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Le château est situé sur un ancien
îlot calcaire, dans les marais de la Sèvre Niortaise, au bord de l'anse de
l'Aiguillon. De tous les châteaux des alentours, il est le seul à présenter
autant d'éléments architecturaux bien conservés. La plus ancienne mention de
la terre de Charron, appelée autrefois La Bertinière, remonte à 1363,
lorsque Godemar, baron de Linières, et Marguerite de Pressigny, dame de La
Bertinière, rendirent aveu au prince de Galles de leur "chastel et
chastellenie de Marans, avec le lieu de La Bertinière". Godemar de Linières
partagea, la même année, les biens de son père avec sa sœur, Florie. Cette
dernière, épouse de Jehan Le Maingre, dit Boucicault, maréchal de France,
reçut "le chasteau et lieu de La Bertinière" que leurs petits-enfants, Jean
et Louis Le Maingre, cédèrent par échange contre la seigneurie de L'Ile-Savary,
à Charles d'Anjou, comte du Maine. Charron revint ensuite à son fils
naturel, Jean, bâtard du Maine, époux de Françoise de Blanchefort. Cette
dernière, devenue veuve et n'ayant pas eu d'enfant de ses deux époux
successifs, légua Charron à son parent, François de Blanchefort. Vers 1537,
le château fut vendu à Claude Geoffroy, écuyer, seigneur de Dompierre. Lors
du partage de la succession de son fils Georges, mort sans enfant en 1552,
Charron revint à Françoise Geoffroy, épouse de François de Pons, baron de
Mirambeau. Elle n'eut pas d'enfant et le château revint à Esther de Pons,
fille de François et de sa seconde épouse Madeleine du Fou, dame de Moings.
A cette époque il joua un rôle militaire d'importance. Pris en 1572 par
Biron, puis démantelé deux ans plus tard par la garnison catholique de
Marans pour éviter qu'il ne tombe à nouveau entre les mains des troupes
protestantes, le château devint vite une ruine "le parapet des murailles
estoit fort abattu, les flancs ostez, le fossé presque comble et le logis
sans aucune commodité pour y habiter". Quelques temps après, Lancelot de
La Popelinière investit la place et releva quelques fortifications afin de
résister à un coup de main. Il les fit détruire peu de temps après,
lorsqu'il dut quitter la place sous la pression de la garnison catholique de
Marans. Aussitôt, les papistes incendièrent le château. Par conséquent,
c'est un édifice en ruine que vendirent, en 1591, Esther de Pons et son
mari, Charles Poussard, chevalier, seigneur de Linières, à Vincent Bouhier,
écuyer, seigneur de Beaumarchais, trésorier général et ordinaire des
guerres, pour 14 700 écus d'or sol. Aussitôt, il fit relever les bâtiments
et reconstruire un corps de logis entre la tour cylindrique aujourd'hui
dérasée et la tour carrée accompagnée d'une tour polygonale d'escalier. Le
millésime de 1596, gravé sur la clef de voûte de la porte donnant accès au
grand escalier rampe sur rampe, permet d'attribuer avec certitude les
travaux à Vincent Bouhier. Il est à noter que les lucarnes géminées
éclairant les combles du logis présentent d'intéressantes similitudes avec
celles du corps de logis central du château de Beaumarchais, en Vendée,
aussi édifié pour Vincent Bouhier, vraisemblablement par les mêmes équipes
de maîtres maçons qui travaillèrent à Charron. C'est ce château nouvellement
rebâti que représenta Claude Châtillon, peu avant 1604, lorsqu'il vint en
Aunis. L'ensemble est encore parfaitement reconnaissable si ce n'est une
basse-cour entourée de hauts murs flanqués d'échauguettes, aujourd'hui
détruite. Vincent Boubhier, intéressante figure qui amassa une fortune
considérable au service d'Henri IV, maria ses filles avec de hauts
personnages. L'une d'elles, Lucrèce, héritière de la terre de Charron,
épousa Nicolas de l'Hospital, marquis puis duc de Vitry, maréchal de France,
lequel céda le château, en 1641, à son parent, René de l'Hospital.
En 1667, après avoir été saisie, sur le marquis de Choizy, la terre de
Charron fut adjugée pour 152 100 livres à Pierre Chertemps, président à
mortier du parlement de Bretagne, seigneur de Réaux, Saint-Maurice, La
Verdalle et autres lieux, époux de Gabrielle Noblet. Cet achat, parmi
d'autres, marquait l'ascension sociale fulgurante de ce personnage qui avait
su se forger une importante fortune. Malgré la Révolution, le château de
Charron demeura entre les mains de la famille Chertemps du Seuil jusqu'en
1836. À cette date, une héritière du domaine de Charron en fit don aux sœurs
de Saint-André qui y créèrent une école et un pensionnat pour jeunes filles.
Après la seconde Guerre Mondiale et les combats de 1944-1945, l'intérieur du
château fut entièrement réaménagé pour l'adapter à sa nouvelle fonction de
maison de retraite. C'est aujourd'hui un long corps de bâtiment entre cour
et jardin, flanqué sur sa façade postérieure d'une grosse tour cylindrique
dérasée, venant s'appuyer à l'autre extrémité sur une tour carrée
accompagnée par une tour d'escalier polygonale à toiture d'ardoise. Seule la
façade sur cour présente une ornementation digne d'intérêt, en particulier
la porte d'entrée, à colonnes et fronton triangulaire, et les curieuses
petites lucarnes à baies géminées d'inspiration déjà maniériste. (1)
château de Charron 17230 Charron, abrite une maison de retraite aujourd'hui.
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