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À la frontière des départements de la Charente et de la Dordogne, les
vestiges du château de La Rochebeaucourt attirent l'attention du promeneur.
Le château et le parc s'étendent sur deux communes de Charente: Edon et
Combiers. Le premier seigneur connu de la terre de La Rochebeaucourt, Itier
de Villebois, est mentionné dans un hommage du 3 novembre 1228. Jusqu'au
XVIe siècle, cette terre appartient à la même famille, à qui elle va donner
son nom. Faisant partie de la vicomté de Limoges, la plus grande partie
était au sud de la Nizonne (La Rochebeaucourt et Argentine). Le reste, au
nord, avec six paroisses (Edon, Combiers, Blanzaguet, Hautefaye, Gardes,
Saint-Cybard Le Peyrat) était au comté d'Argentine. Jean de La Roche,
seigneur de la Rochebeaucourt, fut sénéchal d'Angoulême. Son petit-fils
Jean, fut en 1559 un farouche calviniste, participant aux batailles de Dreux
et Saint-Denis. La terre de La Rochebeaucourt passe à la famille de Galard
de Béarn par le mariage de René (1552-1612), baron de Brassac, de Saint
Maurice, avec Anne de la Rochebeaucourt, le 15 juin 1578. Les Galard en
restèrent propriétaires jusqu'en 1892. Les Galard de Béarn furent les
constructeurs des deux châteaux, du XVIe et du XIXe siècles, aujourd'hui
disparus. Le dernier, pastiche de la Renaissance, fut élevé par le Comte
Louis Hector de Béarn de 1853 à 1859. Plusieurs documents permettent de
reconstituer le premier château. Monsieur le Comte de Brassac et de la
Rochebeaucourt, fait établir en 1790 à M. Antoine Magnat, Maitre Architecte,
des devis descriptifs et estimatifs de réparation.
Ce document précise les pièces et éléments constitutifs de cet ensemble qui
comprend: au rez-de-chaussée la salle à manger, cuisine, trois petites
chambres de domestiques, plusieurs chambres, grande salle à jouer, boudoir,
salon de compagnie, antichambre, bibliothèque. Au premier étage plusieurs
appartements et chambres, une galerie... La tour et le devant du salon
avaient un balcon, le château était entouré d'une terrasse; une chapelle
avec une galerie existait dans un pavillon. Un passage voûté protégeait un
chemin. L'eau de la Nizonne alimentait l'orangerie. Parmi les nombreuses
dépendances figuraient une brûlerie, une maison de jardinier, un colombier,
des écuries, un moulin, le jardin du meunier, des pièces d'eau. Vers 1850,
l'élargissement du chemin passant sous la terrasse a entraîné la réfection
du passage voûté. Entre 1853 et 1859, le château fut systématiquement et
radicalement restauré par l'architecte Dusillon de Paris et Nicolas
l'entrepreneur. Entre 1859 et 1861, ont été réalisés divers projets de
création de jardin à l'anglaise par Rousseau et fils de Bordeaux et Armand
Gontier pépiniériste, horticulteur à Orléans. Aujourd'hui, du premier
château, il ne reste que le soubassement du XVIIe siècle formant terrasse.
Il s'étend de part et d'autre de la route enjambée par un passage. Il suit
un contour variable. Au nord il se termine par une grille donnant sur le
parc, et au sud, par un éperon plus ancien.
Sous l'emplacement de l'ancien château, (commune de Combiers), le
soubassement est composé d'une série d'ouvertures en arc segmentaire avec
claveau central saillant. La majorité des ouvertures sont fermées par des
pierres imitant des fausses portes. Des pilastres avec consoles moulurées,
séparent les baies. Une balustrade surmonte l'ensemble. Un passage voûté en
plein cintre, puis deux travées sur croisées d'ogives, relient la cour
d'entrée au pré sur l'arrière. A droite, à l'intérieur de ce passage, un
escalier permet d'accéder à la terrasse. Le hall de l'escalier est voûté sur
croisée d'ogives, orné d'une niche à décor de coquille surmontée d'un
fronton cintré. Face à l'escalier, une autre niche, encadrée de deux
colonnes, fait toute la hauteur de la pièce. Elle est ornée d'un luxuriant
décor de rinceaux, trophée avec coupe de fruits et instruments de musique.
La première volée droite, de huit marches, passe entre deux piles décorées;
de chaque côté, une balustrade où se lisent les inscriptions I.G.N. et
H.B.C., surplombe le hall. La cage d'escalier est superbement décorée. Sur
les murs et sur la voûte des sculptures inscrites dans des cartouches
représentent des trophées d'armes et d'armures, rinceaux, guirlandes avec
monogrammes, deux B face à face et la lettre N. A la vue de ce remarquable
ensemble, de par la richesse et la finesse de la sculpture, l'on regrette
que ce soit là le seul véritable vestige de l'ancien château. De l'autre
côté du passage, sur la commune d'Edon, se trouvent les orangeries du XVIIIe
siècle. Un long bâtiment d'un seul niveau, surmonté d'une balustrade, est
percé de sept ouvertures en plein cintre, et flanqué de deux pavillons en
léger retrait. Ces deux pavillons, à deux niveaux sont percés de baies
rectangulaires avec balcon, à balustres au premier étage. Au XIXe siècle, à
l'Est de ce bâtiment, existaient un pigeonnier et un chenil. Le château fut
totalement rasé par la ville d'Angoulême au titre des dommages de guerre
suite à l'incendie provoqué lors de la deuxième guerre mondiale. (1)
Éléments protégés MH : l'ensemble des vestiges bâtis (édicule, orangerie,
arc de triomphe, canaux, clôture,) et non bâtis (parc, jardin, allée et
bois) : inscription par arrêté du 21 mai 1990.
château de la Rochebeaucourt 16320 Combiers, propriété privée, visite des
extérieurs, vestiges.
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Monsieur Bernard Drarvé pour les photos qu'il nous a adressées afin
d'illustrer cette page.
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de la Charente" tous les châteaux répertoriés à ce
jour dans ce département. |
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