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Cropières, village, anciennement seigneurie, avec un château; il est
agréablement situé sur le Goul, entouré de prairies et de vergers. Cropières
appartenait anciennement à une famille de ce nom. Elle était probablement la
même que celle de Montjou, dont le nom prévalut au XIVe siècle. Aymar de
Cropières, chevalier, vivait en 1263. Pierre de Cropières, en 1362, fit sa
reconnaissance à noble Hector de Montjou, seigneur baut justicier de cette
seigneurie, pour ses maison et jardins sis à Cropières. La famille de
Montjou conserva la terre de Cropières jusqu'en 1508. Jean de Montjou
n'ayant pas eu d'enfants, Anne, sa sœur, mariée à Rigaud de Fontanges,
seigneur de Fontanges et de Palmont, lui porta en dot la terre de Cropières.
Nicolas de Fontanges, son fils, fit, en 1526, hommage au roi pour le château
de Cropières, et les rentes et péages dont il jouissait, à cause de la
vicomté de Cariat , qui était advenue à la couronne. Annet de Fontanges fut,
vers 1580, protonotaire du pape, prieur de Saint-Michel, seigneur d'Alleval,
Feissergues, coseigneur de Raulhac et de Puech-Mourier. Par testament il
donna à Louis de Fontanges de la Salle, seigneur des Calmels, son neveu, le
domaine de las Douloux et la seigneurie de Jou-sous-Montjou. Ses autres
possessions revinrent à Annet de Fontanges, seigneur de Cropières et de
Palmont. Le château de Cropières fut pris par les Anglais et pillé en 1601.
Il se composait alors de deux corps de logis et de deux, tours, dont l'une,
outre plusieurs appartements, contenait la loge de l'escalier. L'autre tour
tombait en ruines. Pètre-Jean de Fontanges n'eut qu'une fille (Guillemine),
qui fut mariée à Louis de Scorailles de Roussilhe, et lui porta en dot
toutes les grandes propriétés de sa maison.
Le château de Cropières vit naître sous ses lambris la trop célèbre duchesse
de Fontanges. Marie-Angélique de Scorailles était fille de Louis, marquis de
Roussilhe, et de Guillemine de Fontanges. Elle quitta les solitudes rêveuses
de la vallée du Goul pour se rendre à Paris auprès de la reine, et fut l'une
de ses filles d'honneur. Le roi était fatigué des hauteurs et des violences
de Mme de Montespan. La beauté de Mlle, de Scorailles brillait de tout son
éclat. Le roi fut épris des charmes de cette blanche fleur de nos contrées.
Marie fui fragile comme ne le sont que trop souvent les jeunes filles des
montagnes, mais sans espoir de se relever de sa faute. Le monarque était si
beau, ses grandeurs avaient tant d'éclat! Quelques gouttes du sang de
Scorailles ne circulaient-elles pas dans ses veines? Marie céda au caprice
royal. On la vit en peu de temps dispensatrice de toutes les grâces et
l'objet des adorations de la cour. Elle fut tellement éblouie de sa faveur,
qu'elle passait devant la reine sans la saluer. D'importantes restaurations
eurent lieu alors au château de Cropières; des embellissements de toute
nature furent exécutés dans son intérieur. Marie fut créée duchesse de
Fontanges; mais ce règne si brillant n'eut qu'une courte durée; Marie
portait dans son sein le germe fatal. Mère coupable, son fils mourut en
venant au monde. Abandonnée du roi, elle se retira dans l'Abbaye-aux-Bois;
elle y descendit dans la tombe peu de temps après, en 1781, à peine âgée de
vingt ans. La propriété de Cropières resta dans la branche des Scorailles de
Roussilhe jusqu'à Théodore, lieutenant général de la province, brigadier des
armées du roi, qui mourut en 1746 sans postérité. Il laissa la seigneurie de
Cropières à son neveu, Jacques-Antoine Isarn de Fressinet, qui devint
lieutenant du roi pour la Haute-Auvergne. Son neveu, Joseph-Charles Isarn de
Valady habitait Cropières en 1778, et ses descendants possèdent encore cette
belle propriété et son château, dont les dégradations augmentent chaque
année.
