont réalisées en même
temps que la façade. Leurs tambours font la hauteur de deux assises et un
bloc sur deux est plus large que la colonne afin d'assurer la solidité du
parement. À l'aplomb de cette travée centrale, on élève un fronton
triangulaire percé d'un faux oculus qui accueille une sculpture. La façade
arrière est plus sobre et n'a qu'un étage carré, à cause d'une toiture basse
qui englobe ce qui correspond au deuxième étage. Le premier niveau est
marqué par une loggia qui règne sur tout l'étage. Il y a deux entrées,
correspondant au premier et au troisième arcs de la galerie. La première
ouvre sur le vestibule qui dessert la cuisine (à gauche), la salle à manger
(à droite) et l'escalier d'honneur (en face). La cuisine comprend un remploi
de taille: une cheminée qui proviendrait du château ancien. Le vestibule est
éclairé par un vitrail armorié placé sur la façade postérieure. La salle à
manger voûtée en berceau est l'écurie d'origine qui n'est ouverte que sur la
façade d'honneur. Le bas des murs reçoit des lambris d'appui ainsi qu'une
modeste cheminée en marbre rouge, du type de celles produites en série que,
dans les châteaux auvergnats, on retrouve dans les chambres habituellement.
Au-dessus du lambris court une large frise peinte d'un rinceau de feuilles
et de fleurs roses et bleues. La voûte est ornée en son centre d'un ovale de
ciel feint depuis lequel des angelots font tomber des fleurs sur les
convives attablés. Le médaillon est entouré de fleurs reliées par des
feuilles d’acanthe et par des guirlandes de pâquerettes. Sur les retombées
de la voûte, on représente des fleurs en train de tomber. Dans les parties
basses, des bouquets de fleurs donnent le rythme des guirlandes de fleurs
qui sont elles-mêmes le prétexte pour peindre des effets de draperie en
trompe-l’œil. Au-dessus de la cheminée, deux lions tiennent un blason
couronné, celui de la famille de Chabannes, sans doute en hommage au
constructeurs de la forteresse qui domine le château neuf. L'ébrasement des
baies reçoit des bouquets sur les faces latérales et une rose des vents
entourée de fleurs en haut. Le propriétaire aurait beaucoup voyagé avant de
s'installer à Madic, c'est peut-être pour cela qu'il a choisi de faire
peindre ce motif de rose des vents. Ces décors peints sont d'une grande
qualité, aucune fleur, aucun bouquet ne ressemble tout à fait à son voisin.
Le modelé de certaines fleurs est saisissant et les ombres semblent jouer
avec la lumière réelle provenant des fenêtres. Ces décors pourraient avoir
été réalisés plus tard, après la mort du docteur Espinasse, vers 1880. La
seconde entrée permet d'accéder directement au salon qui est ouvert sur la
salle à manger. Le salon du rez-de-chaussée est davantage marqué par la
Renaissance. Cette pièce est reliée à l'étage par un tout petit escalier en
vis qui aurait été réalisé par un charpentier de marine de Rochefort, pour,
selon la tradition familiale, rappeler au maître des lieux les voyages
effectués dans sa jeunesse. Au premier étage, un palier très vaste est
peut-être aménagé en hall à vivre pour les réceptions informelles. Il ouvre
sur le grand salon qui occupe quasiment tout le pavillon gauche. Ce salon
est le plus richement orné avec sa grande cheminée de marbre gris surmontée
d'un miroir encadré par des pilastres cannelés et rudentés d'or au tiers,
avec un chapiteau aux feuillages dorés. La pièce est très lumineuse. Sur la
face arrière, quatre portes-fenêtres ouvrent sur la loggia qui prolonge
l'espace de réception. Les baies sont encadrées par des colonnes blanches
rehaussées de bandes dorées. La présence du salon d'honneur à l'étage est
assez rare dans le Cantal et ne peut être comparée qu'à Lamartinie (où c'est
vraisemblablement l'absence d'un très grand espace au rez-de-chaussée qui
conduit à l'adoption de cette organisation). De l'autre côté du palier, un
grand couloir dessert les cinq chambres. Les chambres ont des couleurs ou
des styles différents, ainsi l’une est décorée dans un néo-gothique anglais
très soigné. La pièce est divisée par des cloisons qui définissent les
placards et le cabinet de toilette. Ces cloisons, pleines ou vitrées,sont
autant de supports pour la création de jeux d'arcs. Au deuxième étage, il y
a une salle de billard, cinq chambres et un grenier.
château-fort de Madic 15210 Madic, propriété privée, ne se visite pas.
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