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La charte de Mauriac, attribuée à
Clovis, indique comme existant à Salins, en ce temps reculé, deux métairies
occupées par les serfs Albuin et Malbert. Le même document fait encore
mention d'un château désigné sous le nom de Beilone, duquel dépendaient deux
autres métairies tenues par les serfs Roaldès et Grimaud. Plus tard, le fief
de Salins dépendait de la comptoirie de Scorailles, ainsi qu'on le voit dans
une transaction intervenue en 1254 entre les divers coseigneurs de cette
grande terre; il en relevait encore en 1553. Il passa ensuite aux seigneurs
de Freluc ou Ferluc, représentés, en 1612, par dame Françoise de Chalvet,
baronne de Trizac. Cheyrouse, Freluc, Salins, Jarrige et autres lieux. Henri
de la Faye d'Espeisse, son fils, rendit hommage de ces terres en 1670 et
1685. Quelques années plus tard, la seigneurie de Salins changea encore de
maître, et Annet de Scorailles, seigneur de Mazerolles et baron de Salers,
la possédait en1770.
Mazerolles, village et château à l'ouest du chef-lieu, près de la route de
Mauriac à Aurillac. Deux maisons de cette localité dépendaient jadis de la
commune du Vigean; le château et le surplus du village étaient de la commune
de Drugeac; mais une ordonnance de 1831 a réuni le tout à Salins. Le château
de Mazerolles est situé dans une très heureuse position, à demi-côte, abrité
du nord, exposé au midi, environné de jardins disposés en terrasses et
dominant le vallon arrosé par les eaux de l'Auze. MM. Bouillet et Peghoux en
parlent avec admiration. Je vous parlerai, dit le dernier de ces auteurs, du
château de Mazerolles, dont la construction date de trois siècles environ;
l'intérêt qui s'y attache, c'est que, ameublement, jardins, terrasses, tout
est de la même époque, tout est conservé, et l'on sait que dans la
destruction successive de nos traditions, ce qui s'est le plus effacé, ce
sont peut-être les formes naïves et les souvenirs respectables des anciennes
demeures. Des tours à mâchicoulis forment la partie la plus fondamentale et
la plus ancienne du château; la toiture aiguë est surmontée par des
girouettes gothiques. Nous croyons, nous, que les constructions ont été
augmentées à différentes époques; que l'édifice ne se composait d'abord que
de ta grosse tour ronde et d'une autre plus petite qui lui est adhérente et
renferme l'escalier à vis par lequel on communique aux appartements. Deux
corps de logis, qui s'appuient actuellement à ces tours, sont, nous
semble-t-il, d'une date postérieure. L'entrée voûtée du château conduit à
une vaste cour entourée de bâtiments nécessaires à l'exploitation des biens
ruraux et au logement des gens de la maison. La cour du château, proprement
dite, vient ensuite ayant au centre un if à pyramide, colossal. Des tilleuls
séculaires projettent un épais ombrage sur une fontaine dont les deux
conduits jettent l'eau dans d'énormes bassins en pierre diversement frangés
et festonnés. Une grille sépare cette cour d'un jardin à compartiments
dessinés par de longues files d'arbres fruitiers, à terrasses étendues, que
bordent des touffes de rosiers sur lesquelles s'appuient des filets
grimpants de vigne. Des massifs de lilas couvrent les angles et parties
solitaires. Dans l'intérieur du château, on voit partout régner les formes
massives et commodes qu'affectionnaient nos ancêtres. La chambre des
revenants est encore telle qu'on la voyait il y a deux cents ans. Les
croisées pratiquées dans un mur épais ressemblent à de véritables corridors
qui conduisent à une ouverture extérieure. Cinq lits sont largement établis
sur des piliers massifs et recouverts de tapisseries à fleurs bizarres, que,
dans leurs moments de loisir, brodèrent de nobles châtelaines, entourées de
leurs femmes. Un autre côté de l'appartement est garni d'énormes fauteuils à
bras dans lesquels on se trouve réellement assis; le reste est revêtu de
boiseries et tapisseries enfumées, sur l'une desquelles j'ai remarqué un roi
maure trônant avec tous les attributs de sa barbaresque splendeur. En voyant
le jour douteux qui glissait sur les panneaux noircis de cette galerie, je
compris les domestiques de la maison lorsqu'ils me dirent qu'ils ne
coucheraient jamais dans la chambre des revenants. Au-dessous de cette
terrible chambre et dans une semblable encadrure, se trouve la salle à
manger toute revêtue de portraits de famille, parmi lesquels j'ai remarqué
un des anciens possesseurs du château, le baron de Salers, à figure noble et
fière : son regard semble parcourir avec orgueil les contours de cette
salle.
