|
Ce logis, ou château (titre que lui
donne Charles Daras) fait partie de cette série de belles demeures, sur la
commune de Nersac, qui donnent sur les rives sud de la Charente et depuis
1865... sur la ligne de chemin de fer. Le toponyme, Lamothe, a une
connotation toute médiévale; mais y existait-il déjà un château au
Moyen-Âge? Les papiers de l'ancienne abbaye Saint-Cybard d'Angoulême, dont
Nersac relevait, traitent du fief de Lamothe-Charente, simplement à partir
du XVe siècle. La construction actuelle, elle, ne semble pas antérieure au
XVIIIe siècle. Le fief de Lamothe-Charente possédait des dépendances sur une
partie des paroisses de Nersac et Trois-Palis. Au XVIe siècle, Lamothe
appartenait à la famille Géraud. Thomas Géraud, seigneur du lieu, a une
histoire curieuse et fort peu connue (il n'y a qu'une communication à la
société archéologique en 1865, à partir de pièces d'archives, qui extirpe
l'affaire d'un profond silence). En 1586, Thomas Géraud, dans le contexte
troublé des guerres de la Ligue et de la religion, poussé par le roi de
Navare, pas encore Henri IV avait tenté une entreprise contre la ville
d'Angoulême. Pris, Géraud fut tué et ses biens, dont Lamothe, confisqués.
Henri IV, devenu roi, redonna à Anne Géraud, sa fille, tous ses droits et
possessions. Celle-ci venait d'épouser, en 1598, Yvriex de Gentils,
gouverneur du château de Cognac. Un de leurs petit-fils, Philippe de
Gentils, marquis de Langallerie et seigneur de Lamothe-Charente (1661-1717),
fut très connu de ses contemporains. C'était un des meilleurs généraux de
cavalerie de Louis XIV. Des écrits assez divers, dont ceux du mémorialiste
Saint-Simon, nous comptent ses faits d'armes. A sa mort en captivité, en
1717, sa femme, Suzanne de Gentils de Langalerie, habitant Paris, vend le
château à M. Inaud, puis lui-même, peu avant la Révolution, à la famille
Bidé de Maurville-Beauvais. En 1792, le chef de famille émigre à l'étranger.
Au centre de la construction est un logis, sans doute des années 1700. Sa
toiture de faible pente est dissimulée par une balustrade, qui rappelle
celle qui se voit sur ses terrasses au nord. Deux pavillons identiques, qui
surprennent par leur importance, sont en nette saillie du corps de logis à
l'est comme à l'ouest. Leurs couvertures à forte pente en ardoises
contrastent avec l'aspect classique de son logis central. Ce dernier point
doit être une modification de la fin du XIXe siècle; en effet, sur une
gravure de Brouillet, des années 1860 (conservée aux Archives
Départementales), ces deux pavillons sont construits et couverts de la même
façon que le logis central . Un beau puits classique, dans la cour, va bien
avec l'ensemble. Dans les dépendances demeure un pigeonnier XVIIIe siècle
polygonal. Parmi les dépendances plus lointaines de ce fief était un moulin
à blé à deux roues sur la Charente, paroisse de Trois-Palis. (1)
château de la
Mothe-Charente 16440 Nersac, propriété privée, ne se visite pas.
Ce site recense tous les châteaux de France, si vous possédez des documents
concernant ce château (architecture, historique, photos) ou si vous
constatez une erreur, contactez nous. Nous remercions
chaleureusement les propriétaires du château pour les photos qu'ils nous ont
adressées afin d'illustrer cette page.
A voir sur cette page "châteaux
de la Charente" tous les châteaux répertoriés à ce
jour dans ce département. |
|