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Lorsque l'on est dans la vaste cour du
château de Fontguyon, on se sent au coeur d'un grand domaine enraciné dans
une longue histoire. Celle-ci a connu un puissant départ sous l'Antiquité.
Nous partageons la vue de Michon lorsqu'il écrit dans sa Statistique: "Foniguyon
a été une dilla gallo-romaine". Des vestiges trouvés au début du XIXe siècle
dans une prairie au nord du château, l'accréditent: vestiges de bains
antiques, fragments de pavés en béton romain, et beaucoup de débris de
tuiles à rebords. Le plan actuel de l'ensemble des constructions tendrait à
montrer que, régulièrement, on s'est préoccupé de reconstruire au même
emplacement et selon la même disposition, la partie du domaine qui le
nécessitait. Cela nous donne, encore aujourd'hui, et malgré la substitution
de l'ancienne villa par un château aux époques de constructions nombreuses
et imbriquées les unes dans les autres, la physionomie d'un centre
d'exploitation agricole antique. Des ressemblances avec d'autres grandes
villas romaines de la région, sont nettes. On peut penser à celle du Guet
sur Chauvighy (Vienne), à l'état de fouille et étudiée récemment. Les
dimensions et dispositions sont sensiblement les mêmes qu'à Fontguyon; un
vaste espace rectangulaire de 120 mètres de long sur 80 mètres de large,
clos de murs. L'ancienne "pars urbana" est située dans la partie orientale,
a l'opposé de l'entrée principale. La "pars urbana" était l'habitation du
maître du domaine, le dominus, et de sa famille. C'est elle qui a évolué en
château: l'habitation du seigneur et de sa famille; la partie la plus
prestigieuse de toutes les constructions. La "pars urbana" antique faisait
déjà l'objet des plus grands soins des constructeurs, bénéficiait du confort
introduit par les Romains et de matériaux durs. La "pars urbana"de Fontguyon,
si l'on en croit la forme actuelle des constructions, correspondrait au type
bien connu de "villa à ailes".
Le bâtiment en fond fait 45 mètres sur 15 mètres et deux ailes latérales en
retour d'équerre encadrent une petite cour inscrite dans la grande. La "pars
rustica" est indissociable de la première. Plus vaste en superficie,
consacrée au travail, au logement du régisseur (vilicus) qui y a sa maison,
à celui du personnel, aux greniers agricoles, et souvent aussi à un
artisanat ponctuel permettant l'autarcie de la villa. Des dépendances
agricoles et des habitations pour salariés, reconstruits et adaptés à
l'époque moderne, entourent toujours la grande cour. L'accès se faisait par
un arc, souci repris par un porche monumental, plus tard. La maîtrise de
l'eau, élément constitutif de la civilisation romaine, était possible grâce
au passage du ruisseau "la Fontguyon", canalisé sous sa forme actuelle au
XVIIIe siècle. Elle pouvait alimenter des bains antiques. Des temps
médiévaux à Fontguyon, nous savons peu de choses. Ils ont dû opérer les
premiers remplacements des constructions romaines. Dans le rez-de-chaussée
du corps de logis, se voient à l'intérieur la partie la plus ancienne: une
salle voûtée avec cheminée et pavage de pierre en losanges, difficilement
datable entre le XIIe et le XVIe siècle. Le XVIe siècle est en effet bien
présent dans ce château. Presqu'au centre de ce corps de logis, dans le sens
de la largeur est un grand passage voûté reliant terrasse et garenne à l'est
avec la grande cour à l'ouest. Il est assez vaste pour y faire passer un
cheval. Il est situé dans l'axe du portail a pilastre que l'on emprunte en
entrant dans le domaine. Manifestement de la Renaissance, un escalier
intérieur qui imite le célèbre escalier de La Rochefoucauld, moins large
mais semblable décoration, et également la chapelle, à l'extrémité ouest de
l'aile nord. Elle n'a qu'une seule travée en croisée d'ogives. À sa
clé-de-voûte, sont les armes des seigneurs de Fontguyon au XVIe siècle, les
La Porte aux Loups.
Son intérieur fut très restauré il y a cent ans. A l'extérieur, sa corniche,
une forte mouluration ouvragée, et une fenêtre percée à l'est, dans la pente
aiguë de sa toiture, sont ses principaux faire-valoirs. Le XVIIIe siècle y
laissa aussi son empreinte. Deux pavillons, tout en façade, furent ajoutés à
l'est de l'aile centrale du château. Un escalier à double Révolution, jouant
astucieusement avec les courbes et les axes, descend, au sud, de la terrasse
aux jardins que prolongent de belles allées le long du canal de la Fontguyon.
Jardins, dont l'historien Vigier, en 1730, vante le charme. Les façades des
ailes latérales furent largement reprises, ou construites pour la première
fois, fin XVIIIe siècle, avec moins de recherches esthétiques Certaines
dépendances laissent voir le four; d'autres, avec un curieux préau voûté
tout en bois, n'existent plus que partiellement. Un beau puits datant du
XVIIIe siècle. Les terres de Fontguyon ont toujours été étendues sur les
paroisses de Saint-Amant-de-Nouère et de Douzat. Ses seigneurs furent les La
Porte-aux-Loups, au XVIe siècle, époque de sa principale construction. Dans
les premières années du XVIIe siècle, château et domaine sont acquis par
Hélie Laisné, puis peu après (avant 1654) passent à la famille Gandillaud.
Il y a là un désaccord avec l'historien de l'Angoumois, Vigier de La Pile,
qui écrit vers 1740 que Fontguyon est aux Gandillaud depuis deux siècles. A
la fin du siècle des Lumières, Fontguyon devint la propriété de M. Poitevin,
directeur des fonderies de France, qui acquit le droit de joindre à son nom,
celui de sa terre. (1)
Éléments protégés MH : les façades et les toitures du logis avec ses trois
ailes, la chapelle, les façades et les toitures du bâtiment fermant la cour
à l'ouest le jardin avec l'escalier en fer à cheval au sud du logis.
L'escalier en vis Renaissance avec sa cage, à l'angle du logis : classement
par arrêté du 2 septembre 1994.
château de
Fontguyon 16170 Saint-Amant-de-Nouère, propriété d'une société.
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