Lors de la prise de possession par le prince de Monaco de la vicomté de
Carlat, la nommée lui fut faite quant à Cropières par Jean Rigal de
Scorailles. Le château de Cropières était alors composé de trois corps de
logis, de tours crénelées, avec des girouettes. Il comprend maintenant une
grande cour fermée par un portail surmonté de vases, avec les écussons des
familles de Fontanges et de Scorailles. A gauche de la cour était une
promenade en terrasse sur les murs de clôture du jardin. Cette terrasse est
ornée d'une petite balustrade en pierre taillée. A droite de la cour, sur
une largeur de 7 à 8 pieds et une longueur de 33 mètres, et vis-à-vis le
jardin, s'élèvent les bâtiments de la chapelle et des cuisines, au-dessus
desquelles se trouvent plusieurs appartements. Ces constructions sont
adjointes à d'autres, savoir : les archives voûtées, des magasins, etc.
D'après ce qui a été conservé de la chapelle, on peut juger de la splendeur
de sa décoration. La voûte et les côtés présentent des panneaux peints à
fresque. Le maître-autel et son tableau sont dignes de remarque. Vis-à-vis,
règne une grande galerie, également ornée de peintures. Elle communique aux
appartements dits de la Duchesse, dont les sujets sont empruntés à la fable.
Les appartements ont conservé leur ameublement de l'époque. Le lit à la
duchesse a huit pieds carrés; ses magnifiques draperies sont en soie, mais
elles tombent de vétusté à cause du manque d'entretien. Les tableaux et
plusieurs portraits de la duchesse, de ses sœurs, l'abbesse de Chelles et de
Mme de Molac sont en mauvais état. Cette résidence étant abandonnée par le
propriétaire, les fresques s'altèrent, les boiseries se déjètent, et la
moisissure aura en peu de temps détruit les travaux d'art de l'une des
somptueuses et historiques demeures de la Haute-Auvergne. Vis-à-vis du grand
portail de la cour et du corps de logis qui fait un angle droit avec celui
qui vient d'être décrit, on voit un perron en pierres de taille, dans de
belles proportions, avec deux larges rampes pour y monter. A droite et à
gauche un lion de pierre sert de support aux écussons des familles de
Fontanges et de Scorailles. Au-dessous du perron s'ouvrent les portes des
écuries et des remises. La voûte de ce couloir longe le bâtiment. Le perron,
dont les balustrades en pierre sont sculptées avec soin, sert de
communication avec plusieurs appartements très dégradés; leurs tentures en
soie disparaissent sous la moisissure; l'escalier même qui conduit aux
appartements supérieurs s'écroule. Les jardins sont vastes et plantés
d'espaliers qui datent au moins d'un siècle, mais qui produisent encore de
beaux fruits. Les vergers, les charmilles, tous les alentours du château
annoncent l'opulence et le bon goût des anciens propriétaires. Mais la main
destructrice de la révolution a déposé ses stigmates sur Cropières. Il
serait à désirer que M. le marquis de Valady, propriétaire actuel, ne
reculât pas devant les frais de restauration d'un de nos châteaux les plus
dignes d'intérêt. (1)
D'après le cadastre de 1811 et une carte postale d'avant 1911, il existait
au sud une terrasse et un moulin sur le Goul. A l'exception des dépendances
situées à l'écart, aujourd'hui le château s'organise autour d'une cour
rectangulaire fermée à laquelle donne accès le portail Est. Face à l'entrée,
le bâtiment d'apparat est précédé d'un escalier à double rampe occupant
toute la longueur de la façade. Celui ci se poursuit en équerre du côté
ouest par une terrasse surplombant les anciens jardins d'agrément et
atteignant un pavillon. Une tour-escalier rectangulaire se loge dans l'angle
formé par l'aile d'apparat, ainsi que le corps de logis nord. L'aile
d'habitation, au nord, présente des salles voûtées. L'épaisseur des murs de
la pièce située à l'angle nord est laisse supposer qu'il s'agirait du seul
vestige du donjon de la forteresse du XIIIe siècle. Au 1er étage, la salle
centrale est ornée de peintures (XVIe-XVIIe siècle) inspirées par des scènes
de chasse et de boiseries dont une partie a disparu. Le décor de cette
grande salle s'inspirait directement du château de Versailles des années
1670-1680.
Éléments protégés MH : le château avec ses dépendances et ses jardins :
classement par arrêté du 5 mai 1986.
château de Cropières 15800 Raulhac, propriété privée, visible de
l'extérieur, se visite pour les journées européennes du Patrimoine.
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