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Du XVIe
au XVIIIe siècle une longue lignée de seigneurs porte le nom de Chesnel; la
plupart sont dans l'armée ou la marine au service du Roi. Charles Roch
Chesnel, né vers 1580, construit le château de 1610 à 1625, pour remplacer
l'ancien castel, dit de Plumejeau, brûlé pendant les guerres de religion.
C'est dans les fondations de cet ancien château que fut trouvé en 1896 "le
Trésor liturgique de Cherves en Angoumois", riche parure d'un autel, d'une
église ou d'une abbaye locale, de nos jours au Metropolitan Museum of Art de
New York. Le nouveau château se construit sur le domaine de la Roche où se
trouvait une habitation et la gros pigeonnier. Josias Chesnel, fils de
Charles-Roch, né en 1613, reçoit les terres d'Ecoyeux et de Fouras par son
épouse Marie de Polignac. Dans l'armée au service de Louis XIII, il
participe à la défense de Cognac pendant la Fronde en 1651. Le dernier
Chesnel, Charles-Roch, né en 1714, est capitaine de vaisseau. Sa soeur,
Marie Anne Thérèse, hérite du château Chesnel. Elle se marie avec le Comte
d'Orvilliers, capitaine des vaisseaux du Roi en 1747. L'Amiral d'Orvilliers
bat la flotte anglaise à la bataille d'Ouessant en 1778. Il reçoit de Louis
XVI deux fûts de canon que l'on peut voir à l'entrée de l'hôtel de ville de
Cognac. Le château passe successivement dans les familles Fretard d'Ecoyeux,
d'Assier des Brosses, Boisset Glassac puis Roffignac...
On accède au château par un portail et son portillon charentais en pierre de
taille, avec six mâchicoulis sous un parapet à crénelage décoratif, orienté
sud-est. Ce portail traverse en son milieu un bâtiment de type saintongeais,
sans étage, tout en longueur, toiture de vieilles tuiles creuses, avec une
tour d'angle ronde à toit conique presque plat à chaque extrémité. Ce corps
de logis se prolonge par deux ailes en retour encadrant une première grande
cour. Cet ensemble, qui constitue les communs du château, est remarquable
par sa sobriété, ses longues lignes horizontales, ses tons chauds donnés par
un mortier rose reliant des mœllons ocrés. Au fond de cet espace, le
château, de style Renaissance italienne, ferme le rectangle et frappe par sa
masse imposante, par sa symétrie et son décor crénelé. Le corps de logis et
les deux ailes en retour sont rythmés au rez-de-chaussée et à l'étage par
des travées de grandes fenêtres rectangulaires symétriques. La porte
d'entrée principale se trouve au centre de la façade, dans l'axe du porche
d'accès à la cour. Quatre grosses tours carrées en avant-corps ponctuent le
château aux angles et aux extrémités. Les tours d'angle doubles le
renforcent au nord et à l'ouest. Vues de l'allée qui entoure les douves,
elles ressemblent à des donjons. Un large parapet, soutenu par de fortes
consoles masquant la toiture, en surmonte les tours et le corps de logis. Ce
parapet est couronné du même crénelage de fantaisie que le porche d'entrée:
chaque merlon est amorti d'un petit fronton alternativement cintré et
triangulaire, surmonté lui-même d'une petite sphère. Des gargouilles de
pierre évacuant l'eau des couvertures, sont régulièrement espacées à la base
du parapet. Ce décor est rappelé par les frontons, également alternativement
cintrés et triangulaires, surmontant les fenêtres de l'étage des deux ailes
latérales. Sur l'aile sud-ouest un feston relie en plus les frontons des
baies.
Le caractère féodal donné par ce parapet crénelé est augmenté par les
profondes douves sèches ceinturant de tous côtés la base du château en
glacis appuyée sur le roc. La pierre tirée des douves à servi à la
construction. Typique également, le cordon courant sur les murs extérieurs,
marquant la séparation entre le glacis et le rez-de-chaussée de l'édifice.
On accède par un pont, à la cour intérieure du château. Une balustrade de
pierre avec un portail encadré de deux pilastres amortis d'une petite sphère
ferment cette cour sur son quatrième côté. Deux lions de pierre, de facture
ancienne, gardent l'entrée du pont. Ils proviennent de la "Font des Lions",
source située dans la propriété. L'entrée principale du château, voûtée
d'arêtes, ouvre sur un escalier de pierre à volées droites donnant accès à
l'étage et au sous-sol. Dans une vaste salle basse voûtée, se trouve une
cheminée monumentale dans laquelle l'on pouvait entrer et s'asseoir, faire
la cuisine et se changer. Dans la chapelle, située dans la tour nord-est,
une fine statuette de Sainte-Anne tenant devant elle une vierge à l'enfant,
peut remonter au XVe siècle. A l'extérieur du château, le long du mur nord,
une fuie ronde a perdu sa toiture en poivrière. La maçonnerie a été remontée
pour permettre la mise en oeuvre d'une couverture plate à une seule pente,
rompant ainsi l'harmonie de cet édifice. La lucarne surmontée d'un fronton
triangulaire à denticules s'ouvrant autrefois dans le cône de la couverture
est dorénavant noyée dans l'épaisseur de la nouvelle maçonnerie. Un
cartouche rectangulaire au-dessus de la porte devait, à l'origine, comporter
une inscription. (1)
Éléments protégés MH : les façades et les toitures du château, les douves
ainsi que le sol des cours : inscription par arrêté du 24 mai 1965.
château du Chesnel 16370 Cherves-Richemont, tél. 05 45 83 11 05, ouvert
au public du 15 juin au 15 septembre, le mardi, jeudi et samedi à 10h30 et
14h, dimanche à 15h. Groupes toute l'année sur rendez-vous.
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Rosier pour les photos qu'il nous a adressées pour illustrer cette page.
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