|
Le premier atout du château de Fleurac est le site
qu'il occupe, entre Saint-Michel et Nersac, sur les hauteurs au sud du cours
de la Charente. Son aspect italianisant contribue beaucoup à son charme et à
son intérêt. Du simple point de vue historique, la première mention qui en
est faite date de 1450, avec Jean Baudouin "seigneur de Fleurac". Pascal
Trégan, dans la récente brochure consacrée au château, fait remarquer que
certains éléments d'architecture peuvent remonter au XIIIe siècle (les deux
tiers de la longueur de la façade nord-ouest: ses contre-forts,
l'appareillage utilisé, les traces d'ouverture, une salle voûtée en berceau
brisé au sous-sol et aussi cheminée et latrines). Ce corps de logis du XIIIe
siècle aurait eu un plan rectangulaire (identique à celui de la pièce
voûtée), qui peut laisser penser qu'il s'agissait d'un donjon. Toujours
est-il que ce bâtiment primitif fut intégré, par la suite, dans la
construction Renaissance qui se déploya avec un plan en L, vers le sud et
l'est. Qu'en est-il des passages de François 1er à Fleurac, dans la première
moitié du XVIe siècle, comme le veut la tradition locale, maintes fois
rapportée, mais jamais établie historiquement. Les Valois aimaient la chasse
et ces environs d'Angoulême étaient alors couverts par la forêt de l'abbaye
de La Couronne. Fleurac y semble un lieu parfait pour les rendez-vous de
chasse. Qu'en est-il également réellement des ouvriers italiens ramenés par
François 1er, vers 1515 et qui auraient travaillé à la décoration de ce qui
devenait une résidence de campagne?
De cette œuvre décorative du XVIe siècle, il ne reste quasiment nulle trace,
si ce n'est un chapiteau à pilastre. Cet état de fait pourrait bien sûr être
mis sur le compte des guerres de religion qui ne tardèrent pas à secouer la
contrée, dans la deuxième moitié du XVIe siècle. En revanche, est connu,
pour cette période, le nom des propriétaires: les Baudoin. Plusieurs
générations le garderont pendant plus de deux siècles, jusqu'en 1695. La
plupart se qualifient "d'écuyer, seigneur de Fleurac". L'un d'entre eux,
Alain Baudoin, se dit "gentilhomme ordinaire de la chambre du roi Henri IV".
C'est celui-ci qui avait épousé, en 1584, Renée de Puyrigaud, veuve de Louis
Chesnel. Ce mariage semble d'importance pour comprendre la nouvelle phase de
travaux, au tournant des années 1600. La ressemblance avec Château Chesnel,
est frappante: même logis accolé de massives tours carrées, même douves
sèches et profondes, même couronnement des murs par des crénelages
festonnés, note J.P. Auzou, architecte départemental des Bâtiments de
France, en 1988. Le style italianisant, manifeste encore dans la rénovation
1600, explique peut-être à elle seule, la tradition des ouvriers architectes
italiens travaillant à Fleurac et installés dans la région depuis François
1er. Un autre Baudoin, François, marque l'histoire du château par sa
personnalité. Il est maire d'Angoulême, et selon l'historien Vigier de la
Pile (qui l'a connu), c'est un philosophe et un épicurien fort poli qui
pratique à Fleurac la plus large hospitalité.… En 1695, le logis est vendu à
Jean-Baptiste Guiton, procureur du roi, et déjà seigneur du Tranchard sur
Fléac. Par la suite, et jusqu'au milieu du XXe siècle, le château fut habité
par les de La Laurencie. Actuellement, le château est ouvert au public
l'été.
L'accès se fait par le parc, au Sud. Autour des douves courent de belles
balustrades du XVIe siècle. Des personnages sculptés, aujourd'hui dans le
vestibule, étaient scellés au-dessus. Ils portent des corbeilles de fruits
et sont vêtus dans le goût 1600. Des fruits, on en retrouve sur la porte
d'entrée, sans doute le joyau de la façade. Typiquement italienne, cette
porte se date de 1620. Elle est encadrée de pilastres plats aux chapiteaux
ioniques et au drapé portant un gros bouquet. Au-dessus, un fronton aux
lignes courbées laissant un pot à feu toujours fleuri. Côté nord, de belles
terrasses avec balustres dominent la vallée de la Charente. L'originalité
architecturale vient peut-être des crénelages festonnés sur mâchicoulis qui
couronnent les murs; système qui permettait de masquer la toiture à faible
pente et les chéneaux de pierre qui se terminent en gargouilles en forme de
gueules de canon. A l'intérieur, l'escalier en pierre est une pièce majeure
de la bâtisse. Il occupe le vestibule dans l'aile ouest. Escalier à trois
volées et à balustres: son plafond est à caisson. Un grand salon orné de
gypseries, à l'extrémité Est du logis, est aussi d'un bel effet. Les
dépendances du château constituent également un ensemble intéressant. Son
ancien moulin à grain seigneurial, en contre-bas sur la Charente est depuis
1989, le musée du papier du département. Son ancienne fuie de style gothique
fut transformée au XVIIIe siècle, en chapelle. Tout près de celle-ci un four
banal est en partie effondré. Signalons aussi d'anciennes écuries et un chai
de vin du XVIIIe siècle, ainsi que la maison de la ferme, la maison du
vigneron et la maison du colon. (1)
Éléments protégés MH : les façades et les toitures du château; les douves,
les terrasses avec leurs balustrades; l'escalier de pierre à balustres. A
l'intérieur: le grand salon orné de gypseries à l'extrémité Est du château
de Fleurac : inscription par arrêté du 8 juillet 1988.
château de Fleurac 16440 Nersac, tel. 05 45 91 89 54, M. et Mme Mahy,
l'édifice se visite à la demande des propriétaires. Parc ouvert du 1er
juillet au 30 septembre, tous les dimanches, lundis et mardis et toute
l'année sur rendez-vous pour les groupes.
Ce site recense tous les châteaux de France, si vous possédez des documents
concernant ce château (architecture, historique, photos) ou si vous
constatez une erreur, contactez nous. Nous remercions chaleureusement M.
Rosier ainsi que M. Gérard Fresser pour les photos qu'ils nous ont adressées
afin d'illustrer cette page.
A voir sur cette page "châteaux
de la Charente" tous les châteaux répertoriés à ce
jour dans ce département. |
|