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Le premier château construit sur une colline dominant le passage de
l'ancienne voie romaine reliant Saintes à Périgueux est antérieur à l'An Mil
et a peut-être été édifié lors des invasions normandes. Bouteville, château
comtal, appartient dès le XIe siècle aux Taillefer. En 1176, le château fait
partie des nombreuses places fortes remises par le Comte d'Angoulême au Roi
d'Angleterre Richard Cœur de Lion. En 1356, Bouteville est toujours aux
mains des Anglais. Edouard, le Prince Noir, fait consolider les murs
d'enceinte. La restitution de la place forte est obtenue en 1392. Toujours
dans le domaine des Comtes d'Angoulême il est possédé à la fin du XVe
siècle, par Charles d'Orléans et Louise de Savoie. Leur fils, François 1er,
roi de France, aliène en 1540, la terre de Bouteville avec faculté de rachat
à Claude de Montmorency, lieutenant général de la Marine, son maître
d'hôtel. Les Montmorency n'en demeurent propriétaires que dix années. En
1550, la terre est engagée à Galéas Pic, comte de la Mirandole. Le château
se trouve alors en ruines. En 1593, le domaine à nouveau revendu, est acquis
par Bernard III de Béon du Massez, lieutenant général de Saintonge. Ce
nouveau seigneur s'est engagé à faire reconstruire les bâtiments. Une
gravure de l'ingénieur Topographe Claude Chastillon, datée de vers 1604,
montre l'édifice en cours de construction: l'aile principale et ses deux
tours sont achevées et l'on s'affaire à l'aile Sud. Sur la droite, gisent,
béants, les restes de la puissante forteresse médiévale. Bernard de Béon
décède en 1607. Louise de Luxembourg, son épouse, fait poursuivre l'œuvre,
laquelle va s'échelonner jusqu'en 1624.
La construction comporte alors un grand corps de bâtiment orienté à l'est,
flanqué de deux tours, deux ailes en retour d'équerre dont celle côté nord
renferme une galerie à deux niveaux, et, pour fermer la cour carrée, une
aile plus basse avec un niveau de galerie surmonté d'un grenier. Dans cette
aile basse s'ouvre le porche d'entrée du château: pavillon carré surmonté
d'une toiture en tiers point et muni d'un pont levis. Une tourelle en
encorbellement agrémente également l'extrémité de l'aile Nord... La famille
Béon du Massez Luxembourg conserve la châtellenie jusqu'en 1726. Un nouvel
engagement est réalisé au profit de Henri de Bruzac Hautefort, comte de
Vaudre. Il habite au château de 1726 à 1736 et fait transformer les lieux.
Sont démolis les deux galeries de l'aile nord, la tourelle en
encorbellement, la galerie et le grenier de l'aile ouest, le porche et le
pont-levis et une partie de l'aile sud, à leur place il fait construire de
nouveaux bâtiments dont subsistent aujourd'hui les ruines. Bouteville fait
partie, en 1787, de l'Apanage de Charles Philippe, comte d'Artois.
D'importants travaux sont réalisés en 1789 pour consolider les bâtiments
dont certaines parties frôlent la ruines ou se sont déjà écroulées. Mis sous
séquestre après l'émigration du Prince, le château sert quelques temps de
prison avant d'être vendu comme bien national. Acquis le 5 vendémiaire An
XII il a achevé de vivre ses dernières heures de gloire. Commence alors un
long et systématique dépouillement mutilant à jamais cet ensemble
remarquable. Des bâtiments sont démolis, des éléments sont vendus, démontés,
pillés, cassés, le temps a commencé son œuvre.
Il ne reste aujourd'hui qu'une partie de l'aile principale avec les deux
tours. La plus belle est éventrée sur toute sa hauteur, la plus petite est
découronnée. A l'étage noble, les grandes fenêtres à chambranles moulurés
sont surmontées de frontons triangulaires interrompus. A l'étage inférieur,
les ouvertures distribuées dissymétriquement sur la façade éclairent les
salons d'hiver, l'escalier, et les cuisines. Un fort cordon court au niveau
de l'appui de ces fenêtres basses. Il se prolonge sur les tours et les
restes de l'aile sud. Des plates-bandes et une corniche moulurées, au niveau
de la séparation des étages, de l'appui des baies supérieures et des
frontons font de même. Les allèges des fenêtres et les œils de bœuf de
l'escalier attendent toujours le décor sculpté qui leur était destiné, de
même inspiration que celui figurant sur la petite tour. La façade côté cour
de ce corps de logis, est mutilée et ne restent qu'une belle porte à fronton
non achevée et deux grandes baies. L'aile sud a disparu. L'aile nord, du
XVIIIe siècle, est beaucoup plus sobre. Le parti de la symétrie a été
adopté: une porte au centre, et un nombre égal d'ouvertures de part et
d'autre. Les extrémités forment deux légers avant-corps. L'aile basse du
XVIIIe siècle, renfermant le nouveau porche reconstruit par Hautefort est
très ruinée. Couronnée à l'origine sur chaque face, d'une balustrade cachant
son toit à une seule pente, elle a été surélevée à la fin du XVIIIe siècle
et recouverte d'une toiture avec croupe au sud.
L'originalité de ce château tient dans la façon dont sont amorties les
façades. Un crénelage continu constitué de motifs bulbeux en alternance avec
des grappes de fruits ou de feuillage faisaient le tour des bâtiments et
cachaient les toitures. Les eaux de pluie, recueillies dans des aqueducs de
pierre, s'évacuaient par des gargouilles ornées de mascarons. Il ne reste
aujourd'hui qu'une partie de ce dispositif sur l'aile nord et deux merlons
sur l'aile principale. Une bonne partie a été remontée au château de
Bourg-Charente et au logis de Flaville à Bonneuil. Une magnifique cheminée
ornée de cariatides et incrustations de marbre, fleuron de la grande salle,
est aujourd'hui sauvée à Bourg-Charente. Un escalier rampe sur rampe permet
d'accéder au sous-sol de l'aile principale. Sur la droite deux salles
voûtées en anse de panier renfermaient les cuisines et un bûcher; sur la
gauche deux autres salles voûtées en arc de cloître (voûtes aux propriétés
acoustiques surprenantes) étaient les Salle et Salon d'hiver. Dans la grosse
tour il reste encore un fort bel escalier en vis suspendu à limon hélicoïdal
inscrit dans une cage circulaire couverte d'une coupole hémisphérique à clé
pendante. (1)
Éléments protégés MH : les parties subsistantes du château : classement par
arrêté du 28 février 1984.
château fort de Bouteville 16120 Bouteville, propriété de la commune,
visite des extérieurs.
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