La seigneurie de Mazerolles appartenait, dès le XIIIe siècle, à une famille
noble du même nom, qui possédait aussi les fiefs de Freluc et de Drugeac.
Raymond de Mazerolles, damoiseau, seigneur du lieu et de Ferluc, rendit
hommage au doyen du monastère de Mauriac. Raymond de Mazerolles, deuxième du
nom, seigneur de Ferluc et de Drugeac, vivant en 1334 et au commencement de
1365, était mort avant le 8 août de cette dernière année. La terre de
Mazerolles appartenait, au moins en partie, en 1437, à Hugues Marion, qui en
fit foi et hommage au seigneur de Scorailles, et cependant nous voyons
encore un Jean de Mazerolles, damoiseau, présent à une sentence arbitrale
rendue en 1448 par Etienne de Nozières, prieur de Jussac, sur un différend
qui existait entre Guy de Saint-Martial, seigneur de Drugeac, et Guillaume
de Touchebceuf, prieur du même lieu. Mazerolles vint ensuite à noble Antoine
Laumosnier et a Marie de Chany, sa femme, qui possédaient ce fief en 1533 et
1344. Ces époux appartenaient à deux familles originaires des environs
d'Issoire, et l'on ignore comment s'opéra, à leur profit, la transmission de
cette propriété. On présume que ce fut du mariage d'Antoine Laumosnier de
Belhac avec Marie de Chany, que naquit Agnès ou Annette, dame de Mazerolles,
qui eut de François, seigneur de Scorailles, un fils naturel nommé Guillaume
de Scorailles. Annet I de Scorailles, seigneur de Mazerolles; de son mariage
avec Diane-Madeleine de Salers, sa cousine, naquirent onze enfants, neuf
garçons et deux filles. Des neuf maies, huit moururent à l'armée. François
de Scorailles, l'aîné des fils, fut seigneur de Mazerolles. Il fut élevé
page du roi Louis XIV, se signala à la suite de ce monarque pendant la
campagne de Flandre, notamment aux sièges de Gand et d'Ypres, en 1678. Il
mourut au château de Mazerolles en 1691, laissant de dame Françoise de
Caissac, sa femme, cinq fils qui étaient tous officiers de cavalerie en
1733. Annet II de Scorailles, fils de François et de Françoise de Caissac,
fut seigneur de Mazerolles et baron de Salers par son aïeul. Il servit, en
qualité de capitaine de cavalerie, au régiment de la Mothe-Houdancourt, et
devint chevalier de Saint-Louis. Annet de Scorailles épousa, en 1747,
Madeleine de Corn, fille de Mercure-Joseph de Corn, marquis de Queyssat, en
Limousin, et de Susanne de Turenne-d'Aynac. De cette union vinrent trois
filles dont Marie-Madeleine de Scorailles, épouse du comte de Griffolct et
mère de la comtesse de Maranzac, propriétaire de Mazerolles au XIXe siècle.
(1)
Éléments protégés MH : le château avec compris ses décors intérieurs (salle
à manger, salon de Triton, chapelle, salles du donjon, chambre bleue,
chambre jaune à alcôve) ainsi que ses communs, son pigeonnier, et son jardin
avec ses terrasses : inscription par arrêté du 18 novembre 2002.
château de Mazerolles 15200 Salins, propriété d'une société, ne se visite
pas, visible de l'extérieur près de la route qui relie Mauriac à Aurillac.
Selon une personne résidant dans la région le château de Mazerolles serait à
l'abandon et en état de délabrement s'aggravant d'année en année.
Ce site recense tous les châteaux de France, si vous possédez des documents
concernant ce château (architecture, historique, photos) ou si vous
constatez une erreur, contactez nous. Nous remercions chaleureusement
Monsieur Bernard Drarvé pour les photos qu'il nous a adressées afin
d'illustrer cette page. |
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