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La découverte de deux marchés de construction passés
en 1614, entre Arthur But, maître vitrier d'une part et Jehan Barré, maître
serrurier et Simon Porchier, maître menuisier d'autre part, par le père
Coutant, remet aujourd'hui en question l'histoire du château d'Écoyeux, dit
pompeusement "château des princes de Polignac", et sa datation. A cette
date, Simon Porchier s'engageait à construire "toutes les portes et
fenestres estant au château neuf (d'Écoyeux)… depuis le premier pillier ou
coulonne estant soubz le porche de l'escallier dudit degré a main gauche et
montant du costé du treuil du seigneur dudit Escoyeux, tirant jusqu'à la
tour à cinq angles y compris les portes et fenestre d'icelle tour". L'acte
est suffisamment clair pour que l'on comprenne que le château-neuf d'Écoyeux
dont il s'agit est celui situé à la sortie du bourg. Il permet en outre
d'attribuer sa construction à Louis de Polignac, seigneur d'Écoyeux au début
du XVII siècle. Un autre document, du XVIIIe siècle, montre que le
château-neuf ne fut jamais achevé et que Louis de Polignac ne fit élever que
la moitié du corps de logis initialement prévu. D'ailleurs, peu de temps
après son achèvement, le château dut connaître des jours sombres: donné en
dot à Marie, l'aînée des cinq filles de Louis de Polignac et de Suzanne de
Geoffroy de Dompierre, lors de son mariage le 4 juin 1653 avec Josias
Chesnel, chevalier, seigneur de Cherves et Réaux, il est quelque peu
délaissé par le couple qui préfère habiter Château-Chesnel dont la
construction vient tout juste d'être achevée. La terre passe ensuite à leur
fils, Louis, puis à leur petit-fils, Charles-Louis, capitaine des vaisseaux
du Roi, puis chef d'escadre, qui n'occupera les lieux qu'épisodiquement, et
enfin à leur arrière-petite-fille, Marie-Élisabeth, qui meurt sans
postérité, peu après son mariage avec Alexandre de Galard, chevalier,
seigneur du Repaire. A la suite d'un arrangement familial, Élisabeth Chesnel,
sœur de Charles-Louis et épouse de Jean Fretard de Gadeville, reçoit Écoyeux.
La demeure est alors en fort mauvais état; ses propriétaires, habitant
Saintes, s'en désintéressent peu à peu. Leur arrière-petit-fils, Paul-Louis
Fretard, marquis d'Écoyeux, la vend le 24 fructidor an XII (septembre 1803),
pour 66 000 livres, à Claude-Alexandre Normand, baron d'Authon, qui ne
l'habitera pas plus que ses prédécesseurs. En revanche, son fils aîné,
Claude-Maurice, qui hérite le domaine le 30 mars 1835, s'y installe et
devient maire de la commune. Ayant fait abattre tout ce qui menace ruine,
c'est lui qui donne à l'édifice ses proportions actuelles. Cette renaissance
est toutefois de courte durée: ayant recueilli les biens oléronnais de leur
cousin Bégeon de Sainte-Même, les Normand d'Authon quittent Écoyeux qui est
vendu le 23 avril 1856 à M. Pierre Bellot. Celui-ci ne conserve guère le
domaine et le cède très vite à M. Hiblot. Il passe alors par mariage dans la
famille Poitevin qui le conserve quelques décennies, sans toutefois faire
les réparations qui s'imposeraient. En mai 1952, M. Jean-Émile Douteau,
organiste à Saintes, acquiert la demeure dont il amorce le sauvetage;
contraint de s'en déssaisir, il la vend peu après à M. et Mme de Latour de
Geay qui sauront véritablement lui redonner une âme. Ceux-ci durent la
revendre, en juillet 1977, pour entreprendre le sauvetage du château de
Beaufief.
Le procès-verbal du château dressé en 1763, avec l'aide du dessin de Nicolas
Moreau, du début du XIXe siècle, permet d'affirmer que seule la moitié du
château fut réalisée. On y retrouve l'escalier monumental précédé par une
double rampe et dont les travées étaient marquées par des colonnes
superposées, mentionnées dans le marché de 1614. Grâce à ces documents, on
peut retrouver la disposition initiale des lieux et comprendre qu'il ne
reste de la façade de 1614 qu'une seule travée et la tour polygonale
d'escalier. La cage d'escalier et la travée la prolongeant furent détruites
durant la campagne de travaux des années 1840, tout comme les cuisines dans
l'aile en retour d'équerre venant se greffer sur la tour polygonale
d'escalier. Ces travaux nécessitèrent de remonter la travée abattue se
situant entre l'escalier et les restes du logis, après la tour polygonale,
ce qui fait qu'aujourd'hui, elle se situe au centre de la façade, alors
qu'elle était initialement prévue à l'extrémité de la façade antérieure,
pour faire la jonction avec les cuisines situées dans l'aile en retour. Cela
explique qu'elle soit moins haute que le logis. L'édifice, construit sur un
soubassement comporte deux niveaux supérieurs dotés de hautes fenêtres à
fronton triangulaire sur sa façade antérieure et sur sa façade postérieure,
il vient s'appuyer sur une tour à cinq pans indiquant le nord magnétique. En
raison de son type rarissime, on a longtemps daté cette tour du XIVe siècle,
notamment par comparaison avec le donjon d'Orthez. Le marché de 1614 montre
qu'il n'en est rien. (1)
château neuf d'Écoyeux 17770 Écoyeux, propriété privée, ne se visite pas.
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