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Le château de La Hoguette prit son nom tardivement lorsqu'il fut acquis au
XVIIe siècle, par Philippe Fortin, seigneur de La Hoguette, en Normandie.
C'était autrefois le siège de la seigneurie de Chamouillac qui fut très
longtemps aux mains de la famille de Cruc. À la suite d'un long procès de
succession entre Élie de Cruc et ses sœurs, Rachel et Madeleine, celui-ci
obtint pour son droit d'aînesse La terre de Peuroux en Rouffignac et une
partie de celle de Chamouillac qui lui sera désormais unie. C'est à sa sœur,
Madeleine, mariée à Jean des Arnaulds, écuyer, gentilhomme ordinaire de la
chambre du Roi, seigneur de Dompierre-sur-Charente, que revint le château de
Chamouillac. Suite à un procès, il fut saisi sur Jean des Arnaulds et adjugé
par arrêt du parlement de Bordeaux, en 1635, pour 11600 livres, à Jacques
Mercier de Hautefaye, écuyer, seigneur de Jauvelle. Ce dernier n'ayant pu
consigner la somme de son enchère en temps voulu, André Moyne, maire de
Saintes, parvint à faire annuler l'adjudication et à faire remettre les
biens de Jean des Arnaulds aux enchères. Ce n'est finalement qu'en avril
1637, que la seigneurie de Chamouillac fut définitivement adjugée à Philippe
Fortin, seigneur de La Hoguette, près de Falaise, et à son épouse Louise de
Beaumont-Péréfixe, sœur de l'archevêque de Paris. Aussitôt, le couple
entreprit de faire rebâtir le château, comme en témoignent encore leurs
armoiries placées au-dessus de la porte d'entrée. A leur mort, il revint à
leur fils, Hardouin Fortin de La Hoguette, évêque de Poitiers, qui rendit
hommage au Roi, en 1681, pour sa terre de Chamouillac. Par la suite, il
échut à ses neveux issus du mariage de Jeanne Fortin de La Hoguette et de
Raphaël de Fournel, baron de Tayac.
C'est Madame de Tayac qui vendit le château de La Hoguette, le 5 mars 1720,
à Jacques Alphée de Goulard, marquis de Vervant, lequel venait, quelques
jours auparavant, de céder sa terre de Vervant. En 1738, il en fit don à son
fils cadet, Antoine de Goulard de Villefranche. La terre était alors estimée
à 36000 livres. Quelques années après, Antoine de Goulard accepta de s'en
défaire en faveur de Philibert de Flambart, lequel, pour payer son
acquisition, devait vendre sa maison de Bordeaux dans les cinq ans à venir.
Le malheureux Philibert de Flambart ne trouva aucun acquéreur au prix qu'il
en demandait et dut quitter le château qu'il était venu habiter en attendant
de pouvoir signer l'acte d'achat. Après lui, en 1760, Louis-Marie, comte de
Sainte-Maure, marquis d'Archiac, seigneur de Chaix, d'Augé, de Barret et de
La Garde, premier écuyer du Roi, maréchal de ses camps et armées,
s'intéressa au château de La Hoguette qu'il voulut acquérir à son tour. Son
notaire fut alors chargé de faire des offres à la famille Goulard, et son
architecte, nommé Raven, leva les plans des bâtiments. Les Goulard
répondirent qu'ils n'étaient pas vendeurs, mais qu'ils accepteraient
volontiers d'échanger le château de La Hoguette contre celui d'Augé, en
Poitou. Malgré les propositions du comte de Sainte-Maure, l'affaire ne
connut aucune suite. Antoine de Goulard mourut en 1784, laissant un fils
encore en vie, malade, qui décéda sans postérité l'année suivante. La terre
de La Hoguette revint alors à sa belle-sœur, Louise-Françoise-Élisabeth
Avril, agissant au nom de son fils, Louis-Antoine de Goulard, et à Charles
du Sablon, seigneur de Brives-sur-Charente. La famille Goulard traversa la
Révolution sans encombre puisque le château resta la propriété de
Louis-Antoine, marquis de Goulard. De deux mariages successifs, il ne laissa
qu'une fille, Marie-Antoinette-Delphine, mariée en 1819, à
Jean-Gustave-François Sénigon du Rousset de Roumefort du Cluzeau. Le domaine
revint ensuite à leur fils, Henri-Louis-Charles-Marie, et à la mort de ce
dernier à leur petite-fille, Marie-Yolande, épouse de Max de Mas-Latrie.
Le château de La Hoguette est une belle construction Louis XIII. Le corps de
logis, en fond de cour, qui devait être à l'origine couvert de tuiles
canales, est encadré par deux gros pavillons rectangulaires à toiture
d'ardoise. Sur la façade antérieure, l'accès se fait par une porte à
pilastres surmontés par un fronton triangulaire coupé par un écu portant les
armes des Fortin et des Pérefixe. Dans l'axe, elle est prolongée par une
fenêtre à meneau et croisillons couronnée par un fronton à volutes. Deux
ailes de dépendances prolongeaient en retour d'équerre les gros pavillons
latéraux. Seule la tour cylindrique qui flanquait chacune d'elle subsiste
encore de nos jours. La façade postérieure, qui s'ouvrait sur les jardins,
reprend une unité à peu près semblable. Il faut surtout remarquer les
curieuses fenêtres à meneau et à croisillons de la travée centrale et du
premier étage des pavillons qui possèdent chacune un linteau à arc
segmentaire. Celles des pavillons sont surmontées par des fenêtres à meneau
et à croisillons à linteau droit coiffé par un fronton triangulaire.
Construit peu après son achat en 1637 par les Fortin, le château de La
Hoguette est un intéressant exemple de logis de style Louis XIII où la
recherche d'une symétrie relative et d'une répartition plus rythmée des
baies prime. Sa conception marque un courant de réaction au style de la
maison noble saintongeaise traditionnelle, le plus souvent organisée de
façon dissymétrique à partir d'un angle souligné par un pavillon unique. (1)
château de la Hoguette 17130 Chamouillac, propriété privée, ne se visite
pas.
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