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Le château des Ternes est situé dans la petite
ville du même nom, à l’intersection de trois vallées, celle des Ternes, du
Croizet et de Sériers. La cité tire son nom de sa situation géographique:
Ternae valles. Un village s’est progressivement bâti autour de la
forteresse. La place forte de Saint-Flour est protégée par plusieurs forts
qui sont ses sentinelles avancées qui contrôlent les grandes voies de
communication. L’existence d’un château aux Ternes est attestée aux Xe et
XIe siècles par le cartulaire du prieuré de Saint-Flour. Du XIe au début du
XIIIe siècle, la forteresse des Ternes appartient à la famille de Henry,
vassale des vicomtes de Murat. Vers 1211 Ermengarde de Henry, dernière
représentante du nom, épouse Hugues de Lastic. Étienne Ier Bompar qui
possède un fief aux Ternes est obligé de consentir à inféoder une partie de
ses biens au monastère de Saint-Flour. En 1286, le nouveau seigneur des
Ternes n’est donc ni le fils d’Hugues de Lastic, ni Étienne Ier de Bompar,
mais Hugues de Valeilles. Ce dernier est obligé le 10 février 1286 de rendre
hommage au prieur Garnier, pour le château et le fief. Aux Ternes il n’y a
plus qu’une seigneurie ecclésiastique qui dépend de Saint-Flour. Ce système
perdure jusqu’à la Révolution. En 1341, le château passe aux mains de la
famille d’Espinchal, peut-être à la suite du mariage de la fille et
héritière d’Hugues de Valeilles avec un d’Espinchal. Le fils de ce dernier,
Guillaume d’Espinchal, épouse Sibylle de Besse. Leur fille, Gasparde,
apporte le fief en dot à son mari Jean de Fontanges.À la fin du XIVe siècle,
le fort est pris et brûlé par les Anglais dont le camp est à quelques
kilomètres, au château d’Alleuze. Cependant la tour sud-ouest a
vraisemblablement résisté à l’assaut et à l’incendie. La demeure est
reconstruite durant la seconde moitié du XVe, voire au début du XVIe siècle.
Les travaux consistent à ajouter un vaste bâtiment rectangulaire, c’est
l’actuel corps de logis. La façade est possède en son centre une tour
circulaire qui abrite l’escalier en vis.Le 28 mai 1736, Victor Rouillon-Spy,
conseiller du roi et maire de Saint-Flour, signe un bail de 3 450 livres
annuelles, pour le château et les terres. En 1740, son fils Jean-baptiste
Spy-d’Auzolles, juge à Saint-Flour, achète le domaine, pour lequel il rend
d’ailleurs hommage à l’évêque de Saint-Flour. Jean-Baptiste Spy-d’Auzolles
épouse Marie Véal du Bleau, dont il a un fils: Victor Spy des Ternes. Les
Spy-d’Auzolles entreprennent d’importants travaux de réparations, rendus
nécessaires par des années d’abandon. En 1787 de grandes ouvertures sans
style remplacent les fenêtres à meneaux. À la Révolution, les tours sont
découronnées, les blasons sont bûchés mais le reste du bâtiment ne semble
pas avoir été trop touché, la solidité de l’édifice et la difficulté du
travail y sont peut-être pour quelque chose. Les révolutionnaires sont
d’autant plus agités que la municipalité abonde dans leur sens et que Victor
Spy des Ternes est ouvertement anti-révolutionnaire. La belle-fille de
Victor Spy des Ternes, veuve de Jean Baptiste Spy des Ternes et ayant perdu
son fils unique, use du droit de réversion et transmet le domaine à Mgr de
Marguerye, le 12 février 1836, manifestation tardive d’une survivance du
droit féodal en plein XIXe siècle. Conformément aux volontés de la
donatrice, le château est mis à la disposition des clercs de Saint-Viateur,
qui y créent un noviciat et un établissement d’instruction. En 1891, lors de
la vacance du siège épiscopal, l’État décrète la mise en vente du château.
Celui-ci est acheté par Pierre Carlat... qui le remet aux religieux de
Saint-Viateur. Suite à la loi de séparation de l’Église et de l'État, les
moines reçoivent l’interdiction d’enseigner et sont contraints de quitter la
France pour la Belgique. En 1909, Alfred Douët achète le château à Pierre
Carlat.
En 1903, Alfred Douët épouse Marie-Eugènie Mende de Bécourt. Il fonde, le
1er novembre 1908, le journal Le Sanflorain. Dès son entrée en possession du
château des Ternes en 1909, Alfred Douët fait appel à Emile Lemaigre,
l’architecte que son père a sollicité quelques années plus tôt pour des
aménagements dans la demeure familiale et qui œuvre encore dans le château
de son cousin à Saint-Gall. Émile Lemaigre est chargé de restaurer et
d’agrandir la demeure. En juillet 1909, il soumet un projet à Alfred Douët.
Il prévoit d’ajouter une aile en retour à l’équerre, adossée à la façade
est, au nord de la tour d’escalier qu’elle englobe en partie. Elle se
prolonge jusqu’au mur d’enceinte est qui délimite la terrasse du château et
l’enclos de l’église Saint-Martin. Cette partie ne doit être haute que d’un
étage et doit abriter la cuisine, l’office des gens, ainsi qu’un cabinet de
toilette. Lemaigre propose de lui ajouter une petite tourelle à son angle
septentrional. Le cadastre napoléonien dressé aux Ternes en 1812, présente
déjà le château sous cette forme; il s’agit peut-être d’une annexe comme une
grange accolée à la demeure ou cela a-t-il été fait avant son arrivée.
Lemaigre dresse un nouveau plan ; l’aménagement se sur la façade principale,
face au petit parc qui s’étend à l’ouest du château. De la construction
originelle, il ne reste que la tour sud-ouest à laquelle le logis
rectangulaire est greffé à la fin du XVe ou au début du XVIe siècle. Le
projet vise à équilibrer la façade ouest en lui ajoutant une tour à son
angle nord, le pendant de la tour ancienne. Cette dernière ayant été privée
des parties sommitales à la Révolution, Lemaigre en profite pour donner aux
deux un couronnement identique qui complète la symétrie en donnant une
impression d’uniformité. La nouvelle tour est réalisée dans un néo-gothique
archéologique qui lui permet de se fondre dans l'ensemble. Les seules
différences visibles de l’extérieur sont la stéréotomie des grands blocs et
le léger motif incisé au-dessus des baies, comme si l'architecte souhaitait
laisser des indices permettant de différencier tout de même le neuf de
l'ancien, sans rompre l'harmonie générale.
Le château ayant été au fil des ans entouré par les habitations des
villageois, le jardin se limite à la portion de terre enserrée par les
remparts. Le paysagiste doit donc composer dans un espace restreint entouré
de hauts murs (sur le côté de la route). Il aménage un jardin à la française
juste devant le château et tente, par des plantations d'arbres et d'arbustes
en bordure, de donner l'impression que le jardin se prolonge au-delà des
plates-bandes visibles. Le château appartient aujourd'hui à la commune des
Ternes qui l'entretient et le loue pour des réceptions. Du jardin laissé à
l'abandon, il ne reste que le bassin central et des arbres. (1)
Éléments protégés MH : le château, les décors intérieurs et les jardins
: inscription par arrêté du 7 avril 2008.
château des Ternes 15100 Les Ternes, propriété de la commune depuis 1973, il
ne faut pas manquer d'admirer les monumentales cheminées et déambuler sur le
chemin de ronde. Un tour dans les jardins terminera agréablement votre
visite. Pour les groupes, visites guidées sur rendez-vous.
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