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La terre de Bussac
relevait de la vicomté d'Aulnay, en Poitou, et appartenait au XVe siècle à
la famille La Personne. En 1435, le seigneur de Bussac était Jehan de La
Personne. Vingt ans plus tard, il rendit aveu de son fief de Bussac au
seigneur d'Aulnay. Par la suite, en 1480, on trouve André de La Personne,
puis en 1502, Guillaume de La Personne, époux de Jeanne de Toutessain.
Quelques années plus tard, Pérette de La Personne, héritière de Guillaume,
épousa Louis de Ponthieu. Leur fille, Marie, épousa à son tour François de
Beauchamps, écuyer, seigneur de Villeneuve, Souvigné et autres lieux, fils
de Geoffroy et de Michelle de Viron, lequel rendit hommage au Roi, en 1550,
à cause de sa vicomté d'Aulnay. La famille Beauchamps, convertie très tôt au
protestantisme, compta de zélés partisans parmi ses membres. En 1569, le
seigneur de Bussac "capitaine des rebelles en la ville de Xaintes" figure
sur la liste des 579 gentilshommes calvinistes de Saintonge condamnés à mort
par le parlement de Bordeaux. Le fils de François de Beauchamps, Louis,
écuyer, seigneur de Grandfief, Bussac et autres lieux épousa Françoise
Vigier, dame de Saint-Georges-des-Côteaux qui lui donna plusieurs enfants
dont Isaac, seigneur de Bussac, Saint-Georges-des-Côteaux, La Vallade, La
Maisonnais, Souvigné, Le Petit-Douhet, gentilhomme de la chambre du Roi,
qui, en 1594, faisait profession de la Religion Prétendue Réformée, comme
son père et sa mère. Son fils Louis épousa Anne de Montaigne, fille de
Raimond, seigneur de Courbiac dont il n'eut pas d'enfant. Après sa mort, en
1657, sa veuve obtint un arrêt sur requête présentée à la chambre de l'édit
de Paris, l'autorisant à se mettre en possession de la terre et seigneurie
de Bussac jusqu'au paiement final de sa dot ainsi qu'il avait été stipulé
lors de son contrat de mariage. Cette somme ayant été réglée, la seigneurie
revint à Alexandre de Beauchamps, frère de Louis, protestant aussi convaincu
que ses ancêtres.
En 1665, le curé de Bussac déclara devant le présidial de Saintes que le
jeudi 4 juin "jour de feste Dieu, faisant la procession à l'ordinaire,
portant le très saint sacrement de l'autel et étant à l'opposite vis-à-vis
le château de Bussac, sur le chemin qui va du château à l'église, il trouva
une barrière faite de pieux et de branches d'arbres au travers du chemin"
qu'Alexandre de Beauchamps avait fait mettre pour empêcher le passage de la
procession. Après lui, furent seigneurs de Bussac, Alexandre, son fils et
autre Alexandre, son petit-fils qui ne laissa aucune postérité de son
mariage avec une roturière, Madeleine Leblanc, lorsqu'il décéda en 1743.
L'année suivante, suite à une licitation passée entre ses nombreux
héritiers, la seigneurie de Bussac, composée du Grand et Petit-Bussac, du
fief de Rochefollet, de ceux de Lormont, de Saint-André et du Petit-Doubhet
fut cédée moyennant 95000 livres à Louise Massiot de La Motte, épouse de
Christophe de Rossel, chevalier de saint Louis, fille de Louise de
Beauchamps, tante du défunt. Louise Massiot la revendit en 1765 à
Charles-Jean-Baptiste Mercier, écuyer, seigneur du Treuil-Chartier, Clam,
Saint-Georges-de-Cubillac et Saint-Germain-de-Lusignan, président trésorier
de France au bureau des finances de La Rochelle, pour 218000 livres. À la
mort de son épouse, Louise Carré, le château échut à leur fils,
Charles-Marguerite-Jean-Baptiste Mercier Dupaty, président à mortier au
parlement de Bordeaux. Les enfants de celui-ci vendirent le domaine par
adjudication, en 1822 à Louis de La Laurencie, recteur de l'académie de
Limoges, chevalier de saint Louis, pour 68000 francs.
Le château se composait alors d'un "vestibule, salles, salon ouvrant sur le
parterre, cuisine, dépense, souillarde, cave, caveau, diverses chambres de
maître, cabinets, anti-chambres, chambres de domestiques, garde meuble,
chambre de recouvreur et greniers,...". Tous les appartements étaient alors
boisés, tapissés et plafonnés et un escalier en pierre en forme de perron en
fer à cheval avec une rampe en fer permettait l'accès depuis la cour. Le
château de Bussac est constitué par deux corps de logis accolés, pourvus
chacun d'une haute toiture d'ardoise à quatre pentes. Côté rivière, il est
encadré par deux pavillons. Une gravure de Claude Chastillon le représente
vers 1604-1605, depuis la Charente. À cette époque, il comptait trois
niveaux et de petites lucarnes éclairaient les combles. Fautivement, le
graveur a représenté les toitures des pavillons en sens inverse accolées à
celle du corps de logis. Depuis, la hauteur de la façade a été quelque peu
diminuée par l'adjonction d'une terrasse et la transformation des baies du
rez-de-chaussée en occuli. La façade côté cour a sans doute été rebâtie par
les Mercier-Dupaty. Elle est animée en son centre par un avant-corps en
faible saillie, auquel on accède par un perron en fer à cheval, coiffé par
un fronton triangulaire. Dans les dépendances, on remarque en particulier un
pigeonnier carré sur arcades et une porte cochère dotée de consoles qui
devaient supporter à l'origine un chemin de ronde. Il faut sans doute
attribuer la construction du château actuel à Isaac de Beauchamps, à la fin
du XVIe siècle. À la fin de sa vie, en 1639, il avait passé une convention
avec Léonard Delage, maître maçon, pour l'achèvement de murailles. Son fils
Louis continua son œuvre, faisant aménager l'intérieur. En 1650, il avait
passé un marché avec le peintre Mathieu Bérard pour la décoration d'un
cabinet depuis le haut jusqu'en bas, avec figures et pour la réparation de
quatre tableaux situés dans la chambre basse du logis. (1)
château de Bussac 17210 Bussac-sur-Charente, propriété privée, ne se visite
pas.
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